417 research outputs found

    Le secret du raconteur

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    À partir d’une interrogation sur le temps du récit raconté, l’article trace les contours de ce que l’on pourrait appeler la présence narrative. Loin d’être une simple question de temps verbal, la présence narrative implique une mémoire complexe que le raconteur tresse sous un mode spécifique, celui du secret. Il s’agit donc d’examiner les liens entre récit, mémoire et secret, pour ensuite proposer une lecture de "L’appareil-photo" de Jean-Philippe Toussaint. L’hypothèse suivant laquelle la mémoire à l’oeuvre dans le récit de Toussaint est non seulement littéraire mais aussi cinématographique ouvre à l’idée d’une mémoire non seulement intertextuelle mais aussi intermédiale (ce qui veut dire que les qualités propres à un médium donné peuvent se déplacer d’un milieu à un autre); quant au secret, il débouche sur un questionnement des mutations contemporaines du récit dans le milieu hypertextuel en pleine expansion

    Chronique d’une vie ordinaire : Poétique de la conversation dans Adieu, de Danièle Sallenave

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    Dans Adieu, Danièle Sallenave fait le portrait d’un vieil homme vu par son petit neveu, qui lui rend visite, l’interroge, le photographie un mois durant. Le récit se présente comme la chronique fragmentaire des conversations entre les deux hommes par le plus jeune, conversations émaillées d’anecdotes familiales, de biographèmes, de réparties parfois humoristiques, souvent sans intérêt. Comme le titre du récit l’indique, la disparition proche du vieil homme donne à la chronique une force d’émotion jamais exprimée, qui procure une valeur à ce qui, a priori, n’en a pas. Pourtant, la mélancolie sourde d’Adieu ne cède pas à la tentation d’ériger le minuscule en « monument ». Sallenave se garde bien de métamorphoser le vieil homme qui n’est « rien, ni personne » en légende. Le choix de fragmenter le récit, l’usage très poussé de la citation, la façon même de rapporter le contexte immédiat d’énonciation, tous ces procédés manifestent le souci de saisir l’insignifiant au ras de la conversation ordinaire, sans le mythifier. Entre la mélancolie de la trace et le présent d’une rencontre, entre la résistance au récit et l’insistance du récit, l’insignifiant relève, chez Sallenave, d’enjeux éthiques et poétiques qu’il s’agira d’examiner.In Adieu, Danièle Sallenave portrays an old man through the eyes of his nephew. During the course of one month, the young man visits his uncle, asks questions and takes snapshots. He sets out the chronicle of their conversations, full of anecdotes, biographical details, witty and mundane remarks. In keeping with the title of the book, the impending death of the old man gives the journal a poignant emotion and adds value to whatever is said or done. The tacit melancholy does not, however, magnify the minute details of everyday life. Sallenave is careful not to legendize the old man who is but an ordinary human being. The sketchy narrative, the extensive use of direct quotation and the constant awareness of the immediate circumstances of speech are an obvious attempt to capture the insignificant aspects of everyday conversation as they are, without giving them mythical status. Between the melancholy of what will inevitably disappear and the matter-of-fact encounters, between the resistant and the insistent narration, the insignificant elicits an examination of the ethical and poetical

    Du roman comme conversation. Henry Fielding et Laurence Sterne

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    L'affirmation du roman anglais moderne au cours de la seconde moitié du XVIII e siècle fait l'objet de cette étude. À la question décisive de savoir comment s'autorise et se légitime la nouvelle sorte d'écrit que l'on appelle aujourd'hui « roman », il semble que la conversation, dont les formes sont à l'étude, fournisse un élément de réponse. Une lecture de TomJones,de Henry Fielding, et de Tristram Shandy,de Laurence Sterne, montre précisément en quoi le ro­man se pose comme une forme « civique » de con­versation.This paper deals with the development of the modem English Novel during the second half of the Eighteenth Century. To the decisive question of how the new form of writing that we call now " novel " does justify or legitimate itself, it would seem that forms of conversation, examined in this paper, provide elements of an answer. A reading of Henry Fielding's Tom Jonesand of Sterne's TristramShandyshows in which ways the novel asserts itself as a " civic " form of conversation

    Le quotidien en mode mineur : Le bruit des choses vivantes d’Élise Turcotte 

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    Cet article vise à analyser la place et la fonction du quotidien dans le roman minimaliste d’Élise Turcotte, Le bruit des choses vivantes. Plutôt que de considérer le quotidien comme un objet privilégié de la fiction intimiste, on examinera la façon dont le quotidien est construit et valorisé dans le roman. Réciproquement, on verra comment ce roman s’élabore narrativement à partir du quotidien. L’enjeu est donc de revenir sur le rapport peut-être trop évident que l’on tend à établir entre le quotidien, la fiction intimiste et le minimalisme. Tout en cherchant à mieux cerner les enjeux narratifs du quotidien, on tentera de dégager ce qui définit le « mode mineur » dans ce roman.This article proposes to analyze the scope and function of daily life in Élise Turcotte’s minimalist novel, Le Bruit des choses vivantes. Rather than considering daily life as a privileged object of fiction focusing on the private world, we will ask how daily life is constructed, and how its value is emphasized, in the novel. Conversely, we will see how the novel’s narrative development uses daily life as its basis. The goal is to take a second look at what may be a too-facile equation between daily life, the fiction of the private world, and minimalism. While attempting to identify more clearly the narrative issues associated with daily life, we will attempt to determine what defines the “minor key” in this novel.Este artículo tiene como objetivo analizar el lugar y la función de lo cotidiano en Le Bruit des choses vivantes, novela minimalista de Élise Turcotte. En lugar de considerar lo cotidiano como un objeto privilegiado de la ficción intimista, examinaremos la manera en que lo cotidiano está construido y valorado en la novela. Recíprocamente, veremos cómo esta novela se elabora narrativamente a partir de lo cotidiano. Por lo tanto, la apuesta consiste en volver sobre la relación, tal vez demasiado evidente, que se tiende a establecer entre lo cotidiano, la ficción intimista y el minimalismo. A la vez que tratamos de delimitar los temas narrativos de lo cotidiano, procuraremos hacer hincapié en lo que define el “modo menor” en esta novela

    L’écho en creux : Le temps qu’il fait et autres vacuités de la conversation dans Saint Glinglin de Raymond Queneau

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    À partir de la fable d’Ovide lue comme un petit traité de poétique, je considère l’écho comme une contrainte formelle et une figure de répétition. Laissant ainsi de côté l’idée d’évocation hypertextuelle également associée à l’écho, je m’intéresse à la contrainte de la répétition dans Saint Glinglin de Raymond Queneau et plus spécifiquement dans l’analyse d’échanges anodins repris trois fois, avec des variantes, dans le roman. En abordant ces échanges rituels sur la pluie et le beau temps comme un autre petit traité de poétique, je cherche à montrer comment Queneau renouvelle et métamorphose la figure de l’écho au sein d’une parole usuelle elle-même quotidiennement répétée, nouant ainsi étroitement, et de façon problématique, formalisme et réalisme.Taking as a starting point Ovide’s fable read as a small treatise on poetics, I consider the echo as a formal constraint and a stylistic device based on repetition. Leaving thus aside hypertextual evocations which also have to do with echo, I examine repetition devices in a novel of Raymond Queneau, Saint Glinglin where, more precisely, a rather trivial talk takes place three times, each time with some variations. Reading this small talk about the weather as another small treatise on poetics, my aim is to show how Queneau renews the echo device by repeating and altering everyday words which are themselves constantly repeated. In doing so, he tightly – and problematically – joins formalism and realism together

    L’art d’enchaîner : La fluidité dans le récit contemporain

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    Cet article examine de façon exploratoire les modes d’enchaînement dans quelques récits contemporains, afin de repérer un « geste » distinctif parmi la diversité des styles et des pratiques narratives actuelles. C’est donc en un parcours indicatif, dans lequel Renaud Camus côtoie Nancy Huston, Annie Ernaux, Chloé Delaume, Michel Houellebecq et Jean-Philippe Toussaint, que je tente de circonscrire une façon typiquement contemporaine d’enchaîner. Au terme de ce parcours, l’enchaînement fluide d’éléments hétérogènes se démarque comme un mode spécifiquement contemporain qui joue avec les codes syntaxique et romanesque établis et les déplace sensiblement. Cette fluidité des enchaînements n’a rien d’illisible et s’inscrit dans le contexte contemporain du retour à la littérature « transitive ». Sur un plan plus formel, on peut la relier au milieu médiatique dans lequel nous baignons, où la fluidité et l’hétérogénéité des enchaînements sont, globalement, la règle. Les modes d’enchaînements ressortent comme l’un des lieux où l’intermédialité à l’oeuvre dans la littérature se manifeste, cette dernière nous permettant de mieux saisir les transformations du récit contemporain.This paper focuses on the linking modes in a few contemporary narratives in order to identify a “manner” typical of nowadays literature. A glance at a few French writers (Renaud Camus, Nancy Huston, Annie Ernaux, Chloé Delaume, Michel Houellebecq, Jean-Philippe Toussaint) enables me to identify a linking mode representative of many contemporary narratives. Indeed, the fluid linkage of heterogeneous elements emerges as a contemporary feature which contributes to the transformation of syntaxic and novelistic codes. Far from being abstract or difficult to understand, such a fluidity takes part to the renewed interest into narrative representation of reality. One can associate this feature with our mediatic milieu where fluidity and heterogeneity overall prevail. The linking mode thus emerges as a narrative force which is basically intermedial. Such a force enables us to better understand one significant transformation of the contemporary narrative

    Banalités en séries : fragments de la vie des gens de Régis Jauffret

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    Collection : Paragraphes ; vol. 28Les cinquante-sept fragments rassemblés par Régis Jauffret présentent une suite de séquences de la vie de gens quelconques qui subissent l’existence comme un mal lancinant insupportable d’ennui, de solitude ou de promiscuité. Loin de proposer, comme le fait Philippe Delerm, une collection de vignettes des petits bonheurs ordinaires ou de rassembler, à la manière d’Annie Ernaux, des instantanés de la vie quotidienne collective révélateurs d’une époque, Jauffret fait défiler des fragments de vie qui, à force de s’additionner, perdent leurs contours distinctifs, se confondent les uns avec les autres et finissent par former un kaléidoscope monotone, indifférent, de la vie quotidienne des gens. La banalité de ces vies sans relief tient entre autres à la similitude des appartements, des rues, des situations aussi intenables les unes que les autres. Aucune vie, pourtant, n’est pareille aux autres, aucun parcours n’est exactement le même, mais tous sont pareillement ravalés dans l’uniformité de ce qui va, sans but, « quel que soit le chemin ». L’existence est insupportable mais on existe de toute façon, et ce sont toutes ces façons d’exister, sans nécessité, sans joie ni valeur ajoutée, que Jauffret accumule, exhibant jusqu’à saturation les vies banales de gens qui souffrent de toute façon, de toutes les façons. [Introduction

    Variations sur la conversation dans Vous les entendez ? de Nathalie Sarraute

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    À partir d’une lecture de Vous les entendez ? de Nathalie Sarraute, j’interroge le lien entre conversation et sous-conversation, cette dernière étant souvent donnée comme la cause profonde des perturbations de la première. J’examine également les « failles » caractéristiques de la conversation contemporaine. Si, en effet, la conversation innerve ce roman jusque dans sa composition, elle se trouve étrangement reconduite par la parole qui en énonce l’échec. Nathalie Sarraute fait ainsi de la conversation un véritable mode romanesque qui tisse une communauté dialogique là même où il expose de l’intérieur la faillite de l’échange verbal. Si, dans Vous les entendez ?, aucune voix n’entend rien de ce que les autres disent, si nul terrain d’entente ne peut véritablement s’établir, le lecteur du roman est invité à « dresser l’oreille » pour percevoir ce qui sourd dans l’impossible, mais incessante, conversation… C’est cette relance de la conversation dans l’espace romanesque que cette étude propose d’explorer plus avant, cherchant par là ce qui fait de Vous les entendez ? un « roman conversant  ».Based on a reading of Nathalie Sarraute’s Vous les entendez?, I examine the relationship between conversation and sub-conversation, since the latter is often viewed as the underlying cause of disturbance in the former. I also examine the faults and flaws that characterize contemporary conversation. If conversation in fact innervates the novel to its composition, it is oddly renewed by the speech that affirms its failure. Nathalie Sarraute therefore makes conversation a veritable novelistic mode that weaves the threads of a dialogical community at the very place it reveals, from within, the bankruptcy of the verbal exchange. Since, in Vous les entendez?, no voice hears what the others are saying, since no common ground can be genuinely established, the novel’s readers are invited to put an ear to the ground to detect what they can from the impossible, but incessant, conversation... My study proposes to explore further this new start-up of conversation in fictional space with a view to discovering why Vous les entendez? is considered a “conversational novel.

    The Participation of Townspeople Making Music in Public Events in the Low Countries in the Fifteenth Century

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    Musicians, rhetoricians and crossbowmen, all of them employed by the city of Brussels, acted, sang and played instruments during the "Ommegang" procession in the 15th century in the main square, some of them during other processions, too. In Bruges, instrumentalists and singers took part in the representation of biblical scenes on street corners, which were part of the entry of Philip III the Good, Duke of Burgundy, into the city around the year 1440. The members of the clergy who knew music sang plainchant in all of these three roles, and independent musicians probably participated, too, even though the documents don't name them or describe their function. Except for the disabled, who marched in a procession on their own, the "common people" were only spectators of these events, which were planned in advance. The evidence that remains indicates that the voices of the "common people" remained hidden in these events, which were intended to promote civic unity

    Mémoire de la disparition : "Récits d’Ellis Island", l’album

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    Compte rendu de l'album « Récits d'Ellis Island : histoires d'errance et d'espoir » (POL, 1994).Cet article vise à rapprocher le regard européen que Perec et Bober posent sur l’un des symboles de la nation américaine – Ellis Island – et le médium de l’album qui propose un « voyage » entre texte et photographies. À cheval sur deux plans temporels – historique et contemporain –, le texte oscille entre le marquage de l’énonciation présente et l’effacement de celle-ci, tandis que les photographies font alterner les photographies de Lewis Hine et celles de Perec et Bober qui captent « ce qui reste » du centre d’immigration. Ce faisant, Perec se demande comment témoigner du passé. C’est précisément dans l’espace intermittent du livre d’images, dans le passage du noir et blanc à la couleur, dans le dialogue entre photographies et texte et dans la nécessité même de « tourner la page » qu’il parvient à faire apparaître le lieu insaisissable du passage du temps et de la disparition du passé
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