91 research outputs found
Disponibilités alimentaires et domaines vitaux des Primates à Ceylan
International audienceAll woody species in an area of 51.5 hectares have been mapped, and the production of the different types of food available in the study area was calculated. Consideration of the home ranges of the different groups of Primate species allowed clarification of food supply issues, including ecological niches and competition. The diet of the purple faced Langur, Presbytis senex, is composed of 60 % mature, leaves and shoots, 12 % flowers and 28 % fruits. Considering that leaves or shoots cannot be eaten in large proportion without compromising the future crop, animal densities might reach the maximum permissible. The diet of the second species of Langur, Prebytis enlellus, does not greatly differs from that of P. senex, including 18 % leaves and shoots ; 7 % flowers, and 15 % fruits. However P. entellus ingests larger amounts of food from peculiar tree species that are not commonly used by P. senex and lives in larger groups within larger territories. Furthermore, the fresh weight biomass of each spccies is of the same order of magnitude, 10 to 12 Kg per hectare. The natural diet of the Toque Macaque, Macaca sinica is strikingly different type (14 % leaves and flowers ; 77 % fruits ; 5 % fungae and 4 % animal prey). This species also has a very different type of distribution : the groups have larger territories within which they forage for animal prey and use a very small proportion of the fruits available. In the forest of Polonnaruwa, the total fresh weight Primate biomass (circa 27 Kg per hectare) is high and represents the major proportion of the total mammal biomass.La rĂ©partition des espĂšces vĂ©gĂ©tales, observĂ©e sur le terrain Ă partir des photos aĂ©riennes vĂ©gĂ©tales a permis de prĂ©ciser la quantitĂ© des aliments disponible dans les territoires des diffĂ©rents groupe de primates, en relation avec les dĂ©penses Ă©nergĂ©tiques des diffĂ©rentes espĂšces qui sont comparĂ©es. Notre principale station de terrain, constituĂ©e par le site archĂ©ologique de Polonnaruwa, avait Ă©tĂ© choisie en raison de la grande facilitĂ© d'approche et d'observation des animaux. Il s'agit d'un sanctuaire religieux oĂč les traditions bouddhiques du respect de la vie animale contribuent Ă la protection de la faune. Sur les 51,5 hectares du terrain d'Ă©tude, tous les arbres ont Ă©tĂ© cartographiĂ©s et leur production calculĂ©e en fonction de la surface des canopĂ©es. Les primates ont Ă©tĂ© suivis sur des journĂ©es complĂštes au cours de des diffĂ©rentes saisons afin de calculer les quantitĂ©s ingĂ©rĂ©es et leur variation. Le rĂ©gime alimentaire du Presbytis (=Semnopithecus) senex se compose de 60% de feuilles jeunes ou matures, de 12% de fleurs et 28% de fruits. Il s'avĂšre que les quantitĂ©s consommĂ©es sont Ă la limite de la productivitĂ© locale, car la seconde espĂšce de langour, Presbytis entellus, possĂšde Ă©galement un rĂ©gime folivore incluant 18% de feuillages, 7% de fleurs et 15% de fruits ; et les biomasses de ces deux espĂšces folivores sont du mĂȘme ordre de grandeur (10 Ă 12 kg par hectare). Au contraire, le macaque Ă toque, Macaca sinica, prĂ©sente une moins grande densitĂ©, les groupes ayant de vastes territoires pour obtenir un rĂ©gime plus riche en fruits (77%, avec 14% de feuilles et de fleurs, 5% de champignons et 4% de petites proies animales)
Sucres et " faux sucres " de la forĂȘt Ă©quatoriale : Ă©volution et perception des produits sucrĂ©s par les populations forestiĂšres d'Afrique
International audienceThe occurence of sugars in the fruits of many rain forest species is discussed in relation to various hypotheses about coevolution of animais and plants. Sugar mimics present in the fruits of peculiar species are presented with respect to coevolution, the target for biochemical mimicry being the vertebrale taste bud response. An hypothesis is proposed about thel influence of environmental conditions, including species richness and sugar abundance, on the taste thresholds for sugars of the human populations inhabiting the tropical rain forest.La richesse en sucres des fruits de nombreuses espĂšces de la forĂȘt dense africaine est prĂ©sentĂ©e dans le contexte des phĂ©nomĂšnes de coĂ©volution des populations animales et vĂ©gĂ©tales. La prĂ©sence exceptionnelle de " faux sucres " dans les fruits de certaines espĂšces s'explique par un phĂ©nomĂšne de << mimĂ©tisme biochimique " que favorise l'abondance des fruits sucrĂ©s et l'intensitĂ© de la rĂ©ponse des rĂ©cepteurs gustatifs des primates vis-Ă -vis des sucres. Les performances gustatives des populations humaines sont Ă©galement interprĂ©tĂ©es en fonction des caractĂ©ristiques actuelles d'un environnement biochimique oĂč les sucres simples sont particuliĂšrement abondants
De la ressource disponible à la ressource exploitée : Méthodes de quantification des ressources alimentaires dans les régions forestiÚres et les savanes du Cameroun
International audienceA partir de l'exposĂ© du protocole des enquĂȘtes sur la quantification de ressources naturelles forestiĂšres, nous prĂ©sentons les problĂšmes spĂ©cifiques qui se posent lors de l'Ă©tablissement d'inventaires et d'estimations quantifiĂ©es des ressources spontanĂ©es en forĂȘt tropicale humide, en les comparant Ă ceux qui concernent les rĂ©gions de savane. La quantification des ressources en fruits et de la disponibilitĂ© en ignames sauvages dans le sous-bois forestier nĂ©cessite l'emploi de techniques particuliĂšres, de mĂȘme que la mesure du gibier capturĂ© par une communautĂ© de chasseurs. Ces deux formes d'enquĂȘtes permettent de montrer que si, Ă foree d'extrapolations successives, l'on parvient Ă estimer ce qu'une communautĂ© prĂ©lĂšve sur le milieu, les contraintes inhĂ©rentes Ă la forĂȘt et Ă la complexitĂ© de son fonctionnement rendent extrĂȘmement dĂ©licate l'estimation des ressources qui sont effectivement disponibles, en vue de dĂ©terminer les seuils tolĂ©rables d'intensification des systĂšmes d'exploitation traditionnels
STRATĂGIE ALIMENTAIRE ET DOMINANCE DES FEMELLES PROPITHĂQUE DE VERREAUX (PROPITHECUS V. VERREAUXI) DANS LA FORĂT Ă DIDIEREACEAE DU SUD DE MADAGASCAR
International audienceFeeding strategy and social dominance in female sifakas (Propithecus v. verreauxi) living in a Didiereaceae forest in southern Madagascar. We addressed the issue of female social dominance as an adaptive response to seasonal energy stress in white sifakas living in a fragment of Didiereaceae forest of southern Madagascar. We tested whether female and male sifakas would exhibit different activity budgets, food choices and energy input given harsh ecological constraints that prevail in such xerophytic ecosystems. Behavioural data were obtained on 2 groups (including 8 focal individuals) during a 2-month study in the late wet season. We analysed forest composition, based on a sample of more than 1000 trees, shrubs and lianas, and phenology through a regular survey of 479 tagged individuals. Males and females were mostly feeding on mature leaves of common plant species, to which they added a range of minor food items. The activity budgets (5-min scan interval) did not differ signifi cantly between sexes. In contrast, marked differences of food intake (using a quantitative method) were observed: we evaluated that females consumed daily 30-40% more food than males while the ranking of preferred foods remained globally similar between sexes. Ad libitum records confi rmed female dominance over males in a feeding context, although few aggressive events were recorded. We conclude that (1) time sampling methods may not be appropriate to assess food intake because ingestion rates likely vary among individuals and (2) high food intake of adult females relative to males during the early gestation period is uncoupled with immediate physiological needs and may reflect a sex-specifi c fattening strategy allowing females to increase their reproductive success
DYNAMIQUE D'UN ARBRE INTRODUIT Ă MAYOTTE, LITSEA GLUTINOSA (LAURACEAE) : UNE ESPĂCE ENVAHISSANTE ?
International audienceLitsea glutinosa (Lour.) C.B. Rob., l'avocat marron, est un arbre dioĂŻque d'Australasie qui a Ă©tĂ© introduit Ă Mayotte et multipliĂ© Ă l'Ă©poque de la canne Ă sucre (1841-1880). DissĂ©minĂ©e efficacement par les lĂ©muriens (Eulemur fulvus) et par de nombreux oiseaux, cette Lauraceae s'est Ă©tendue sur toute la zone humide et est prĂ©sente dans les derniĂšres forĂȘts « naturelles » fragmentĂ©es de l'Ăźle. Cet arbre de 10 Ă 15 mĂštres de hauteur se concentre actuellement dans les deux-tiers nord plus arrosĂ©s (pluviositĂ© > 1 500 mm/an) de Mayotte. Ce travail analyse la dynamique entre 1996 et 2002 des populations de Litsea glutinosa Ă©tablies dans les reliquats de forĂȘt mĂ©sophile et ombrophile et la part de la multiplication vĂ©gĂ©tative dans certaines populations. L. glutinosa prolifĂšre dans les rĂ©serves forestiĂšres et particuliĂšrement en forĂȘt semi-sĂšche en fonction de la structure forestiĂšre plus ou moins ouverte. Par son tempĂ©rament hĂ©liophile, cette espĂšce nĂ©cessite une perturbation pour croĂźtre et se fixer en forĂȘt. Sa persistance et son caractĂšre envahissant sont dus en partie Ă sa possibilitĂ© de multiplication vĂ©gĂ©tative Ă l'origine de plus de la moitiĂ© des fĂ»ts, principalement par drageonnage. Cette espĂšce constitue un risque d'appauvrissement spĂ©cifique dans les zones « naturelles » sans pour autant ĂȘtre considĂ©rĂ©e par les mahorais comme une peste en raison de sa frĂ©quente utilisation en particulier comme plante fourragĂšre
Dioscorea orangeana (Dioscoreaceae), a new and threatened species of edible yam from northern Madagascar
International audienceA new species of yam (Dioscorea orangeana Wilkin) is described and illustrated. It differs from D. comorensis R.Knuth by having undulate leaf margins and a broader torus and tepals in both the male and female flowers. In female flowers of D. orangeana the floral stipe between the ovary and the torus is shorter than in D. comorensis. The tuber morphology of the species is atypical among Malagasy species in that there are several digitate lobes rather than a single tuber per growing season, although more research is needed on tuber morphology. D. orangeana is reported to be edible. It is endemic to the ForĂȘt d'Orangea near Diego Suarez (Antsiranana) in Antsiranana PrĂ©fecture. Its conservation and sustainable use are thus matters of concern
Tropical forests, people and food: an overview
The contrasting histories of different continents and their tropical forests provide the basic context in which the diversity of feeding strategies observed today was developed. These strategies form a continuum from subsistence foraging to commercial farming . They typically also necessitate a conceptual approach that focuses on biocultural interactions
L'arbre du voyageur : Des usages et de la diffusion horticole du ravenala.
Les usages des différentes formes du genre Ravenala à Madagascar sont présentées dans cet article illustré
The oil palm (Elaeis guineensis) and the cores of high biodiversity in gallery forests of Guinea in relation to human and chimpanzee commensalism
The oil palm (Elaeis guineensis), occurring with a remarkably high density in the northwestern coastal area of Guinea, provides a key resource to the chimpanzee (Pan troglodytes verus), including food and nesting sites. However no evidence of nut cracking has been observed, although potential tools are available and are occasionally used by humans. The abundance of food resources in the gallery forest, and the availability, throughout the year, of the pulp of the oil palm may explain the absence of this peculiar behaviour, observed in other areas of Guinea. In the Kanfarandé area, where the home range of groups of chimpazees overlap the shifting cultivations of local populations, the commensalism is characterized by peaceful relationships. Some parts of the gallery forest are efficiently protected by traditional beliefs preventing penetration. Such cores of rich biodiversity, maintained through a social system allowing commensalism with apes, presently play an important role for species dispersal and regeneration
La biogĂ©ographie des grandes Ăźles, ou comment la taille de la scĂšne Ă©cologique influence-t-elle le jeu de lâĂ©volution ?
We compare selected aspects of the biotas of long-isolated islands ranging in size from
RĂ©union to early Pliocene South America, focusing on Madagascar, New Zealand, New Caledonia and the
Hawaiian Islands. Although Madagascar and New Zealand were joined to larger land masses less than 90 million
years ago, their biotas are overwhelmingly dominated by descendants of colonists from overseas. The
size of a long-isolated land mass decisively influences major features of its ecosystem. On smaller islands,
extinction is more likely, colonization is rarer, and there are fewer opportunities for diversification. The
largest herbivores and the largest carnivores are smaller on smaller islands. Reduced diversity, lower predation
pressure and diminished evolutionary innovation reduce the severity of competition on smaller islands:
their plants are less well defended against vertebrate herbivores, and their primary productivity is lower,
while their animals are longer-lived, less fecund, and have lower basal metabolism than mainland ecological
counterparts. Herbivores are most likely to evolve convergently with counterparts on other land masses with
predators of similar size and/or efficiency. Thus sloth lemurs converged on tree sloths, Megaladapis on koalas,
and moa-nalos on moas and elephant birds. The degree of an islandâs isolation also affects its ecosystemâs
characteristics. More isolated islands receive fewer immigrants, so diversity is lower on more isolated islands,
especially small islands with high risks of extinction. Fewer mainland immigrants, whose efficiency was
tested against a variety of competitors and well-defended prey, reach more isolated islands, so competition is
less intense on these islands, and these islandsâ predators are less efficient. Smaller size and greater isolation
therefore make a land mass more invasible. Islands with the fewest predators and the slowest pace of life are
most likely to be catastrophically disrupted by mainland invaders. All these phenomena have analogues in
human economies. As a rule, economies with higher total production support more intense competition, more
innovation, a greater diversity of occupations, a faster pace of life, and greater productivity per capitaNous présentons une approche comparative des particularités de l'évolution dans des milieux insulaires de différentes surfaces, allant de la taille de l'ßle de La Réunion à celle de l'Amérique du Sud au PliocÚne. Cette revue des
formes actuelles et fossiles est centrĂ©e sur Madagascar, ainsi que sur la Nouvelle-ZĂ©lande, la Nouvelle-CalĂ©donie et les Ăźles Hawaii, dont les caractĂ©ristiques gĂ©ologiques et historiques sont prĂ©cisĂ©es. LâĂ©tendue des terres isolĂ©es apparaĂźt comme un facteur essentiel qui dĂ©termine la biodiversitĂ©, la taille
des plus grands herbivores et celle des prédateurs au sommet des chaßnes trophiques, le rythme de vie (fonction
de la longĂ©vitĂ© et du mĂ©tabolisme de base des animaux Ă taille Ă©gale), lâintensitĂ© de la compĂ©tition ainsi
que la rĂ©silience de lâĂ©cosystĂšme par rapport aux espĂšces envahissantes. Toutes ces caractĂ©ristiques dĂ©pendent
aussi de lâĂ©loignement des Ăźles par rapport aux continents. Sur les plus grandes Ăźles isolĂ©es pendant de longues
pĂ©riodes, des radiations adaptatives â Ă partir dâespĂšces colonisatrices ayant pu occasionnellement parcourir
une longue distance â peuvent jouer le rĂŽle Ă©cologique de groupes localement absents, mĂȘme si lâanciennetĂ©
dâune colonisation et la relative protection vis-Ă -vis des compĂ©titeurs continentaux quâoffre le nouvel habitat
insulaire ne garantissent pas nécessairement une grande diversification des espÚces qui en dérivent.
Diversification et endémisme : Bien que Madagascar et la Nouvelle-Zélande aient été reliées à des blocs
continentaux, il y a un peu moins de 90 millions dâannĂ©es, leurs biocĂ©noses sont largement dominĂ©es par
les descendants de formes colonisatrices ayant plus récemment traversé la mer. La phylogénie des espÚces
et leur datation en fonction de lâADN montrent notamment quâĂ Madagascar les formes actuelles de mammifĂšres
et dâoiseaux, ainsi que presque tous les reptiles et les plantes Ă fleurs (Tableau I) proviennent des
colonisateurs qui ont traversé de vastes étendues marines. Des espÚces endémiques qui sembleraient anciennes
comme les baobabs sont arrivĂ©es Ă Madagascar il y a seulement dix millions dâannĂ©es ; et la phylogĂ©nie
moléculaire montre que certains groupes de vertébrés terrestres actuellement diversifi és en de nombreux
genres et espÚces endémiques (lémuriens, tenrecs), appartiennent chacun, en fait, à une seule radiation, donc
Ă une seule colonisation rĂ©ussie par la forme ancestrale. Inversement, les vagues successives dâespĂšces colonisatrices
sont illustrĂ©es notamment par le hĂȘtre austral (Nothofagus) ayant colonisĂ© la Nouvelle-ZĂ©lande
depuis lâAustralie ; alors quâil avait disparu Ă la suite de changements climatiques, il a de nouveau colonisĂ©
ce milieu insulaire. Dâune façon gĂ©nĂ©rale, les datations en fonction de la phylogĂ©nie molĂ©culaire montrent
quâon a longtemps sous-estimĂ© lâimportance dâespĂšces colonisatrices sur les terres qui furent anciennement
séparées du continent.
Ainsi que lâa montrĂ© Darwin, les espĂšces colonisant les terres isolĂ©es ont tendance Ă Ă©voluer vers de
nouvelles espÚces endémiques. La proportion de ces endémiques est plus grande sur les terres les plus isolées,
par exemple aux Ăźles Hawaii, notre site le plus Ă©loignĂ©, oĂč le taux dâendĂ©misme est particuliĂšrement
Ă©levĂ©. Le taux dâendĂ©misme est aussi plus grand dans les groupes dont la dissĂ©mination est peu efficace : Ă
Madagascar, ce taux est plus élevé pour les plantes à fleurs que pour les fougÚres et également plus élevé chez
les amphibiens, les reptiles ou les mammifĂšres terrestres que chez les oiseaux ou les libellules (Tableau II).
De plus, un faible nombre de groupes peuvent se différencier sur des ßles isolées et occuper des niches écologiques
qui ne sont pas accessibles aux espÚces des groupes continentaux apparentés. Les exemples cités
à partir des données bibliographiques récentes ont permis de préciser les mécanismes de diversification des
espÚces sur les ßles et les archipels. La spéciation fut allopatrique, aussi bien pour Drosophila sur les ßles Hawaii, que pour les arbres de la section Tieghemopanax (Polyscias, Araliaceae) en Nouvelle-Calédonie,
ainsi que pour les lémuriens de Madagascar. Cette différenciation des espÚces correspond généralement
aux exigences contrastées des différents habitats et des divers modes de vie possibles. La sélection dans les
populations en train de se diversifier va dans le sens dâune diminution de la compĂ©tition pour les ressources
limitĂ©es. Ainsi Ă Madagascar, les plantules des diffĂ©rentes formes de lâarbre du voyageur (Ravenala) sont
respectivement adaptées aux sous-bois, aux espaces dégagés ou aux milieux marécageux et le décalage des
fl oraisons des formes arborescentes adultes permet la sympatrie dans certains cas. Sur les ßles les plus isolées
et sur celles dâĂ©tendue suffi sante pour hĂ©berger une grande diversitĂ©, on trouve les radiations Ă©volutives les
plus spectaculaires telles les drosophiles et les Drepanididae dâHawaii ou, Ă Madagascar, les palmiers Dypsis,
les batraciens Mantellidae et les lémuriens.
Selon le modÚle darwinien, les innovations sont bien plus fréquentes sur les terres de grande étendue.
Tous les continents sauf lâAntarctique (lâAustralie et lâAmĂ©rique du Sud indĂ©pendamment des autres) ont
permis lâĂ©mergence des Ă©cosystĂšmes prairiaux (ou graminĂ©ens) incluant de grands herbivores. Toutefois
Ă Madagascar, lâhippopotame, un brouteur qui occupa les milieux ouverts et sây diffĂ©rencia, dĂ©rive dâune
forme venue du continent ; et aucune des Ăźles de plus petite surface que Madagascar nâa vu Ă©voluer ce type
dâĂ©cosystĂšme prairial.
DiversitĂ©, taille, convergence et rythme de vie : La probabilitĂ© dâextinction est plus faible et les possibilitĂ©s
de diversification sont plus grandes sur les Ăźles de grande surface ; câest donc dans ces milieux que la
diversitĂ© des espĂšces, locale et/ou totale, est la plus grande (Tableaux VI et VIII). Lâanalyse des relevĂ©s botaniques,
par le calcul de lâindice α de Fisher selon la formule S = α ln(1 + N/α) oĂč S est le nombre dâespĂšces
et N le nombre des arbres, a permis de mettre en Ă©vidence ces diffĂ©rences. Alors quâen Nouvelle-CalĂ©donie
(riche de 3 061 espĂšces indigĂšnes), un Ă©chantillon de 500 arbres de forĂȘt dense correspond Ă 76 espĂšces, Ă
Madagascar (11 000 espÚces indigÚnes) il correspond à 123 espÚces et en Nouvelle-Guinée (15 000 espÚces
indigĂšnes) Ă 196 espĂšces. De la mĂȘme façon, les oiseaux insulaires utilisent davantage dâhabitats, avec un
régime alimentaire plus éclectique que celui de leurs équivalents continentaux. Il en résulte une plus grande
compétition sur les ßles de grande surface, alors que la pression des herbivores et des prédateurs se fait
dâautant moins sentir que les Ăźles sont petites, avec Ă©galement, dans ces cas, une tendance vers une plus faible
production primaire et un rythme de vie plus lent.
Ainsi, avant lâapparition de lâhomme, les plus gros herbivores Ă©taient de moindre taille dans les milieux
insulaires et dâautant plus petits que la surface des Ăźles Ă©tait rĂ©duite. Alors que les Ă©lĂ©phants et les mammouths
dĂ©passaient 5 tonnes sur les blocs continentaux de grande surface, lâoiseau-Ă©lĂ©phant de Madagascar
(Aepyornis) pesait 275 kg et le plus gros herbivore dâHawaii seulement 8,6 kg. La productivitĂ© primaire des
Ă©cosystĂšmes est actuellement plus faible lĂ oĂč ces consommateurs primaires Ă©taient de plus petite taille,
notamment Ă Hawaii et probablement aussi Ă Madagascar (Tableau XIV). ParallĂšlement il apparaĂźt quâil y
a moins dâespĂšces pionniĂšres efficaces pour la rĂ©gĂ©nĂ©ration forestiĂšre sur les Ăźles que dans les forĂȘts continentales.
Cela pourrait sâexpliquer par le fait que, sur les Ăźles, les plus gros folivores ne pouvaient pas crĂ©er
de nombreux chablis en faisant chuter les arbres (comme les éléphants peuvent le faire). Les carnivores
sont également de moindre taille dans les milieux insulaires de surface réduite, comparés aux grands félins
dâAfrique ou dâAsie, avec seulement 17 kg pour Cryptoprocta spelea Ă Madagascar et Ă Hawaii 5 kg pour
lâaigle qui Ă©tait localement le plus gros des prĂ©dateurs (Tableau XIII).
Dans la mesure oĂč, sur les Ăźles, les espĂšces sont exposĂ©es, au stade adulte, Ă de moindres dangers de
prédation, elles peuvent consacrer une plus grande partie des ressources à un allongement de la durée de vie
et moins investir pour se reproduire rapidement et en grand nombre. Ces particularités des milieux insulaires
furent observĂ©es et dĂ©crites chez les rongeurs par Adler et Levins, sous le nom de â syndrome Ăźlien â. Elles
sâobservent notamment chez le genre Anolis qui, sur les Ăźles CaraĂŻbes, vit plus longtemps et se reproduit plus
tardivement et en moindre nombre que les espĂšces continentales Ă©quivalentes, ainsi que chez de nombreuses
espĂšces de Nouvelle-ZĂ©lande rĂ©putĂ©es pour leur longĂ©vitĂ© et leur reproduction extrĂȘmement lente. La faible
pression de prédation se traduit également, chez les herbivores, par des convergences de formes et de fonctions
entre des espĂšces insulaires et continentales lĂ oĂč les prĂ©dateurs sont peu efficaces. Par exemple, des
lĂ©muriens fossiles prĂ©sentent des convergences avec des paresseux terrestres ou arboricoles dâAmĂ©rique du
Sud et avec les koalas dâAustralie, qui vivaient dans un environnement oĂč les prĂ©dateurs marsupiaux Ă©taient
relativement peu efficaces. De mĂȘme, les moas (Dinornis) de Nouvelle-ZĂ©lande ont Ă©voluĂ© de façon convergente
avec les moa-nalos (Branta et Chelychelynechen) des ßles Hawaii et les oiseaux-éléphants (Aepyornis)
de Madagascar.
Lorsque la limitation des ressources alimentaires a des répercussions plus importantes que la prédation
ou la compĂ©tition sur les populations animales, le mĂ©tabolisme basal tend Ă diminuer. Si on le compare Ă
celui dâespĂšces du continent de taille Ă©quivalente, le mĂ©tabolisme est dâautant plus rĂ©duit que lâespĂšce habite
une ßle de petite dimension. McNab a observé cette réduction du métabolisme chez certains pigeons insulaires.
Elle est également connue chez les lémuriens de Madagascar, dont le métabolisme est inférieur à celui
des primates continentaux de poids Ă©quivalent, ainsi que chez les tenrecs si on les compare aux Lipotyphla
du continent. Ces variations globales qui portent Ă la fois sur le niveau dâactivitĂ© et sur lâefficacitĂ© de lâutilisation
de lâĂ©nergie permettent de maintenir des populations plus grandes sur des ressources limitĂ©es.
Formes reliques et compétition avec les espÚces envahissantes : Les terres anciennement isolées, suffi
samment grandes pour amoindrir le risque dâextinction alĂ©atoire, hĂ©bergent des formes reliques. Alors
que des compétiteurs les ont remplacées sur les grands blocs continentaux, on trouve encore en Australie
les monotrÚmes, en Nouvelle-Zélande les rhynchocéphales (Sphenodon) et les Acanthisittidae (une famille
ancestrale Ă la base de lâensemble des passereaux), en Nouvelle-CalĂ©donie, le genre Amborella, qui phylogĂ©nĂ©tiquement se situe vers lâorigine de toutes les plantes Ă fleurs, et Ă Madagascar le genre Aepyornis
récemment disparu.
Les espÚces végétales des ßles de grande surface possÚdent généralement des défenses biochimiques
contre leurs consommateurs, comme sur les continents. Mais il apparaĂźt que si, sur un vaste bloc insulaire
comme Madagascar, on trouve une proportion dâespĂšces riches en produits secondaires comparable Ă celle
observée dans des milieux analogues continentaux, les végétaux des ßles de petite surface en renferment
dâautant moins que la surface est rĂ©duite. Ainsi les plantes des Ăźles Hawaii et celles des Channel Islands, au
large des cÎtes californiennes, sont moins bien défendues contre les vertébrés herbivores que celles du continent.
De plus la compétition pour la lumiÚre est plus faible : les plantes de sous-bois des ßles Hawaii sont
moins tolĂ©rantes Ă lâombre que celles des forĂȘts denses continentales. Il en rĂ©sulte une plus grande sensibilitĂ©
aux espĂšces envahissantes introduites sur les Ăźles les plus petites. Les plantes pionniĂšres introduites peuvent
surcimer les vĂ©gĂ©taux indigĂšnes qui ne font pas assez dâombre pour les supprimer. De la mĂȘme façon, les
prédateurs peuvent se montrer redoutables faces à des proies dont la reproduction est trÚs lente. Une bien
plus grande efficacitĂ© dans lâutilisation des ressources ou lâutilisation, par des prĂ©dateurs, de techniques de
chasse auxquelles les espĂšces insulaires nâont jamais eu Ă faire face, confĂ©rent aux espĂšces introduites une
dangereuse supériorité. Nous présentons une revue de ces espÚces envahissantes, végétales et animales, en
fonction des effets observĂ©s sur des Ăźles de diffĂ©rentes surfaces, avant et aprĂšs lâintervention de lâhomme.
Lâisolement gĂ©ographique affecte profondĂ©ment le potentiel Ă©volutif dâun Ă©cosystĂšme, et, Ă surface
Ă©gale, les Ăźles les plus isolĂ©es sont moins diversifi Ă©es que celles plus proches du continent. Câest le cas
en particulier des petites Ăźles oĂč le risque dâextinction est Ă©levĂ© lorsquâil nây a pas dâopportunitĂ© pour une
nouvelle spĂ©ciation et oĂč les espĂšces colonisatrices sont peu frĂ©quentes. Lâisolement gĂ©ographique a jouĂ©
particuliÚrement contre les invasions spontanées de mammifÚres terrestres, qui ont pu atteindre plusieurs
fois Madagascar mais qui nâont jamais atteint ni la Nouvelle-CalĂ©donie ni les Ăźles Hawaii avant que lâhomme
nâintervienne. Dans les milieux insulaires oĂč les mammifĂšres terrestres furent absents, dâautres formes
animales, dont les oiseaux, ont pu jouer un rĂŽle Ă©quivalent au niveau du sol, tel ce perroquet terrestre
et folivore du genre Strigops en Nouvelle-ZĂ©lande. LâintensitĂ© de la compĂ©tition et la moindre possibilitĂ©
de colonisation dĂ©pendent Ă©galement de lâisolement dâun milieu insulaire. Bien que lâisolement dâun bloc
quasi-continental comme lâAustralie nâait pas empĂȘchĂ© lâĂ©volution de carnivores de taille respectable, Webb
a fait remarquer que lâAmĂ©rique du Sud, longtemps isolĂ©e au dĂ©but du PliocĂšne, semble avoir Ă©tĂ© trop petite
pour permettre lâĂ©mergence de mammifĂšres carnivores efficaces. En Australie les carnivores Ă©taient de plus
grande taille que ceux de Madagascar, arrivĂ©s du continent il y a environ 20 millions dâannĂ©es. Mais alors
que le plus grand carnivore australien connu de lâHolocĂšne, le loup de Tasmanie (Thylacinus), nâa pas rĂ©sistĂ©
Ă la compĂ©tition des dingos et des chiens introduits par lâhomme, les carnivores de Madagascar ont survĂ©cu
aux introductions de chiens, de chats et de rats. La présence de ces carnivores indigÚnes a considérablement
limitĂ© lâimpact des espĂšces introduites sur le reste de la faune de Madagascar.
Ces diffĂ©rences entre les Ă©cosystĂšmes insulaires pourraient se comparer Ă celles que lâon observe entre
des systĂšmes Ă©conomiques. Les ensembles Ă©conomiques ayant la plus grande production globale et qui sont
les moins isolés des autres, comprennent une plus grande diversité de professions avec une compétition plus
intense, un rythme des échanges plus rapide et une plus forte productivité per capita. Dans les écosystÚmes
les plus vastes, comme dans les plus grands ensembles Ă©conomiques, les espĂšces â ou les professions â sont
davantage spĂ©cialisĂ©es, ce qui implique davantage dâinterdĂ©pendance, avec un rĂ©seau dâĂ©change et de coopĂ©ration
plus vaste et plus complexe pouvant aller jusquâĂ la symbios
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