248 research outputs found

    Savoirs et savoir-faire pharmaceutiques au collège des jésuites de Pont-à-Mousson au XVIIIe siècle

    Get PDF
    National audienceAu début du XVIIIe siècle, tandis que le collège et l'université jésuite de Pont-à-Mousson se relèvent des guerres et des occupations françaises, est remise sur pied la pharmacie du collège. À cette occasion, sont entamés de nouveaux registres de délivrance des drogues aux patients, qui courent de 1715 à 1762 et qui donnent à voir, au jour le jour, une partie des remèdes vendus à une clientèle étendue dans la vallée de la Moselle et de la Seille, les côtes de Meuse et les environs de Metz. En dépit d'un cadre légal de plus en plus restrictif qui met l'exercice de la pharmacie entre les seules mains de professionnels laïcs, les jésuites ont su conserver une clientèle fidèle, probablement issue de leurs anciens élèves et des populations touchées par leurs missions. Cette clientèle se recrute principalement au sein du clergé régulier de la ville, de la noblesse rurale et du monde de la boutique et du barreau. Sur le plan médical, ces religieux n'innovent guère mais montrent un choix intéressant de drogues permettant de soigner un large éventail de pathologies, qu'ils se risquent parfois à identifier eux-mêmes. La fidélité de leurs patients leur permet en effet de se livrer à des observations sur les effets des traitements proposés et d'affiner leurs connaissances de la pharmacologie et de la chimie. L'exercice de la pharmacie montre enfin qu'à la veille de disparaître du paysage régulier, les jésuites ont, plus que jamais, la bienveillance d'une large partie de la population

    Le prédicateur et ses livres. Normes oratoires et sermonnaires dans les couvents mendiants urbains à l'époque moderne (Lorraine & Luxembourg)

    Get PDF
    National audienceLa ville, chez les religieux mendiants, est depuis le Moyen Age le terrain par excellence de l'exercice de l'apostolat. La prédication s'y est déployée avec vigueur. Les bibliothèques des couvents en témoignent, qui rassemblent, partout, une section pour les sermonnaires, les recueils de lieux communs et les traités sur l'art oratoire. L'examen de cette rubrique, à la lumière des listes normatives de lectures pour prédicateurs, notamment chez les capucins, permet d'apprécier l'existence d'une éventuelle différence de discours - spirituelle ou rhétorique - dans l'univers urbain et l'univers rural. Il ressort de l'analyse l'absence de toute tentative d'adaptation à un public ou un autre, la parole du prédicateur étant censée être efficace par elle-même et indépendamment des compétences de l'auditoire. Le consensus paraît fort, dans les villes et dans les champs, autour des supports de l'écriture du sermon : les sources d'inspiration et les modèles sont partout les mêmes. En revanche, les bibliothèques urbaines sont mieux dotées en livres théoriques sur la prédication et les religieux semblent avoir davantage questionné ces modèles oratoires, sans pour autant les remettre en cause

    Les capucins et l'écriture aux XVIIe et XVIIIe siècles d'après la Bibliotheca de Bernard de Bologne

    Get PDF
    National audienceSi les capucins n'ont pas une réputation intellectuelle bien établie, ils ont tout de même fourni, aux XVIIe et XVIIIe siècles, de nombreux écrivains à toute l'Europe. La bibliographie des travaux de l'ordre, publiée en 1747 par le capucin italien Bernard de Bologne, fait état de 1072 auteurs, principalement en Italie, en Espagne et en France. Ce dictionnaire montre aussi comment l'écriture s'inscrit dans une carrière apostolique : les religieux qui prennent la plume sont, pour l'essentiel, des prédicateurs et plus rarement des religieux ayant des charges supérieures. Ils interviennent dans tous les genres pastoraux : spiritualité, controverse, prédication, théologie scholastique, histoire ecclésiastique, justifiant leurs efforts d'écriture par une intention pédagogique, apologétique ou doctrinale. Au terme de la trajectoire qui place le livre dans l'espace public, l'examen des bibliothèques capucines à la fin de l'Ancien Régime, montre que ces auteurs ont été bien reçus par leurs frères, qui fondent sur la conscience d'appartenir à un ordre spécifique, le choix des livres de leurs bibliothèques. On voit ainsi comment l'écrit s'impose comme un atout pour un ordre initialement rétif à toute forme d'étude

    La Chartreuse de Bosserville et son environnement : un paysage cartusien ?

    Get PDF
    International audienceEn 1632, le duc de Lorraine Charles IV installe une communauté de chartreux à la périphérie de Nancy. Le lieu s’avérant inadéquat avec les exigences spirituelles et économiques d’une chartreuse, ces religieux obtiennent en 1666 leur translation à Bosserville, à l’écart de la ville. Ce lieu est diversement envisagé entre cette date et 1901, date de la disparition des Chartreux revenus après la Révolution. Le paysage est d’abord instrumentalisé par les religieux qui en font tour à tour un espace hostile et désert donc cartusien, mais aussi un paysage où il est nécessaire d’investir des fonds importants pour en tirer leurs ressources. Au XVIIIe siècle, les contemporains s’extasient devant le somptueux édifice de la Chartreuse et passent sous silence son environnement, détachant ainsi le lieu du « Désert » qui fait sa spécificité. Au XIXe siècle, enfin, le site est « récupéré » par les lotharingistes et les nationalistes, Barrès en tête, pour en faire l’incarnation de la grandeur lorraine passée, à l’aide de poncifs cartusiens, non sans bien des contradictions dues au fait que la vallée de la Meurthe ne répond guère au stéréotype cartusien traditionnel

    Le livre dans les couvents mendiants à la fin de l’Ancien Régime, d’après l’enquête nationale de 1790-1791

    Get PDF
    International audienceThe seizing of clerical libraries between 1789 and 1791 accounted for the implementation of a novel cultural policy which itself led to the creation of the first public libraries in 1803. The rules set by the revolutionary government and then implemented by the city councils and the districts are based on a survey on the number and the quality of the seized books. For all its flaws that survey brings forth the picture of what church culture was like in the late 18th century.As far as mendicant orders are concerned, that picture highlights the importance of urban covents with the finest libraries being situated in the national, provincial and episcopal capitals whereas rural convents enjoy lesser intellectual ressources. Such imbalance is to be related to the age old convent establishments, the existence of institutions for the training of friars in city convents and a thriving cultural environment from which the supporters and the benefactors originated. These outstanding links between the mendicants and the cities enabled these clerics to have prominence over the regular orders.Entre 1789 et 1791, la saisie des bibliothèques du clergé engendre en France la mise en place d’une politique culturelle nouvelle, qui aboutira, après bien des tâtonnements, à la création des premières bibliothèques publiques en 1803. La législation produite par les autorités révolutionnaires, puis mise en œuvre dans les municipalités et les districts, est motivée par une enquête sur la quantité et la qualité des livres mis sous séquestre. Cette enquête, malgré ses imperfections, brosse le tableau de la culture ecclésiastique à la fin du XVIIIe siècle. À l’échelle des ordres mendiants, ce tableau met en évidence l’importance de l’implantation urbaine des couvents, les plus belles bibliothèques se trouvant dans les capitales (nationale, provinciales et épiscopales), tandis que les couvents des champs ont des ressources intellectuelles moindres. Ces déséquilibres sont à mettre en lien avec l’ancienneté des fondations conventuelles, la présence des institutions de formation des profès dans les couvents urbains, la présence d’un milieu culturel dynamique d’où sont issus les protecteurs et bienfaiteurs des ordres mendiants. Ces liens culturels privilégiés entre les mendiants et les villes singularisent fortement ces religieux par rapport aux autres ordres réguliers

    Les bibliothèques ecclésiastiques, fabrique de l'orthodoxie

    Get PDF
    National audienceLes bibliothèques ecclésiastiques constituent moins, comme on l'affirme souvent, un " portrait " intellectuel des communautés religieuses, qu'une esquisse d'un horizon de pensée normatif. L'architecture des classements, les modalités de surveillance des acquisitions et de la lecture, le caractère répétitif des livres possédés dans la plupart des abbayes et couvents, l'adéquation entre les livres possédés et les enseignements dispensés aux jeunes profès, plaide en faveur de cette interprétation du contenu des bibliothèques. Pour autant, au sein d'un périmètre intellectuel défini comme orthodoxe et conforme, reste une large part d'interprétation et de choix d'approches diverses, notamment dans le domaine de l'exégèse et de la scholastique. En dehors de ce périmètre, le domaine de l'interdit souffre en outre de définitions mouvantes. L'étude des pratiques de lecture, quand elle est possible, montre que la plupart des religieux se sont conformés à cette orthodoxie de pensée, mais non sans quelques hésitations. Des lectures ont lieu en effet hors de la bibliothèque commune, et chez quelques figures d'exception, comme le minime Claude Pithoys converti au protestantisme, la lecture semble avoir eu des effets dévastateurs. Finalement, la bibliothèque constitue un point de repère pour la société monastique, mais pas un horizon indépassable de lecture

    Décrire et représenter Pierre Fourier (XVIIe-XIXe siècles)

    Get PDF
    National audiencePierre Fourier, the vicar of Mattaincourt, reformed the regular canons and founded the Congregation of Our Lady. He died in 1640. Soon after, different strategies appeared to maintain the memory of his blessed personality, in particular in picture and book to enhance his sanctity with the view of his being beatified, which happened in 1730. The secular and regular church authority in Lorraine played a capital role in promoting this 'advertising campain' resorting to written documents to display the great figure he was. By contrast, pictures were more widely used in the artistic circles of Paris, then of Germany and eventually Lorraine, to display a portrait of this saint in keeping with the standardized representations of the Ancient Regime and then of the 19th century, and whose broad features remained stable between 1640 and 1897, at which date he was canonized.En 1640 décédait Pierre Fourier, curé de Mattaincourt, réformateur des chanoines réguliers et fondateur de la Congrégation Notre-Dame. Immédiatement, on vit se mettre en œuvre différentes stratégies pour entretenir la mémoire de ce saint personnage. L'image et le livre furent particulièrement convoqués pour faire apparaître la sainteté de Pierre Fourier, en vue de sa béatification (prononcée en 1730). Les pouvoirs ecclésiastiques (séculiers et réguliers) lorrains ont joué un rôle essentiel dans la mise en place de cette " publicité ", utilisant l'écrit pour faire valoir la figure de Pierre Fourier. L'image, en revanche, a été davantage utilisée dans les milieux artistiques parisiens, puis germaniques, et enfin lorrains, pour imposer un portrait du saint conforme aux poncifs de la sainteté d'Ancien régime puis du XIXe siècle, dont les grands traits sont restés stables entre 1640 et 1897, date de la canonisation de Pierre Fourier

    Livres, pouvoirs et savoirs à Domèvre au XVIIIe siècle

    Get PDF
    L'abbaye des chanoines réguliers de Domèvre, en Lorraine, devient vers 1740 le siège du généralat de la Congrégation de Notre-Sauveur, ce qui confère un statut particulier à une abbaye située dans une constellation d'établissement plutôt dévoués à l'enseignement, ou au centre d'un réseau de cures. Aussi, cette abbaye est-elle le terrain idéal pour valider ou infirmer une hypothèse de travail : la bibliothèque canoniale est un lieu d'édiction de la norme, et non pas le reflet d'une pratique - de la pédagogie, de la pastorale, de la spéculation théologique ou polémique. Des sondages dans les ressources matérielles de l'abbaye montrent que celle-ci avait, au XVIIIe siècle, tout loisir de se procurer des livres sans restriction financière. Ce confort a permis de rassembler une bibliothèque de plus de 7600 volumes où les savoirs profanes le disputent aux sciences sacrées. Les sciences et l'histoire y sont particulièrement bien représentées. Cette configuration, comparée aux éléments dont on dispose sur la lecture personnelle des chanoines, confirme qu'en définitive chaque religieux invente des parcours de lecture indépendants de l'offre de la bibliothèque. Celle-ci n'a donc qu'une fonction prescriptive, et se veut le portrait sublimé de ce que doit savoir, au siècle des Lumières, un nouveau modèle de chanoine savant

    Bibliothèques, histoire de la théologie et statistique: une rencontre féconde

    Get PDF
    International audienceCe papier se propose de démontrer l’intérêt d’une approche statistique de la réception de l’imprimé à l’époque moderne, dans le cas précis de la littérature patristique dans les catalogues de bibliothèques ecclésiastiques. Il ne s’agit pas tant de repérer la contexture de ces collections, comme on peut le voir dans la majorité des études sur le contenu des bibliothèques, que de dégager, par la confrontation à l’offre éditoriale, la manière dont les religieux, en particulier les religieux mendiants, ont sélectionné dans cette offre, à partir d’un projet intellectuel précis, les éditions les plus aptes à l’étude théologique et à la prédication, à moins que ces choix n’aient été dictés par des contingences financières. Il en ressort la place majeure de saint Augustin et dans une moindre mesure, de Jean Chrysostome et de Grégoire le Grand. La forte ressemblance de toutes les collections montre un véritable consensus autour de la matière patristique et de sa mise en texte la plus efficace. Les ordres mendiants ont délibérément ignoré toute la production mauriste et se sont réfugiés dans les éditions issues de l’humanisme ou de la première réforme catholique

    La province des capucins de Champagne et Lorraine au XVIIe siècle, de la formation à l'éclatement

    Get PDF
    National audienceL'expansion des capucins en Lorraine et en Champagne entre 1583 et le début du XVIIIe siècle se caractérise par plusieurs traits. Premièrement, on observe une géographie concentrique, les villes les plus proches du Royaume de France accueillant précocement des couvents tandis que ceux des marges orientales du duché feront une place aux capucins plus tard dans le XVIIe siècle. En second lieu, les membres de la famille de Lorraine et de Guise, déjà actifs dans l'introduction de l'ordre en France, se montrent de fervents soutiens à ce nouvel ordre religieux, en Lorraine comme en Champagne, jusqu'au milieu des années 1620. Enfin, dans cet espace de frontière où la guerre fait rage à partir de 1631, la question des limites de provinces ecclésiastique se pose âprement. Les négociations entre le duc Charles IV, le roi de France Louis XIV et les généraux de l'ordre aboutissent, en 1661, à une partition en deux provinces, de Lorraine et de Champagne, afin de mieux contrôler les sympathies patriotiques des religieux de chaque " nation ". Les ordres religieux apparaissent ainsi comme un pivot des fidélités politiques dans un territoire donné
    • …
    corecore