L'utilisation des protections physiques et psychotropes chez les personnes âgées institutionnalisées au Québec et en Suisse romande : étude épidémiologique

Introduction : Les protections physiques (barrières de lits, sangles, harnais, ...) et les psychotropes sont très mal utilisés en institution de soins, et en particulier en centre de long séjour. Cette utilisation est associée à des caractéristiques des résidents (âge, antécédents, état fonctionnel et cognitif) et à des caractéristiques institutionnelles (statut, taille, localisation, ratio offre et demande de soins, ...). L'emploi des protections et des psychotropes en institution est interpellant : de nombreuses utilisations sont inadéquates voire abusives et visent parfois d'autres fins que celles strictement thérapeutiques. Nous recentrons notre problématique dans une perspective d'évaluation de la qualité des soins de type normatif afin d'apprécier l'adéquation entre ce qui est fait et ce qui doit être fait conformément à des normes ou pratiques de référence. Dans le cadre de cette recherche, nous avons : 1. estimé l'ensemble des caractéristiques de la clientèle par région, et aussi par institution, 2. estimé l'utilisation de protections et de psychotropes chez les résidents et ce, en termes de niveau et de pertinence d'utilisation, 3. testé l'associatoipn entre le niveau et la pertinence d'utilisation de protections ou de psychotropes et les caractéristiques institutionnelles, 4. testé l'association entre l'utilisation de protections et l'utilisation de psychotropes. Les hypothèses sous-jacentes sont (1) qu'il existe une association entre l'utilisation de protections et de psychotropes et les caractéristiques institutionnelles et (2) qu'il existe une association entre l'utilisation de protections et l'utilisation de psychotropes. Méthode : Nous utilisons une banques de données administrative générée par le système PLAISIR (PLAnification Infromatisée des Soins Infirmiers Requis) utilisé dans des institutions de long séjour. Les données sont traitées et validées par le même centre de traitement ce qui autorise des comparaisons internationales. Ce système fournit comme données concernant le résident : profil biopsychosocial (âge, sexe, état de dépendance, état de mobidité, état psychoaffectif, traitement...) et profil de service requis en soins infirmiers. Notre échantillon compte 15775 observations de personnes âgées d'au moins 65 ans, vivant en institution, évaluées en 1998 au Québec et en Suisse romande par le système PLAISIR et dont une seule évaluation est prise en considération. Nous construisons des indices de pertinence d'utilisation (IPU = ratio entre prévalence observée et prévalence attndue compte tenu des attributs des résidents) par la méthode de l'ajustement de la prévalence (régression logistique). Ceci permet d'apprécier la pertinence des pratiques de soins et de comparer les institutions entre elles, de distinguer des institutions se démarquant de la tendance générale. Résultats : Nous avons constaté que le profil de la clientèle est différent d'une région à l'autre : au Québec, les résidents souffrent d'un déclin fonctionnel et cognitif beaucoup plus avancé qu'en Suisse. L'utilisation des psychotropes est plus élevée et diversifiée en Suisse : 78% des résidents ont au moins un psychotrope par jour contre 67% au Québec. Par contre 76% des résidents au Québec et 40% en Suisse ont au moins une protection. En termes de pertinence d'utilisation des psychotropes, plus d'un tiers des institutions et plus de la moitié concernant les protections ont un IPU supérieur à l'unité, ce qui reflète une prévalence observée supérieure à celle attendue. Les caractéristiques institutionnelles sont peu associées à l'utilisation des protections ou psychotropes, mais d'importantes variations ont été observées entre régions (uébec - Suisse), entre sous-régions mais aussi entre institutions. Concernant les associations entre protections et psychotropes, au niveau individuel en tenant compte des atributs de résident, la prévalence d'utilisation des protections est associée à l'utilisation de certaines familles de psychotropes. Au niveau institutionnel, la prévalence d'utilisation des protections n'est pas associée à celle des psychotropes. L'utilisation des protections et celle des psychotropes ne sont pas associées en termes de petinence d'utilisation (p>0,05) ; les deux pratiques de soins sont indépendantes. Discussion : Nos résultats soulignent une utilisation très élevée des protections et psychotropes mais on ne peut émettre de jugement sur la qualité des soins global. Cependant, en repérant les pratiques qui manifestement s'écartent de la tendance générale et de la norme, cette analyse souligne des situations de soins interpellantes ; promouvoir la réduction de leur utilisation ne peut qu'améliorer la qualité des soins. Notons encore que chaque institution en tant qu'organisation a d'autres particularités (philosophie de soins, culture, stratégies, ...) qui peuvent également influencer la qualité des soins. Cette recherche a permis de dresser un état des lieux très détaillé de la clientèle hébergée en institution de long séjour, de l'utilisation des protections physiques (par type de matériel) et des psychotropes (par famille et en termes de dosage) et de révéler des pratiques de soins qui posent questionThèse de doctorat en sciences de la santé publique (gestion des institutions de soins) -- UCL, 200

Prevalence of psychotropic drug use in nursing homes for the aged in Quebec and in the French-speaking area of Switzerland.

BACKGROUND: The use of psychotropic drugs is high in institutionalised elderly, which raises the question of its appropriateness. This study aimed to: (1) estimate the use of psychotropics, for each family, in terms of the prevalence and dosage among the elderly in nursing homes in French-speaking Switzerland and Quebec; and (2) assess, for each family of psychotropic drugs and for each care facility, the prevalence of use and departure from average prescription (ratio of observed-to-expected prevalence). METHOD: An administrative database was used for this cross-sectional analysis. The sample included 8183 Quebec and 7592 Swiss long-term care residents. Three classes of psychotropics (antipsychotics, antidepressants, hypnotics-anxiolytics) were defined as dichotomous variables. Logistic regressions were conducted to identify residents characteristics associated with the use of each psychotropic type and to compute expected prevalence. RESULTS: Swiss residents were slightly older and less dependent than Quebec residents. Use of psychotropic drugs was higher in Swiss than in Quebec residents, on the whole as well as for each family of drug. A total of 78.1% of Swiss residents used at least one drug as compared to 66.9% in Quebec. Ninety percent of residents were given less than 7 defined daily doses per week, irrespective of the drug family. According to Beer's criteria, only 4.9% of prescriptions were inadequate. In Quebec and in Switzerland, the prevalence of antidepressant use was associated with the prevalence of hypnotic-anxiolytic use. No ratios of observed-to-expected reached statistical significance. INTERPRETATION: There was a considerable use of psychotropics in Quebec and Switzerland with, seemingly, no dramatic departure from the average practice. Our data cannot tell if there is a global overuse of psychotropics, but indicated that dosage and medication selection seem adequate. Physicians should critically reassess the necessity of prescribed medications for their patients

Nature et ampleur des besoins en medecine dentaire en Belgique: le point de vue des dentistes.

[Nature and magnitude of the need for dental care in Belgium: the point of view of dentists] In most countries, oral and dental problems (decay, gingivitis, parodontitis,..) are frequent and impact on overall health. Such problems can often be avoided and treated. Health professionals and patients become gradually more aware of the importance of oral health. Oral hygiene and other measures may prevent several problems, which is beneficial to individuals and to public health, since the consequences of oral diseases are very expensive for all. Our study aims to analyze the features of the profession and to assess their possible evolution in the future. The design of our study combines two approaches: a quantitative study -based on data of the national health insurance scheme regarding utilization of care- and a qualitative study based on deep-interviews of dentists. According to the latter, dental care is expensive for the patient and also for professionals. The workload becomes heavier because patients expect too much. It is expanding, due to longer life expectancy and to medical progress which enables to conserve natural dentition, thus requiring extra care for the surviving teeth. These factors explain the increase of dental services which we highlight for the last 20 years; for the future, most of services are expected to expand, mainly for elderly (65 + years), One exception is noticeable: a probable decrease of "traditional care" for young and adult populations (<65 years). The authorities should take these trends into account in order to cover such new requirements, while also introducing measures in order to limit potential undue demand. However, a few socioeconomic groups remain out of the care system: all disabled persons living in institutions (inter alia elderly in nursing homes); furthermore, the population of low socioeconomic status is unaware of the benefits of a good oral hygiene; professionals denounce these gaps of the system and suggest improvements. Education about oral hygiene should also be promoted; consequently, the profession of oral hygienist should obtain an official license