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    L’injure-fable dans Othello : race, sexualité et bestialité

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    Dans Othello, certains personnages ont recours aux animaux pour évoquer une libido hors-norme, la défaite de la raison écrasée par les pulsions sexuelles mais aussi des pratiques sexuelles extrêmes. Si les animaux sont associés à la sexualité à travers une série de métaphores et de comparaisons tout au long de la pièce, ils sont particulièrement utilisés pour symboliser la luxure, une sexualité répréhensible et atypique. Ainsi la peur du métissage est exploitée par Iago lorsqu’il annonce à Brabantio que sa fille Desdémone est en train de commettre un acte contre-nature en couchant avec Othello, aussi contre-nature que si elle couchait avec un « bélier noir » ou même « un Barbe ». Ces références animales ne se contentent pas de symboliser simplement la luxure : dans ce contexte précis, ces animaux sont au cœur d’injures racistes. Ces exemples sont importants dans la mesure où ils illustrent ce que j’appelle « l’injure-fable raciste ». Cet article se propose de faire comprendre comment l’injure-fable entremêle race, sexualité et bestialité à travers l’acte injurieux.In Othello, some characters resort to animals to evoke a disproportionate libido overcoming reason as well as extreme sexual practice. If animals are linked to sexuality through a series of metaphors and comparisons in the play, they often stand for lust—a reprehensible, unconventional type of sexuality. So, the fear of miscegenation is clearly alluded to when Iago announces to Brabantio that his daughter Desdemona is committing an unnatural act by having sex with Othello, as unnatural as if she had sex with “a black ram” or even “a Barbary horse”. More than mere symbols of lustful sexuality, these animal references are here racial—in this context, the animals become the core of racial insults. These examples are significant insofar as it is a case in point of what I am calling “racial insult-tale”. In this paper, the issue at stake will be to understand how race, sexuality, and bestiality are intermingled through the insulting act

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    Race in the Renaissance and the Risk of Anachronism : a diachronic overview of the racial discourses leading ut to the early modern period

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    Colloque organisé par l’EA 1569 : Transferts critiques anglophones (TransCrit), et CREA (Université de Nanterre), jeudi 22 et vendredi 23 mars 2018 à l'Université Paris 8.International audienc

    Declinations of the racist insult in the English theater of the sixteenth and seventeenth centuries

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    Cette thèse se propose d’analyser un échantillon d’injures racistes extraites d’un corpus de soixante-dix pièces du théâtre Elisabéthain et Jacobéen. Il s’agit de comprendre les mécanismes de la construction de la race à travers le prisme de l’injure et de mettre en lumière les différentes formes que celle-ci peut prendre au théâtre, allant de l’interjection au portrait à charge. L’injure raciste se traduit par une certaine violence verbale mais celle-ci n’est pas forcément explicite. Elle peut en effet émerger dans des contextes inattendus, notamment dans l’éloge raciste. L’injure raciste est donc présentée comme se rattachant à la rhétorique épidictique et s’inscrivant donc dans une longue tradition de la démonstration des vertus et des vices. Si l’injure s’adresse à l’injurié, elle en dit davantage sur l’injurieur. Au lieu de se concentrer sur la différence raciale de l’injurié, cette thèse cherche à adopter une perspective originale en explorant la construction de l’identité raciale de l’injurieur. L’injure raciste sera ainsi présentée comme davantage révélatrice de la blanchité chrétienne de l’injurieur plutôt qu’une affirmation de la différence raciale de l’injurié. Le cadre théorique s’appuie sur la théorie critique de la race, les études postcoloniales, l’intersectionnalité et le matérialisme culturel afin de déconstruire la structure du racisme systémique développée par l’injure raciste dans le théâtre anglais des XVI-XVIIe siècles.This dissertation aims at examining a sample of racist insults extracted from a corpus of seventy plays of Elizabethan and Jacobean drama. The issue at stake is to understand the mechanisms of the construction of race through the prism of the insult and to emphasize the different forms that the latter can take in drama, from the interjection to the biased portrait. The racist insult relies on verbal violence, but the latter is not always explicit and may emerge in unexpected contexts, for instance in racist praise. The racist insult is therefore introduced as being part of epideictic rhetoric and of a long tradition of showing virtue and vice. If the insult first concerns the insulted, it is more telling about the insultor. Instead of focusing on the insulted’s racial difference, this thesis seeks to adopt an original approach by exploring the construction of the insultor’s racial identity. The racist insult will be considered as being more about the Christian whiteness of the insultor rather than being an assertion of the insulted’s racial difference. The theoretical framework draws on critical race theory, postcolonial studies, intersectionality and cultural materialism in order to dismantle and deconstruct the structure of systemic racism developed by the racist insult in early modern English drama

    Le surprenant Macbeth de Mnouchkine : entre démystification et remystification

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    Publié en ligne le 10 juin 2014.Théâtre du Soleil, La Cartoucherie (Paris). Filage du 26/05/2014International audienc

    Name-calling the Egyptian Queen in Antony and Cleopatra : a case in point of the distortion of Africa through the racial slur 'gypsy'

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    Publié en ligne le 20 décembre 2017International audienceÀ l’époque de la première modernité, l’Afrique est un territoire fait de fantasmes, de stéréotypes et de préjugés. Étudier l’Afrique dans les pièces de Shakespeare revient à analyser la représentation déformée que les Anglais ont produite à l’époque. Cet article repose sur l’analyse de l’injure raciale « gypsy » dans Antoine et Cléopâtre (1606) de William Shakespeare. Ciblée par ce terme, Cléopâtre est insultée in absentia, à deux reprises, dans la pièce. Cela peut sembler étrange de se concentrer sur un terme qui n’apparaît pas de façon récurrente dans la pièce, mais je souhaite monter dans quelle mesure celui-ci constitue un terme clé pour comprendre le personnage ambivalent de Cléopâtre ainsi que l’intrigue elle-même. Shakespeare donne à cette injure une fonction dramatique et contribue à faire basculer la pièce dans le tragique en faisant de Cléopâtre l’ennemi naturel de Rome. À travers cette injure raciste, le dramaturge commet un anachronisme car celle-ci n’aurait pas pu être utilisée par les Romains. Le mot « gypsy » n’apparaît que pendant la Renaissance, et on peut se demander pour quelle raison Shakespeare a recours à un mot qui caractérise l’Angleterre de la première modernité dans une pièce romaine. Il est fondamental de se souvenir de l’influence considérable que la culture classique a eu sur Shakespeare alors qu’il composait Antoine et Cléopâtre – celle des textes latins et grecs. En effet, c’est en remontant à la littérature de la Grèce ancienne que l’on peut, dans une certaine mesure, comprendre la raison pour laquelle le terme « gypsy » a été utilisé, pour la première fois, par Shakespeare pour faire référence à Cléopâtre à travers le prisme de la littérature grecque
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