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    L’amusement dans Grigri de Cahusac

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    Fixé comme un objectif à la fois esthétique et moral, l’amusement permet à Louis de Cahusac de concilier le merveilleux avec une réflexion sur le plaisir. Dans un contexte où la parodie s’affirme, le dispositif paratextuel et les commentaires qui font une large place à la voix du narrateur imposent l’amusement. Les noms des personnages, souvent associés au petit et à la bagatelle, contribuent également à amuser. Les intentions du moraliste se manifestent lorsqu’il critique les ridicules d’une Cour où les valeurs sont souvent inversées¤: les rires tombent alors sur les hommes à la mode, sur les poètes et sur les conteurs, pour faire apparaître le vide et l’ennui. Un sentiment naturel doit prévaloir, ainsi qu’une morale du juste milieu. Cette morale n’exclut pas la jouissance si elle n’est pas la recherche de la seule volupté¤; l’épreuve de l’impuissance imposée à Grigri permet de déterminer les limites du rire et de dissoudre l’agressivité. Ce conte, écrit pour amuser, condamne donc les excès du rire en étant plus proche de l’honnêteté ou de la raillerie de Shaftesbury que du franc comique.Amusement in Cahusac’s GrigriSet with an objective that is at once aesthetic and moral, amusement enables Louis de Cahusac in Grigri to reconcile the magic with reflections on pleasure. In this parodic context, the paratextuality and comments that the narrator’s voice plays with, cannot but imply amusement. The names of the characters, suggestive of triviality and pettiness, make their contribution to this amusement. His moralising intentions become explicit when Cahusac mocks the absurdities of a court in which values are often reversed¤: his laughter targets fashionable characters, poets and story-tellers, in order to reveal the pervasive void and tedium. In their place he calls for natural feelings and an ethics of the happy mean. This morality is not incompatible with pleasure so long as it is not in search solely of sensual satisfaction¤; the test of impotence imposed on Grigri is a way of defining the contours of laughter and of undermining aggression. This tale, written to amuse, thus condemns excesses of laughter by being closer to Shaftesbury’s honesty and raillery than to the straightforwardly comic

    Fées cartésiennes ou fées newtoniennes

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    En se fondant sur deux contes des années 1740, Grigri de Cahusac, et Brochure nouvelle de Gautier de Montdorge, l’un et l’autre librettistes du musicien Rameau, on examinera la combinaison de la science et du merveilleux, auparavant étrangers l’un à l’autre dans le conte littéraire. Qu’advient-il de cette hybridation ? Sans doute un renouvellement du conte, mais aussi un affaiblissement du merveilleux qui s’accorde avec une morale et une « philosophie des savants ». Malgré la critique de l’érudition et l’image négative du savant, il apparaît que la science oriente le schéma narratif. L’onomastique, inspirée des sciences, programme les comportements ; la fée Cycloïde, l’opposante de Grigri, décrit des boucles tout en suivant la ligne droite qui conduit au mariage de la reine et de son amant. Dans Brochure nouvelle, dont l’argument est une l’expérimentation sur des jeunes gens, ce sont les « contrariétés » qui font les noirceurs de la fée Chicot. Alors apparaissent les sujets essentiels des Lumières : le préjugé ou la superstition. La dérision est aussi jetée sur les tourbillons déclenchés par une fée, comme sur les lois de la physique : les erreurs sont plus nombreuses que les vérités. Même le traditionnel sujet de l’impuissance se trouve contaminé par le langage mathématique ou la référence à la régénération du polype de Trembley. Dans un contexte de soupçon, s’ébauche donc une forme nouvelle du conte « philosophique » que Voltaire portera à sa perfection.This analysis is based on two tales published in the 1740s written by two librettists who worked with the composer Rameau, Cahusac’s Grigri and Gautier de Montdorge’s Brochure nouvelle. It analyzes the combination of science and marvel, which have been stranger to each other in the fairy-tale literature until then. The outcome of this hybridization is a renewal of the tale, but also a weakening of the marvellous, which is forced to agree with a morality and a “philosophy of scientists”. Despite the criticism of erudition and the negative picture of the scientist, it seems that science drives the narrative scheme. The choice of names, inspired by science, programs the characters’ behaviours: fairy Cycloid, the opponent of Grigri, follows loops while sticking to the straight line which leads to the marriage between the queen and her lover. The argument in Brochure nouvelle consists in an experiment on young people, during which “difficulties” turn fairy Chicot into a dark character. The Enlightenment’s central topics are soon revealed: prejudice and superstition. The laws of physics are derided, together with the fairy’s whirls: errors are more numerous than truths. Even the traditional theme of impotence is contaminated by mathematical language or by a reference to the regeneration of Trembley’s polyp. In a context of suspicion, a new form of “philosophical tale” emerges, waiting for Voltaire to bring it to perfection

    La « morale expérimentale » du conte : l’exemple des Contes sages et fous d’Angélique Desjardins (1787)

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    Cet article analyse les relations du merveilleux et de la morale à partir d’un recueil représentatif de la fin du xviiie siècle : les Contes sages et fous d’Angélique Desjardins (1787). Tous ces contes usent de l’allégorie et présentent des valeurs morales liées à la vertu. Les premiers, destinés à un public mondain, s’attachent surtout à l’étude des mœurs ; le merveilleux s’y déploie avec liberté. Ensuite, sous l’influence de Mme de Genlis, le conte des « Génies instituteurs » devient un véritable projet d’éducation pour une « morale expérimentale ». On voit alors s’imposer une infantilisation du conte. Mais quels que soient les points communs avec Adèle et Théodore, les valeurs d’Angélique Desjardins restent cependant compatibles avec la société et inspirées par la pensée des Lumières.This article analyses the relations between the marvellous and the moral lesson in a representative collection of the end of the 18th century: Contes sages et fous [literally, Wise and Mad Tales] by Angélique Desjardins (1787). These tales use allegories and they represent moral values related to virtue. The first tales, written for a mundane society, study mostly manners. In these tales, the marvellous enjoys an untamed freedom. Influenced by Mrs de Genlis, her later tales “Les Génies instituteurs” [The Ingenious Primary School Teachers] constitute a real educational project aimed at an “experimental moral”. This process goes through an infantilisation of the tale. But whatever her common points with Genlis’s Adèle et Théodore, Angélique Desjardins’s moral lessons remain inspired by the society in which she lived, and by the Enlightenment

    L’amusement dans Grigri de Cahusac

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    Fixé comme un objectif à la fois esthétique et moral, l’amusement permet à Louis de Cahusac de concilier le merveilleux avec une réflexion sur le plaisir. Dans un contexte où la parodie s’affirme, le dispositif paratextuel et les commentaires qui font une large place à la voix du narrateur imposent l’amusement. Les noms des personnages, souvent associés au petit et à la bagatelle, contribuent également à amuser. Les intentions du moraliste se manifestent lorsqu’il critique les ridicules d’une Cour où les valeurs sont souvent inversées¤: les rires tombent alors sur les hommes à la mode, sur les poètes et sur les conteurs, pour faire apparaître le vide et l’ennui. Un sentiment naturel doit prévaloir, ainsi qu’une morale du juste milieu. Cette morale n’exclut pas la jouissance si elle n’est pas la recherche de la seule volupté¤; l’épreuve de l’impuissance imposée à Grigri permet de déterminer les limites du rire et de dissoudre l’agressivité. Ce conte, écrit pour amuser, condamne donc les excès du rire en étant plus proche de l’honnêteté ou de la raillerie de Shaftesbury que du franc comique.Amusement in Cahusac’s GrigriSet with an objective that is at once aesthetic and moral, amusement enables Louis de Cahusac in Grigri to reconcile the magic with reflections on pleasure. In this parodic context, the paratextuality and comments that the narrator’s voice plays with, cannot but imply amusement. The names of the characters, suggestive of triviality and pettiness, make their contribution to this amusement. His moralising intentions become explicit when Cahusac mocks the absurdities of a court in which values are often reversed¤: his laughter targets fashionable characters, poets and story-tellers, in order to reveal the pervasive void and tedium. In their place he calls for natural feelings and an ethics of the happy mean. This morality is not incompatible with pleasure so long as it is not in search solely of sensual satisfaction¤; the test of impotence imposed on Grigri is a way of defining the contours of laughter and of undermining aggression. This tale, written to amuse, thus condemns excesses of laughter by being closer to Shaftesbury’s honesty and raillery than to the straightforwardly comic

    Ce que dit un frontispice sur la réception des contes de fées

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    Cet article examine le frontispice placé au début du premier volume du Cabinet des fées (1785), dans la collection conservée à la Bibliothèque nationale de France. Il s’agit d’un dessin de Charles-Nicolas Cochin gravé par Charles-Étienne Gaucher, utilisé un an plus tôt comme frontispice des Étrennes lyriques et anacréontiques, et illustrant un poème de Sylvain Maréchal intitulé « Le Tombeau de l’Amour ». On propose de voir dans ce réemploi une représentation allégorique du genre du conte dont le chevalier de Mayer espère le retour à la vie grâce à la collection qu’il publie.This article examines the frontispiece placed at the beginning of the first volume of the Cabinet des fees (1785) in the collection preserved at the Bibliothèque nationale de France. It is about Charles-Nicolas Cochin’s drawing engraved by Charles-Étienne Gaucher, used one year earlier as frontispiece of the Étrennes lyriques et anacréontiques and illustrating Sylvain Maréchal’s poem entitled “Love’s Grave”. The article suggests seeing in this re-use an allegorical representation of the fairy tale as a genre: Mayer hopes to resurrect it thanks to the collection he publishes

    Auditions dans deux romans du xviiie siècle : Les Illustres Françaises, Dolbreuse ou l’homme du siècle ramené à la vérité par le sentiment et par la raison

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    Pour illustrer la place de l’audition dans la fiction narrative du xviiie siècle, on a choisi de s’appuyer sur deux romans que soixante-dix années séparent. On peut rendre ainsi compte de l’évolution esthétique et épistémologique intervenue autour de Rousseau et de Diderot sur la question de la sensibilité, du langage ou de la musique. Les Illustres Françaises de Robert Challe (1713) et Dolbreuse de Loaisel de Tréogate (1783) sont en outre deux romans novateurs, chacun en son temps, que la cr..

    La « morale expérimentale » du conte : l’exemple des Contes sages et fous d’Angélique Desjardins (1787)

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    Cet article analyse les relations du merveilleux et de la morale à partir d’un recueil représentatif de la fin du xviiie siècle : les Contes sages et fous d’Angélique Desjardins (1787). Tous ces contes usent de l’allégorie et présentent des valeurs morales liées à la vertu. Les premiers, destinés à un public mondain, s’attachent surtout à l’étude des mœurs ; le merveilleux s’y déploie avec liberté. Ensuite, sous l’influence de Mme de Genlis, le conte des « Génies instituteurs » devient un véritable projet d’éducation pour une « morale expérimentale ». On voit alors s’imposer une infantilisation du conte. Mais quels que soient les points communs avec Adèle et Théodore, les valeurs d’Angélique Desjardins restent cependant compatibles avec la société et inspirées par la pensée des Lumières.This article analyses the relations between the marvellous and the moral lesson in a representative collection of the end of the 18th century: Contes sages et fous [literally, Wise and Mad Tales] by Angélique Desjardins (1787). These tales use allegories and they represent moral values related to virtue. The first tales, written for a mundane society, study mostly manners. In these tales, the marvellous enjoys an untamed freedom. Influenced by Mrs de Genlis, her later tales “Les Génies instituteurs” [The Ingenious Primary School Teachers] constitute a real educational project aimed at an “experimental moral”. This process goes through an infantilisation of the tale. But whatever her common points with Genlis’s Adèle et Théodore, Angélique Desjardins’s moral lessons remain inspired by the society in which she lived, and by the Enlightenment

    Julie Boch et les contes

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    Quand Julie Boch a brutalement trouvé la mort au mois de juillet 2011, elle nous a laissé un travail considérable sur le conte, une recherche qu’elle a régulièrement et admirablement conduite durant plus de dix années sans pour autant négliger ses autres intérêts, dont le plus récent reste la figure de Julien l’Apostat. La somme de ses contributions comporte en effet deux interventions dans des colloques organisés à Grenoble, deux articles parus dans Féeries, et deux éditions pour la collecti..

    Julie Boch et les contes

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    Quand Julie Boch a brutalement trouvé la mort au mois de juillet 2011, elle nous a laissé un travail considérable sur le conte, une recherche qu’elle a régulièrement et admirablement conduite durant plus de dix années sans pour autant négliger ses autres intérêts, dont le plus récent reste la figure de Julien l’Apostat. La somme de ses contributions comporte en effet deux interventions dans des colloques organisés à Grenoble, deux articles parus dans Féeries, et deux éditions pour la collecti..

    Paroles de lecteurs dans les œuvres de jeunesse de Loaisel de Tréogate

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    Voici en quels termes Loaisel de Tréogate (1752-1812) explique, dans sa « Lettre à M. Coll » qui sert de préface à sa nouvelle Florello (1776), les raisons de son « entrée dans la carrière des Lettres » : Enfoncé dans la solitude, désabusé de l’erreur de l’optimisme, […] dévoré d’ennui, livré à moi-même, je cherchais un baume salutaire aux blessures qu’a reçues mon âme dans le commerce du monde. […] La culture des beaux-arts, que j’ai toujours aimés, m’a paru une occupation consolante ; j’ai ..
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