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De lâostinato au pastiche : approche comparĂ©e du comique de rĂ©pĂ©tition en poĂ©sie et en musique au XXe siĂšcle
De lâostinato au pastiche, la production poĂ©tique et musicale du XXe siĂšcle met en oeuvre divers procĂ©dĂ©s comiques fonctionnant sur des techniques de rĂ©pĂ©tition quâune approche comparatiste permet dâapprĂ©hender. LâĂ©laboration dâune typologie qui prenne en compte, dans leur articulation chaque fois neuve, techniques de rĂ©pĂ©tition, nature du comique engendrĂ©, enjeux formels et esthĂ©tiques qui en dĂ©coulent, est Ă la fois nĂ©cessaire et utopique. Utopique en raison du nombre excessif de critĂšres Ă considĂ©rer ; nĂ©cessaire parce que ces procĂ©dĂ©s offrent Ă lâanalyste matiĂšre rĂȘvĂ©e pour saisir quelques-unes des similaritĂ©s de fonctionnement qui lĂ©gitiment la comparaison entre langage poĂ©tique et langage musical.With ostinato, parody and pastiche, poetry and music of the 20th century use various comic processes based on repetition, that can be analysed in a comparative way. The elaboration of a typology that takes into account the different techniques of repetition, the nature of comical effects, the formal and aesthetic aspects, is both necessary and impossible. Impossible because of the myriad criteria that must be taken into consideration; necessary, because these processes help the analyst understand the similarities that legitimate the comparison between poetic and musical languages
Entre deux bouchĂ©es de silence : esquisse dâune poĂ©tique Ă bouche fermĂ©e chez quelques compositeurs et poĂštes du xxe siĂšcle
« BouchĂ©e de silence » : câest ainsi que Martine Broda propose de traduire lâexpression « Mundvoll Schweigen » qui clĂŽt le poĂšme « Grille de parole » de P. Celan, dans le recueil du mĂȘme nom, et câest Ă lâaune de cette image que jâaimerais envisager toute une poĂ©sie qui, dans son Ă©clectisme, manifeste dans la seconde moitiĂ© du xxe siĂšcle son inflexion vers lâidĂ©e dâun chant Ă bouche fermĂ©e, alors que parallĂšlement sâobserve, Ă la mĂȘme Ă©poque, une Ă©volution sensible dans lâusage que les compos..
De lâostinato Ă la dĂ©rive : quel(s) modĂšle(s) pour penser la forme en poĂ©sie et en musiquecontemporaines ? (Dominique Fourcade, Pascal Dusapin)
International audienceAu moment oĂč il semble devenu urgent pour un certain nombre de poĂštes et de compositeurs de repenserla forme et dâĂ©chapper aux modĂšles traditionnels, plusieurs dâentre eux se tournent vers lâostinato. UnerĂ©flexion sur la forme se fait jour derriĂšre la relation ambivalente quâils entretiennent avec ce principedâĂ©criture et les fantasmes quâil vĂ©hicule. Cette rĂ©flexion peut ĂȘtre ressaisie Ă travers une dĂ©ambulation dansla poĂ©sie et la musique contemporaines, ancrĂ©e en 1984, date Ă laquelle Dominique Fourcade publie chezPOL Rose-dĂ©clic, livre structurĂ© autour du mot « rose » rĂ©pĂ©tĂ© dâun bout Ă lâautre. Deux ans plus tard il publiecependant Son blanc du un, dâune forme radicalement autre. Ă lâĂ©criture de Rose-dĂ©clic fondĂ©e sur le retourquasi motorique du mot « rose » se substitue le « glisser-glisser » dâune « Ă©criture plus dĂ©riveuse » et qui serevendique comme telle. Ă travers ce retournement, Fourcade nâentend pas renouer avec une pensĂ©e dudĂ©veloppement et de lâorganicitĂ©. Bien au contraire. DerriĂšre ce rejet se lit plutĂŽt le signe dâun deuil enfinaccompli vis-Ă -vis de lâunitĂ© telle quâune partie de la tradition romantique poĂ©tique et musicale lâa conçue.Ce changement de paradigme chez Fourcade, qui troque lâidĂ©al de lâostinato contre celui de la dĂ©rive, estreprĂ©sentatif dâun certain nombre de questionnements formels nouĂ©s depuis quelques dĂ©cennies, en poĂ©sie,mais Ă©galement en musique et dans les arts. Ils rĂ©vĂšlent chez les crĂ©ateurs, quâils en appellent Ă lâostinato ou,Ă lâinverse, Ă une poĂ©tique de la dĂ©rive, une mĂȘme obsession pour essayer de penser la cohĂ©rence de lâoeuvresans renouer pour autant avec une pensĂ©e du dĂ©veloppement. Câest ce quâexplicite notamment lecompositeur Pascal Dusapin Ă travers la notion de « non-dĂ©veloppement » quâil emprunte explicitement Ă Deleuze en lequel il reconnaĂźt un « intercesseur » crucial
Philippe Jaccottet Ă lâĂ©coute des âlessonsâ de Purcell
International audiencePHILIPPE JACCOTTET LISTENS TO PURCELLâS âLESSONSâIn 1981, Philippe Jaccottet wrote poems organised as a suite, âTo Henry Purcell,â in which he praises Purcellâs music and chooses him as the model of a new conception of poetry. Through Baroque music and Purcellâs dreamed portrait of a celestial shepherd and of a âweaver of supernatural streams,â Jaccottet provides a model for new poetic formsâmore patient, more tender and purerâthat eschew the rhetorical developments of the Classics, the long Romantic narrative poems or lyricism, made impossible after Auschwitz. Those aesthetic choices imply ideological and political ones. Adopting Purcell as a model does not so much contribute to forging a new national identity as to refusing the nationalist stances of his contemporaries who made Couperin or Rameau the model of French identity or Bach the symbol of German identity, and conveys the will to evade French-German oppositions.En 1981, Philippe Jaccottet Ă©crit une suite de poĂšmes dĂ©diĂ©e Ă Henry Purcell, dont la musique lui paraĂźttracer les voies dâun nouveau modĂšle poĂ©tique. Ă travers le portrait fantasmatique de Purcell en bergercĂ©leste et « tisserand des ruisseaux surnaturels », Jaccottet dessine lâidĂ©al dâune poĂ©sie plus patiente, plus tendre etplus blanche, dont la grĂące juvĂ©nile et la simplicitĂ© rustique, qualitĂ©s selon lui toutes baroques,contribueraient Ă mettre Ă distance le romantisme et ses valeurs. Cet intĂ©rĂȘt de Jaccottet pour Purcell, perçupar beaucoup Ă cette Ă©poque comme nouvel emblĂšme du mythe identitaire anglais, est cependant singulier.Il contraste avec la prĂ©dilection plus habituelle de ses contemporains pour Couperin, Rameau ou Bach,Ă©rigĂ©s en symboles de francitĂ© ou de germanitĂ©. En se tournant vers Purcell, il sâagit cependant moins pourJaccottet de contribuer Ă la construction dâune (autre) identitĂ© nationale que de refuser prĂ©cisĂ©ment toutestratĂ©gie nationaliste en sortant de lâopposition franco-germanique et des enjeux esthĂ©tiques et politiquesquâelle vĂ©hicule en Europe depuis la fin du XIXe siĂšcle
Nervure, rameau, bouture : vers une esthétique de la fourche
Ramures de papier et de peinture de GĂ©rard Titus-Carmel, poĂ©sie entaillĂ©e de Paul Celan, fleur nĂ©e du « vertige bref de lâentre » dans Ărbol adentro dâOctavio Paz, « fausse cadence » de LâArbre des songes dâHenri Dutilleux, palmettes de lâornementation Ă©gyptienne : peut-on envisager une communautĂ© dâenjeux au sein de cette diversitĂ© esthĂ©tique ? La rĂ©flexion pourrait sâarrimer Ă un premier constat : un grand nombre dâĆuvres de la seconde moitiĂ© du xxe siĂšcle et du dĂ©but du xxie siĂšcle tĂ©moign..
Câest encore du roman ça. Fonctions des citations schumanniennes dans Mademoiselle Else dâArthurSchnitzler
International audienceLâarticle sâinterroge sur le rĂŽle des fragments de la partition du Carnaval de Schumann insĂ©rĂ©s par Schnitzler danssa nouvelle FrauÌlein Else. LâĂ©tude montre lâinsuffisance du procĂ©dĂ© si lâon attend de lui quâil fasse « apparaĂźtre » lamusique de la mĂȘme façon quâune reproduction, au milieu dâun livre, peut faire apparaĂźtre un tableau. La tentativede Schnitzler a cependant des effets tout Ă fait intĂ©ressants. Elle dĂ©fie le lecteur et stimule sa capacitĂ©hermĂ©neutique par les infinies interprĂ©tations quâelle provoque. Parmi ces possibles interprĂ©tations, lâarticle dĂ©pliecelle proposĂ©e par C. Coquio dans la lignĂ©e de Bataille, voyant dans ces citations musicales les indicesambivalents dâune « hyperritualisation » de la « fable sacrificielle » mise en scĂšne par Schnitzler et tout Ă la foisdĂ©construite avec ironie. Ă cette interprĂ©tation pourrait ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©e une autre prenant appui sur les thĂ©oriesfreudiennes, ou une qui Ă©tendrait Ă la nouvelle lâexĂ©gĂšse de J. Chailley lisant le Carnaval Ă partir du roman de JeanPaul, ou bien encore une autre Ă©laborĂ©e Ă partir des conclusions du musicologue R. Stricker sur la « farce » duCarnaval. Toutes ces interprĂ©tations sont possibles, mais aucune, en dĂ©finitive, ne sature le sens de ces petitsfragments de musique intĂ©grĂ©s au texte. Ces derniers agissent dans la nouvelle comme les « sphynxes » dans leCarnaval de Schumann qui Ă la fois convoquent et repoussent toutes les tentatives dâinterprĂ©tation
à propos des Brisées. Sur la Route de la Soie, premiÚre étape.
International audienc
Sur ce rivage de sable et d'herbe. Yves Bonnefoy et GĂ©rard Titus-Carmel
International audienceEngagĂ© depuis prĂšs dâune dĂ©cennie, et sans doute lâun des plus beaux nouĂ©s entre un poĂšte et un peintre en cedĂ©but de XXIe siĂšcle, le dialogue entre Bonnefoy et Titus-Carmel a pris diverses formes et sâest, au fil des oeuvresqui lâont scandĂ©, Ă la fois intensifiĂ© et complexifiĂ©. Câest cette Ă©volution que lâarticle retrace en sâattardant sur sesjalons successifs, depuis lâessai inaugural de Bonnefoy sur la sĂ©rie des FeuillĂ©es en 2003, jusquâĂ leur toute rĂ©centecollaboration autour des sonnets de PĂ©trarque, faisant suite Ă lâessai de Titus-Carmel consacrĂ© Ă Bonnefoy (Un lieude ce monde, 2008) et aux trois livres illustrĂ©s quâils ont rĂ©alisĂ©s ensemble (Ales Stenar suivi de Passant veux-tu savoir ?,Tombeau de LB Alberti et Deux ScĂšnes)
Introduction. Sollicitations végétales
Arbre gĂ©nĂ©alogique, branches de la connaissance, ramifications de la pensĂ©e, terreau culturel, racines linguistiques⊠autant de mĂ©taphores passĂ©es dans la langue courante qui tĂ©moignent dâune imprĂ©gnation diffuse et ancienne du vĂ©gĂ©tal dans les reprĂ©sentations occidentales, aussi bien dans les champs du savoir et du pouvoir que dans les arts. Si le vĂ©gĂ©tal continue de modĂ©liser bon nombre de systĂšmes scientifiques et marque, aujourdâhui encore, beaucoup de dĂ©marches artistiques, cette prĂ©gnan..
Le ModÚle végétal dans l'imaginaire contemporain
International audienceRacines, radicelles, rhizomes ; herbiers, arborescences, efflorescences⊠Ătonnamment vivaces, les images vĂ©gĂ©tales continuent d'imprĂ©gner les champs du savoir et des arts, et d'innerver les crĂ©ations les plus contemporaines. Ces images ne sont pas de simples motifs cantonnĂ©s Ă une fonction ornementale. Bien souvent, elles s'autonomisent pour acquĂ©rir l'envergure de modĂšles oĂč se mĂȘlent des forces et des valeurs divergentes, productrices de formes innombrables. Cette multiplicitĂ© illustre la vitalitĂ© du vĂ©gĂ©tal comme puissance de formation, mais aussi lâacuitĂ© avec laquelle lâĂ©criture et les pratiques artistiques lâinterrogent, voire le dĂ©modĂ©lisent. La persistance avec laquelle Ă©crivains et artistes reprennent et dĂ©placent la tradition organiciste, les propositions de Goethe ou encore celles de Deleuze, invitent Ă repenser la notion mĂȘme de modĂšle.Câest cet imaginaire contemporain que ce livre entend dĂ©ployer dans le foisonnement de ses rĂ©alisations et de ses hĂ©ritages. Faisant dialoguer questionnements thĂ©oriques et dĂ©marches artistiques, la rĂ©flexion arpente plusieurs champs disciplinaires (philosophie, poĂ©sie, roman, musique, arts visuels, danse). Avec le vĆu de restituer en quelques ramures et poussĂ©es un peu de la fascinante rĂ©versibilitĂ© de son objet. Car le vĂ©gĂ©tal organise et perturbe lâĆuvre dâart: il sollicite lâesthĂ©tique, la met Ă lâĂ©preuve tout autant quâil en Ă©prouve la dynamique. Il fait de mĂȘme de la pensĂ©e.Contributeurs : Guillaume Artous-bouvet ;Xavier Hautbois ;Nicholas Manning ;Christophe Bardin ;Jean-Louis Hess ;Florence Rougerie ;Marik Froidefond ;Ălodie Daly ;Jonathan Rousseau ;LoĂŻc Fel ;Alice Godfroy;Eden Viana Martin ;InĂšs Cazalas;Marinella Termite ;Thierry Jandrok ;ClĂ©lie Millner ;Dominique Escande ;Christopher Brent Murray;GĂ©rard Titus-Carmel