6 research outputs found

    Joseph Confavreux (dir.), Le Fond de l’air est jaune, Comprendre une révolte inédite, Paris, Le Seuil, 2019, 220 p.

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    Depuis un an maintenant, ce sont des questions politiques et sociales inédites que le mouvement des gilets jaunes (GJ) pose et nous pose. Son existence même, sa durée et son ampleur, sa composition sociale (classes populaires dans leur diversité et surreprésentation des femmes, France des « petits moyens »), l’originalité de ses modes d’expression (aux péages et aux ronds-points mais aussi dans les quartiers bourgeois et de localisation des pouvoirs) par sa méfiance à l’égard de l’État et sa ..

    Joris THIEVENAZ, Enquêter et apprendre au travail. Approcher l’expérience avec John Dewey, Dijon, Éditions raison et passions, 2019, 343 p.

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    Comment le « sujet » développe-t-il ses capacités de pensée et d’action dans les situations de travail ? Tel est l’objet de l’ouvrage de J. Thievenaz, fruit d’une habilitation à diriger des recherches. L’ouvrage s’inscrit clairement dans la tradition pragmatiste, une école états-unienne ouverte, à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, par C. S. Peirce, W. James, G. H. Mead, J. Dewey... Aux yeux de J. Thievenaz, professeur de sciences de l’éducation à l’UPEC (Université Paris-Est Crétei..

    Conflictualités ordinaires au travail

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    Le capitalisme se transforme en permanence, les conflits qui le traversent évoluent en retour : les démarches scientifiques pour en rendre compte se modifient aussi. C’est plutôt de ces modifications et des changements d’angle de vue dont rend compte le Corpus de ce numéro de la Nouvelle Revue du Travail. D’une part, il confirme le constat d’un renouveau de l’attention des chercheurs pour la thématique des conflits du travail et, d’autre part, il alimente le glissement d’une priorité accordée aux mouvements sociaux traditionnels généralement animés par les syndicats, vers des préoccupations moins visibles telles que les résistances aux formes rénovées de l’organisation du travail ou aux méthodes managériales de mobilisation des travailleurs. Ce Corpus interroge comment les résistances « inorganisées » au travail se substituent, s’allient, complètent ou préparent des protestations collectives mieux connues car traditionnelles. Pour ce faire, les articles portent sur les possibles et les contraintes en fonction desquels les résistances individuelles et collectives au travail se développent dans des mondes du travail situés à distance plus ou moins importante des grandes organisations privées ou publiques qui ont formé et qui forment encore le contexte d’action et la base sociale du mouvement syndical. Les terrains d’analyse se diversifient pour traiter des petites ou des très petites entreprises (bâtiment, coiffure...), des firmes de la nouvelle économie (start up, chauffeurs de VTC) ou des employés de maison. Ce renouveau —qui n’écrase pas l’ancien— prend en compte la diversification croissante des conditions d’exercice du travail : des salariés titulaires de diplômes de l’enseignement supérieur se retrouvent face aux mêmes problèmes que des personnels moins qualifiés ; ils doivent déjouer des méthodes de management sans cesse remaniées pour masquer la subordination au travail (des salariés comme des travailleurs indépendants). Les formes de résistances ou de contestations individuelles et collectives s’adaptent à ces milieux remodelés. Comme l’indique la présentation du Corpus, « la mise en perspective des recherches réunies dans ce dossier n’est pas simplement utile pour rendre compte de la diversité des voies que peuvent emprunter les salariés pour résister à l’emprise de la domination patronale, à défaut de pouvoir la remettre en cause. Elle est également heuristique pour saisir les mécanismes sociaux et organisationnels par lesquels se redéfinissent, à l’épreuve des nouvelles conditions d’emploi, les possibilités, les formes et les enjeux de ces modes de résistance « infra-syndicale » au travail, et les modalités de leur articulation aux formes plus classiques de l’action collective ». La Controverse interroge le paradoxe de l’apparition du mouvement #MeToo dans les milieux professionnels des médias et la quasi disparition des questions du travail et des relations de travail dans son développement. Trois sociologues et politistes mettent en perspectives ce mouvement et ses déclinaisons. Si le monde du travail en est un des foyers, la discussion croisée entre ces trois contributions souligne que la remise en cause des rapports sociaux de genre dépasse le travail et se déploie dans de multiples sphères sociales de la société. Dans la rubrique Varia, le premier article décrit la manière dont l’aménagement de l’espace et le fonctionnement de quatre nouvelles prisons françaises impactent de manière significative le travail des personnels de surveillance. En fragilisant les collectifs de travail, la réorganisation du travail, liée aux nouveaux espaces, suscite de leur part des appréciations critiques tant elle a modifié leurs relations de travail. La réduction des interactions entre surveillants et détenus et la difficulté de l’administration pénitentiaire à repenser les missions des surveillants sont génératrices d’un véritable mal-être au travail. Le second article soutient la thèse que le travail est productif de valeur dans les services monétaires non marchands. Contre des thèses plutôt dominantes, l’auteur montre que le travail réalisé dans ce secteur est productif de valeur qui n’est pas soustraite au secteur marchand, mais qui s’y ajoute. En appliquant le concept de « validation sociale » de Marx, il défend l’idée que ce travail est validé par décision collective. L’article discute cette thèse contre la conception libérale et contre la conception marxiste traditionnelle. Le troisième article présente la retraite des cheminots, élément constitutif de leur statut, comme une innovation sociale majeure qui s’est installée progressivement depuis le XIXe siècle pour assurer la continuité de leur salaire. Dans le contexte européen actuel de libéralisation du secteur ferroviaire, les conservateurs français ont décidé de faire disparaître le statut des cheminots et cette pension : l’auteur considère, au contraire, qu’il y a là une source d’inspiration pour des droits sociaux à venir. Dans Champs et Contrechamps, le photographe Sébastien Calvet, interrogé par la NRT, souligne combien le métier de photographe de presse dans le champ politique ne se limite pas à des prises de vue : il combine des périodes d’incertitude, des phases de négociations et des moments d’improvisation où il faut faire preuve de talent photographique, de sens des rapports de force et d’intuition de l’instant. Il s’agit d’une pratique sociale autant que d’une pratique photographique : l’anticipation a autant d’importance que l’information, et les logiques éditoriales l’emportent souvent sur les intentions du photographe. Des photographies de S. Calvet prises durant la campagne électorale de François Hollande pour Libération confirment l’argumentation développée. Matériaux propose une note de recherche sur un « Observatoire des luttes de la CGT » qui s’est développé au sein de cette organisation au milieu des années 1990. Des conditions de sa création aux raisons pratiques et militantes qui ont entravé sa mise en œuvre et rapidement abouti à son abandon, l’article utilise des sources jamais publiées. Il donne à voir l’évolution du rapport à l’action collective des dirigeants de la CGT et révèle également leurs difficultés à se doter d’indicateurs de suivi de l’activité de leurs militants et à se saisir des conflits ordinaires du travail, pour s’en faire les relais. Ce faisant, cette expérience illustre l’asymétrie des ressources dont disposent les organisations syndicales et patronales sur le terrain de la production d’expertises économiques et sociales. Ce numéro 15 de la Nouvelle Revue du Travail se termine par pas moins de treize recensions et notes de lecture qui participent au débat des idées

    Relations professionnelles, une histoire sans fin ?

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    Le Corpus de ce numéro de La Nouvelle Revue du Travail porte sur les relations professionnelles, approchées de plusieurs points de vue. Que ce soit en France, en Belgique, au Québec ou en Australie, les auteurs scrutent les profondes transformations des relations professionnelles depuis trois décennies. Au-delà de leurs évolutions, les articles du Corpus s’intéressent au contexte de ce qu’il faut bien nommer leur dérégulation généralisée. Laquelle résulte d’un faisceau de phénomènes tels que la globalisation de la production et des échanges, la financiarisation de l’économie, les innovations managériales du capitalisme de plateforme, l’éloignement des centres décisionnels par rapport aux lieux de travail, l’essoufflement des formes syndicales traditionnelles, les modifications du droit du travail par les États, etc. La Controverse prolonge les réflexions du Corpus : elle offre un riche débat sur l’état du champ des relations professionnelles en France. D’une part, celles-ci dépendent de décisions politiques qui les transforment en donnant par exemple plus de poids à la négociation d’entreprise, d’autre part, émergent lentement de nouvelles relations d’emploi qui, encore marginales numériquement, influencent le cœur des relations professionnelles. Par ailleurs, les sept spécialistes interrogent l’évolution des regards portés par les sciences sociales sur l’objet « relations professionnelles », sur sa construction et sur ses évolutions contemporaines. L’article en Varia traite de l’identité professionnelle des « musiciens ordinaires » en France, au Chili et en Suisse en examinant les différents contextes nationaux. Ainsi, « être musicien » ne recouvre pas les mêmes réalités dans les trois pays, notamment en fonction du degré de régulation de l’emploi dans le spectacle vivant par l’État et de la forme de cette régulation. Champs et contrechamps s’intéresse à Commune commune, film documentaire sorti en salle en 2022. Lequel traite de la démocratie participative mise en œuvre par la municipalité de Saillans (Drôme) de 2014 à 2020, en donnant la parole aux habitants et aux élus. Un sociologue et un politiste proposent une lecture personnelle du film à laquelle répondent les deux réalisatrices. Dans la rubrique Matériaux et Méthodes, l’entretien avec François Guérin fait revivre l’émergence de l’école francophone d’ergonomie autour d’Alain Wisner au CNAM. Puis il met en relief les interventions de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), dont il a été le directeur-adjoint, dans la recherche des compromis pour réorganiser le quotidien des salarié.es. Ce témoignage d’un adepte de leur participation à l’organisation de leur devenir illustre les tensions entre des intérêts contradictoires ou des visions divergentes du rôle des sciences sociales. Une quinzaine de Recensions et de notes de lecture, très diversifiées, portent la critique sur des ouvrages récemment parus. Profitons de cette présentation du no 21 pour saluer la naissance d’une nouvelle revue francophone, Salariat, qui se situe dans un domaine proche de la NRT. Salariat est une revue de sciences sociales, fondée à l’initiative de l’Institut Européen du Salariat. Pluridisciplinaire, elle s’attache à l’étude du salariat entendu comme rapport social, mais aussi comme classe sociale et comme ensemble institutionnel. Elle publiera des travaux portant sur le travail, l’emploi, la protection sociale, le syndicalisme ou les groupes sociaux en lien avec la question salariale (http://www.revue-salariat.fr/). Bienvenue et plein succès à cette nouvelle revue, qui vient enrichir un espace scientifique très vivant
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