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Nouveaux risques dans les bas-fonds des terroirs soudaniens. Une étude de cas au Burkina Faso
Dans la région soudanienne du Burkina Faso riche en bas-fonds, ces derniers représentent une facette du paysage inondable et fertile, ayant une fonction contre-aléatoire à travers des productions diversifiées en milieu humide en saison des pluies, et en contre-saison. Les activités de bas-fond permettent de réduire la vulnérabilité des groupes les plus exposés, comme les petites exploitations, les femmes et les jeunes, mais les arrangements fonciers restent précaires. C'est aussi un paysage particulièrement changeant avec des actions d'aménagement collectif hydraulique, rizicole et maraîcher. Les changements climatiques en cours atténuent l'aléa de la sécheresse sauf en début de saison, et un risque accru d'inondations est apparu. Ces tendances renforcent l'aléa du régime de l'eau, limitant les rendements, ce qui requiert des innovations dans les domaines technique et organisationnel, qui devront prendre en compte explicitement la dimension sociale et environnementale des bas-fonds
Pratique et perception des feux de végétation dans un paysage de vergers. Le pays sèmè (Kénédougou, Burkina Faso)
International audienceComme bien d'autres populations de savane en Afrique de l'Ouest, les Sèmè du Burkina Faso (appelés Siamou en langue dioula) utilisent le feu pour gérer la brousse depuis des temps immémoriaux. L'introduction de l'arboriculture depuis une cinquantaine d'années a bouleversé les paysages : champs et vergers couvrent désormais près de 90 % du territoire. Nos observations au sol en 2009 et 2010 montrent que les feux continuent d'être utilisés dans cette nouvelle mosaïque paysagère. En début de saison sèche à partir de fin novembre, ils servent à protéger les bâtiments (maisons, écoles), les pistes et les zones de stockage des récoltes et pour créer des pare-feu autour des champs et vergers. On les emploie également souvent comme technique agricole de " nettoyage " de ces mêmes champs et vergers, le matériel végétal retiré lors des sarclages étant ensuite brûlé sur place de décembre à début mai. Bien qu'on défriche peu aujourd'hui, le feu continue d'intervenir dans l'opération. Les quelques fragments de brousse qui subsistent dans ces paysages fortement humanisés sont également brûlés à partir de fin novembre. Seuls quelques galeries forestières et bosquets sacrés échappent presque toujours au feu. Au total, 30 % de la surface environ sont soumis au feu sous une forme ou une autre. Par ailleurs le feu semble intervenir dans des activités rituelles dont certaines ont toujours lieu. Pour les Sèmè, le feu semble ainsi rester un outil de gestion incontournable de leur environnement, qu'il soit naturel ou cultivé, et de leurs représentations
Regards scientifiques croisés sur le changement global et le développement : langue, environnement, culture
Comme bien d'autres populations de savane en Afrique de l'Ouest, les Sèmè du Burkina Faso (appelés Siamou en langue dioula) utilisent le feu pour gérer la brousse depuis des temps immémoriaux. L'introduction de l'arboriculture depuis une cinquantaine d'années a bouleversé les paysages : champs et vergers couvrent désormais près de 90 % du territoire. Nos observations au sol en 2009 et 2010 montrent que les feux continuent d'être utilisés dans cette nouvelle mosaïque paysagère. En début de saison sèche à partir de fin novembre, ils servent à protéger les bâtiments (maisons, écoles), les pistes et les zones de stockage des récoltes et pour créer des pare-feu autour des champs et vergers. On les emploie également souvent comme technique agricole de "nettoyage" de ces mêmes champs et vergers, le matériel végétal retiré lors des sarclages étant ensuite brûlé sur place de décembre à début mai. Bien qu'on défriche peu aujourd'hui, le feu continue d'intervenir dans l'opération. Les quelques fragments de brousse qui subsistent dans ces paysages fortement humanisés sont également brûlés à partir de fin novembre. Seuls quelques galeries forestières et bosquets sacrés échappent presque toujours au feu. Au total, 30 % de la surface environ sont soumis au feu sous une forme ou une autre. Par ailleurs le feu semble intervenir dans des activités rituelles dont certaines ont toujours lieu. Pour les Sèmè, le feu semble ainsi rester un outil de gestion incontournable de leur environnement, qu'il soit naturel ou cultivé, et de leurs représentations
Risques climatiques et agriculture en Afrique de l'Ouest
L'agriculture africaine fait face à de nouveaux risques, tant du fait des changements climatiques (BROWN et CRAWFORD, 2008) que des transformations de l'agriculture elle-même. Les risques agricoles résultent de plusieurs composantes : les aléas, les enjeux et la vulnérabilité (ELDIN et MILLEVILLE, 1989 ; LEONE et al., 2010). Les enjeux agricoles vont de la possibilité d'installer une culture à la production, et des actifs naturels (sols, arbres, bétail...) aux infrastructures artificielles (aménagements, bâtiments). Gérer le risque, c'est donc connaître l'aléa (anticiper, se préparer) et chercher à l'atténuer, limiter l'exposition des enjeux (répartir le risque, éviter les périodes ou les zones aléatoires), enfin réduire la vulnérabilité (se préparer, s'assurer, se renforcer, mutualiser les pertes, renforcer la capacité à se redresser après un choc, à savoir la résilience). Les bas-fonds de l'Afrique soudanienne représentent une facette de paysage inondable, fertile, dédiée à des activités agrosylvopastorales spécifiques. Il s'agit de fonds plats ou concaves de petites vallées et gouttières d'écoulement inondables en amont du réseau de drainage (RAUNET, 1985). Ils ont joué un rôle important en permettant des activités productives atténuant l'aléa sécheresse (SERPANTIÉ et ZOMBRÉ, 1994). La riziculture de bas-fond, historiquement marginale (activité en petites parcelles,souvent féminine), s'est ainsi développée depuis la fin des sécheresses, accompagnée par des projets d'aménagement et d'appui, mais elle doit aussi faire face à certains risques (MANZANILLA et al.,2011). Dans une région soudanienne du Burkina Faso riche en bas-fonds (commune de Dano, province Ioba, région Sud-Ouest), plusieurs aléas ont été identifiés dans cette facette de paysage. On connaît déjà la fragilité des terres de bas-fonds face au ravinement (MIETTON, 1986). Les changements climatiques en cours depuis la fin des sécheresses (1971-1990) maintiennent mais atténuent l'aléa sécheresse, sauf en début de saison, et un nouveau risque d'inondations est apparu, à la fois du fait d'années excédentaires et par un aléa accru de crues et d'inondations précoces (cf. chap. 6, cet ouvrage). Ces crues sont à l'origine de destructions d'ouvrages ou d'engorgements des systèmes de rétention d'eau. Elles sont aussi source d'érosion, à l'échelle des parcelles comme des aménagements (élargissement et enfoncement de canaux de drainage [DORÉE, 2017]). Ces crues augmentent le risque de submersions, dont l'impact sur le rendement des variétés modernes de riz est élevé (MANZANILLA et al.,2011). Les fonctions anti-aléatoires des bas-fonds ont incité au développement de certaines filières de production liées à ces milieux humides - riz intensif et maraîchage - représentant en retour de nouveaux enjeux, exposés non seulement à la variabilité des ressources en eau, mais aussi à de nouveaux types d'aléas (mauvaises herbes vivaces, parasitisme et ravageurs, fragilité des aménagements dédiés) (chap. 7, cet ouvrage). Les objectifs d'intensification durable et de stabilité de la production requièrent encore des innovations dans les domaines technique et organisationnel, solutions qui devront prendre en compte explicitement la dimension sociale et environnementale des bas-fonds. Cette recherche appliquée faisait partie du mandat du programme Generia : innover en partant d'un dialogue des savoirs, de réflexions collectives et d'expérimentations participatives, en bref ' co-construire ' des options techniques et organisationnelles face aux aléas identifiés et améliorer la capacité d'adaptation des exploitations agricoles, des communautés ainsi que des organisations d'appui. L'objectif de ce chapitre est de restituer les thématiques de co-construction de solutions anti-aléatoires mises en oeuvre et leur degré d'avancement
Risques climatiques et agriculture en Afrique de l'Ouest
Les bas-fonds soudaniens représentent un espace de développement rapide de la riziculture, qui est en recherche de durabilité, sur un plan écologique, social et économique (RODENBURG et al.,2013). Mais les risques élevés confinent souvent la riziculture à des pratiques de nature extensive (MANZELLI et al.,2015). En tant que culture ayant une place et un rôle encore secondaires, le riz fait aussi l'objet d'une moindre priorité dans l'organisation du travail (DORÉE, 2017). Améliorer à la fois la gestion des risques dans les bas-fonds et les résultats de production appelle un diagnostic préalable des aléas et des enjeux (cf. chap. 6, cet ouvrage), mais aussi des pratiques actuelles et de leurs effets. C'est l'enjeu de ce chapitre 7. L'agronomie des pratiques est le cadre scientifique choisi. Elle prend l'agriculture telle qu'elle se conduit comme objet de recherche et s'intéresse aux pratiques, c'est-à-dire aux manières concrètes d'agir des agriculteurs (-trices), les pratiques étant considérées comme des techniques 'dimensionnées' par leur mise en oeuvre (MILLEVILLE, 1987). En matière d'analyse de la gestion des risques, les agronomes étudient comment les agriculteurs perçoivent les aléas et préviennent les dommages en diversifiant ou adaptant leur portefeuille d'activités, de parcelles, d'espèces et de variétés, de systèmes de cultures (SC intensifs risqués et extensifs rustiques), en calant les cycles culturaux sur les périodes de moindre aléa ou en procédant à des actions de rattrapage (ELDIN et MILLEVILLE, 1989). La méthode du ' diagnostic régional ' permet aussi, sur un réseau de parcelles paysannes dont on suit le climat, la diversité de pratiques et les successions d'états culturaux plusieurs années de suite, d'identifier les facteurs qui gouvernent les résultats de production (DORÉ et al.,1997). L'objectif de ce chapitre est donc de comprendre les pratiques actuelles de gestion du risque en riziculture à l'échelle parcelle tant en 'aménagé' (système casier-arroseur drain CAD) qu'en 'non aménagé' (aménagements paysans), et de rendre compte de voies d'amélioration identifiées de façon participative
Chapitre 7. Gestion du risque à l’échelle de la parcelle en riziculture de bas-fond (Dano, Burkina Faso)
Introduction Les bas-fonds soudaniens représentent un espace de développement rapide de la riziculture, qui est en recherche de durabilité, sur un plan écologique, social et économique (Rodenburg et al., 2013). Mais les risques élevés confinent souvent la riziculture à des pratiques de nature extensive (Manzelli et al., 2015). En tant que culture ayant une place et un rôle encore secondaires, le riz fait aussi l’objet d’une moindre priorité dans l’organisation du travail (Dorée, 2017). Amélio..
Chapitre 17. Co-construction d’innovations pour la maîtrise de la culture du riz de bas-fond en conditions contraignantes et aléatoires
Introduction L’agriculture africaine fait face à de nouveaux risques, tant du fait des changements climatiques (Brown et Crawford, 2008) que des transformations de l’agriculture elle-même. Les risques agricoles résultent de plusieurs composantes : les aléas, les enjeux et la vulnérabilité (Eldin et Milleville, 1989 ; Leone et al., 2010). Les enjeux agricoles vont de la possibilité d’installer une culture à la production, et des actifs naturels (sols, arbres, bétail…) aux infrastructures artif..