Des ateliers en détention aux représentations professionnelles

En janvier 2016, Luca Giacomoni, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie Trama, présente au théâtre Paris-Villette une adaptation du chant I de l’Iliade avec des acteurs professionnels et des acteurs amateurs détenus au centre pénitentiaire de Meaux. L’année suivante, acteurs détenus, anciens détenus et professionnels interprètent l’intégralité de l’Iliade, dix soirs de suite, dans un spectacle qui prend la forme d’une série théâtrale épique. Passionné par l’art du récit, Luca Giacomoni revient dans cet entretien sur la genèse de ce projet et sur les raisons qui l’ont poussé à travailler avec des amateurs incarcérés pour raconter le siège de Troie.In January 2016, Luca Giacomoni, the stage and artistic director of the Trama Company, presented an adaptation of Iliad’s first book at the Paris-Villette Theatre. It was performed both by professional actors and amateur actors, detainees held at the Penitentiary Centre of Meaux. A year later, prisoners, ex-detainees and professional actors performed the entire Iliad, in a theatrical and epic series that ran over ten evenings. Passionate about the art of storytelling, Luca Giacomoni comments in this interview on the project and explains why he chose to work with imprisoned actors to relate the Trojan War

« Au croisement des routes du temps et de l'espace ». Le Théâtre radiophonique d'André Obey

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« Mesdames et Messieurs ! ». Bonimenteurs et rhétorique de l'apparition : des enjeux historiques et théoriques à la mise en jeu de ces personnages au théâtre

International audienceThis article combines an historical analysis and a dramaturgical approach to question the impact of boniment on show’s appearance effect. First, we examine the influence of boniment on staging the freak’s appearance during the fairgrounds shows in the 19th century. We analyse the specificities of the rhetoric of appearance and of the performativity of speech. Then we study the different possibilities offered by bonimenteurs in contemporary theatre, from text to stage. A dramaturgical analysis shows how the bonimenteur’s interventions, especially in Brecht’s, Büchner’s and De Ghelderode’s dramas, impact the whole plays. Finally, contemporary stagings where a bonimenteur appears, like Pommerat’s or Ostermeier’s, create a fertile trouble between image and sound, which questions the spectator’s perceptions. Therefore, the show is less spectacular than unpredictable or wavering.Cet article associe analyse historique et réflexion dramaturgique pour questionner le rôle du boniment dans l’effet d’apparition du spectacle. Dans un premier temps, il s’agit d’étudier le rôle du boniment dans les spectacles de foire du XIXe siècle pour mettre en scène l’apparition du phénomène exhibé. Après avoir analysé les spécificités de la rhétorique de l’apparition propre au bonimenteur et le caractère performatif de sa parole, on examine plusieurs mises en jeu possibles dans le théâtre contemporain, du texte à la scène. Une analyse dramaturgique montre d’abord en quoi les interventions du bonimenteur, notamment chez Brecht, Büchner et De Ghelderode, peuvent être déterminantes dans l’économie générale de la pièce. Enfin, les représentations du bonimenteur dans les mises en scène contemporaines, comme chez Pommerat ou Ostermeier, induisent un trouble fécond entre image et son qui vient interroger les perceptions du spectateur. C’est alors moins le spectaculaire qui est recherché que l’incertitude et le vacillement

Les mondes exotiques des baraques foraines : mettre le monde en spectacle dans les foires parisiennes au XIXe siècle

International audienceLa prolifération des baraques foraines et autres entresorts présentant dans les foires du XIXe siècle de petits spectacles a contribué à faire de ces espaces publics un grand théâtre à ciel ouvert. C'est un théâtre des marges, qui revendique son caractère populaire : la baraque devient ainsi symbole d'une vie pauvre mais libre, proche d'un idéal bohème. Au cours de sa promenade, le passant peut alors assister à diverses parades, des pantomimes, des numéros de cirque ou encore des exhibitions de phénomènes de foire. C'est ce dernier cas que nous nous proposons d'évoquer lors de cette communication. Théâtres mobiles, sillonnant les routes, les entresorts présentant des phénomènes sont ainsi annoncés dans la presse locale, les spectacles sont relatés dans des chroniques. Parce qu'ils attisent la curiosité, et qu'ils convoquent souvent un imaginaire géographique, l'exemple des phénomènes de foire nous semble ainsi particulièrement éclairant pour aborder la question des « mondes », mobiles et itinérants, des baraques foraines. Le monde des baraques foraines nous semble ainsi doublement instructif : il redessine la carte des spectacles du XIXe siècle, en éclairant une théâtralité des rues, tout en présentant à l'intérieur des entresorts des spectacles qui, entre folklore et exotisme, invitent à un voyage au pays de l'extraordinaire

Extension du domaine forain : transformation des lieux de fêtes et spectacles de curiosités à Paris (1840-1860)

International audienceThis article examines the process of recomposition and expansion of fairground shows in the capital during the transition period of 1840-1860. After a topographical and legislative overview of the curiosity exhibitions presented by itinerant people at the beginning of the period, their evolution until 1860 is mentioned. Then, the example of the Boulevard du Temple and the Corvi exhibition are proposed to analyse more precisely the tensions between bourgeois fixed shows and travelling shows. Far from seeing the entertainers disappear from the capital during these years, we are rather witnessing a large-scale spatial reconstruction, where fairgrounds become new places of creation for these showmen.Cet article examine le processus de recomposition et d'extension des spectacles forains dans la capitale, à la période charnière des années 1840-1860. Après un premier état des lieux tout à la fois législatif et topographique, les spectacles de curiosités et leurs évolutions sont appréhendés depuis le début de la période jusqu'en 1860. Ensuite, le Boulevard du Temple et le spectacle de Corvi sont proposés pour analyser plus précisément les tensions entre spectacles fixes embourgeoisés et spectacles ambulants. Loin de voir les saltimbanques disparaître de la capitale pendant ces années, on assiste plutôt à une recomposition spatiale d'ampleur, où les fêtes foraines deviennent de nouveaux lieux de création pour ces entrepreneurs forains

Poèmes-boniments dans les cabarets montmartrois : l'exemple de Maurice Mac-Nab au Chat Noir

International audienceAvant de devenir le haut lieu de la chanson, rendue célèbre par un Bruant ou un Legeay entre autres, la butte Montmartre – le cabaret du Chat Noir en tête – a été le repaire des poètes de la Bohème, venus lors de soirées dire leurs vers ou leurs monologues. Dans cet article, je me propose d’analyser les liens entre le style publicitaire, hérité des exhibitions et des boniments forains, et l’esthétique qui se développe dans les cabarets artistiques montmartrois. Rodolphe Salis, propriétaire du Chat Noir, animait ainsi les soirées du Chat Noir de ses boniments, faisant l’annonce des « numéros poétiques » à venir. Mais cette posture de bonimenteur n’était pas limitée aux interventions de Salis. En disant leurs monologues ou leurs vers, en proposant des interventions souvent humoristiques, dans le pur esprit fumiste, les poètes participaient eux aussi à entretenir le spectacle permanent, où la rhétorique publicitaire contribuait principalement à créer un événement perpétuel.Je m’attarderai plus particulièrement, à cette occasion, sur l’exemple du poète-chansonnier Maurice Mac-Nab, qui a écrit plusieurs poèmes et monologues reprenant la rhétorique du boniment ou des annonces publicitaires. « Les Poêles mobiles », « Plus de cors ! » et le monologue « Le Nain Colibri » constitueront autant d’exemples pour éclairer la dimension parodique de certains de ses textes. Le lien entre publicité et poésie me semble dans ce cas relever également de questions de mises en scène. La poésie « prise au jeu de la réclame » se fait saynète, rappelant les parades des bonimenteurs et des charlatans qui animaient les champs de foire

Olivier BARA, Romain PIANA, Jean-Claude YON [dir], « En revenant à la revue. La revue de fin d’année au XIXe siècle »

Les revues de fin d’année ont longtemps été oubliées de l’histoire du théâtre, malgré, ces dernières décennies, un renouveau historiographique important qui a notamment aidé à redécouvrir la richesse et la diversité de la production théâtrale du XIXe siècle, par exemple sur les scènes secondaires. Partant de ce constat, ce numéro de la Revue d’Histoire du Théâtre propose un premier état des lieux des recherches en cours. Ce dossier pluridisciplinaire, riche de huit contributions, réunit des c..

« Vers une histoire théâtrale du charlatanisme ? L’histoire et la généalogie des charlatans et de leurs boniments vues par le XIXe siècle »

International audienceCet article se propose d'examiner comment certains auteurs du XIXe siècle – principalement journalistes et historiens – ont contribué, en se penchant sur ces personnages légendaires de charlatans des siècles passés, de Tabarin et Mondor à Bobèche et Galimafré, à écrire une histoire théâtrale de ces figures, dans une perspective radicalement apologétique

Grande parade et grands frissons. Expériences du spectateur face aux spectacles forains au XIXe siècle

L’objectif de cet article est de montrer comment les spectacles de saltimbanques donnés dans la rue et les numéros présentés dans les fêtes foraines relèvent d’une esthétique du spectaculaire, reposant notamment sur une grande interaction entre les artistes et le public. Les forains sont toujours en parade et jouent d’une exhibition constante pour maintenir l’attention de spectateurs par essence bien plus volatiles dans ces théâtres à ciel ouvert. Faire frissonner le spectateur, le faire rêver et attiser sa curiosité sont les principaux ressorts de la dramaturgie foraine.This article aims to show how the street performances of entertainers and the shows presented in fairs are part of an aesthetic of the spectacular, relying in particular on a great interaction between the artists and the public. The fairground performers are always on parade and play a constant exhibition to maintain the attention of spectators who are essentially more volatile in these open-air theaters. To make the spectator shiver, to make them dream and to arouse their curiosity are the main springs of the fairground dramaturgy

Drôles d’endroits pour une rencontre : l’acteur amateur au cinéma et au théâtre

À partir d’études de cas précises pouvant concerner des metteurs en scène et des cinéastes travaillant avec des amateurs (des entretiens avec Mohamed El Khatib ou Luca Giacomoni ; des textes sur Sharunas Bartas, Pedro Costa, Maria La Ribot, Djibril Diop Mambety, Kira Mouratova, Jérôme Bel, Philippe Quesne ou encore le collectif Gongle), d’études s’intéressant aux acteurs amateurs eux-mêmes (François Leterrier chez Robert Bresson ; Gérald Thomassin chez Jacques Doillon), et à ce que le jeu amateur cherche à produire dans sa rencontre ou son opposition avec le jeu professionnel (Katharine Hepburn et Spencer Tracy dans Madame porte la culotte ; les acteurs du théâtre d’agit-prop en URSS et aux États-Unis), ce numéro de Double Jeu tisse des liens et met en lumière des caractéristiques et des problématiques communes à la place de l’acteur amateur au sein du cinéma et du théâtre