23 research outputs found

    De la légende moderne à La légende dorée. Quand rêver, c’est refaire

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    Cette étude saisit la place exacte qu’occupe La légende dorée de Jacques de Voragine dans le roman Le rêve d’Émile Zola. Toujours cité comme le texte phare et nourricier du roman, La légende dorée fonctionne dans l’économie narrative de l’oeuvre zolienne à l’intérieur d’un triple système généalogique en fonction duquel le personnage principal construit son identité et son destin. Mis en relation avec la fresque du grand commerce parisien qu’est Au bonheur des dames, le roman Le rêve déploie de manière originale et inattendue son rapport à l’archive médiévale.This study seeks to determine the importance of Jacobus de Voragine’s The Golden Legend to Emile Zola’s Le rêve. Constantly referred to as the text that nourished Zola’s narrative project, The Golden Legend plays a role in the triple genealogical network through which the main character constructs his identity and determines his destiny. Contrasted with Zola’s painting of the Parisian world of commerce in Au bonheur des dames, the novel Le rêve reveals the author’s relationship to medieval documents in an original and unexpected light

    « Faire le Prussien ». Lecture ethnocritique de Saint-Antoine de Maupassant

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    La nouvelle Saint-Antoine de Maupassant met en scène un paysan normand, prénommé Antoine qui, pour mieux prouver son opposition à l’occupation prussienne, engraisse le soldat prussien qui loge chez lui. Cette cohabitation se termine le jour où, suite à une lutte entre les deux hommes, Antoine assassine le soldat. Ainsi, le rite, celui du gavage du cochon, semble bien l’arme privilégiée des dominés et l’angle mort que rencontre le dominant. C’est justement la présence et la mise en récit de cette pratique culturelle que le présent article étudie. L’hypothèse générale repose sur l’idée qu’on peut mettre à jour, à partir d’une lecture ethnocritique, un jeu de correspondances structurelles entre grammaire rituelle et efficacité narrative. Le détour par le rite ne sert pas uniquement l’effet de réel et ne contribue pas simplement à teindre le récit d’une couleur locale. Le rite, tel que « textualisé » par Maupassant en tant qu’espace privilégié de rassemblement social, se transforme en système de résistance partagé par la communauté et en tactique de guerre mais aussi en espace de compassion ambivalent. La réappropriation du scénario rituel et sa théâtralisation dysphorique permet enfin de signifier qu’en temps de guerre la barbarie se loge certes chez l’ennemi mais aussi là où l’on répugne à la trouver, en nous-mêmes

    Le sang et le nom

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    À la fin de l’année 1868, alors qu’il projette d’écrire L’Histoire naturelle et sociale d’une famille au XIXe siècle (voir RM, V, 1747), Émile Zola lit attentivement l’ouvrage du docteur Prosper Lucas sur l’hérédité. De cette lecture, il retient entre autres que : De quelque point de vue qu’on veuille l’approfondir, sous l’une et l’autre face, l’hérédité se pose en un problème immense : dans l’ordre social, principe et succession de la propriété ; politique, principe et succession de la souve..

    Car la loi n’est pas le sang

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    Dans l’univers des Goncourt, derrière la révélation d’anecdotes, le récit de faits divers ou les remarques esthétiques, un lecteur attentif entend le « bruit des choses vivantes », mais aussi le bourdonnement de la grande histoire. Car la petite, sous leur plume, se révèle chargée constamment du poids des événements, ceux, menus, croqués sur le vif, mais aussi ceux, plus larges, d’une époque. On sait, comme en ont fait la démonstration Jean-Louis Cabanès et Pierre-Jean Dufief, que dans leur J..

    Quelques lignes « intra muros et extra » : Lecture graphique de l’incipit du Père Goriot de Balzac

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    L’incipit du Père Goriot de Balzac présente un entrecroisement remarquable de lignes distinctes qui ne cessent d’être l’écho l’une de l’autre. Ligne graphique, ligne historique, ligne géographique, ligne institutionnelle et ligne culturelle forment un écheveau serré, tissage qui offre un mode d'invention scriptural riche en significations que cet article se propose d’analyser.The first words of Balzac’s Le Père Goriot present a remarkable criss-crossing of distinct lines that never cease to echo one another. Graphic line, historic line, geographic line, institutional line, and cultural line intersect, creating a tight-wound tangle offering up a rich scriptural invention that is analyzed in this article

    De la ligne d’écriture au passage à l’acte : Entretien avec Rudy Ricciotti. 12 juillet 2016, Cassis

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    Les lignes que dessine l’architecte et qui organisent notre monde imposent d’emblée un environnement qui ne sera pas sans résonance et sans conséquence sur la manière d’être et de vivre. Seul art dont on ne peut faire véritablement l’économie, l’architecture impose des exigences, non seulement matérielles, mais aussi esthétiques, politiques et éthiques, qui sont souvent redoutables. C’est de celles-ci et des enjeux qui leur sont liés, que parle Rudy Ricciotti, architecte du MuCEM

    Un huis clos de papier. Du « Livret des Enfants-Assistés » à La Légende dorée.

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    Cet article s'intéresse au dossier préparatoire du Rêve et plus particulièrement au dossier sur « Les Enfants Assistés » et aux quelques folios tirés de la lecture qu'a faite Zola de La Légende dorée de Jacques de Voragine (et plus latéralement sa connaissance des articles « Enfant » et « Adoption » du Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse). L'identité d'Angélique est ainsi fortement soutenue par un ordre administratif (un livret d’élèves) qui va lentement se muer en ordre spirituel et fictionnel puisque la jeune fille se détachant (au sens propre et figuré du terme) de plus en plus de son carnet d'identité rêve sa destinée à travers celle de sainte Agnès. Il s'agit ainsi pour nous de démêler les tensions esthétiques et poétiques que crée au sein du dossier préparatoire d'une part et au sein du roman d'autre part, ce passage de l'administratif au légendaire et qui tire le roman naturaliste vers le scénario hagiographique.This article focuses on Zola’s preparatory file for Le Rêve, in particular on the “Foundlings” file and a few folios devoted to Zola’s reading of Jacques de Voragine’s La Légende dorée, as well as on his knowledge of the articles “Child” and “Adoption” in the Grand Dictionnaire Universel of Pierre Larousse. Angélique’s identity is thus strongly supported by an administrative order (a student booklet) which will slowly become a spiritual and fictional order, as the young girl will increasingly detach herself (literally and figuratively speaking) from her identity booklet and dream her destiny through that of Saint Agnès. We will unravel the esthetic and poetic tensions, both in the preparatory file and the novel, created by this passage from the administrative to the legendary, that pulls the Naturalist novel towards a hagiographic scenario

    Imaginaire de la ligne. Quand elle joue sur plusieurs tableaux : Présentation du dossier

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    Ce numéro propose d’étudier des œuvres littéraires, picturales et architecturales comme autant d’exercices graphiques où la ligne recompose le monde au sein duquel le réel se particularise, devient lisible. Chaque œuvre crée ses propres cartographies, mais demeure tributaire d’un imaginaire graphique dans lequel la ligne, le mot et l’idée se rejoignent au point de devenir indiscernables. Au-delà des lignes qui nous entourent, il y a celles qui s’inscrivent en nous et pétrissent notre imaginaire.This dossier examines literature, painting, and architecture, as graphical exercises in which lines recompose a world where reality becomes particular and legible. Each work creates its own cartography, yet remains indebted to a graphical imagination in which line, word and idea become one. On top of the lines that surround us emerge the ones engraved in us: they determine our understanding, our comprehension

    Portraits de l’ennemi : le Prussien, la prostituée et le cochon. Boule de suif et Saint-Antoine de Guy de Maupassant

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    Durant la guerre franco-prussienne de 1870, un usage politique et idéologique fut fait de certaines théories physiologistes, notamment, on s’en doute, celles qui définissaient l’ennemi. Les différents discours contre ces derniers qui feront rage jusqu’à la Première Guerre mondiale s’échafaudent à partir d’élaborations scientifiques douteuses, qui relèvent également d’un imaginaire historique et d’une rhétorique qui s’appuie sur une forme de sacralisation de la guerre. Notre propos voudrait montrer que dans les nouvelles Boule de suif et Saint-Antoine, Maupassant révèle l’instrumentalisation qui est faite de ces discours modélisants. Souvent avec ironie, l’écrivain démontre que l’imaginaire social se fonde moins sur un savoir objectif et empirique que sur la conviction subjective d’une différence anthropologique et morale entre les individus, qui puise son énergie dans l’angoisse, la peur et une volonté de puissance d’un individu sur un autre. Dans les textes qui nous occupent, la « mise en ennemi » s’ajuste bel et bien, au-delà du fait historique, sur une intrication de données naturelles (biologiques, physiologiques) et culturelles (moeurs, habitudes) qui caractérisent l’ennemi comme l’« Autre à tuer ». L’ironie se cache dans l’utilisation que fait Maupassant du modèle anthropologique : en mettant en scène des identités hybrides où se mêlent qualités et défauts des dominés et des dominants, le romancier va en effet quitter l’échiquier ethnique et dépasser la question des identités nationales pour s’attaquer non pas aux Allemands ou aux Français en particulier, mais à la nature humaine en général et à sa propension à la barbarie.During the Franco-Prussian War of 1870, certain physiological theories were used for political and ideological purpose, notably to define the enemy. But numerous counter-arguments persisted up to the First World War, vigorously challenging the dubious scientific statements that referenced an historical imaginary and rhetoric which essentially glorified war. We here propose that in the short stories Boule de Suif and Saint-Antoine, Maupassant discloses the perverse use of these discourses. Indeed, the author demonstrates, often with irony, that the social imaginary is mostly founded not on objective and empirical reason, but rather on the subjective persuasion of a moral and anthropological distinction amongst individuals which is established through anxiety, fear and the resolve of power by one being over another. In these works, the “mise en ennemi”, depends, beyond historical fact, on an embedding of natural (biological and physiological) and cultural (moral and customary) evidences that thus define the enemy as “l’Autre à tuer”. The irony is concealed within the use that Maupassant makes of the anthropological model. In enacting hybrid identities that contain the qualities and defects of both the dominant and the dominated, the author departs from the ethnic rationalization of an exclusively French or German experience and transcends the notion of nationality to instead address human nature as a whole and mankind’s innate propensity to barbarity
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