154 research outputs found

    La qualité au guichet : négocier le travail peu qualifié à Pôle emploi

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    Les agents de Pôle emploi sont investis d’un double mandat : contrôler les demandeurs d’emploi et enregistrer les offres et les demandes, afin de mettre les demandeurs d’emploi en relation avec des emplois vacants. Cette opération conduit souvent à négocier les informations figurant dans les profils des demandeurs d’emploi ainsi que les critères des offres stockées. À partir d’une enquête ethnographique menée pendant sept mois dans deux agences de Pôle emploi de la région parisienne, l’auteur montre comment les demandeurs d’emploi et les conseillers négocient la qualification du travail, des emplois et des individus, au cours de leurs interactions en face-à-face, lors des entretiens. Qualification faible et qualification élevée apparaissent comme le produit de l’activité des conseillers et dépendent d’un système de contraintes qui traversent leur travail. Les conseillers contribuent ainsi à réguler la hiérarchie des qualifications, qui joue un rôle essentiel sur le marché de l’emploi.The caseworkers of Pôle emploi (the French public employment agency) are tasked with fulfilling two mandates: controlling jobseekers and registering job offers and demands, in order to match unemployed people with vacant jobs. This frequently leads to discuss and negotiate the parameters of both the employment offers and the jobseekers’ profiles. Based on a seven-month long ethnographic survey within two employment agencies in Greater Paris, the author shows how jobseekers and caseworkers negotiate the qualification of work, employment and individuals through face-to-face interactions. Low and high qualifications are the products of caseworkers’ activity and depend on a system of constraints that actually shapes their activity. Thus, they directly contribute to regulate the hierarchy of qualifications that plays a key role on the employment market

    Les chômeurs, de gros fainéants ?

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    À la fin du XIXe siècle, les conflits du travail, la radicalisation ouvrière et le paupérisme incitent les réformateurs sociaux à rechercher une intervention non répressive de l’État : ils inventent la catégorie de chômage et la population de chômeurs, destinataires d'une politique spécifique et victimes de risques impersonnels couverts par une assurance.Cette représentation est loin cependant de faire consensus aujourd’hui. Les causes du chômage et les droits des chômeurs sont un enjeu de lutte. Ce chapitre apporte plusieurs clarifications à partir de la littérature scientifique sur le sujet : il montre que le chômage est un fait social ; que sa quantification est éminemment politique ; que les chômeurs accomplissent un travail administratif, bureaucratique et, parfois, commercial ; que la perte d'emploi se répercute sur le rapport aux autres ; que toute réforme du statut des chômeurs met aussi en jeu le statut des salariés en emploi, menacés ou déstabilisés par les contours de l'armée industrielle de réserve

    Maria Candea et Laélia Véron, Le français est à nous ! Petit manuel d’émancipation linguistique

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    La langue française est-elle menacée par ses évolutions ? Oui, se lamentent d’illustres « hommes de lettres » depuis 1 000 ans. Non, ripostent les deux autrices, montrant de façon implacable les luttes incessantes qui traversent le français dès ses premières codifications. Difficilement classable, l’ouvrage est à la fois une analyse sociolinguistique, une revue de littérature et un plaidoyer pour une action publique moderniste en matière de langue française. Il est divisé en trois grandes par..

    Les chômeurs, de gros fainéants ?

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    À la fin du XIXe siècle, les conflits du travail, la radicalisation ouvrière et le paupérisme incitent les réformateurs sociaux à rechercher une intervention non répressive de l’État : ils inventent la catégorie de chômage et la population de chômeurs, destinataires d'une politique spécifique et victimes de risques impersonnels couverts par une assurance. Cette représentation est loin cependant de faire consensus aujourd’hui. Les causes du chômage et les droits des chômeurs sont un enjeu de lutte. Ce chapitre apporte plusieurs clarifications à partir de la littérature scientifique sur le sujet : il montre que le chômage est un fait social ; que sa quantification est éminemment politique ; que les chômeurs accomplissent un travail administratif, bureaucratique et, parfois, commercial ; que la perte d'emploi se répercute sur le rapport aux autres ; que toute réforme du statut des chômeurs met aussi en jeu le statut des salariés en emploi, menacés ou déstabilisés par les contours de l'armée industrielle de réserve

    Faire justice ou s’ajuster ? Les registres de l’injustice dans trois institutions d’aide à l’emploi en France et en Allemagne

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    Cet article a pour but de comparer les logiques du recours au registre du juste dans différentes institutions d’intermédiation sur le marché du travail : des agences publiques pour l’emploi françaises et allemandes et des associations d’aide aux chômeurs. Les configurations relationnelles entre demandeurs d’emploi et représentants de ces institutions, ainsi que leurs dispositions sociales, modulent le dicible et l’indicible. Plusieurs discours-types d’expression de l’injustice peuvent être identifiés dans chaque institution. Nous montrons ainsi que les expressions de l’injustice dépendent des formes de l’institution, qui déterminent la capacité des acteurs à contester, et les arguments de la contestation.This paper aims to compare the nature of appeals to justice within several institutions which provide job services: employment agencies in France and Germany, and non-profit organizations in France. The relational structure between jobseekers and the representatives of these organizations, as well as the social dispositions of these actors, impact what can and cannot be voiced. Several ideal-types of discourses about injustice can be described in each institution. We show that how injustice is expressed is linked to institutional rules, which determine the actors’ protest capacity and the kinds of arguments mobilized

    Les temps du surtravail. Les luttes de codage aux guichets des agences pour l’emploi

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    En France et en Allemagne, des institutions publiques d’intermédiation mettent en relation des demandeurs d’emploi avec des offres de travail. Ces dernières sont codées selon plusieurs critères, et stockées dans des bases de données. Elles font l’objet de tentatives d’appariement lors d’entretiens réguliers entre chômeurs et conseillers. Des critères de recherche sont négociés puis saisis, et confrontés aux profils des offres stockées. L’appariement affiche alors une liste d’emplois, dans l’ordre décroissant de leur correspondance. Cette intermédiation a construit un marché du travail national en permettant de rapprocher des offres et des demandes malgré les distances physiques et sociales (Marchal, 2015). Elle assure à la fois une fonction de « spatial fix » (Harvey, 2001), d’absorption d’offres localement en surplus, mais assurent aussi la reproduction d’une force de travail inoccupée.Cette l’activité quotidienne de rapprochement entre les offres et les demandes requiert une mise en équivalence des emplois et des personnes via des caractéristiques communes (Thévenot, 1986) : salaire, type de contrat, temps, constituent des catégories de codage des emplois recherchés et des emplois stockés. Les controverses durant les entretiens d’intermédiation relèvent de luttes « marxiennes » fondées sur l’exploitation, et de « luttes polanyiennes » basées sur le périmètre et les catégories de la mise en marché, pour reprendre la distinction proposée par Silver (2003) et Lee (2007).Les critères employés en France et en Allemagne pour coder emplois et personnes divergent, mais certains sont communs, comme le temps de travail. Toutefois, il est formulé différemment à Pôle emploi ou à l’Agence fédérale pour l’emploi. Dans la première, la recherche est exprimée en échelle numérique hebdomadaire, avec un plancher et un plafond chiffré (« de 20 à 35h », par exemple). Dans la seconde, la recherche est exprimée en catégories, en dix classes de temps non-exclusives parmi lesquelles sélectionner (« temps plein », « temps partiel – soir », par exemple). Chaque institution encadre les équations temporelles personnelles et développe une représentation des horaires, des durées et des rythmes légitimes (Grossin, 1996). Ces formulations informatisées différentes charrient des préférences implicites (O’Neil, 2016). Les intermédiaires publics du marché du travail interviennent donc dans les temporalités marchandes lors de l’appariement des offres et des demandes, en déterminant les opérations techniquement applicables. En cela, l’instrumentation agit sur la relation entre capital et travail.Cette proposition s’appuie sur une thèse de sociologie et un terrain de neuf mois d’observation dans quatre agences pour l’emploi, deux françaises et deux allemandes, au sein desquelles 309 entretiens ont été observés. D’abord, nous expliquerons comment le langage de l’instrument accompagne la flexibilité hétéronome dans le cas français, tandis qu’il multiplie l’exposition au temps partiel dans le cas allemand. Ensuite, nous exposerons la place allouée aux employeurs par l’instrument, bien plus centrale en Allemagne où ils disposent d’un monopole pour convertir les catégories en heures sur leurs offres. Enfin, nous montrerons que la mise en catégories du temps de travail par les progiciels allemands empêche les demandeurs d’emploi de problématiser l’exploitation des offres, comme le font leurs homologues français. L’expression du temps dans des catégories non-chiffrées occulte une des « grandeurs relatives du prix de la force de travail et de la survaleur (:) la longueur de la journée de travail » (Marx, 1993, p.581), obscurcissant les jugements des chômeurs

    Aux guichets du temps partiel : transactions temporelles dans le service public d'emploi allemand et français

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    Since the 1970s, part-time employment has grown in the German and French labour markets. The relation between public intermediation and part-time employment is the subject of this thesis. Our comparative analysis is based on ethnographic immersion in four agencies, a quantitative analysis of 2000 job offers stored in the agencies files and a socio-historical inquiry concerning the unemployment benefit systems. With these data, we expose the temporal transactions experienced by the unemployed during their institutional treatment. Within the agencies, the working hours sought by the unemployed represent a tool with three functions: managing the registered users, matching employers and jobseekers, and arbitrating the relation between capital and labour. These hours are mobilized, manipulated and negotiated during the compulsory interviews between caseworkers and unemployed. Thus, many research profiles are modified, in the sens of lowering the desired amount of employment hours. This rationing of hours is organized around three modes of regulation, always perceptible but inequally significant in the various agencies: benefits-oriented regulation, professional regulation and computerized regulation. The working hours the unemployed look for appear as an object of public action. Based on our empirical results, we show how the configuration of bureaucratic encounters establish a close relation between the social resources mobilized during the interaction and the position on the labour market. In addition, this thesis present the employment agencies as an autonomous level of employment regulation.Depuis les années 1970, le salariat à temps partiel s’étend sur les marchés de l’emploi allemand et français. Le rôle joué par l’intermédiation publique dans ce phénomène constitue l’objet de cette thèse. Nous l’étudions de manière comparative par l’immersion ethnographique dans quatre agences, par une analyse quantitative portant sur 2000 offres stockées et par une enquête socio-historique sur les dispositifs d’indemnisation. Grâce à ce matériau, nous mettons au jour les transactions temporelles auxquelles sont exposés les chômeurs durant leur traitement institutionnel. Au sein des agences d’intermédiation, les heures recherchées par les chômeurs jouent le triple rôle d’outil de gestion, d’outil d’intermédiation et d’outil d’arbitrage marchand. Elles sont mobilisées, manipulées et négociées durant les entretiens en face-à-face auxquels sont convoqués les chômeurs. Au terme des interactions, de nombreux profils de recherche sont révisés, en abaissant le nombre d’heures d’emploi souhaitées. Ce rationnement du temps d’emploi est organisé autour de trois modes de régulation, inégalement présents sur les différents terrains : une régulation par l’indemnisation-chômage, une régulation par les pratiques professionnelles des conseillers et une régulation par les progiciels informatiques d’appariement. Le temps d’emploi souhaité par les chômeurs apparaît ainsi comme un objet d’action publique. À partir de nos résultats empiriques, nous montrons que les logiques sociales de la rencontre bureaucratique établissent un lien étroit entre les ressources mobilisables dans l’interaction et les positions envisageables sur le marché de l’emploi. De plus, cette thèse présente les guichets d’intermédiation comme un niveau de régulation de l’emploi à part entière

    L’encodage de la force de travail : quand des logiciels orientent les chômeurs en Allemagne et en France

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    International audienceAu sein des services publics d’emploi allemand et français, l’Agence fédérale du travail et Pôle emploi, la recherche d’offres par les usagers est largement dématérialisée. Ces derniers se connectent sur des moteurs de recherche institutionnels, y reportent leurs vœux d’emploi et génèrent ainsi des listes d’offres, par proximité décroissante. Or, ces outils ne sont pas neutres : les filtres de classement intégrés y circonscrivent les opportunités accessibles et évitables, par exemple en matière de temps d’emploi et de salaires. A partir d’une enquête ethnographique, cet article montre que le logiciel français (SDR) expose ses utilisateurs aux offres à rythmes ou horaires irréguliers, tandis que le logiciel allemand (VerBis) les expose au temps partiel et aux bas salaires

    Trop de transparence aveugle.: La disparition des critères de classement dans les agences pour l’emploi

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    Depuis 2012, Pôle emploi est engagé dans une démarche de « transparence » sur lemarché du travail. L’institution entend agglomérer le plus d’informations, pour la diffuser defaçon centralisée auprès de tous les utilisateurs. Pour cela, suivant les injonctions européennes(Conter, 2007), elle stocke désormais l’ensemble des offres d’emplois en circulation, y compriscelles déposées auprès de plateformes privées. Les conséquences de cette transparence enmatière de volume d’emplois ont été largement étudiées (soit un quasi-doublement des offresen vingt-quatre mois) (Fuzeau et al., 2017). Cependant, une enquête par observation directe ausein de deux agences de Pôle emploi permet d’y associer également une reconfiguration tantdes relations sociales aux guichets que de la professionnalité des conseillers. La transparencen’est pas qu’une doctrine organisant les rapports entre le service public d’emploi et lesemployeurs, mais aussi une logique révisant les relations ordinaires entre publics etprofessionnels en son sein. (premier paragraphe
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