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Vous avez dit roman ? Hybridité générique de nos « premiers romans », L’influence d’un livre et Les révélations du crime
L’influence d’un livre, de Philippe Aubert de GaspĂ© fils, et Les rĂ©vĂ©lations du crime, de François-RĂ©al Angers, qui paraissent en 1837, peuvent ĂŞtre considĂ©rĂ©s comme nos deux premiers romans. La critique tend cependant Ă y voir des oeuvres dont le statut romanesque aurait Ă©tĂ© usurpĂ©. Un examen plus attentif des transformations que subit le genre romanesque en France au mĂŞme moment conduit Ă rĂ©Ă©valuer ce jugement. L’inventaire des liens que ces oeuvres entretiennent avec la forme du journal et avec le roman-feuilleton, l’examen de leur dimension intertextuelle invitent Ă penser autrement leur horizon d’attente. L’analyse des choix esthĂ©tiques d’Angers et d’Aubert de GaspĂ© fils montre qu’ils ont voulu participer Ă la nouvelle esthĂ©tique romanesque en train de naĂ®tre en s’appuyant sur une hiĂ©rarchisation des pratiques en voie d’établissement et sur l’élection de modèles contemporains.L’influence d’un livre by Philippe Aubert de GaspĂ© the younger, and Les rĂ©vĂ©lations du crime by François-RĂ©al Angers, both published in 1837, are sometimes seen as our first novels. Critical tradition, however, has generally asserted that these works were wrongfully identified as novels. A more careful analysis of the transformations that the novelistic genre was undergoing in France during the same period leads us to revise this judgment. An inventory of the explicit links between these works and the genres of the journal and the serialized novel, and an examination of their intertextual dimension, invite us to rethink the horizon of expectation against which the texts stood out at the time they were published. An analysis of the aesthetic choices of Angers and Aubert de GaspĂ© the younger shows that they knowingly chose to participate in the new, emerging aesthetic of the novel, relying on a hierarchization of the practices that were being established and on the choice of absolutely contemporary models.L’influence d’un livre, de Philippe Aubert de GaspĂ© hijo, y Les rĂ©vĂ©lations du crime, de François-RĂ©al Angers, ambas publicadas en 1837, se pueden considerar como nuestras dos primeras novelas. No obstante, la tradiciĂłn crĂtica tiende a ver en ellas obras cuyo estatuto novelesco habrĂa sido usurpado. Un estudio más atento de las transformaciones que sufre el gĂ©nero novelesco en Francia durante ese mismo perĂodo lleva a reevaluar este juicio. En efecto, el inventario de los vĂnculos explĂcitos que ambas obras mantienen con la forma del diario y con el gĂ©nero del folletĂn, asĂ como el estudio de su dimensiĂłn intertextual, incitan a pensar de otra forma el horizonte de espera sobre cuyo fondo destacaban los textos en el momento de su publicaciĂłn. El análisis de las opciones estĂ©ticas de Angers y Aubert de GaspĂ© hijo muestra claramente que optaron conscientemente por participar de la nueva estĂ©tica novelesca que estaba emergiendo, apoyándose en una jerarquizaciĂłn de las prácticas en vĂas de establecerse y en la elecciĂłn de modelos totalmente contemporáneos
Pédagogie et mondanité. Autour d’une dictée…
La dictée de Mérimée est créée et a lieu en 1857. Cet événement donne l’impression qu’une forme scolaire, la dictée, aurait migré vers un cadre mondain, celui d’une cour avide de distraction et de mécanismes de distinction. Qu’en est-il de cette forme dans l’univers scolaire de l’époque ? Quelle place les questions liées à la pédagogie et à l’instruction publique tiennent-elles dans le discours commun pour autoriser semblable transfert ? L’article tente de répondre à ces questions en s’attachant à la France, mais aussi au Québec où en 1857 naît Le Journal de l’instruction publique, qui se révèle lui aussi être un objet hybride dans lequel les questions de pédagogie et de mondanité s’entrecroisent.Mérimée’s dictation is created and takes place in 1857. This event suggests that a scholarly form, the dictation, had migrated towards an urbane context—that of a court obsessed with distraction and with mechanisms of distinction. What evidence of this form do we see in the scholarly universe of the era ? What place do questions linked to pedagogy and public instruction hold in the common discourse that would allow for such a transfer ? The article attempts to respond to these questions by examining the case of France, but also that of Quebec, where, in 1857, Le Journal de l’instruction publique appears, also a hybrid object in which questions of pedagogy and society life intersect
Du « Canadien errant » au « Salut aux exilés » : l’entrecroisement de l’histoire et de la fiction
L’enchevêtrement des histoires littéraires dans la francophonie d’Amérique vu à travers le renouvellement épistémologique de l’histoire littéraire
Les transformations récentes des modèles épistémologiques de l’histoire littéraire conduisent à renouveler les pratiques en littérature. Ces changements, d’abord liés à la multiplication et au fractionnement des récits, naissent également d’un nouveau regard posé sur les questions d’archives, sur la matérialité des médias. Ces transformations mettent aussi en relief le contexte d’énonciation des oeuvres et réintroduisent la figure du lecteur. Ultimement, ces changements conduisent à placer les littératures francophones d’Amérique en interaction, à permettre la reconstruction, réelle et imaginaire, du lien social dans chacune des communautés et à favoriser l’élaboration d’un véritable processus de reconnaissance.The recent changes in literary history’s epistemological models have led to a renewal of practices in the field of literature. These changes, first related to the multiplication and fragmentation of narratives, also arise out of a new look at archival issues and the materiality of the media. These changes also emphasize the context of the discursive enunciation of the works and reintroduce the figure of the reader. Ultimately these changes lead to an interaction among Francophone literatures in North America and allow for the reconstruction, real or imaginary, of the social bond in each of these communities and encourage the development of a real process of recognition
La poésie sur la place publique : récit en trois mouvements
Les transformations que subit graduellement la page littéraire du Devoir, au début des années 1950, contribuent à réaménager le champ littéraire. Sous la responsabilité de Gilles Marcotte, ces changements s’effectuent en trois temps : d’abord, un espace accru est consacré aux auteurs québécois et à la critique de leurs oeuvres ; ensuite, la littérature se trouve inscrite dans la matérialité de la vie culturelle ; enfin, une prééminence est accordée à la poésie, qui devient le genre littéraire par excellence. Aussi, lorsque sont fondées les Éditions de l’Hexagone la poésie s’installe-t-elle sur la place publique
Vivre et Ă©crire Hochelaga
Le roman montréalais actuel configure souvent un espace géographique beaucoup plus vaste que la ville elle-même, celle-ci se situant au croisement de trajectoires qui étendent ses frontières imaginaires aux dimensions du monde. Pensons à « Nikolski » de Nicolas Dickner, par exemple, ou au dernier roman de Monique LaRue, « L’Œil de Marquise ». Mais, tout aussi bien, certains écrivains choisissent, dans un mouvement inverse, de condenser l’espace urbain, saisissant Montréal à travers l’un de ses quartiers. Je me pencherai sur deux oeuvres fort différentes, le roman « 20 h 17 rue Darling » de Bernard Émond, et le recueil de poèmes « L’Œil au calendrier » de Gabriel Landry, afin de comprendre comment l’urbanité montréalaise s’y vit dans les limites d’un quartier, Hochelaga, qui devient ainsi l’incarnation intime de la ville. Je m’intéresserai à la forme qui se trouve donnée au temps, dans cet espace métonymique, et à la manière dont le temps et l’espace se trouvent croisés au fil des déambulations des sujets narrateurs qui font d’Hochelaga le lieu improbable du vivre-ensemble montréalais le plus contemporain
La ville, la campagne, le monde : univers référentiels et récit
« Le Survenant » et « Bonheur d'occasion » mettent en place des univers référentiels complètement étrangers : au-delà des seuls décors de l'action, les référents métaphoriques structurent des espaces étanches l'un à l'autre, la ville et la campagne. L'exemple le plus patent en est sans doute cette visite à la campagne effectuée par la famille Lacasse où les scènes rurales sont décrites à travers l'expérience urbaine des personnages. Est-ce à dire que ces deux romans ne participeraient pas vraiment à un même récit commun ou que tout au moins ils relèveraient de paradigmes spatiaux incompatibles ? L'auteure ne le croit pas. Elle propose donc d'examiner de plus près la structuration de l'espace des romans en faisant l'hypothèse que la stabilité — et l'autarcie — des univers référentiels tient au contrepoint du « vaste monde » que chacune des oeuvres élabore à sa façon, Germaine Guèvremont faisant du port de Sorel et des lieux visités par le Survenant un espace infini relié dialectiquement au Chenal du Moine, alors que le Saint-Henri de Gabrielle Roy est tendu vers les vieux pays, là où se dévoile la guerre. Le « vaste monde » pourrait donc être cette médiation par laquelle les deux oeuvres se rejoignent dans une commune structuration de l'espace
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