Combaz Gilles. Autonomie des établissements et inégalités scolaires

Au moment où règne l’incertitude sur l’évolution des collèges associée à la suppression de la carte scolaire et à l’introduction du socle commun, l’ouvrage de Gilles Combaz vient utilement nous éclairer sur les modes d’adaptation aux élèves et aux injonctions institutionnelles dans ce secteur d’enseignement. Bien qu’une partie des analyses soient transposables à d’autres types d’établissements, il traite en effet des pratiques relatives à l’autonomie encadrée des collèges, en lien avec les in..

Sociologies et didactiques: Au-delà des divisions, quels partages ?

VRS (la Vie de la Recherche Scientifique)L'usage du pluriel dans le titre de cet article rappelle la pluralité des didactiques et l'existence de divisions internes à la sociologie. Elles ne seront néanmoins pas détaillées ici car l'objectif est d'aborder, d'une part, les objets d'étude des didacticiens et des sociologues en rapport avec les savoirs scolaires et leurs conditions d'apprentissage, puis, d'autre part, les modes de cohabitation de ces chercheurs qui travaillent sur ces objets

Analyses didactique et sociologique d’une pratique enseignante

Dans le cadre d’une recherche croisant des approches didactiques et sociologiques, nous avons étudié les pratiques d’un professeur des écoles et le positionnement qui les sous-tend durant deux périodes : à ses débuts et huit ans plus tard, alors qu’il envisage de devenir formateur. En ressort une nette tendance à se focaliser sur les relations avec les élèves bien plus que sur leurs apprentissages, compte tenu des difficultés et des satisfactions éprouvées de façon récurrente. L’hypothèse d’une évolution en ce sens à l’école primaire est étayée par toute une série d’autres recherches et évaluations. L’interprétation ébauchée ici est que les prescriptions (de plus en plus ambitieuses) adressées aux enseignants sont restées disjointes de mesures favorisant de réels progrès en matière d’apprentissage des élèves : beaucoup de professeurs, ainsi mis en porte-à-faux dans ce secteur-clé de leurs compétences, seraient portés à investir préférentiellement d’autres dimensions du travail où leur fierté professionnelle est moins mise à l’épreuve, celle des relations avec leurs élèves notamment.As part of our research bringing together didactical and sociological approaches, we studied the practices of an elementary school teacher and his underlying positions at two different periods: at the beginning of his career and eight years later, when he considered becoming a teacher educator. What emerged was a clear tendency on the part of the teacher to focus on building relationships with students more than on their learning, as evidenced by his own account of what did and did not give him satisfaction in his work. The hypothesis of such an evolution in elementary school is widely supported by both academic and government-led studies. Our interpretation is that the (increasingly ambitious) guidelines addressed to teachers remained unrelated to measures promoting real progress as regards students′ learning: many teachers, when struggling in a key aspect of their overall mission, showed a tendency to invest more heavily in other aspects of their teaching practice, particularly their relationships with their students, where their professional pride was less likely to be challenged

Comment s’articulent les inégalités d’acquisition scolaire et d’orientation ? Relations ignorées et rectifications tardives

Comment se construisent les inégalités sociales d’obtention de diplômes dans l’enseignement secondaire ? Nous mettons en perspective les réponses dissonantes à cette question en revisitant plusieurs suivis longitudinaux d’élèves. Celui de l’INED a installé durablement l’idée d’un impact prédominant de « sursélections » ou d’« auto-sélections », « à notes égales », des élèves de milieu populaire (Girard, Bastide & Pourcher, 1963 ; Girard & Bastide, 1969a, 1969b). L’étayage de cette thèse s’avère pourtant fragile, entaché d’erreurs et d’omissions concernant les chances de réussite postérieures aux décisions d’orientation. Quand, bien plus tard, des chercheurs étudient enfin les résultats au baccalauréat, ils voient dans l’échec plus fréquent des élèves de milieu populaire la preuve qu’ils sont désormais « sous-sélectionnés ». Or les anciennes inégalités d’orientation à notes égales n’ont pas disparu ; et nous découvrons que les inégalités de réussite au baccalauréat étaient du même ordre vingt ans plus tôt. Nous rectifions alors l’idée ancienne des relations entre performances et orientations en intégrant dans l’analyse un autre constat crucial : la croissance des inégalités sociales de performance en cours de scolarité. Les risques inégaux d’échec associés à divers profils d’élèves sont en partie prévus par les acteurs de l’orientation qui sous-estiment néanmoins l’ampleur de ces inégalités. Pourquoi les inégalités d’accès aux savoirs scolaires et leur variabilité ont-elles été si longtemps et si largement sous-estimées, y compris parmi les spécialistes de l’école ? Nous interrogeons ici les obstacles sous-jacents, en vue d’en tirer des conséquences pour les recherches à venir.What contributes to social inequalities in secondary school graduation? The diverging answers to this question are put in perspective through reviewing several longitudinal surveys of students. The survey conducted by the French institute for demographic studies (INED) has emphasised the predominant impact of “overselections” or “selfselections”, “for the same grades”, of working-class students (Girard, Bastide & Pourcher, 1963; Girard & Bastide, 1969a, 1969b). However, this theory can hardly be supported as it is spoilt by mistakes and omissions concerning life chances after course selection decisions. A few years later, researchers examined students’ baccalaureate results and analysed the higher fail rate of working-class students as evidence that they were then “subselected”. But former inequalities in course selection for the same grades are still present and findings show that unequal baccalaureate pass rates were similar twenty years earlier. Then the long-standing idea of links between performance and course selection is rectified and another crucial factor–growing school performance inequalities related to social factors–is included in the analysis. While unequal failure rates according to student background are partly anticipated by school guidance counsellors, the latter nonetheless tend to underestimate the scope of these inequalities. Why has unequal access to school knowledge been underestimated for so long and to such a large extent, including by some school specialists? The underlying obstacles are examined towards improving future research works.¿Cómo se construyen las desigualdades sociales de obtención de títulos en la enseñanza secundaria? Ponemos en perspectiva las respuestas disonantes respecto a dicha pregunta estudiando de nuevo varios seguimientos longitudinales de alumnos. El del INED instaló de manera duradera la idea de un impacto predominante de las “sobreselecciones” o de las “autoselecciones”, “con puntuaciones iguales”, de los alumnos de clases populares (Girard, Bastide & Pourcher, 1963; Girard & Bastide, 1969a, 1969b). Los fundamentos de esta tesis son sin embargo frágiles, llenos de errores y de omisiones respecto a las posibilidades de éxito posteriores a las decisiones de orientación. Cuando, años más tarde, investigadores estudian por fin los resultados obtenidos en el bachillerato, ven en el fracaso más frecuente de los alumnos de las clases populares la prueba que están pues “subseleccionados”. Sin embargo las anteriores desigualdades de orientación con puntuaciones semejantes no desaparecieron; y descubrimos que las desigualdades de éxito en el bachillerato eran las mismas veinte años antes. Rectificamos pues la antigua idea de las relaciones entre resultados escolares y orientaciones integrando en el análisis otra comprobación crucial: el crecimiento de las desigualdades sociales en los resultados a lo largo de la escolaridad. Los actores de la orientación prevén en parte los riesgos desiguales de fracaso asociados a varios perfiles de alumnos y sin embargo sobreestiman la importancia de dichas desigualdades. ¿Por qué se sobreestimaron durante tanto tiempo y de forma tan importante las desigualdades de acceso a los conocimientos escolares y sus variaciones, incluso entre los especialistas de la escuela? Cuestionamos aquí los obstáculos subyacentes con el fin de sacar consecuencias para las futuras investigaciones.Wie werden soziale Ungleichheiten im Bestehen eines Abschlusses im Sekundarbereich gebildet? Wir hinterfragen die widersprüchlichen Antworten auf diese Frage, indem wir Längsbetreuungen mehrerer Schüler neu beobachten. Das INED-Muster hat die Idee eines vorherrschenden Einflusses von „Überselektion“ oder „Selbstselektion bei gleichen Noten“ der Schüler aus dem Arbeitermilieu dauerhaft festgesetzt (Girard, Bastide & Pourcher, 1963; Girard & Bastide, 1969a, 1969b). Diese These begründen erscheint jedoch als nicht stichhaltig, fehlerhaft und unvollständig, was die Erfolgschancen betrifft, die nach dem Orientierungsentschluss erfolgen. Wenn Forscher viel später die Abi-Ergebnisse untersuchen, so sehen sie in dem häufigeren Scheitern der Schüler aus dem Arbeitermilieu den Beweis, dass sie nun „unterselektioniert“ sind. Doch sind die ehemaligen Ungleichheiten in der Orientierung bei gleichen Noten aber nicht verschwunden; und wir entdecken, dass Ungleichheiten im Erfolg beim Abitur auch vor 20 Jahren die gleichen gewesen sind. Von daher berichtigen wir die ehemalige Idee der Beziehungen zwischen Leistung und Orientierung, indem wir in die Analyse eine ausschlaggebende Feststellung einführen, nämlich die Entwicklung der sozialen Ungleichheiten in den Schülerleistungen im Laufe der Schulkarriere. Das ungleiche Mißerfolgsrisiko in Verbindung mit verschiedenen Schülerprofilen wird zum Teil von den Orientierungsberatern vorausgesehen, aber sie unterschätzen das Ausmaß dieser Ungleichheiten. Warum wurden Ungleichheiten im Zugang zum Schulwissen so lange und in so bedeutender Weise sogar von Schulspezialisten unterschätzt? Wir hinterfragen hier unterschwellige Hindernisse, um daraus Schlussfolgerungen für künftige Forschungsarbeiten zu ziehen

La déontologie des statisticiens

RENÉ PADIEU Statistics has been historically linked to the State, hence its name. Nowadays, whether as a public or private activity, statistics is related to information and its power. The professional ethics of statisticians is thus rooted in the relationship between power and information. In consequence they must protect their sources (surveys) and ensure that their results are communicated correctly. They must protect their institutions and instruments from temptation and pressure ; but they must also be aware of the risk of their formal conceptions being reduced by those who make use of them. The paper discusses how rules of conduct are devised in a complex interplay between the law, the organizations, the profession and society at large.Résumé : Historiquement liée à l'état, d'où son nom, la statistique tient un rôle, aujourd'hui public ouprivé, lié au pouvoir de l'information. Sa déontologie renvoie ainsi aux rapports entre le pouvoir et l' information. Elle doit donc protéger ses sources (les enquêtes) et veiller à la diffusion correcte de ses résultats. Elle doit tenir ses institutions et ses instruments à l'abri des tentations et des pressions ; mais aussi, veiller à l'usage potentiellement réducteur de ses formalisations. L'article évoque l élaboration des règles de conduite dans un jeu complexe entre la loi, les institutions, la profession et la société.Broccolichi Sylvain. La déontologie des statisticiens. In: Sociétés contemporaines N°7, Septembre 1991. Ethique professionnelle. pp. 35-62

À l’école des dyslexiques

Dans ce livre, Sandrine Garcia ne se contente pas d’analyser les conditions historiques et les logiques sociales ayant concouru au succès de la dyslexie comme catégorie explicative des difficultés qui limitent durablement l’acquisition des compétences lectorales. En croisant l’exploitation secondaire de nombreux travaux et des enquêtes de première main, elle éclaire de façon inédite l’intense production d’inégalités sociales d’accès aux savoirs scolaires qui caractérise de plus en plus nettem..

Orientations et ségrégations nouvelles dans l’enseignement secondaire

Since 1985, in France, high school student’s shift to the upper form has occurred less because of educational achievements. The social demand for longer schooling has in fact been the dominant criterion. The article describes these changes and their different consequences according to the social structures of the population served by different high schools. It analyses why less selective policies have often led to an increase of educational difficulties. It shows how students who could afford it have moved to better located schools, allowing them to concentrate on privileged groups.Depuis 1985, dans le second degré, les passages en classe supérieure ont été moins subordonnés aux performances scolaires, et la demande sociale de poursuite d’études a ainsi été davantage satisfaite. On tente ici de spécifier ces changements et leurs effets différentiels selon l’espace social de recrutement des établissements scolaires. On analyse pourquoi, dans certains d’entre eux, l’affaiblissement de la sélection a entraîné une «fuite» croissante des élèves pouvant trouver place ailleurs, et pourquoi des établissements mieux situés ont pu conserver au contraire une population d’élèves socialement et scolairement triée.Broccolichi Sylvain. Orientations et ségrégations nouvelles dans l’enseignement secondaire. In: Sociétés contemporaines N°21, 1995. Les mondes des jeunes. pp. 15-27

Un paradis perdu

Broccolichi Sylvain. Un paradis perdu. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 91-92, mars 1992. Politiques. pp. 76-85

À l’école des dyslexiques

Dans ce livre, Sandrine Garcia ne se contente pas d’analyser les conditions historiques et les logiques sociales ayant concouru au succès de la dyslexie comme catégorie explicative des difficultés qui limitent durablement l’acquisition des compétences lectorales. En croisant l’exploitation secondaire de nombreux travaux et des enquêtes de première main, elle éclaire de façon inédite l’intense production d’inégalités sociales d’accès aux savoirs scolaires qui caractérise de plus en plus nettem..

Inégalités cumulatives, logique de marché et renforcement des inégalités scolaires

International audienceÀ l'évitement croissant de certains collèges par les parents, préoccupés par la réussite scolaire, la socialisation et la sécurité de leurs enfants, répond la pratique de chefs d'établissements \guillemotleft à risques \guillemotright de constituer des \guillemotleft classes protégées \guillemotright pour tenter d'endiguer cette fuite, elle-même très inégale selon les espaces sociaux. Ce phénomène général d'accentuation des ségrégations est-il inexorable