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    Régler ses conflits dans un cadre spirituel : pouvoir, réparation et systèmes religieux chez les Anicinabek du Québec

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    Le présent article examine les conditions contemporaines d’assise de l’autorité dans les communautés algonquiennes du Québec, en analysant la régulation des conflits hors du contexte de la justice pénale. Qui départage les litiges, apaise les dissensions et rétablit l’ordre ? Comment une personne peut-elle acquérir ce pouvoir ? À la lumière de données recueillies lors de diverses enquêtes ethnographiques, replacées dans leur contexte historique, je montre l’importance de la mobilisation des religions, ou de ceux qui les dispensent, pour trouver des terrains d’entente. En particulier, la spiritualité panindienne joue un rôle croissant de restructuration des sociétés autochtones, que les gens y adhèrent ou non. Pour comprendre le phénomène, j’émets l’hypothèse que cette spiritualité, sans pour autant faire l’unanimité, offre une idéologie explicative sur l’origine des désordres qui fournit un cadre efficace de réconciliation. La religion n’est peut-être alors pas toujours l’opium du peuple, mais aussi, parfois, le moyen de s’en désintoxiquer…This article examines the contemporary foundations of authority in Algonquian communities in Quebec, by analyzing the regulation of conflicts outside the context of the criminal justice system. Who settles disputes, soothes dissension and restores order? How does a person acquire such power? Based on data collected during various ethnographic studies (situated in their historical contexts), I argue that the mobilization of religions or those who preach them – and in particular, pan-Indian spirituality – play an important role in finding common ground between disputing parties. To understand this phenomenon, I hypothesize that this spirituality, even if not unanimously accepted in communities, offers an explanatory ideology on the origin of conflicts, and as such provides an effective framework for reconciliation. Religion is perhaps not always the opium of the people, but sometimes it may be a way to detoxify…Este artículo analiza las condiciones contemporáneas de las bases de autoridad en las comunidades algonquinas de Quebec mediante el estudio de la regulación de conflictos fuera del contexto de la justicia penal. ¿Quién desempata los litigios, atenúa el disenso y restablece el orden ? ¿De qué forma una persona obtiene dicho poder ? Con base en datos recopilados en diversas investigaciones etnográficas puestas en su contexto histórico, mostramos la importancia de la utilización de las religiones, o de quienes las administran, para hallar terrenos de entendimiento. La espiritualidad pan-indígena, en particular, cumple una función creciente de reestructuración de las sociedades autóctonas, incluso si los involucrados no la suscriben. Para entender el fenómeno, adelantamos la hipótesis de que esta espiritualidad, sin llegar a la unanimidad, ofrece una ideología explicativa sobre el origen de los desórdenes y presenta un marco eficaz de reconciliación. La religión, quizá, no siempre es el opio del pueblo ; en ocasiones puede ser, también, una forma de desintoxicación

    De la bière, du fort ou du vin : peut-on boire sans ivresse chez les Amérindiens ?

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    A priori, il n’y a aucune raison pour que les Amérindiens du Canada, comme d’autres peuples du monde, ne puissent pas boire de l’alcool simplement pour le plaisir, avec modération. Mais la littérature n’aborde pratiquement jamais la question, dans un contexte où il est notoire que l’abus d’alcool est un fléau social et médical chez les autochtones. Or, des faits et des récits recueillis par les auteures auprès de membres de communautés algonquiennes du Québec démontrent que la réalité est plus nuancée. Tout d’abord, la culture algonquienne de l’alcool est plus complexe qu’il n’y paraît, tant au niveau des connaissances au sujet des diverses boissons que dans les manières de boire. Ensuite, sont particulièrement étudiés les modèles de consommation attachés aux trois grandes catégories d’alcool : la bière (brassée ou artisanale), le « fort » (boisson à haut pourcentage d’alcool) et le vin (vin de table ou vin fortifié). On y relève que les Amérindiens peuvent avoir une hiérarchie de goûts et que leurs choix sont liés à des impératifs économiques et à une accessibilité de produits. Enfin, alors que le discours public de l’élite amérindienne est fortement empreint de l’idéologie dominante des Alcooliques Anonymes, l’analyse des données est replacée dans le cadre d’une culture politique, face à laquelle les individus, buveurs ou non buveurs, peuvent décider de se positionner pour se définir socialement. L’adoption ou le rejet de la culture du vin et de son décorum font ici l’objet d’une attention spécifique. La recherche ouvre alors des pistes pour comprendre l’évolution des codes régissant les rapports sociaux chez les Amérindiens, entre eux et face aux autres.In principle, there is no reason why Native Canadians, like other peoples of the world, cannot drink alcohol in moderation, simply for pleasure. In a context where alcohol abuse is a notorious and widespread social and health problem among native people, the academic literature almost completely ignores other possible relations with alcohol. However, the facts and stories we collected from members of Algonquian communities in Quebec show, that the reality is much more intricate. The Algonquian culture of alcohol is more complex than it seems, both in terms of knowledge about various drinks and in the ways of drinking. We studied consumption patterns attached to the three main categories of alcohol: beer (commercial or home brewed), “hard liquor” (drinks with high percentages of alcohol) and wine (table wine or fortified wine). We found that native people can have a range of tastes, and that their choices are related to economic issues and accessibility of products. Public discourse about alcohol by the native community elite is strongly influenced by the ideology of Alcoholics Anonymous. An analysis of the data must therefore be framed by this political culture, in face of which individuals – drinkers or non-drinkers – position and define themselves socially. We give special attention to the emerging wine culture, its decorum, adoption or rejection. Our research opens avenues for understanding the evolution of codes governing social relations among native people, between themselves and others.A priori, no hay ninguna razón por la cual los indígenas de Canadá, como otros pueblos del mundo, no puedan beber alcohol simplemente por placer, con moderación. Pero la bibliografía sobre el tema prácticamente no trata nunca la cuestión, en un contexto donde es notable que el abuso del alcohol es una calamidad social y médica entre los indígenas. Ahora bien, los hechos y relatos recogidos por los autores entre los miembros de la comunidad algonquina de Quebec demuestran que la realidad es más matizada. En primer lugar, la cultura algonquina del alcohol es más compleja que lo que parece, tanto en lo que respecta a los conocimientos de diversas bebidas como a la manera de beber. Se estudian luego en particular los modelos de consumo referidos a tres grandes categorías de alcohol: la cerveza (industrial o artesanal), la bebida fuerte (bebida con alto porcentaje de alcohol) y el vino (vino de mesa o vino fortificado). Se constata que los indígenas pueden tener una jerarquía de gustos y que su elección está ligada a imperativos económicos y a la accesibilidad de los productos. Finalmente, mientras que el discurso público de la élite indígena está fuertemente impregnado de la ideología dominante de Alcohólicos Anónimos, el análisis de los datos está recolocado en el marco de una cultura política, ante la cual los individuos, tanto los bebedores como los que no lo son, pueden decidir ubicarse para definirse socialmente. La adopción o el rechazo de la cultura del vino y de su protocolo son objeto en este artículo de una atención específica. La investigación abre caminos para la comprensión de la evolución de los códigos que rigen las relaciones sociales de los indígenas, entre ellos y ante los demás

    Mémoires et usages religieux de l’espace

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    La production d’un réseau de sur-parenté : histoire de l’alcool et désintoxication chez les Algonquins

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    L’article part de deux constats, établis à l’aide de données ethnographiques en terrain algonquin et corroborés par la littérature ethnologique. D’une part, les Algonquins ne veulent plus que leur image publique soit associée à l’abus de psychotropes ; d’autre part, l’identité algonquine repose sur l’appartenance à une communauté, qui implique pour ses membres des droits et devoirs et qui attend d’eux un dévouement à la collectivité. Les études sur les Amérindiens, sur leurs villages et leurs réseaux urbains, sont fondées sur l’idée que les communautés trouvent leur légitimation tant dans le partage d’un ethos (des valeurs et des traits culturels) que dans les relations de parenté qui existent entre ses membres, relations qui sont aussi des liens sociaux. L’article veut montrer que la prise en charge des problèmes qui affectent les communautés algonquines a donné lieu à l’émergence d’un nouveau lien social, qui remet parfois en question les contraintes requises par la parenté. Pour ce faire, je présente une vision historique de l’origine des problèmes, qui inclut les points de vue algonquins, et j’explique comment les différents recours thérapeutiques ont permis de redéfinir le système de valeurs sociales et les codes comportementaux.This article is based on two findings, established using ethnographic data compiled in Algonquin areas and corroborated by ethnological literature. On one hand, the Algonquin do not want their public image associated with drug abuse; on the other hand, the Algonquin identity is based on belonging to a community in which its members have certain rights and duties and are expected to be committed to the community. Studies of Amerindians, their villages and their urban networks are founded on the idea that communities find their legitimacy in sharing an ethos (value and cultural traits) as well as through family relationships between its members, which also serve as social bonds. The article seeks to show that taking charge of the problems which affect Algonquin communities has given rise to the emergence of a new social bond which sometimes questions the constraints required by the family. To do so, I present a historical vision of the origin of the problems, including the Algonquin’s points of view, and I explain how the various therapies available have enabled the system of social values and behavioural codes to be redefined.El artículo parte de dos comprobaciones, establecidas por medio de datos etnográficos en áreas algonquinas y corroboradas por la literatura etnológica. Por una parte, los algonquinos rechazan que su imagen pública se vea asociada al abuso de psicotrópicos; por la otra, la identidad algonquina reposa sobre la pertenencia a una comunidad, que espera de ellos una actitud de dedicación hacia la colectividad, lo que implica para sus miembros derechos y deberes. Los estudios sobre los amerindios, sus pueblos y sus redes urbanas están basados en la idea de que las comunidades encuentran su legitimación tanto compartiendo un ethos (valores y rasgos culturales) como en las relaciones de parentesco que existen entre sus miembros, relaciones que son también vínculos sociales. El artículo trata de mostrar que por el hecho de asumir los problemas que afectan a sus comunidades, los algonquinos han dado lugar al surgimiento de un nuevo vínculo social, que cuestiona a veces las limitaciones requeridas por el parentesco. Para ello, presenta una visión histórica del origen de los problemas, que incluye los puntos de vista algonquinos, y explica de qué manera los diferentes recursos terapéuticos han permitido redefinir el sistema de valores sociales y de códigos de comportamiento

    Êtres libres ou sauvages à civiliser ?

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    À partir des années 1850, le gouvernement fédéral canadien mit en œuvre le système des pensionnats autochtones, dans le cadre de son programme de « civilisation » des Amérindiens et des Inuits. Au Québec, ces pensionnats ouvrirent un siècle plus tard et furent gérés, jusqu’à leur fermeture, par des religieux catholiques. Dans la littérature sur le sujet, souvent focalisée sur les abus psychologiques et physiques, une perspective a été peu développée : l’idée que la conception eurocanadienne de la condition d’enfant et de l’éducation entrait en conflit avec celle des autochtones. Je défends cette proposition en prenant l’exemple du pensionnat indien d’Amos, en Abitibi, dont j’ai interviewé d’anciens élèves algonquins. Après avoir expliqué le projet d’assimilation canadien, j’examine d’une part la conception algonquine de l’éducation, d’autre part celle des religieux en charge des pensionnats. Enfin, je suggère que l’éducation dans les écoles canadiennes est toujours peu adaptée aux façons de penser amérindiennes.In the 1850s, the Canadian federal government began implementing the system of residential schools as part of its program of "civilization" of Natives and Inuits. In Quebec, the schools opened a century later and were managed, until their closure, by Catholic clergy. In the literature on this topic, which has often focused on the psychological and physical abuse, one perspective has been poorly developed : the idea that the Euro-Canadian conception of being a child and of education conflicted with that of the Natives. I defend this proposition using the example of the residential school of Amos, in the Abitibi, building on interviews with Algonquin former students. After explaining the Canadian project of assimilation, I examine both the Algonquin conception of education and that of the clergy in charge of the school. Finally, I suggest that education in Canadian schools is still not well adapted to Native ways of thinking

    Inscrire la mémoire semi-nomade dans l’actualité sédentaire

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    Au Canada, la société québécoise, après avoir été très catholique, a connu un fort mouvement de sécularisation. Face à la désertion des lieux de culte, s’est engagé un débat sur la place des biens d’Église dans le domaine public. Qu’en est-il dans les communautés amérindiennes du Québec, qui comptent aussi chacune une église ? Cet article retrace l’histoire de deux églises de missions, interrogeant leurs places dans la mémoire des oblats de Marie Immaculée et des Amérindiens algonquins et atikamekw. En étudiant les investissements symboliques des différents acteurs sociaux, les auteurs montrent que ces églises, lieux de mémoire polysémiques où l’ornementation évoque le semi-nomadisme, ont inscrit dans l’espace un modèle de type post-colonial, catholique et sédentaire. Mais, dans la réorganisation contemporaine des cadres identitaires, elles représentent aussi un début de décolonisation.The province of Quebec in Canada is now highly secularised after a long history of Catholic domination and influence. With Churches now often deserted and unused, a discussion has emerged about the role of Church properties in the public domain. This extends to Amerindian communities in the Province, which each have their own church. This article traces the history of two mission churches and focuses on their place in the memories of the Oblate order and of the Algonquin and Atikamekw First Nations. By evaluating the symbolic investment of the major social actors, the authors show that these churches, decorated with mementœs of the semi-nomadic past, embody a post-colonial, sedentary and Catholic model. In the context of the current reorganisation and re-evaluation of identities, these churches also represent the beginnings of decolonisation.En Canadá la sociedad quebequense, luego de haber sido profundamente católica, fue testigo de un amplio movimiento de secularización. Ante el abandono de los espacios de culto, se ha abierto el debate en torno al papel de los bienes de la Iglesia como parte del dominio publico. Qué sucede en las comunidades indígenas de Quebec, donde cada una cuenta con una iglesia ? Este artículo recupera la historia de dos iglesias misioneras, interrogándose sobre el lugar que éstas ocupan en la memoria de los Oblatos de María Inmaculada y de los indígenas algonquinos y atikamenses. Examinando las inversiones simbólicas de los diferentes actores sociales las autores muestran cómo tales iglesias, lugares polisémicos de memoria donde la ornamentación rememora el semi nomadismo, han inscripto en el espacio un modelo de tipo poscolonial, católico y sedentario. Aun así, en la reorganización contemporánea de los marcos identitarios, ellas también representan el inicio de la descolonización

    Au-delà de la bureaucratie obligatoire : comment bien travailler avec des comités d’éthique de la recherche

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    Les comités d’éthique de la recherche (CÉR) universitaire, même s’ils sont bien établis en Amérique du nord depuis les années 1980, ont encore parfois mauvaise réputation au sein des chercheurs. Parfois, ils sont vus par les membres de la communauté scientifique comme un système bureaucratique voué à empêcher ou à ralentir la recherche et ne comprenant pas la réalité des chercheurs. Cette vision négative relève souvent de la mécompréhension 1) de la part des chercheurs et 2) de certains CÉR de ce qu’est le mandat d’un CÉR et de la façon dont il doit fonctionner. Fondée sur une expérience d’une présidente d’un CÉR et d’un bioéthicien, cette foire aux questions vise à démystifier l’éthique de la recherche pour que les chercheurs et les CÉR puissent collaborer dans l’avancement des connaissances, tout en assurant une conduite de recherche éthique et responsable
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