36 research outputs found

    Le ‘modern style’: un intraduisible dans les arts dĂ©coratifs

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    L’Art nouveau, rĂ©action contre l’imitation qui paralysait les arts dĂ©coratifs, se passe de traduction. Les Anglais, qui se gardent de confondre le mouvement avec les Arts and Crafts dont la relation au passĂ© n’implique pas les mĂȘmes ruptures, l’évoquent en français, Ă  l’exemple de Forster dans Howards End: ‘Stunned, Margaret did not move from the best parlour, over which a touch of art nouveau had fallen’ [AccablĂ©e, Margaret attendit dans le ‘grand salon’ qu’avait dĂ©jĂ  effleurĂ© l’art nouveau]. De mĂȘme, le concept de ‘modern style’ n’a de sens qu’en français: la platitude sĂ©mantique de cet ‘intraduisible’ ne se prĂȘte pas aux fĂ©conds transferts dont Barbara Cassin a explorĂ© les distorsions dans diffĂ©rents rĂ©seaux terminologiques. Son invention, en pleine anglomanie, se range entre l’inauguration de Maxim’s en 1893 et du Fouquet’s en 1899. La formule ne se dĂ©gage que par contraste. Le tĂ©moignage d’Aragon citant son oncle Edmond Toucas-Massillon parlant de ‘Modern StaĂŻle’ est le seul indice attestant sa prononciation Ă  l’anglaise. Mais rapidement le journaliste Albert Flament, ami de Proust, s’est moquĂ© du ‘moderne [sic] style’, indiquant que la prononciation française devait l’emporter. L’antĂ©position de l’épithĂšte dans cette traduction parodique indique en effet que le ‘modern style’ n’est pas ‘the modern style’, le ‘style moderne’ que Robert de La Sizeranne dĂ©finissait comme ‘une forme Ă  la fois nouvelle et durable pour embellir, depuis la maison jusqu’au joyau, ce qui est utile Ă  la vie’, et auquel il consacra un long article lors de l’exposition de 1900: ‘Avons-nous un style moderne?’ Deux conditions sont nĂ©cessaires Ă  sa rĂ©alisation: ‘Si l’on ne rĂ©alise pas quelque chose de neuf, il n’y a pas de style “moderne”. Mais si l’on ne rĂ©alise pas quelque chose de fort, on ne fait pas de “style” du tout’. Peu d’objets rĂ©pondent Ă  ce double impĂ©ratif en raison de la suprĂ©matie de l’ornement, ‘postiche et surĂ©rogatoire’ au lieu d’ĂȘtre liĂ© Ă  l’objet. &nbsp

    11. Deux Ă©chardes dans le Cosmos

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    En 1860, passant en revue les hĂŽtes les plus assidus du salon de Madame RĂ©camier, Alphonse de Lamartine s’arrĂȘtait sur « Alexandre de Humboldt, l’homme universel et insinuant, recherchant de l’intimitĂ© et de la gloire dans toutes les opinions et dans tous les salons propres Ă  rĂ©pandre l’admiration dont il Ă©tait affamé ». Ce n’était que le prĂ©lude d’une attaque plus nourrie, cinq ans plus tard. Son portrait mordant, qui tranche sur l’hommage unanime, rappelle que Lamartine, déçu par la GrĂšce a..

    L'hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens

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    Wilhelm von Humboldt n'est jamais allĂ© en GrĂšce et, pourtant, il est l'un des principaux inventeurs d'une GrĂšce reconstruite Ă  l'usage de l'Allemagne du xixe siĂšcle, le fondateur du mythe grec des Allemands. Sa pensĂ©e nĂ©o-humaniste est aussi une pensĂ©e politique, esquissĂ©e dans le projet d'ouvrage sur le dĂ©clin de la citĂ©-État grecque qui l'occupa durant son ambassade Ă  Rome et qui affirme la supĂ©rioritĂ© culturelle du modĂšle grec. Dans ses rĂ©flexions sur l'AntiquitĂ©, Humboldt dĂ©couvre une vaste perspective de recherches : le rayonnement de la GrĂšce ne peut ĂȘtre compris qu'Ă  travers l'analyse de la langue grecque, dont la supĂ©rioritĂ© ne peut Ă  son tour ĂȘtre dĂ©montrĂ©e qu'Ă  travers une description critique de l'ensemble des langues humaines. La GrĂšce est pour l'Allemagne une porte vers l'universel. Mode de formation des Ă©lites, la philologie en fournit les clĂ©s et inspire le combat Ă©clairĂ© pour la renaissance de la GrĂšce. Les contributions rĂ©unies dans ce volume mettent en lumiĂšre des dimensions fondamentales de l'hellĂ©nisme prĂŽnĂ© par Humboldt et font percevoir les traces profondes qu'il a laissĂ©es dans la pensĂ©e du xixe siĂšcle. Elles sont complĂ©tĂ©es par la traduction de ses principaux textes sur la GrĂšce

    La Montagne des langues et des peuples

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    MosaĂŻque de nations d’une exceptionnelle diversitĂ© linguistique, sociopolitique ou religieuse, l’espace du Caucase exige d’ĂȘtre abordĂ© dans la trĂšs longue durĂ©e, du point de vue des imbrications enregistrĂ©es au fil du temps. Envahie par les Grecs, les Romains, les Byzantins, par des Mongols turcisĂ©s, hĂ©sitant longtemps entre christianisme, islam et bouddhisme, intĂ©grĂ©e de force dans le monde russe, la rĂ©gion n’a cessĂ© de combiner les strates culturelles. DĂ©jĂ , la soixantaine de langues parlĂ©es dans ces montagnes et l’hypothĂšse d’un substrat prĂ©historique a fascinĂ© des gĂ©nĂ©rations de savants. Mais encore : le Caucase a hantĂ© l’imaginaire littĂ©raire russe, de Lermontov Ă  Pouchkine ou GriboĂŻedov. Ses propres poĂštes comme le GĂ©orgien RoustavĂ©li ou l’AzerbaĂŻdjanais de langue persane Nizami sont eux-mĂȘmes au confluent de plusieurs littĂ©ratures. Enfin, une histoire transculturelle du Caucase implique de revisiter ces lieux de mĂ©moires croisĂ©es que sont les trĂšs cosmopolites Bakou ou Tbilissi. Ce livre repose sur la collaboration d’universitaires, français, russes et caucasiens. Les mĂ©tissages observĂ©s doivent faire l’objet d’une histoire spĂ©cifique, vĂ©ritable levier pour soulever le poids de la complexitĂ© rĂ©gionale

    Georges Perrot en Asie Mineure : du bon usage des ruines dans la France du XIXe siÚcle

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    Au carrefour de l’archĂ©ologie d’amateur et de l’archĂ©ologie scientifique, le XIXe siĂšcle est animĂ© par des tensions contradictoires, particuliĂšrement manifestes en France. Que la rĂ©fĂ©rence Ă  1789 soit ou non explicite, consciente ou non, la rĂ©flexion esthĂ©tique sur les ruines est doublement tributaire des LumiĂšres et de la RĂ©volution. Ces monuments Ă©croulĂ©s, reliques de la vanitĂ© humaine, sont aussi l’objet, depuis le travail de la Commission des Sciences et des Arts de la campagne d’Égypte (..

    Avant-propos

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    Il aurait Ă©tĂ© plaisant d’écrire, comme Salomon Reinach des Comptes rendus du CongrĂšs international d’archĂ©ologie parus Ă  AthĂšnes en 1905, que « la publication de ce volume a suivi de trĂšs prĂšs le CongrĂšs ; c’est une premiĂšre cause de satisfaction ». Ce livre n’a pu paraĂźtre dans la foulĂ©e immĂ©diate du colloque qui s’est tenu Ă  l’École française d’AthĂšnes les 5 et 6 avril 2013, pour une raison simple : la densitĂ© des communications exigeait une rĂ©flexion incompatible avec la prĂ©cipitation. Sal..

    Albert Thibaudet et la klassische Moderne

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    L’hellĂ©nisme d’Albert Thibaudet (1874-1936), un des principaux observateurs de la vie littĂ©raire et politique de son temps, bien qu’on ne puisse le qualifier de philhellĂ©nisme au sens historique, ne saurait ĂȘtre dĂ©fini par sa seule dimension Ă©rudite. Disciple de Socrate et de Bergson, Thibaudet cherche Ă  concilier dans un hellĂ©nisme vivant deux modĂšles apparemment incompatibles, qu’il associe pour Ă©difier son propre systĂšme philosophique ; l’Acropole lui suggĂšre un dialogue entre l’ordre ionique et l’ordre dorique qui, sous de multiples avatars, nourrit l’ensemble de son Ɠuvre critique. Ses rĂ©flexions sur la GrĂšce, Ă©tagĂ©es sur plusieurs dĂ©cennies, sont enrichies par sa connaissance de la littĂ©rature archĂ©ologique allemande, qui le dĂ©livre des prĂ©jugĂ©s en faveur de la GrĂšce classique, toujours actifs chez la plupart de ses compatriotes.Der Hellenismus Albert Thibaudets (1874-1936), eines der wichtigsten Beobachters des literarischen und politischen Lebens seiner Zeit, lĂ€ĂŸt sich nicht auf eine gelehrte Neigung reduzieren, obwohl man ihn auch nicht als Philhellenismus im klassischen Sinne bezeichnen darf. Als SchĂŒler von Bergson und Sokrates bemĂŒht sich Thibaudet darum, zwei anscheinend widersprĂŒchliche Kulturmodelle im Rahmen einer lebendigen Griechendlandliebe zu verbinden und sein eigenes philosophisches System darauf zu bauen. Die Akropolis veranlaßt ihn zur Entwicklung eines Dialogs zwischen ionischem und dorischem Stil, der unter verschiedenen Formen sein ganzes kritisches Werk durchzieht. Seine Auseinandersetzung mit Griechenland, die sich durch mehrere Jahrzehnte hinzieht, nĂ€hrt sich von seiner Kenntnis des deutschen archĂ€ologischen Schrifttums, das ihn von der bei den meisten Zeitgenossen noch ĂŒberwiegenden Voreingenommenheit fĂŒr das klassische Griechenland emanzipiert.Albert Thibaudet (1874-1936) has been one of the most representative observer of the literary and political life of his time. His Hellenism can’t be defined as a philhellenism in the historical acceptation of the word but, even if Thibaudet was widely read in greek and an historian of great scholarship, it would be a mistake to take only its erudite measurements. Disciple of both Socrates and Bergson, he tried to conciliate two models apparently incompatible, that he connects in order to build his own philosophical system. The Acropolis suggest him a dialogue between the Doric and the Ionic that, under various shapes, will nutrish his entire critical works. His reflections on Greece, staged on for decades, are growing richer thanks to his knowledge of the German archeological literature, that delivers him from the preconceived ideas in favour of Classical Greece, still predominating in France

    Du Cirque aux BarriĂšres : la « gĂ©ographie morale » d’Edmond de Goncourt

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    En 1838, ThĂ©ophile Gautier inspirĂ© par une anecdote de Walter Scott – un montreur de bĂȘtes s’était plaint Ă  la reine Élisabeth de la concurrence des piĂšces de Shakespeare – fit une violente sortie contre le public des thĂ©Ăątres du Boulevard : Le peuple prĂ©fĂšre les mĂ©lodrames du boulevard aux escarmouches innocentes de la barriĂšre du Combat et les hurlements des acteurs aux abois des chiens. Est-ce un progrĂšs ? – Nous [
] en doutons. Le spectacle du Combat est un plaisir plus sain et moins Ă©ner..
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