13 research outputs found
La série « Chernobyl » réécrit-elle l’histoire ?
contribution à un site webLa série Chernobyl, diffusée en mai par la chaîne américaine HBO, a suscité un intérêt exceptionnel, qui lui a valu de nombreuses réactions. Outre les critiques dithyrambiques de la presse et du public, il y en a une à première vue plus curieuse : le 10 juin, la chaîne publique russe NTV annonçait qu’elle produirait une contre-série avec une narration alternative. [Premier paragraphe
L’apocalypse ordinaire. La normalisation de l’accident de Fukushima par les organisations de sécurité nucléaire
À la différence d’accidents nucléaires du passé, comme celui de Tchernobyl, Fukushima a suscité une remise en cause très courte et limitée de l’énergie nucléaire. Six ans à peine après l’accident de mars 2011, les gouvernements européens poursuivent l’exploitation des réacteurs nucléaires, sûrs d’après eux et ce, en dépit des conséquences observées à Fukushima. Considéré comme une catastrophe exceptionnelle en 2011, l’accident nucléaire est rapidement devenu un événement ordinaire pour le secteur nucléaire européen. En nous appuyant sur une enquête ethnographique réalisée au sein des organisations européennes et internationales de sûreté nucléaire, nous proposons de comprendre cette transformation comme le résultat d’un travail de normalisation qui fait rentrer la catastrophe nucléaire dans les cadres et procédures préexistants de la sécurité nucléaire et la transforme ainsi en un incident que le secteur est capable de surmonter, tout en travaillant de manière incessante les frontières entre les conséquences tolérables et intolérables de l’énergie nucléaire. La normalisation de Fukushima s’inscrit alors dans les transformations de long terme du gouvernement européen du nucléaire, qui contribuent à pérenniser le secteur en véhiculant des cadrages qui rendent la survenue des accidents nucléaires acceptable
L’apocalypse ordinaire. La normalisation de l’accident de Fukushima par les organisations de sécurité nucléaire
À la différence d’accidents nucléaires du passé, comme celui de Tchernobyl, Fukushima a suscité une remise en cause très courte et limitée de l’énergie nucléaire. Six ans à peine après l’accident de mars 2011, les gouvernements européens poursuivent l’exploitation des réacteurs nucléaires, sûrs d’après eux et ce, en dépit des conséquences observées à Fukushima. Considéré comme une catastrophe exceptionnelle en 2011, l’accident nucléaire est rapidement devenu un événement ordinaire pour le secteur nucléaire européen. En nous appuyant sur une enquête ethnographique réalisée au sein des organisations européennes et internationales de sûreté nucléaire, nous proposons de comprendre cette transformation comme le résultat d’un travail de normalisation qui fait rentrer la catastrophe nucléaire dans les cadres et procédures préexistants de la sécurité nucléaire et la transforme ainsi en un incident que le secteur est capable de surmonter, tout en travaillant de manière incessante les frontières entre les conséquences tolérables et intolérables de l’énergie nucléaire. La normalisation de Fukushima s’inscrit alors dans les transformations de long terme du gouvernement européen du nucléaire, qui contribuent à pérenniser le secteur en véhiculant des cadrages qui rendent la survenue des accidents nucléaires acceptable
From Secrecy to Public Containment: The Role of Hybrid Spaces in the Governance of Nuclear Crises in France
International audienceAbstract How do some large-scale adverse events receive major media coverage and become crises for public actors while others are treated as routine events? This article reinvestigates this question based on a case study of the media treatment in France of the Chernobyl and Fukushima nuclear accidents. Drawing on an original set of media data and an ethnographic study, the article shows how both accidents were subject to forms of opacity that limit their effects on nuclear institutions: Chernobyl has been treated through secrecy that leads to contestation of nuclear institutions, whereas Fukushima has been characterized by “public containment,” relying on extensive publication but low-priority and uncontroversial narratives that do not reflect the stakes of a given policy field. This paper explains the role of Fukushima in France through institutional transformations that public actors engaged in following Chernobyl to reestablish the credibility of public information sources and to monitor public debates over nuclear accidents by developing “hybrid” spaces, located at the interface of organizational frontstages and backstages. This case shows how responding to transparency demands may sometimes create new forms of opacity by reducing the epistemic quality of public debates while containing political crises
Normalizing the apocalypse. Organisations and recompositions of the nuclear sector in the face of accidents
En partant de l’accident de Fukushima Dai-ichi en mars 2011, cette thèse interroge les manières dont le secteur nucléaire a pu surmonter cette catastrophe sans remise en cause majeure. Pour en rendre compte, la thèse retrace les modalités de prise en charge des accidents nucléaires par les agences de contrôle et de régulation depuis leur constitution en objet d’action publique à la suite de l’accident de Three Mile Island en 1979.La thèse montre comment la prise en charge des accidents enclenche un processus de normalisation au terme duquel les organisations nucléaires intègrent les accidents graves à leurs pratiques ordinaires, les transformant en événements surmontables et in fine acceptables. Dans les pratiques des experts, les accidents sont abordés comme des enjeux de production de savoirs et d’écrits, qui écartent leurs effets matériels. Ces processus, qu’éclaire l’étude des relations entre les acteurs du secteur nucléaire, deviennent possibles dans le contexte d’un renforcement de l’autonomie du secteur à l’égard du pouvoir exécutif.La thèse contribue à la sociologie de l’action publique, en étudiant les conditions d’autonomisation d’agences de régulation vis-à -vis du politique. Elle contribue aux STS en soulignant les dimensions politiques du travail de maintenance. Elle contribue à la compréhension crises, en montrant comment les organisations inversent le sens des injonctions à « l’adaptation »: ce ne sont pas les organisations qui s’adaptent pour envisager réellement la survenue de catastrophes, mais les accidents qui sont abordés sous l’angle de ce que les organisations sont capables de gérer, déplaçant les mandats de protection des organisations publiques.Taking the Fukushima Dai-ichi accident in March 2011 as a starting point, this thesis studies the ways in which the nuclear sector was able to overcome this disaster in a way that has not destabilized its institutions and politics. To account for this, it retraces the ways in which regulatory agencies, in relation with the nuclear industry, have dealt with nuclear accidents since they became a public problem following the Three Mile Island accident in 1979.The thesis describes a process of normalization through which nuclear organizations integrate major accidents into their ordinary practices, transforming them into surmountable and ultimately acceptable events. In the practices of experts, accidents are approached as issues of knowledge production and writing, which set aside their material effects on health and the environment. The study of relations between actors in the nuclear sector illuminates how these processes become possible in the context of a strengthening of the sector’s autonomy with respect to the executive.The thesis contributes to the sociology of public action, by studying the conditions of autonomy of regulatory agencies vis-à -vis politics. It contributes to STS by highlighting the political dimensions of maintenance work. It contributes to the understanding of crises, by showing how organizations reverse the meaning of “adaptation”: it is not the organizations that adapt to envision the real occurrence of disasters, but the accidents that are approached from the angle of what the organizations are already able to manage, thereby displacing the protection mandates of public organizations
La série « Chernobyl » réécrit-elle l’histoire ?
La série Chernobyl, diffusée en mai par la chaîne américaine HBO, a suscité un intérêt exceptionnel, qui lui a valu de nombreuses réactions. Outre les critiques dithyrambiques de la presse et du public, il y en a une à première vue plus curieuse : le 10 juin, la chaîne publique russe NTV annonçait qu’elle produirait une contre-série avec une narration alternative. [Premier paragraphe
L’apocalypse ordinaire. La normalisation de l’accident de Fukushima par les organisations de sécurité nucléaire
À la différence d’accidents nucléaires du passé, comme celui de Tchernobyl, Fukushima a suscité une remise en cause très courte et limitée de l’énergie nucléaire. Six ans à peine après l’accident de mars 2011, les gouvernements européens poursuivent l’exploitation des réacteurs nucléaires, sûrs d’après eux et ce, en dépit des conséquences observées à Fukushima. Considéré comme une catastrophe exceptionnelle en 2011, l’accident nucléaire est rapidement devenu un événement ordinaire pour le secteur nucléaire européen. En nous appuyant sur une enquête ethnographique réalisée au sein des organisations européennes et internationales de sûreté nucléaire, nous proposons de comprendre cette transformation comme le résultat d’un travail de normalisation qui fait rentrer la catastrophe nucléaire dans les cadres et procédures préexistants de la sécurité nucléaire et la transforme ainsi en un incident que le secteur est capable de surmonter, tout en travaillant de manière incessante les frontières entre les conséquences tolérables et intolérables de l’énergie nucléaire. La normalisation de Fukushima s’inscrit alors dans les transformations de long terme du gouvernement européen du nucléaire, qui contribuent à pérenniser le secteur en véhiculant des cadrages qui rendent la survenue des accidents nucléaires acceptable
La série « Chernobyl » réécrit-elle l’histoire ?
contribution à un site webLa série Chernobyl, diffusée en mai par la chaîne américaine HBO, a suscité un intérêt exceptionnel, qui lui a valu de nombreuses réactions. Outre les critiques dithyrambiques de la presse et du public, il y en a une à première vue plus curieuse : le 10 juin, la chaîne publique russe NTV annonçait qu’elle produirait une contre-série avec une narration alternative. [Premier paragraphe
The Ordinary Apocalypse: The Normalisation of the Fukushima Accident by Nuclear Safety Organisations
 Classer, catégoriser, qualifier : quand le droit rencontre la science
Billet publié sur le Carnet "Droit et Sciences sociales", [en ligne : https://droitscisoc.hypotheses.org/788]