En prenant pour objet la satire – labile et peu aisée à circonscrire – chez Lesage et chez certains de ses contemporains dans la première moitié du XVIIIe siècle, cette thèse étudie la façon dont l’écriture satirique dans les fictions littéraires, tous genres confondus, cherche à s’éloigner de l’attaque ad hominem, pratique d’écriture réprouvée alors par la plupart. Il s’agit alors de changer de paradigme, de transformer la satire en déplaçant ses enjeux du plan poétique – en tant que technè – au plan esthétique, définissant ainsi une nouvelle manière de l’appréhender, avec non seulement Lesage, au premier chef, mais également des auteurs tels que Marivaux et Montesquieu, ou encore des minores tels que Bordelon ou Bougeant. Tout d’abord, outre une réflexion qui vise à mieux circonscrire les termes satire et bigarrure, nous proposons une mise en perspective de cette transformation de 1695 à 1749, période qui couvre la carrière littéraire de Lesage et de certains de ses contemporains, à travers des œuvres fondées sur le mélange. À la lumière de ces éclaircissements, nous entendons mettre au jour l’existence et les enjeux d’un dispositif satirique qui se trouve au fondement de l’esthétique de la bigarrure, qui met en œuvre une nouvelle manière d’appréhender les défauts et de s’en moquer, contribuant également à une redéfinition originale de la place du lecteur. Enfin, la satire qui évolue en bigarrure risque de se trouver dépossédée de certaines de ses caractéristiques essentielles puisqu’il apparaît alors nécessaire, pour rejeter l’agressivité satirique de l’attaque nominale, d’en transformer les modalités afin de la rendre acceptable ; pourtant, cette refonte, qui découle d’une conception idéale de la satire, participe de la mise en œuvre d’un jeu herméneutique renouvelé.Taking satire – which is labile and hard to define – as its subject, this thesis studies how satirical writing in literary fictions, across all genres, seeks to distance itself from ad hominem attacks, a writing practice largely disapproved of at the time. The aim is to change the paradigm, transforming satire by shifting its stakes from the poetic level to the aesthetic level, thus defining a new way of understanding it, not only with Lesage at the forefront but also with authors such as Marivaux and Montesquieu, as well as lesser-known figures like Bordelon and Bougeant. First, in addition to a reflection aimed at better defining the terms satire and variegation, we propose a perspective on this transformation from 1695 to 1749, a period that encompasses the literary career of Lesage and some of his contemporaries, through works based on potpourri. In light of these conceptual clarifications, we intend to reveal the existence and stakes of a satirical dispositif that underpins the aesthetics of variegation, which implements a new way of addressing flaws and mocking them, also contributing to an original redefinition of the reader's role. Finally, the satire that evolves into variegation risks being stripped of some of its essential characteristics, as it then becomes necessary, in order to reject the satirical aggressivity of nominal attacks, to transform its modalities to make it acceptable; however, this reworking, which stems from an ideal conception of satire, contributes to the implementation of a renewed hermeneutics
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