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Les élites dans le monde arabo-musulman médiéval : l'exemple de Bagdad sous les Seldjoukides
Ce bref article avait pour but d'exposer le programme de recherche d'une thèse naissante portant sur " Les élites bagdadiennes au temps des Seldjoukides ". Après un bref exposé du contexte bagdadien aux Ve-VIe/XIe-XIIe siècles, il est essentiellement consacré aux spécialistes de sciences religieuses, les ulémas, et à leurs pratiques de légitimation, distinction et reproduction d'un groupe (ou plutôt de plusieurs groupes) élitaire(s). L'article pose également la question du rôle des madrasas, institutions de transmission du savoir juridique, dans l'évolution du milieu des ulémas au cours de la période
Le sentiment d'appartenance collective chez les élites bagdadiennes des Ve-VIe/XIe-XIIe siècles
International audienceThis study focuses on the feeling of collective belonging expressed by diverse actors of Baghdad history, in the context of social change brought by the Saldjūq domination (mid. 5th/11th-mid. 6th-12th c.). Different aspects of this feeling are studied: the control of social relations and the distinction practices of the Baghdadian elites; the strong collective identity of the Hanbali of the eastern bank of the city, whose sociability was mainly maḏhab-orientated. I also consider the last homage of the group to a dead notable at his funeral as an expression of the strength of collective affiliations in the Baghdadian society of this period. Death itself was not always putting an end to such affiliations: in some cases, the role of the main social figures among the living could be continued after their decease.Cet article s'intéresse au sentiment d'appartenance collective manifesté par certains acteurs de l'histoire de Bagdad dans une période de bouleversements sociaux, sous la domination des Turcs seldjoukides (milieu du Ve/XIe-milieu du VIe/XIIe siècles). Il examine plusieurs des manifestations d'un tel sentiment : contrôle des fréquentations et pratiques de distinction des notables bagdadiens ; identité collective particulièrement forte des hanbalites de la rive orientale de la ville, dont la sociabilité était presque entièrement réduite à leurs compagnons de maḏhab. Le dernier hommage rendu à un notable à l'occasion de ses funérailles est envisagé comme un témoignage de la force du sentiment d'appartenance collective dans la société bagdadienne de l'époque. L'appartenance des personnalités les plus marquantes du groupe était par ailleurs susceptible de trouver une continuité après leur décès, et leur rôle social se voyait ainsi perpétué parmi les vivants
L'accès à l'information et les méthodes de travail d'un lettré bagdadien du Ve/XIe siècle
This article focuses on information sources and work methods of Arab medieval historians, through examining the original example of a Hanbali Baghdadian scholar, Ibn al-Bannā' (d. 471 h./1079 CE). This author left some personal notes probably meant to be later used for historiographical writing. In most case, Ibn al-Bannā' had been the witness of the actor of the events he reports; in others, travelers (merchants and scholars) were the source of information. They were using oral as much as written transmission, the written documents being mainly merchant letters brought by caravans. Then the news were collected and afterwards spread in Baghdad by some riche Hanbali merchants and patrons. Public rumor was also spreading important political or military news. Information collected by Ibn al-Bannā' was mainly local, concerning Baghdad, Iraq, or rarely the neighboring areas (Syria, Palestine, Ġazīra, Iran, Arabia) but never other parts of the world. Finally, the author's sociability networks appear as essential in collecting information.Il s'agit ici de s'interroger sur les sources d'information et les méthodes de travail des chroniqueurs arabes de l'époque médiévale, à travers un exemple original, celui du lettré hanbalite bagdadien Ibn al-Bannā' (m. 471 h./1079 apr. J.-C.), qui laissa des notes personnelles sans doute destinées à une compilation historiographique postérieure. Dans de nombreux cas, Ibn al-Bannā' était lui-même le témoin ou l'acteur des événements rapportés ; dans d'autres, les informations reçues, communautaires (internes au groupe hanbalite) ou non, étaient transmise par des voyageurs, marchands et lettrés essentiellement. Outre la transmission orale, les lettres de commerçants comptaient parmi les plus importants vecteurs de l'information. Elles étaient transportées par les caravanes marchandes, puis les nouvelles dont elles étaient porteuses étaient collectées et redistribuées à Bagdad par de riches commerçants et mécènes hanbalites. La rumeur publique colportait également des nouvelles politiques ou militaires souvent importantes. L'information recueillie par Ibn al-Bannā' était essentiellement locale, badgdadienne ou irakienne, ou plus rarement concernait les régions voisines (Syrie-Palestine, Ğazīra, Iran, Arabie) à l'exclusion du reste du monde. En définitive, les réseaux de sociabilité de l'auteur apparaissent comme essentiels dans son travail de collecte de l'information
Invisibles ou absents ? Questions sur la présence kurde à Bagdad aux Ve-VIe/XIe-XIIe siècles
During the 5th/11th c., scholars, mystics and militaries were coming to Baghdad from zones of Kurdish population. This phenomenon was even stronger during the 6th/12th c. Were these visitors or emigrants Kurds? They are not always identified as such by the medieval sources. This article tries to get a more precise image of the Kurdish presence in Baghdad during these centuries. Kurds were part of Seljuq and Abbasid armies, but also of troupes serving local Iraqi rulers. Among them were emirs (like the powerful Hazārasb ibn Bankīr) as well as mere soldiers. Arab chronicles also talk of Kurds as "non-Arab Bedouins" living in the steppe. But Kurds are more difficult to identify in civilian and urban spheres. Some families of Baghdadi scholars, judges or mystics, like the Suhrawardī and the Šahrazūrī, originated from the Kurdish areas, but it is usually not possible to determine their ethnicity. Such conclusions lead us to consider as relatively unrelevant ethnic designations in some contexts, like the urban and learned milieu.Au Ve/XIe siècle, la venue à Bagdad de personnages (lettrés, mystiques, militaires et autres) provenant de zones géographiques à fort peuplement kurde est attestée et s'intensifie même au cours du VIe/XIIe siècle. Ces personnages étaient-ils kurdes ? En l'absence d'identification formelle systématique par les sources de l'époque, plusieurs domaines sont explorés ici afin de préciser la présence kurde à Bagdad au cours de cette période. Les Kurdes étaient nombreux dans les armées seldjoukides puis abbassides, mais aussi au service d'autres souverains irakiens, sous la figure d'émirs (comme le puissant Hazārasb ibn Bankīr) autant que de simples soldats. Les chroniques arabes les désignent également comme étant des Bédouins non-arabes de la steppe. Il est par contre plus difficile de les distinguer dans la sphère urbaine et civile. Plusieurs lignages de lettrés, de juges ou de mystiques bagdadiens, comme les Suhrawardī et les Šahrazūrī, étaient originaires de régions à fort peuplement kurde, sans que l'on puisse trancher de façon absolue quant à leur appartenance ethnique. Ces résultats nous conduisent à relativiser la pertinence de la désignation ethnique dans certains contextes, urbains et lettrés en particulier
La réaction des pays d'Islam face aux Croisades et aux États latins, fin du XIe - milieu du XIIIe siècle
Cet article, rédigé à l'occasion de la question d'agrégation d'histoire portant sur " Les relations entre les pays d'Islam et le monde latin du milieu du Xe au milieu du XIIIe siècle " (2000-2002), examine différents aspects des relations entre Croisés et musulmans, vues des pays d'Islam. Il s'intéresse tout d'abord à l'évolution de l'image des Croisés dans les sources arabes de l'époque ainsi qu'au sort des musulmans sous domination franque. Il retrace ensuite les différentes étapes de la réponse musulmane à l'installation durable des États latins dans la région, de l'apathie initiale à l'essor de l'idéologie de jihad et à la réponse militaire orchestrée par le souverain Nūr al-dīn et son successeur Ṣalāḥ al-dīn (Saladin). La question des échanges entretenus entre États francs et musulmans est au cœur de la dernière partie de l'article, de l'évidence des échanges commerciaux à la question, plus controversée, de la réalité des échanges culturels
Le concept d'élites. Approches historiographiques et méthodologiques
Cet article, rédigé à quatre mains, reprend les conclusions d'une session de l'école doctorale de l'Université Paris 1 - Sorbonne portant sur " les élites " (2000). La première partie s'intéresse à la circulation du concept d'élites, né dans le champ de la sociologie politique et surtout utilisé pour l'étude des " élites dirigeantes ", jusqu'à son adaptation dans le champ de la recherche historique et aux controverses qui se sont développées autour du terme et de ses usages. Puis sont étudiés les critères permettant de définir ou d'identifier une élite : le monopole de la reconnaissance ou de l'exclusion du groupe ; la maîtrise de savoir-faire ; la détention d'un capital matériel ou culturel... Une approche dynamiques des élites conduit à les envisager comme hétérogènes et non monolithiques ; enfin, l'étude des réseaux ou de la sociabilité permettent également d'enrichir l'analyse des élites dans un contexte historique donné
Les élites bagdadiennes au temps des Seldjoukides
Bagdad, grande métropole du monde arabo-musulman médiéval et siège du califat abbasside, fut au milieu du ve/xie siècle intégrée à l’empire oriental des Turcs seldjoukides. Restaurateurs du sunnisme, les sultans seldjoukides résidèrent peu à Bagdad, mais ils y fondèrent des institutions nouvelles : les madrasas, encouragèrent l’essor du soufisme et participèrent au développement urbain. Cette étude d’histoire sociale, fondée sur une approche prosopographique des sources arabes, décrit différents groupes élitaires bagdadiens et s’intéresse à leur fonctionnement (distinction, reproduction, rôle des lignages). À travers l’apparition de nouvelles élites administratives et militaires au service des Abbassides, elle retrace le phénomène progressif de redressement califal qui marqua le vie/xiie siècle. L’étude du cadre urbain fait apparaître Bagdad comme une ville en évolution permanente, marquée par l’interaction constante des élites avec le contexte urbain dont elles étaient issues
Un an de fitna-s à Bagdad. Les désordres urbains de l’année 422/1031
خلال فترة العصور الوسطى، كانت الفتن، أو أعمال الشغب الحضرية، تُخلّف دوريًا أضرارًا جسيمة في كبرى مدن الفضاء الإسلامي (دار الإسلام). وكانت تتكرر بشكل خاص في بغداد، مُسببة عواقب كارثية على سكان المدينة. يقترح هذا المقال ترجمة مرفقة بحواشي لمقتطفات من السرديّات التاريخيّة العربية تصف الفتن العديدة التي طرأت في سنة 422هـ/1031م، مع شرحها والتعليق عليها (من بينها مقتطفات من «المنتظم» لابن الجوزي، و«مرآة الزمان» لسبط ابن الجوزي، و«الكامل» لابن الأثير). وقد كان السياق الإقليمي في تلك الفترة يتميز بتفكك سيطرة البُويهيين على الأراضي الوسطى للخلافة العباسية وعلى عاصمتها، وبتنافس شديد بين أفراد الأسرة البويهية للحصول على لقب «أمير الأمراء»، وأخيرًا بوفاة الخليفة القادر بالله (حكم بين 381-422هـ/ 992-1031م). أما في بغداد، فكان الوضع يتسم باضطرابات مزمنة في صفوف القوات التركية والأمراء المتواجدين في العاصمة العباسية، وكذلك بالاشتباكات المذهبية بين الجماعات السنية والشيعية التي اشتدت في عهد البويهيين، فضلًا عن الابتزازات التي كانت تمارسها عصابات مسلحة تُعرف بجماعات العيّارين. ويبحث المقال فيما بعد في المصطلحات المحيطة بمصطلح الفتنة، والعوامل الاجتماعية والدينية والسياسية التي أدّت إلى اندلاع أعمال الشغب هذه. كما يدرس الفاعلين فيها، سواء كانوا من الطبقات الدنيا أو من الأوساط المؤسساتية؛ وكذلك تَدخّل (أو عدم تدخل) أجهزة المراقبة الحضرية؛ وأخيرًا الآثار الوخيمة لتلك الفتن على المجتمع البغدادي الذي كان جد منقسمًا آنذاك.Fitnas, or urban riots, were disruptive events in urban life. In medieval Baghdad, they werefrequent and caused great damage to the civil population. This article presents the annotated translation and commentary of many extracts of Arabic chronicles (Ibn al‐Jawzī’s Muntaẓam, Sibṭ ibn al‐Jawzī’s Mirʾāt al-zamān, Ibn al‐Athīr’s Kāmil, and others) about the numerous fitnas that took place during the year 422/1031. The regional context is the waning of Buwayhid rule over the central lands of the Abbasid caliphate and its capital, the rivalry between members of the Buwayhid family to obtain the title of Great Amir, and the death of the reigning Caliph al‐Qādir bi‐Llāh (r. 381–422/992–1031). The local context in Baghdad encompasses the unrest of Turkish amirs and troops in the Abbasid capital, the sectarian strife between Sunni and Shiʿi groups, which intensified during Buwayhid rule, and the exactions of gangs of armed men called ʿayyārs. The article then examines the terminology of fitnas, their social, religious and political motives, their actors, popular as well as institutional, the intervention (or non‐intervention) of the urban control authorities, and the consequences of fitnas for the already deeply divided Baghdadi society.À l’époque médiévale, les fitna-s, ou émeutes urbaines, causaient périodiquement de profonds dégâts dans les grandes villes du domaine islamique. À Bagdad, elles étaient particulièrement fréquentes et engendraient des conséquences désastreuses pour la population urbaine. Le présent article propose une traduction annotée ainsi que le commentaire d’extraits de chroniques arabes (notamment le Muntaẓam d’Ibn al‐Ǧawzī, le Mirʾāt al-zamān de Sibṭ ibn al‐Ǧawzī, et le Kāmil d’Ibn al‐Aṯīr), décrivant les nombreuses fitna‐s qui eurent lieu au cours de l’année 422/1031. Le contexte régional était celui du délitement du contrôle des Bouyides sur les terres centrales du califat abbasside et sur leur capitale, de la rivalité intense entre membres de la famille bouyide pour obtenir le titre de Grand émir (amīr al-umarāʾ), et enfin de la mort du calife al‐Qādir bi‐Llāh (r. 381‐422/992‐1031). Le contexte bagdadien, lui, incluait l’agitation endémique des troupes et émirs turcs cantonnés dans la capitale abbasside, les affrontements confessionnels entre groupes sunnites et chiites, qui s’étaient intensifiés sous le règne des Bouyides, ainsi que les exactions de bandes d’hommes armés, les ʿayyār-s. L’article examine ensuite la terminologie entourant le terme fitna, et les facteurs, tant sociaux que religieux et politiques, qui menaient au déclenchement de ces émeutes. Il étudie leurs acteurs, qu’ils soient issus du petit peuple ou bien institutionnels ; l’intervention (ou non) des instances de contrôle urbain ; et enfin les lourdes conséquences de ces fitna-s pour une société bagdadienne déjà fort divisée
Tableau 15‑1 : Grands travaux réalisés à Bagdad de 447/1055 à 570/1174 (en dehors des fondations de ribāṭ‑s et madrasas)
Tableau 15‑1 : Grands travaux réalisés à Bagdad de 447/1055 à 570/1174 (en dehors des fondations de ribāṭ‑s et madrasas)
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