78 research outputs found

    Les médicaments génériques : comment les pouvoirs publics créent un marché (1995-2010)

    Get PDF
    Bien que, depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’État contrôle en France les prix et les taux de remboursement des médicaments, il n’est jamais parvenu à juguler la croissance des dépenses de santé liées à la prescription et à la consommation médicale. La politique des médicaments génériques initiée en 1995 constitue de ce fait une profonde révolution dans la régulation du marché français du médicament puisqu’elle entend faire reposer les économies réalisées par l’Assurance Maladie sur la concurrence par les prix. Pourtant, Étienne Nouguez montre ici que loin de se traduire par une totale libéralisation du marché des médicaments, cette politique peut être interprétée comme un retour en force de l’État qui tente d’utiliser les mécanismes marchands pour asseoir un contrôle plus fort sur les comportements des laboratoires, des patients, des médecins et des pharmaciens

    Compte rendu de lecture de l’ouvrage de Caroline Huyard : 'Rare. Sur la cause politique des maladies peu fréquentes'

    Get PDF
    Depuis le milieu des années 1990, les associations de malades ont fait l’objet d’une attention croissante de la part des sociologues des sciences et/ou des mouvements sociaux. Elles sont en effet apparues comme les vecteurs d’une transformation profonde des rapports entre science, santé et politique. Le livre de Caroline Huyard entend prolonger et discuter ces recherches en les soumettant au test de la « maladie rare ». (premières lignes

    Le médicament générique et la relation de soin:Sociologie d’un quiproquo

    Get PDF
    L’introduction des médicaments génériques sur le marché français des médicaments à la fin des années 1990 a profondément modifié la relation qui unissait les patients, les médecins et les pharmaciens. Désormais, les pharmaciens et les patients ont la possibilité de choisir, aux côtés du médecin, la marque du médicament. Mais la comparaison entre le médicament original et sa copie, loin d’aller de soi, suppose d’attribuer une valeur aux produits et aux différentes prescriptions qui structurent cette comparaison : peut-on prendre un médicament pour un autre ? Peut-on prendre un prescripteur pour un autre ? Alors que certains acteurs promeuvent une équivalence généralisée entre les médicaments et entre les prescripteurs, d’autres tentent de maintenir l’ancienne hiérarchie des valeurs. Le quiproquo introduit par les médicaments génériques sert donc de révélateur pour analyser les valeurs qui structurent les comportements des acteurs de santé et l’organisation de la relation de soin.Generic drugs, introduced on the French drug market in the late 1990s, have deeply affected relations between patients, doctors and pharmacists. Pharmacists and patients are now able to choose the brand of drugs. Comparing the prescribed drug with its generic equivalent, far from being automatic, involves evaluating products and, too, the prescriptions for them. Can one drug be taken for another? Is one prescriptionist the equivalent of another? Some persons claim that there is a generalized equivalence between drugs and those who prescribe them, whereas others try to maintain the older hierarchy of values. The quid pro quo introduced by generic drugs is a litmus test for analyzing the values that shape the behavior patterns of those involved in health and the organization of care

    Copier les médicaments pour changer les comportements. La politique du médicament générique en France

    Get PDF
    Dans cette intervention nous analysons la façon dont les pouvoirs publics français ont en effet créé quasiment ex nihilo et en moins d’une dizaine d’année un marché de médicaments génériques, alors même que les caractéristiques du marché français du médicament (prix faibles, volumes élevés, fort taux de remboursement des médicaments) semblaient le rendre impropre à cette « greffe ». A nos yeux, l’introduction du médicament générique en France se présente comme une tentative de rationalisation conjointe des caractéristiques du médicament et des comportements des acteurs de santé. Ainsi, en essayant de construire une copie conforme en tous points au médicament princeps mais moins chère, les pouvoirs publics et les laboratoires de génériques tentent de développer chez les acteurs de santé et notamment les patients un comportement d’agent économique qui entre deux biens identiques, choisit le moins cher. Nous présenterons dans un premier temps l’influence de la définition légale du médicament générique sur la structuration du marché du médicament, puis nous analyserons la nouvelle répartition des rôles entre les différents acteurs de santé (pharmaciens, médecins et patients) dans le marché du générique ; enfin, nous nous pencherons sur le dispositif incitatif (et notamment le prix) mis en place par les pouvoirs publics pour valoriser les médicaments génériques

    Compte-rendu de l'ouvrage de Norbert Alter, 'La force de la différence. Itinéraires de patrons atypiques'

    Get PDF
    La Force de la différence s’intéresse à des cas marginaux mais hautement problématiques pour les théories de la reproduction sociale. Les personnes que Norbert Alter a rencontrées sont en effet « atypiques » à deux titres. Tout d’abord, elles sont « atypiques » (socialement et statistiquement) parmi les personnes qu’elles côtoient dans leurs activités professionnelles : ce sont des femmes dans un monde d’hommes, des homosexuels dans un monde d’hétérosexuels, des autodidactes dans un monde de diplômés, des étrangers dans un monde de Français…(premières lignes

    Measuring the differences between two ''identical' products : the case of generic drugs in France

    Get PDF
    The mainstream economic theory generally assumes that the characteristics of the products are obvious for the consumer who can choose between any given product on the basis of prices and preferences. This simplistic presentation of product qualities is discussed by many researchers in socio-economics through the theme of measurement: How are qualities evaluated? What role do physical characteristics and price play in such an evaluation? These questions are particularly striking when the compared products are presented like identical in composition, as it is the case for the generic drugs in France. The French authorities legally defined the generic drug as identical in essence to the original drug but a myriad of small differences remain in its presentation. The consumers are assured that it is the same thing while it doesn’t look like the same thing. Who must they trust to measure the differences between generic and original drugs: the composition written on the box ? the doctor or the pharmacist ? their own body ? This question is all the more important as in the field of health self-realizing prophecies are numerous. In this paper, we would like to analyze the way in which the actors on the health field (especially pharmacists and patients) discuss the best way of measuring economic and physical differences between generic drugs and original drugs

    Construire l’équivalence : le médicament générique

    Get PDF
    La qualification des produits est un objet important de discussion entre économistes et sociologues de l’économie. Il y a aujourd’hui un relatif consensus parmi les chercheurs pour affirmer que la façon de qualifier les produits contribue à la structuration des marchés. Mais l’acceptation commune du concept de « qualification » n’épuise pas le débat. D’où procèdent en effet les qualités d’un bien ? Qu’est-ce qui rend ces biens commensurables ? La sociologie économique contemporaine oppose deux formes de réponses : alors que des auteurs comme Lucien Karpik ou Alessandro Stanziani montrent le rôle clé joué par les caractéristiques objectives des biens, construites et confirmées par des dispositifs techniques et juridiques, d’autres auteurs comme Michel Callon insistent sur le rôle joué par les consommateurs et leurs préférences subjectives (leur attachement) dans le développement ou la limitation de la concurrence entre les produits. Cette tension entre deux définitions de l’équivalence était déjà au cœur d’un débat théorique entre les économistes à la fin du XIXe siècle. Alors que des auteurs comme Cournot défendaient, à l’instar des économistes classiques (et de leur « valeur travail »), la possibilité de fonder la comparaison entre les produits sur des dimensions objectives, la valeur d’un bien prenant sa source dans sa capacité objective à satisfaire des besoins humains, les fondateurs de la théorie néoclassique (comme Pareto et Edgeworth) renvoyaient toute comparaison à l’utilité subjective des consommateurs (l’ophélimité), la valeur de ces biens résultant de l’intervention du marché, censé organiser la confrontation des utilités subjectives. Ce débat n’est pas sans conséquences sur le statut du prix lui-même puisque, dans le premier cas, le prix n’est que la traduction monétaire de la valeur objective du bien, alors que dans le second cas, le prix est un opérateur indispensable à l’établissement de cette valeur. [Premier paragraphe du chapitre

    Copies conformes, comportements conformes ? Les patients français face au choix des médicaments génériques

    Get PDF
    Cet article étudie le choix auquel est confronté un patient lorsque son pharmacien lui propose de substituer un médicament générique à son médicament habituel. Les pouvoirs publics tentent d’orienter ce choix, en définissant le médicament générique comme une copie moins coûteuse, mais identique au médicament princeps dans son principe actif. Pour autant, les patients sont amenés à comparer les risques éventuels dus à un changement de médicament avec les gains qu’ils pourraient en retirer à titre individuel ou collectif. Ce simple choix mobilise de nombreuses dimensions (sanitaires, économiques et politiques), comme le révèle l’analyse des types de raisonnements développés par les patients mais aussi des dispositifs de rationalisation mis en place par les pouvoirs publics.This study analyses the choice a patient is confronted with when his pharmacist suggests replacing his regular drug with a generic version. Public authorities attempt to guide this choice by defining generic drugs as less expensive yet identical copies of the regular drug with regard to its active constituent. Patients however balance the risks resulting from a change of drug with its individual or collective benefits. The analysis of the types of heuristic strategies developed by patients and of the rationalisation systems implemented by the authorities reveals that this simple choice involves many dimensions (sanitary, economic and political)

    La définition des médicaments génériques entre enjeux thérapeutiques et économiques. L'exemple du marché français des inhibiteurs de la pompe à protons

    Get PDF
    Cet article s’intéresse aux liens entre la définition des médicaments génériques et l’organisation de la concurrence sur le marché français des inhibiteurs de la pompe à protons. Si l’arrivée de copies « essentiellement similaires» aux médicaments princeps a permis le développement d’une concurrence par les prix sur le marché des anciens médicaments, l’existence d’équivalents thérapeutiques toujours protégés par un brevet a fortement limité la progression de ces anciens médicaments. Le statut des médicaments situés à la frontière du groupe générique est, de ce fait, devenu un enjeu pour les pouvoirs publics et les laboratoires qui les commercialisent. Dès lors que certains de ceux-ci n’apportent pas de plus-value thérapeutique par rapport aux génériques, faut-il les intégrer au marché des génériques ? Quelles seraient les conséquences d’une telle extension pour la santé publique, pour les finances de l’assurance maladie et pour la capacité d’innovation des laboratoires ? En posant le problème de l’équivalence entre les médicaments, la définition des médicaments génériques conduit alors les acteurs du marché à réinterroger la subtile frontière qui sépare l’original de ses copies

    Les frontières de l'interdit : le commerce de cannabis

    Get PDF
    "Si l’on devait établir un palmarès des marchandises contestées, les drogues occuperaient sans doute les tout premiers rangs. La simple évocation du terme « drogue » suscite encore chez de nombreuses personnes l’image d’un « junkie » tombé dans la déchéance, subjugué par la force envoutante du produit et ingérant la substance maudite dans un taudis sombre et glauque, ou l’image tout aussi repoussante du « dealer » profitant de la faiblesse et de la dépendance de ses « victimes » pour leur vendre à prix d’or une substance frelatée. Quels que puissent être les motifs et justifications invoqués, « la prise de drogue est, depuis longtemps déjà, moralement réprouvée, médicalement appréhendée et juridiquement sanctionnée » (Bergeron, 2009, p. 11). Au sein de cet univers des drogues, le cannabis occupe pourtant une place singulière." [Premières lignes
    • …
    corecore