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Biologie et culture : un dialogue impossible ?: Questions autour de « l'identité biologique » du XVIIIe siècle à nos jours
International audienceLes références croissantes aux ethnismes et aux communautarismes dans le champ des conflits et de la citoyenneté, posent une nouvelle fois la question des relations entre nature et culture, entre biologie et histoire. En revisitant les oppositions dans la longue durée, et entre les sciences de l'homme et de la société, l'auteur cherche à tracer les lignes de fracture, les convergences mais aussi certains développements récents qui renouvellent les perspectives de collaboration interdisciplinaire
Constructions d'un stigmate sanitaire : la drépanocytose, entre situations locales et globales
Being chronically ill often is a difference in terms of disability and stigma, ie invested with meanings and interpretations that affect social relationships (Goffman, 1963). Sickle-cell anemia, a serious genetic disease originally spread in the South, particularly in sub-Saharan Africa, affects an increasing number of people in the West (Americas, Europe). It is often presented as a shameful disease, hidden object because of stigma. The issue of stigma seems polysemous in different sites where the disease is common at the same time it is necessarily affected by the process and modalities of circulation of knowledge, practices and biomedical technology between continents. We propose to explore these meanings weaving since the early twentieth century and their social implications as in sub-Saharan Africa in the context of immigration in France.Etre atteint d'une maladie chronique constitue une différence souvent traduite en termes de handicap et de stigmate, c'est-à-dire investie d'interprétations et de significations qui affectent les rapports sociaux (Goffman, 1963). La drépanocytose, maladie génétique grave répandue originellement dans les pays du Sud et notamment en Afrique subsaharienne, affecte un nombre croissant de personnes en Occident (Amériques, Europe). Elle est présentée souvent comme une maladie honteuse, cachée parce que objet de stigmatisation. Cette question du stigmate paraît polysémique dans les différents sites où la maladie est fréquente en même temps qu'elle est nécessairement affectée par les processus et les modalités de circulation de savoirs, de pratiques et de technologies biomédicales entre les continents. Nous proposons d'explorer ces entrecroisements de significations depuis le début du XXe siècle et leurs implications sociales tant en Afrique subsaharienne que dans le contexte de l'immigration en France
Mythes et réalités: les enfants nés-pour-mourir en Afrique de l'Ouest.
The topic reports from investigations in South Benin and Senegal, and from literature, one of the common believes in Western Africa: the Born-to-die-children, i.e. abiku in both Fon and Yoruba languages. Born-to-die-children are children born after the death of several children from the same mother. These children are said to be born not to stay among living people but for mysterious reasons including making their parents suffer. While describing rituals and practices which take place beside this belief in order to exorcise the children death and unhappiness, the author wonders about the history of these believes which may be connected to universal mythology but transformed by environmental and biological factors in sub-Saharan Africa.L'article examine la croyance aux enfants-nés-pour-mourir, abiku en langue fon et yoruba, d'après des enquêtes de terrain, au Sud du Bénin et du Sénégal, et d'après quelques données de la littérature. Il s'agit d'enfants nés après le décès successif d'enfants de la même mère et qui sont réputés n'être pas nés pour rester dans le monde des vivants. Tout en décrivant les rituels et les pratiques qui entourent la croyance au Sud du Bénin en vue de conjurer ce malheur, l'auteur s'interroge sur l'histoire de cette croyance, sur sa relation aux mythes universels et sur les circonstances de ses transformations dans le contexte religieux, environnemental et biologique de l'Afrique subsahariennes
Perceptions de la drépanocytose dans les groupes atteints
8 pagesEn France les individus concernés par la drépanocytose, maladie génétique de l'hémoglobine, sont essentiellement originaires d'Afrique et des Antilles. En vue d'apporter un éclairage en appui aux soignants chargés de l'information des familles et du conseil génétique, on résume ici les principales informations sur les manières sociales de percevoir la maladie dans les groupes atteints. Celles-ci résultent de l'histoire de la diffusion des savoirs, anciens et nouveaux, et de leurs articulations dans un monde en transformations en temps de mondialisation
Eve africaine ? De l'origine des races aux racismes de l'origine.
Depuis une dizaine d'années, plusieurs théories sur les origines de l'homme moderne se sont fait jour. La version la plus répandue est celle de l'origine africaine, dite " Out of Africa " ou théorie de " l'Eve africaine ". Certes, il n'est pas nouveau qu'Adam et Eve, mais aussi Cham et Noé, prêtent leur figure à des théories sur le peuplement de l'Afrique ; ces mythes ont été très présents dans l'historiographie portant sur ce continent. Or, ils ont récemment connu des changements de signification qu'il n'est pas sans intérêt d'observer. Scientifique et idéologique, récurrent dans la vision afrocentriste de l'histoire, le thème de l'origine africaine est également exploité par le racisme anti-noir, notamment celui de l'extrême-droite en Europe et aux Etats-Unis. Eve a deux visages mais c'est précisément le propre des mythes d'autoriser des sens multiples, quelquefois opposés. Ces deux conceptions se réfèrent aux mêmes travaux, ceux des anthropologues, des paléontologues et des généticiens qui, depuis des décennies, ont mis au jour et analysé les traces de notre préhistoire lointaine. Comment de telles divergences d'interprétation ont-elles été possibles ? Ces contradictions ne sont pas nouvelles. L'histoire des sciences illustre le fait que les idées sur les origines de l'homme, en plus d'être éminemment passionnelles parce que d'ordre ontologique, sont étroitement liées aux fabrications idéologiques. Dans un siècle voué aux affrontements des grands ensembles mondiaux, ces idées ont été politiques parce que ces affrontements se sont superposés à une conception raciale des rapports de domination
Identités biologiques, identités sociales et conflits ethniques en Afrique subsaharienne
On propose une réflexion historique et épistémologique des liens entre la recherche en anthropologie biologique et la construction des identités africaines contemporaines. A partir de l’exemple concret de la région des Grands Lacs (Rwanda, Burundi), on évoque la participation croisée des Africains et des Européens à cette construction via les savoirs scientifiques, la réintégration par les groupes socio‑politiques de l’Afrique contemporaine de ces savoirs élaborés avant, pendant et après l’époque coloniale.This article presents an historical and epistemological examination of the links between research in biological anthropology and the construction of contemporary African identities. Using the concrete example of the Great Lakes region (Rwanda, Burundi), it discusses the intersecting contributions of Africans and Europeans to this construction via types of scientific knowledge, the re‑integration by socio‑political groups in contemporary Africa of these types of knowledge elaborated before, durin
L'anthropologie biologique et l'Afrique au XXe siècle.
Soucieuse de répondre à des interrogations de l'histoire devant les turbulences du XXe siècle, racismes d'hier et d'aujourd'hui, génocides et violences coloniales, mes premières recherches ont porté sur les relations entre biologie et histoire. Sous la direction de Jean-Pierre Chrétien, j'ai entrepris une étude de la contribution de la bio-anthropologie à la construction des identités africaines, mise en relation avec les conflits contemporains, en relation aussi avec le développement d'autres secteurs de la connaissance dans lesquels les sciences naturelles sont longuement intervenues : la préhistoire, l'histoire des langues et du peuplement ... Le modèle généalogique de l'histoire des peuples s'est déployé jusqu'à nos jours sur le terrain de l'Afrique comme sur d'autres, mais rejoint en Afrique la conviction répandue selon laquelle les individus d'un même groupe social descendent d'un ancêtre commun. La pensée naturaliste de l'Occident, biologisant l'ethnie, peut ainsi trouver un écho dans certains conflits actuels . Suivant les pistes historiographiques tracées par Jean-Pierre Chrétien pour comprendre ce qu'est un Chamite , un Bantu, un Cafre, un Tutsi, un Mwezi , mon projet, repris ici, était de présenter un état de la question " ethnique " vue par la biologie, à un moment-charnière de l'histoire du continent africain, c'est-à-dire avant et après l'émancipation des colonies, tout en m'interrogeant sur ses prolongements scientifiques et politiques pour le temps présent
"L'émergence" d'une maladie multimillénaire.: Circulations de savoirs et production d'inégalités face à la drépanocytose
Le 18 décembre 2008, l'Assemblée générale des Nations Unies a reconnu la drépanocytose comme " priorité de santé publique " . Un siècle après son identification par le médecin américain J.B. Herrick publiée en 1910, la drépanocytose, maladie génétique " parmi les plus meurtrières " et " l'une des plus fréquentes au monde " selon le texte de la résolution , a fait son entrée sur la scène internationale aux côtés de la tuberculose, du sida et du paludisme. La nouvelle passe inaperçue, à part de rares entrefilets dans la presse africaine. La drépanocytose sort de l'ombre mais pas forcément du " ghetto ". Maladie plusieurs fois millénaire dans les pays du Sud, " émergente " dans d'autres lieux situés plus au Nord, ainsi que dans les politiques publiques de santé des Etats concernés, c'est aussi l'une des moins connue du public. Ceci constitue un premier paradoxe. Un autre paradoxe est que cette maladie a fait couler beaucoup d'encre chez les scientifiques depuis un siècle, à mains égards considérée comme emblématique de l'histoire scientifique dans les domaines de l'hématologie, de la biologie moléculaire et de la génétique des populations. Selon nous, elle est aussi emblématique du processus de mondialisation des échanges et du contexte d'hégémonie des pays occidentaux dans lequel ces échanges ont pris place. Aussi ces paradoxes ne sont qu'apparents et nous proposons d'en examiner les prémisses historiquement construites. Dans cette construction il nous apparaît que la question des savoirs, la façon dont ils sont produits et dont ils circulent, joue un rôle non négligeable. Nous allons donc tenter d'appréhender la façon dont les savoirs mondialisés participent d'un processus d'échanges inégalitaires, voire participent de la production d'inégalités. Nous décrirons d'abord les flux de gènes découlant de la circulation des personnes et la circulation des savoirs relatifs à cette maladie entre continents, puis ses effets aux plans local et global en termes de transformations sociales et d'inégalités produites, enfin les réactions et mobilisations comme remèdes aux inégalités. On portera une attention aux temporalités du processus de mondialisation selon la nature et les lieux des échanges, en se questionnant sur les effets produits par les éventuelles différences de temps et d'espace
Processus d'acquisition et de transmission des ressources thérapeutiques africaines dans les sources européennes du XVIIe au XIXe siècle.
International audienceThis article is a first approach into how the African continent was integrated in networks of knowledge. We focus on methods of exchange and constitution of knowledge, and seek to distinguish the role of the various categories of actors, both European and African. These networks were organized step by step starting from the contributions of travellers, local intermediaries and around the development of learned societies whose activities could be encouraged or initiated by the states. Europeans, in their will to know new resources, encountered various difficulties – which were gradually overcome – on the material and technical aspects. While others, cultural, religious and political, were creating problems to have access to the local knowledge. However, Europeans could observe certain diseases and obtain information on remedies mainly from popular knowledge. During the XIXth century African "medical material" treatises appeared. The structuration of research around the quinquina and other plants which could be used as substitute shows the processes of acquisition and transmission of new therapeutic resources.Cet article propose une première approche de la façon dont le continent africain s'est intégré dans des réseaux de connaissances, en focalisant l'attention sur les modalités d'échanges et de constitutions de savoirs et en recherchant à discerner le rôle des différentes catégories d'acteurs tant européens qu'africains. Ces réseaux se sont organisés peu à peu à partir des apports des voyageurs, des intermédiaires locaux et autour du développement d'institutions savantes dont les activités ont pu être encouragées ou initiées par les Etats. Les Européens, dans leur volonté de connaître de nouvelles ressources, se sont heurtés à différents types d'obstacles – dont certains sont progressivement levés – sur le plan matériel et technique, alors que se dressent des obstacles culturels, religieux et politiques qui rendent difficile l'accès aux savoirs locaux. Cependant, les Européens ont pu observer certaines maladies et obtenir des informations sur des remèdes isssus principalement de savoirs populaires. C'est ainsi qu'au XIX° siècle se développent des traités de “matière médicale” africaine. L'articulation des recherches autour du quinquina et d'autres plantes qui ont pu servir de succédané montre les processus d'acquisition et de transmission de nouvelles ressources thérapeutiques
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