25 research outputs found
Perceptions et représentations de l’environnement dans la vallée du fleuve Sénégal. Regards croisés littéraires et géographiques
La vallée du fleuve Sénégal a fait l’objet de nombreuses études de scientifiques, géographes, anthropologues ou sociologues, pointant des transformations profondes des paysages, des milieux et ressources et des pratiques depuis le milieu du XIXe siècle. Ces processus peuvent être éclairés de manière féconde par la littérature circulant oralement dans cette région et que l’on peut considérer comme un discours autochtone sur l’environnement.
En partant de l’hypothèse que cette littérature orale véhicule l’affirmation de valeurs écologiques, et en relativisant certains discours d’experts alarmistes, ces regards croisés peuvent participer à faire émerger de nouvelles pistes d’aménagement de ce territoire et de gestion réellement participative des milieux et des ressources, dans un contexte de désappropriation des populations locales depuis la période coloniale
Le palmier et la palmeraie à Marrakech. Que reste-t-il de l’espace vert qui a fait de la ville une oasis ?
Marrakech, ville impériale marocaine, est l\u27une des plus grandes cités amazigho-arabe de l\u27occident musulman. Edifiée par Youssef Ibn Tachafine en 1062, elle s’est développée sur le modèle classique de la cité jardin (El Faïz, 1996 et 2000).
Cette cité jardin s’insère également dans une oasis, la seule dans cette région au nord du Haut Atlas. L\u27origine et l\u27histoire de cette enveloppe végétale, la palmeraie, paysage artificiel, sont encore très mal connues. Pourtant, dans la plupart des représentations iconographiques et des descriptions d\u27écrivains et voyageurs qui concernent la ville de Marrakech, elle en est indissociable (Chevrillon, 2002 ; Tharaud, 1920).
La ville de Marrakech, première destination touristique du Maroc, a su mettre en avant son cadre paysagé, associant le minéral et le végétal, dont l’élément identitaire le plus fort est la palmeraie.  Cette image, qui perdure depuis la période coloniale, est de plus en plus déconnectée de la réalité, la cité-jardin et l’oasis s\u27estompant au fur et à mesure de l’extension et la densification de la ville dès la période coloniale et depuis l\u27indépendance du pays.
Délimitée et classée patrimoine historique par plusieurs dahirs dès 1929, la palmeraie n’a pas cessé de reculer sous la pression de l’urbanisation et l’empiètement par les infrastructures touristiques (golfs, complexes) et les villas de luxe, particulièrement ces dernières décennies. La palette de végétaux utilisée dans ces lieux, révélant un changement qualitatif dans l\u27évolution des paysages végétaux de la ville, est aussi le reflet d\u27une classe sociale et d\u27une population dont les goûts et les choix remettent en cause "l\u27identité" de la ville ocre, basée historiquement sur un subtil équilibre entre le végétal et le minéral. La composition et l’origine de cet important héritage végétal reflète les différentes influences culturelles qui ont façonné l’identité actuelle de la ville. Le phénomène de gentrification s’accompagne d’un abandon des fonctions nourricières de la palmeraie au profit des fonctions récréatives et paysagères. C’est le palmier qui est protégé et non la palmeraie, qui est devenue un simple décor à haute valeur paysagère et ne renvoie plus à sa première fonction d\u27origine ; celle d\u27un système agricole urbain