Villes et systèmes de villes dans l'économie

International audienceLes villes ont un rôle spécifique dans l'économie, par les diverses formes d'accumulation qui s'y expriment en rapport avec la centralité, et surtout par les relations qu'elles établissent entre des lieux éloignés, dans une dynamique de complémentarité des ressources et de concurrence pour l'innovation. La mesure de cette valeur ajoutée urbaine à la production des richesses est difficile. On en devine toutefois l'ampleur à travers l'analyse des coûts urbains et des principaux processus de leur financement, que ce numéro spécial de la revue d'économie financière a le mérite d'éclairer très précisément

Urban Sprawl: is there a French case?

The extension of urban space has been a world wide process during the last fifty years, certainly linked with the rapid diffusion of technologies, especially individual transportation modes, and with globalisation of many economic and cultural standards. A study of the French case could be taken as representative of a medium situation in Europe. The development of urban sprawl has taken in France both common and original features, which could be coined as an intermediary position of the country between Northern and Southern Europe in a kind of spatial diffusion process. This situation leads to apparent contradictions in the strength of urban expansion : France is a country where the main stage of peri-urbanisation occurred rather late, during the 70's and 80's, but the process of urban sprawl has had more impact than in Spain or even Italy for instance.France is known as a country where urbanisation started later than in other European countries and where the average density of population is still much lower than in most of Europe. Such a context and a combination of social spontaneous trends and policies and regulations have been put forward as the possible explanation of the main specific features of French urban sprawl. Several aspects as the functioning of land market, the dramatic increase of individual mobility, housing policies and land regulations also have contributed to the shaping of the urban extensions. The emergence of a new set of laws for urban governance and urban renewal at the end of the 90's attests that urban policies are now oriented towards a clearer consciousness of the physical and social consequences of urban sprawl. Specific regulation means are now available for a better control of the process.This study however challenges the global diffusion theory of urban sprawl. It would be perhaps too simple to consider that this new way of building cities and organising city life mainly consists in the adoption of a physical urban model and of urban ways of life as they were initiated in the United States of America. There are different urban traditions around the world which reacts in quite different manners to the necessity of adapting to such innovations, according to a path dependent trajectory in the evolution of such complex systems. Future urban forms in France and Europe may keep such an original path

La géographie saurait-elle inventer le futur ?

En interrogeant la notion de changement en géographie, on fait d'abord justice d'une conception qui réduirait cette discipline à une actualisation de l'histoire, au simple enregistrement des modifications engendrées dans l'espace par le mouvement de la société, des politiques et des techniques. On récuse ensuite une représentation trop exclusive des structures géographiques comme expressions d'un passé, héritages qui ne feraient qu'opposer une résistance au changement. Au contraire, certains concepts classiques de la géographie peuvent être sélectionnés comme des outils susceptibles de contribuer à la réflexion de l'ensemble des sciences sur le changement social et d'aider à l'élaboration prospective. Enfin, de nouvelles approches théoriques, qui conçoivent les objets de la géographie comme des entités évolutives, pourraient permettre d'en préciser le rôle en tant qu'adaptateurs sociaux

Systèmes de villes et niveaux d'organisation

Dans les villes comme dans les territoires apparaissent des propriétés émergentes, issues des différentes formes d'échanges et d'interactions qui se produisent entre les acteurs urbains, à plus ou moins longue distance. Ces propriétés sont caractéristiques de l'organisation des villes en réseaux, en systèmes, à des niveaux meso- ou macro-géographiques, Elles contraignent à leur tour les actions sociales comme le devenir de chaque ville, dans la mesure où elles constituent des règles « spontanées » de l'évolution des villes. Certaines de ces propriétés rapprochent les formes d'organisation des systèmes urbains de celles de systèmes physiques, tellement les régularités observées sont générales et universelles. Peut-on alors imaginer les expliquer par de simples modèles dynamiques, certes non linéaires, dont le fonctionnement serait indépendant du temps et des règles propres à chaque société ? On examine comment la structuration des systèmes urbains a pu être décrite par des modèles de croissance stochastique, ou des modèles géométriques (type fractales), ou bien par des modèles économiques a-temporels. On insiste ensuite sur le fait que ces systèmes sont des objets sociaux qu'il importe de considérer dans leur dimension évolutive, par exemple pour interpréter sur la longue durée l'émergence de leur structure et ses transformations, notamment sous l'effet des modifications technologiques de l'espace-temps sociétal, et jusqu'à quel point il faut prendre en compte les accidents marquants de leur histoire pour en comprendre les particularités de forme. La plus grande complexité des interprétations et des modèles suivant cette deuxième voie semble nécessaire, quand il s'agit de tester des hypothèses sur l'évolution future des villes

Lois d'échelle et mesure des inégalités en géographie

L'évaluation habituelle de l'ampleur des inégalités entre des objets dépend de la loi de croissance qu'on leur suppose : si elle est additive, on mesure une différence, si elle est multiplicative, on calcule un rapport. Les mesures habituelles de taux ou de densité, ou encore les indicateurs sociaux par habitant s'appuient sur cette référence à la croissance exponentielle, ou « loi de l'effet proportionnel ». On reste cependant dans l'univers des relations linéaires. Lorsque sont mises en évidence des relations non proportionnelles, par exemple dans le cas des croissances allométriques, des configurations fractales, ou des « lois invariantes d'échelle » (scaling laws) dans les systèmes complexes, la mesure des inégalités doit se référer à d'autres modèles. Ceux-ci ne sont pas encore bien établis, bien qu'ils donnent lieu à de nombreuses métaphores (de l'échelle humaine aux économies d'échelle), ou à des transferts de la notion d'invariance d'échelle, qu'il s'agit d'expliciter. L'enjeu est de relier la mesure des inégalités, non seulement à des lois de croissance, mais aussi à des formes d'organisation dans les systèmes géographiques

Villes, agents et acteurs en géographie

International audienceA propos d'un exemple particulier d'objet géographique, les systèmes de villes, on interroge les premières tentatives de construction disciplinaire de ces objets complexes, afin de préciser quel rôle y jouent les acteurs et comment leurs interventions y sont représentées. On questionne ensuite des représentations plus récentes, qui formalisent les systèmes de villes en termes d'objets complexes évolutifs, en évaluant les performances et les contraintes des outils de modélisation dynamique et de simulation par les systèmes multi-agents associés à ces représentations. On propose une vue critique du paradigme des théories de l'auto-organisation, qui tout à la fois intègrent le niveau des acteurs et dispensent de leur observation précise, à certaines échelles d'analyse. On évoque enfin des pistes de recherche susceptibles d'articuler à chaque niveau les logiques propres des systèmes et des possibilités de leur inflexion par les acteurs

Une approche de la complexité en géographie

article proposé à la revue Géocarrefour en mai 2003Cet article répond à une demande de témoignage sur les références intellectuelles qui ont pu influencer les géographes dans l'orientation de leurs recherches. J'ai choisi d'évoquer celles qui concernent la notion de complexité appliquée aux systèmes sociaux, à partir de mon expérience de modélisation des systèmes de villes, dans une optique géographique. Pour construire une théorie géographique du changement qui ne se limite pas à la simple spatialisation d'une théorie de l'histoire ou des transformations sociales, on propose de formaliser les observations de l'évolution des systèmes spatiaux à l'aide des concepts et des méthodes élaborés par les sciences de la complexité. Au cours des trente dernières années, des avancées des théories physiques de l'auto-organisation, des théories de l'évolution du vivant ou des systèmes cognitifs adaptatifs ont renouvelé notre conception de la dynamique des systèmes, en interrogeant notamment les conditions d'émergence de la nouveauté. La géographie pourrait ainsi proposer une interprétation de la formation et de l'évolution d'entités localisées qui, à côté d'autres réseaux intermédiaires comme les groupes ou les institutions, structurent les interrelations entre les individus et le monde

Systèmes de villes et systèmes de pouvoir en Europe

National audienceL'histoire des systèmes de villes a conduit à découpler progressivement les villes et les pouvoirs. Les villes ont perdu en grande partie la maîtrise de leur devenir. Mais les demandes de régulation associées à la mondialisation conduisent à réviser les modalités de la gouvernance urbaine et favorisent le retour d'initiatives politiques locales

Alternative explanations of hierarchical differentiation in urban systems

The hierarchical differentiation of urban systems has been noticed for a long time and various explanations have been suggested. Among them: an intentional functional organisation for controlling a territory; the application of a spatial economic equilibrium principle; a “purely” random growth process; the statistical addition of Pareto-like elementary phenomena; self-organisation or co-evolution of competing subsystems, without constraint or under space-time optimisation principle. We review these explanations and related methods of analysis, trying to assess their relevance and exploring the possible similarities between urban dynamics and other types of hierarchical complex systems

Cumulativité des connaissances

International audienceEn introduction aux actes du colloque du Groupe Raison et Rationalités, tenu à Arolla (Suisse) en juillet 2004, on rappelle quels sont les principaux problèmes soulevés par la question de la cumulativité des connaissances en sciences sociales, sur les plans institutionnels, techniques et épistémologiques. Des propositions sont faites pour lever ces obstacles, notamment en favorisant la transférabilité des concepts entre les disciplines