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Effets d’une supplémentation en glutamine chez des nageurs de haut niveau
Les athlètes de haut niveau constituent une population bien spécifique qui se distingue
par le suivi d’un entraînement exigeant au volume particulièrement élevé, mais également par
de nombreux voyages, ainsi que par la présence de stress psychologique. La nutrition est un
élément de taille pouvant exercer un impact direct sur la performance, pour laquelle une
planification optimale des apports nutritionnels et la prise d’aides ergogènes détiennent une
importance capitale. Étant donné que cette population est représentée par un bassin de sujets
relativement faible et que leur participation Ă des projets de recherche comporte de nombreux
enjeux méthodologiques, un nombre très restreint d’études est effectué chez les athlètes élites.
Un volume d’entraînement élevé pratiqué de manière chronique serait associé à une
diminution des réserves plasmatiques de glutamine. La glutamine détient de nombreuses
fonctions, dont celle d’agir en tant que substrat énergétique majeur pour les entérocytes ainsi
que pour les cellules immunitaires. On observe paradoxalement une incidence accrue
d’infections des voies respiratoires (IVRS), de même que de troubles gastro-intestinaux (TGI)
chez les athlètes ayant un volume d’entraînement élevé. Parallèlement à ceci, la glutamine a
montré détenir un rôle anti-inflammatoire et de protection pour l’organisme en étant, entre
autres, impliquée dans la sécrétion des protéines de choc thermique (HSP).
Ce projet de recherche est un essai transversal, randomisé, croisé, à simple insu et
contrôlé contre placebo (n = 11, 3 abandons). La collecte de données a eu lieu lors de deux
périodes distinctes durant la saison de compétition de natation (phases A et B), où chaque
participant a reçu le supplément de glutamine ou le placebo lors de la phase A et vice versa lors
de la phase B. Dans le cadre de cette étude, une première hypothèse a été émise à savoir qu’une
supplémentation en glutamine (0,6 g/kg masse maigre) administrée avant (dix jours), pendant
(3 jours) et après (5 jours) une compétition chez des nageurs de haut niveau permettrait en
premier lieu de limiter la baisse de glutamine plasmatique et d’immunoglobines A (IgA)
salivaires engendrée par la compétition. Ensuite, il a été supposé que la supplémentation
permettrait de limiter la présence d’inflammation (protéine C-réactive (CRP) et haptoglobine)
tout en stimulant la production de HSP-72 auprès des participants, en plus de réduire l’incidence
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d’IVRS et de TGI et d’améliorer les indicateurs associés à la récupération (évalués par un
questionnaire, le RESTQ-Sport). Dans un deuxième temps, nous avons posé l’hypothèse qu’une
participation à une compétition de natation pourrait avoir des répercussions physiologiques chez
les nageurs de haut niveau.
Les résultats de cette thèse, obtenus à l’aide d’analyses statistiques traditionnelles et
multivariées non supervisées exploratoires (analyses en composantes principales), n’ont pas
montré d’effets bénéfiques réels auprès des athlètes ayant reçu le supplément de glutamine.
Aucune différence significative n’a été observée entre les groupes expérimentaux quant aux
concentrations plasmatiques de glutamine, IgA salivaires, CRP, haptoglobine et HSP-72. Les
valeurs du RESTQ-Sport ont été faiblement influencées par la supplémentation. Bien que la
somme de sévérité des huit symptômes d’IVRS semblait réduite chez le groupe ayant reçu le
supplément, très peu d’athlètes auraient contracté une réelle infection, selon la définition
utilisée. L’incidence de troubles gastro-intestinaux a seulement été significativement réduite lors
de la phase B du projet chez le groupe supplémenté. En ce qui concerne les effets de la
compétition, aucune différence n’a été observée entre les paramètres mesurés avant et après la
compétition.
En conclusion, une supplémentation chronique en glutamine administrée avant, pendant
et après une compétition de natation ne semble pas avoir eu d’effets bénéfiques chez le groupe
supplémenté. Toutefois, étant donné la présence de plusieurs contraintes méthodologiques
survenues en cours d’étude, découlant de la réalité du contexte sportif de haut niveau, il serait
inexact d’affirmer l’inefficacité d’une supplémentation en glutamine chez les nageurs élites. Les
difficultés rencontrées soulignent encore plus la complexité associée à l’étude de cette
population bien spécifique, mais elles n’en expriment pas moins son importance. Ainsi, lors
d’études futures, il sera primordial de vérifier les effets d’une supplémentation en glutamine
toujours auprès d’une population d’athlètes élites, mais afin de pallier à la variabilité intra- et
inter-individuelle observée dans ce type de réponse, la fréquence et le nombre de mesures
devront être augmentés.Elite athletes are a very specific population characterized by a particularly rigorous and
strenuous training schedule, numerous trips abroad, and the experience of psychological stress.
Nutrition is undoubtedly a sizeable element that can have a direct impact on performance.
Optimal periodization of nutritional intakes and the use of ergogenic aids is of paramount
importance. Given that this group is represented by a relatively small pool of subjects and its
participation in research projects involves many methodological challenges, very few studies
have been conducted amongst this type of athlete.
Intense training executed at a chronic level is linked to a decrease in plasma reserves of
glutamine. Glutamine has many functions, including that of acting as a major energy substrate
for enterocytes and immune cells. Studies paradoxically observed an increase in the incidence
of respiratory tract infections (URTI) as well as gastrointestinal disorders (GD) in elite athletes.
In addition, they showed that glutamine plays an anti-inflammatory role and, as it is involved in
the secretion of heat shock proteins (HSP), essentially serves as a source of protection for the
body.
This study was a cross-sectional, randomized, crossover and single-blinded controlled
trial with a placebo (n = 11, 3 dropouts). Data collection took place during two distinct periods
of the swimming competition season (phases A and B). Each participant received either the
glutamine supplement or placebo during phase A and vice versa during phase B. The initial
hypothesis stipulated that supplements with glutamine (0.6 g/kg fat-free mass) administered
amongst elite swimmers before (ten days), during (three days), and after (five days) a
competition would limit the plasma glutamine and salivary immunoglobulin A (IgA) drop
caused by the competition. Also, it was assumed that supplementation would limit the presence
of inflammation (C-reactive protein and haptoglobin) while stimulating the production of HSP-
72, reducing URTI and GD incidence and positively affecting indicators associated with
recovery (assessed by a questionnaire: the RESTQ-Sport). As a second hypothesis, it was
stipulated that the competition would have a physiological impact on the athletes.
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The results of the trial, derived from traditional statistics and exploratory unsupervised
multivariate statistical analyses (principal component analysis), showed no associated benefits
for the athletes who received the glutamine supplement. No significant differences were
observed between experimental groups in regards to concentrations of plasma glutamine,
salivary IgA, CRP, haptoglobin and HSP-72. The RESTQ-Sport values were slightly influenced
by the supplement, however. Although the sum of eight URTI severity symptoms appeared
reduced in the group who received the upplement, very few athletes had contracted an actual
infection, according to the definition used. Within the supplemented group, the incidence of
gastrointestinal disorders was only significantly reduced in Phase B of the project. Lastly, with
regards to the impacts of competition, no significant differences were compiled before and after
competition measures.
In summary, chronic supplementation of glutamine administered before, during, and
after a swimming competition does not appear to have any benefits on the supplemented group
of swimmers. However, given the presence of several methodological limitations beyond the
study’s control and stemming from the nature of competitive sports, it would be incorrect to
assert the ineffectiveness of glutamine supplementation on elite swimmers. These challenges
further emphasize the complexity associated with the study of this very specific group. Thus, in
subsequent research projects, verifying the effects of glutamine supplementation on an elite
group of athletes will continue to be of the utmost importance. Given the complexity of
obtaining a large homogenous sample size, increasing the frequency of measures will be
necessary in order to compensate for large intra- and inter-individual variability in responses