13 research outputs found

    Nawāzil de l’Ouest saharien (xviie‑xxe siècles) : une tradition jurisprudentielle africaine

    No full text
    Vers le xviie siècle, un réseau de foyers d’érudition musulmane s’est établi dans l’espace désertique s’étendant de nos jours sur les territoires de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Maroc. Ces foyers trouvent leur place tant dans des contextes oasiens que dans des milieux nomades. Leur essor donne lieu à l’émergence d’importantes traditions littéraires, notamment en matière de droit musulman. La remarque vaut plus particulièrement pour les collections de fatwas (nawāzil). L’intérêt de ces collections réside dans le fait qu’elles documentent, avec une richesse de détails insoupçonnée, la façon dont un corps de juristes musulmans entre en interaction avec son environnement. L’ancrage de nombreuses fatwas dans des contentieux locaux permet d’écrire une histoire culturelle et sociale de l’Ouest saharien à partir de voix endogènes. De plus, les nawāzil témoignent de la genèse d’une tradition jurisprudentielle vernaculaire dans le cadre de l’école malikite.From the later Middle Ages onwards, a dense network of places of Islamic learning emerged in the Western Sahara including the territories of present‑day Algeria, Mali, Mauritania and Morocco. The constitution of a class of full‑fledged Muslim literati in both sedentary and nomadic settings gave rise to the development of important local literary traditions, especially in the field of Islamic law. In particular it is in the numerous fatwa collections (nawāzil) that the integration of Muslim scholarship within the Saharan cultural milieu is most perceptible. Documenting local legal practice, these collections allow to reconstruct how Muslim scholars engaged with their environment and, thereby, provide us with a unique access to the cultural and social history of the region. Moreover, the nawāzil literature attests to the creative appropriation of Islamic legal reasoning and the constitution of a local tradition of jurisprudential thought within the framework of the mālikī school of law

    Les Jours du Makhzen : levée d’impôt et relations communautaires dans les oasis du Touat (Sud algérien), 1700-1850

    No full text
    À partir d’une série de recueils de fatwas inédits, compilés entre 1700 et 1850 et provenant des oasis du Touat dans l’extrême Sud de l’actuelle Algérie, cet article propose une réflexion sur les modes de gouvernance et d’exercice de pouvoir dans les zones rurales du Maghreb précolonial, souvent envisagées comme des espaces « sans État » dont l’histoire politique se résume aux cycles de conflits et d’alliances entre groupes « tribaux » et dont l’histoire institutionnelle est essentiellement celle du règne de la coutume. Afin de questionner ce modèle, nous étudions l’impact du passage des colonnes expéditionnaires envoyées par les sultans du Maroc pour collecter l’impôt sur le tissu relationnel à l’intérieur des villages de la région. Comment les oasiens réagissent-ils face aux exigences fiscales d’un souverain lointain dont les agents font soudainement irruption dans un système d’administration communautaire, dominé par une oligarchie de notables autochtones largement autonomes ? L’enjeu est de comprendre les logiques internes d’un ordre socio-politique qui, un demi-siècle plus tard, est soumis à l’épreuve de la conquête coloniale.Drawing on a series of unedited fatwa collections compiled between 1700 and 1850 inthe oases of Tuwat in present-day southern Algeria, this article provides a reflection on modes of governance and ruling within the rural areas of pre-colonial Maghrib. These areas are most often envisioned as “stateless” spaces, whose political culture merely articulates patterns of conflict and alliance between “tribal” groups, and whose institutional history is barely more than an expression of the rule of custom. We intend to challenge these assumptions by examining tax-collection expeditions sent by the sultans of Morocco, and their impact on social relations in local village communities. How did people react to the fiscal demands of a distant ruler whose agents made a sudden irruption into a social order based on communal self-government and dominated by a largely autonomous oligarchy of local notables? Our aim is to explore the internal dynamics of a socio-political order that, only half a century later, would be confronted with the imposition of French colonial rule.Basierend auf einer Serie unveröffentlichter Fatwa Kollektionen aus den Touat-Oasen, im heutigen Süden von Algerien, die zwischen 1700 und 1850 zusammengestellt wurden, bietet dieser Artikel eine Reflexion der Formen des Regierens und der Machtausübung in den ländlichen Gebieten des prä-kolonialen Maghreb. Letztere werden oft als „staatenlose“ Räume betrachtet, deren politische Geschichte hauptsächlich aus Konflikten und Allianzen zwischen Stämmen besteht, und deren Institutionen einzig auf Bräuchen beruhen. Der Artikel stellt diese Vermutungen in Frage, in dem die Wirkungen der vom marokkanischen Sultan eingesetzten Expeditionen zur Steuereintreibung auf die lokalen Dorfgemeinschaften erforscht werden. Wie haben die Einwohner auf die steuerlichen Forderungen eines weit entfernten Herrschers reagiert, der plötzlich in ein autochthones Verwaltungssystem eingreift? Das Ziel dabei ist, die internen Dynamiken einer sozio-politischen Ordnung, die kaum ein halbes Jahrhundert später mit Kolonialismus konfrontiert wird, zu verstehen

    La pratique du ṣulḥ dans les oasis du Grand Touat : justice consensuelle et juridiction islamique dans une société saharienne du xviiie siècle

    No full text
    Pendant les siècles de l’époque moderne (xve-xviiie siècle), les oasis du Grand Touat dans l’extrême Sud de l’Algérie se développent jusqu’à devenir un des principaux pôles de l’érudition musulmane au Sahara. La cristallisation de milieux lettrés s’accompagne de la formation d’une juridiction islamique au niveau régional. L’article s’attache à étudier le fonctionnement de cette juridiction à travers une analyse des usages de l’institution du compromis (ṣulḥ). Empiriquement, une telle enquête est rendue possible par l’existence d’une série de recueils de jurisprudence compilés par des lettrés locaux entre 1750 et 1850. À partir des matériaux confinés dans ces recueils, nous montrons comment le ṣulḥ s’intègre aux procédures judiciaires comme complément indispensable à l’émission de jugements (ḥukm). Il apparaît par ailleurs que les affrontements judiciaires s’inscrivent dans le contexte d’une société oasienne travaillée par le poids de structures tribales et l’absence d’un pouvoir étatique centralisé.During the early modern period (fifteenth-eighteenth centuries), the oasis of Tuwāt in present-day southern Algeria became one of the most important centers of Islamic learning in the Sahara. The spread of scholarship across the oasis accompanied the formation of powerful Islamic legal institutions operating at a regional level. This article analyzes the work of these institutions by focusing on the practice of compromise settlements (ṣulḥ). Empirically, our research is based on the close examination of a series of comprehensive collections of casuistic jurisprudence (nawāzil) compiled by local scholars between 1750 and 1850. The extraordinary richness of the materials conserved in these collections allows us, on the one hand, to show how the ṣulḥ was integrated into judicial decision-making processes as a device to complement and support legal rulings (ḥukm). On the other hand, we seek to illustrate how litigation was embedded in social relations marked by tribal structures and decentralized political power

    Écrire l’histoire de l’islam moderne et contemporain

    No full text

    Faire connaître l'Histoire culturelle et juridique de l'Islam: Une ambition de l'Institut de recherche et d'histoire des textes

    No full text
    National audienceMieux connaître l’Islam dans ses dimensions historiques, culturelles et dogmatiques est un enjeu politique et social majeur dans le climat actuel de peur et de confrontation. Seule la connaissance peut permettre de dissocier les facteurs socio-politiques du terrorisme actuel de l’héritage culturel et identitaire des musulmans dans toutes ses dimensions.Élargir les bases de notre savoir historique, tel est le but des membres de la section arabe de l’Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT, UPR841, CNRS). Leurs projets explorent, avec une pluralité de méthodes, divers aspects de l’histoire des sociétés musulmanes, sur la base de sources méconnues ou inédites — manuscrites, imprimées ou numériques.Ce pôle de compétence scientifique a été renforcé par le recrutement récent de deux nouveaux chercheurs

    Usages, besoins et projets de la communauté scientifique (1/2): École de printemps du GIS MOMM

    No full text
    Les études maghrébines et les humanités numériques ont été identifiées parmi les priorités de la politique scientifique du GIS MOMM, mettant en œuvre les axes stratégiques du CNRS et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche en matière de sciences humaines et sociales (plans SHS 2020 et 2021). Parmi les initiatives destinées à structurer le champ des études sur le Maghreb, les humanités numériques constituent un volet important pour compenser deux retards identifiés par le livre blanc de septembre 2020 (Vers la science ouverte ? La transition numérique et la recherche sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans en France) : le référencement des ressources documentaires sur le Maghreb présentes en France et le développement des techniques de reconnaissance des caractères manuscrits (HTR) pour les langues non latines, en particulier l’arabe. Le projet DigiMagh, débuté en 2020, répond au premier objectif. Une première saison de hackathons, organisée au sein de la BULAC par Noëmie Lucas, en partenariat avec Calfa, a donné une preuve de concept pour un modèle de reconnaissance automatique du texte de manuscrits maghrébins du fonds de la BULAC.Une seconde saison de hackathons, actuellement en cours, est destinée à renforcer la polyvalence et la robustesse de ce premier outil, à partir du dataset Rasam déjà établi en 2021. La résidence numérique de Noëmie Lucas à la BULAC a abouti à la rédaction d’un rapport sur la reconnaissance automatique des écritures en alphabet arabe ; celui-ci souligne la rareté des projets scientifiques intégrant des techniques d’HTR ou d’OCR en France, notamment autour des manuscrits historiques. Il met en lumière le double besoin de formation et de formalisation d’une demande scientifique pour ces technologies qui se développent très rapidement dans le monde.Les trois journées de rencontre et d'atelier, organisées à la BULAC et au Campus Condorcet, visent à confronter les possibilités offertes par ces avancées technologiques, l'actualité de la recherche et les ressources proposées par les bibliothèques françaises.Programme détaillé :Le tournant numérique au Maghreb et en Afrique de l'Ouest (9h30-11h)Modérateur : Robert Alessi (UMR 8167 – Orient et Méditerranée)00:04:04 Élise Voguet (CNRS, IRHT), « Numérisation et océrisation des manuscrits de nawāzil du Touat (Algérie) : mise en valeur d'un patrimoine menacé »00:39:20 Ismail Warscheid (CNRS, IRHT), « L’héritage littéraire de l’Islam en Afrique de l’Ouest à l’ère du numérique : défis et perspectives » La reconnaissance des caractères : usages historiques et philologiques (11h30-13h)Modérateur : Jean-Charles Coulon (CNRS, IRHT)01:32:14 Clément Salah (Sorbonne Université – UMR 8167 / Université de Lausanne – IHAR), Chahan Vidal-Gorène (ENC, Calfa), « Nouveaux développements pour l’HTR des écritures arabes archaïques : exemple des manuscrits de Kairouan »02:13:40 Elhoussaine Oussiali (CNRS-Unistra), « Les manuscrits maghrébins sous le regard berbère. Apport de la philologie et des humanités numériques

    Usages, besoins et projets de la communauté scientifique (1/2): École de printemps du GIS MOMM

    No full text
    Les études maghrébines et les humanités numériques ont été identifiées parmi les priorités de la politique scientifique du GIS MOMM, mettant en œuvre les axes stratégiques du CNRS et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche en matière de sciences humaines et sociales (plans SHS 2020 et 2021). Parmi les initiatives destinées à structurer le champ des études sur le Maghreb, les humanités numériques constituent un volet important pour compenser deux retards identifiés par le livre blanc de septembre 2020 (Vers la science ouverte ? La transition numérique et la recherche sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans en France) : le référencement des ressources documentaires sur le Maghreb présentes en France et le développement des techniques de reconnaissance des caractères manuscrits (HTR) pour les langues non latines, en particulier l’arabe. Le projet DigiMagh, débuté en 2020, répond au premier objectif. Une première saison de hackathons, organisée au sein de la BULAC par Noëmie Lucas, en partenariat avec Calfa, a donné une preuve de concept pour un modèle de reconnaissance automatique du texte de manuscrits maghrébins du fonds de la BULAC.Une seconde saison de hackathons, actuellement en cours, est destinée à renforcer la polyvalence et la robustesse de ce premier outil, à partir du dataset Rasam déjà établi en 2021. La résidence numérique de Noëmie Lucas à la BULAC a abouti à la rédaction d’un rapport sur la reconnaissance automatique des écritures en alphabet arabe ; celui-ci souligne la rareté des projets scientifiques intégrant des techniques d’HTR ou d’OCR en France, notamment autour des manuscrits historiques. Il met en lumière le double besoin de formation et de formalisation d’une demande scientifique pour ces technologies qui se développent très rapidement dans le monde.Les trois journées de rencontre et d'atelier, organisées à la BULAC et au Campus Condorcet, visent à confronter les possibilités offertes par ces avancées technologiques, l'actualité de la recherche et les ressources proposées par les bibliothèques françaises.Programme détaillé :Le tournant numérique au Maghreb et en Afrique de l'Ouest (9h30-11h)Modérateur : Robert Alessi (UMR 8167 – Orient et Méditerranée)00:04:04 Élise Voguet (CNRS, IRHT), « Numérisation et océrisation des manuscrits de nawāzil du Touat (Algérie) : mise en valeur d'un patrimoine menacé »00:39:20 Ismail Warscheid (CNRS, IRHT), « L’héritage littéraire de l’Islam en Afrique de l’Ouest à l’ère du numérique : défis et perspectives » La reconnaissance des caractères : usages historiques et philologiques (11h30-13h)Modérateur : Jean-Charles Coulon (CNRS, IRHT)01:32:14 Clément Salah (Sorbonne Université – UMR 8167 / Université de Lausanne – IHAR), Chahan Vidal-Gorène (ENC, Calfa), « Nouveaux développements pour l’HTR des écritures arabes archaïques : exemple des manuscrits de Kairouan »02:13:40 Elhoussaine Oussiali (CNRS-Unistra), « Les manuscrits maghrébins sous le regard berbère. Apport de la philologie et des humanités numériques

    Femmes et droit dans les Afriques musulmanes

    No full text
    Dans les Afriques musulmanes, les réformes juridiques relatives à l’égalité des sexes confrontent les États à une problématique similaire : se conformer aux standards internationaux de non-discrimination tout en préservant les normes coutumières et religieuses. Ces processus révèlent combien les règles de droit ne sont pas neutres mais le fruit d’une lutte entre différents acteurs sociaux et politiques, dans laquelle les femmes prennent toute leur part. À la fois cibles et actrices des réformes, elles ont recours à des argumentaires et répertoires d’action tributaires de la diversité des architectures juridiques et politiques des pays concernés, de la place que la loi islamique y occupe, mais aussi des domaines du droit en jeu ou encore de l’ancrage historique des mobilisations de femmes. En considérant les processus de réforme à partir d’une triple perspective (mise à l’agenda, mobilisations, application), les textes de ce numéro s’attachent à analyser le degré d’influence des normes internationales, les spécificités des mobilisations juridiques des femmes dans ces pays à majorité musulmane, mais aussi le rôle que peut jouer — ou non — le droit dans la reconfiguration des rapports de genre. En contextualisant les appels contemporains à l’application de la charia comme ressource ou contrainte pour la réforme, les contributions analysent également la norme islamique en restituant son historicité et ses appropriations plurielles dans les Afriques musulmanes. In Muslim Africas, legal reforms regarding gender equality confront states with a similar challenge: complying with non-discrimination international standards while preserving customary and religious norms. Such processes reveal how legal rules are not neutral but arise from a struggle between different social and political actors, in which women play their full part. Both targets and actors of these reforms, they resort to arguments and “repertoires of action” that depend on the diversity of the legal and political architectures of the countries concerned, on the place Islamic law occupies therein, but they also differ according to the areas of law involved and the historical roots of women’s mobilizations in that country. By grasping the reform processes from a triple perspective (agenda setting, mobilizations, implementation), the contributions to this issue attempt to analyze the degree of influence of international standards, the specificities of women legal mobilizations in these predominantly Muslim countries, but also the role that law may—or may not—play in the reconfiguration of gender relations. By contextualizing contemporary calls for the application of the sharia as a resource or a constraint for reforms, the contributions also offer an analysis of the Islamic norm which restores its historicity and the plurality of its appropriations in Muslim Africas
    corecore