10 research outputs found

    L'entreprise et le politique

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    Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2013-2014.Les développements récents en éthique des affaires apportent une lumière nouvelle à l’épineuse question de la responsabilité sociale des entreprises. Selon la théorie des parties prenantes, les intérêts de ceux qui affectent et sont affectés par les activités d’une entreprise doivent être pris en compte dans les décisions managériales de celle-ci. La version forte de cette théorie s’avère inefficiente, tandis que la version faible se montre insuffisante. L’angle d’approche qui satisfait le mieux les critères d’efficience et de légitimité, et qui procure le juste équilibre entre la nature privée de l’entreprise et sa dimension publique, est la voie politique : la tâche revient aux citoyens de fixer, par l’entremise de l’État démocratique, le cadre à l’intérieur duquel les entreprises poursuivront leurs activités économiques. Cette perspective institutionnelle est mise au défi par les développements de la mondialisation économique, mais doit seulement être adaptée. D’une part, puisque l’État national recule face à des pressions idéologiques bien plus qu’à de prétendus impératifs économiques, son pouvoir d’intervention doit être réhabilité, d’autant plus qu’il n’est pas à court de moyens pour contraindre les activités des multinationales. D’autre part, pour compenser la faiblesse et la dispersion des sphères de régulation transnationales, il nous faut miser sur le renforcement de la légitimité et de l’efficacité d’institutions transnationales fédératrices, actuellement incarnées dans les agences de l’ONU

    Le temps de l'équité : justice sociale, environnement et générations futures

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    Le contexte actuel de la crise environnementale et climatique rend plus nécessaire que jamais une réflexion philosophique sur l’étendue temporelle de la justice : avons-nous des obligations de justice envers les générations futures? Si oui, pourquoi? Quelle forme prennent ces obligations, et comment les respecter aujourd’hui? En réponse à ces questions, cette thèse tente de fonder une philosophie politique des enjeux intergénérationnels et environnementaux – tout en ouvrant le dialogue avec les sciences sociales – et soutient plus précisément une forme d’équité intergénérationnelle requérant elle-même, pour sa mise en oeuvre, une forme d’égalitarisme intra-générationnel. Nous défendons que l’équité intergénérationnelle repose sur une forme de réciprocité multilatérale : alors que les générations futures éloignées nous procurent un horizon de sens, notamment en respectant un certain devoir de mémoire, les générations actuelles doivent assurer une forme de durabilité écologique pour la postérité. Nous clarifions la notion de « durabilité » en mettant en relief la « question difficile de la durabilité », qui oppose l’importance normative relative du patrimoine naturel à l’importance normative relative du capital technique. Face à cette question, plusieurs réponses sont examinées de façon critique, comme l’idée selon laquelle notre patrimoine naturel aurait une valeur culturelle mnémonique. Le principal argument développé pour soutenir une version forte de la durabilité repose sur la valeur coopérative du patrimoine naturel : en tant que liant social et soutien aux personnes défavorisées, l’environnement favorise la coopération sociale. Quel design institutionnel pourrait respecter ces exigences de la durabilité forte? Le marché du carbone est perçu par plusieurs comme étant efficient et potentiellement équitable. Nous arguons que plusieurs caractéristiques du marché du carbone font en sorte que, selon toutes probabilités, les entreprises privées auront à la fois le pouvoir et la volonté de manipuler ce système à leur avantage économique court-termiste. Nous explorons plutôt la possibilité de rénover les démocraties modernes par l’introduction d’une chambre tirée au sort et délibérative, qui permettrait de réaliser une plus grande égalité politique entre concitoyens, et aurait différents avantages du point de vue de la durabilité.In the current context of environmental and climate crisis, philosophical reflection on the temporal scope of justice is more necessary than ever. Do we have obligations of justice toward future generations? If so, why? How should we characterize these obligations, and how can we meet them? In the face of these questions, this dissertation tries to ground a political philosophy of environmental and intergenerational issues – while opening up a dialogue with social sciences. In particular, it defends a form of intergenerational fairness that itself requires, for its implementation, a form of intra-generational egalitarianism. I argue that intergenerational fairness rests on a form of multilateral reciprocity: while distant future generations provide us with a horizon of meaning, notably by respecting a certain duty of memory, present-day generations must secure a form of ecological sustainability for posterity. I clarify the notion of « sustainability » by highlighting the "though question of sustainability", which opposes the relative normative importance of natural heritage and the relative normative importance of technical capital. Facing this question, various answers are critically examined, such as the idea that our natural heritage has a cultural mnemonic value. The main argument developed in order to support a strong version of sustainability rests on the cooperative value of natural heritage: as a social binder and support for the disadvantaged, nature facilitates cooperation. What institutional design could meet the requirements of strong sustainability? Carbon markets is often seen as an efficient and potentially equitable mechanism. I argue that many characteristics of carbon markets explain why private corporations are likely to have both the power and willingness to manipulate this system to their own short-term economic advantage. I rather explore the possibility of renewing modern democracies by introducing a deliberative randomly-selected chamber, that would realize a greater political equality between co-citizens, and that would reap multiple advantages from the standpoint of sustainability

    Coopération, patrimoine cognitif et justice mondiale

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    Dans le sillage de la pensée rawlsienne, plusieurs défenseurs du « coopérativisme » soutiennent que l’étendue de la justice est strictement nationale et non mondiale. Dans cet article, nous défendons l’idée que la coopération internationale, malgré son caractère tantôt informel, tantôt imparfait, n’en est pas moins fondamentale, et qu’elle génère bel et bien une exigence égalitaire. Nous appuierons cette thèse par un examen attentif du rôle joué par le patrimoine cognitif mondial. Dans l’économie du savoir qui est la nôtre, ce qui fait la richesse d’une société est l’ensemble de ses savoir-faire, techniques productives, etc. Mais le savoir est un bien public mondial puisque son partage ne s’arrête pas aux frontières nationales. Ainsi, la simple possibilité de créer la moindre richesse – au niveau prétendument « national » – dépend d’entrée de jeu d’un produit coopératif mondial.In the aftermath of rawlsian thought, many proponents of "cooperativism" defended that the scope of justice was strictly domestic and not global. In this paper, I defend the idea that international cooperation, despite its being sometimes informal and sometimes imperfect, is nonetheless fundamental and thus effectively generates obligations of equality. I defend this thesis by examining the role played by our global cognitive heritage. In our knowledge-based economy, what makes the wealth of a society is its skills, productive techniques, etc. But knowledge is a global public good since its sharing does not stop at national borders. Hence, the mere possibility of producing the slightest good – at the presumably "domestic" level – depends from the start on a global cooperative product

    Carbone Inc. : risques et promesses du marché du carbone

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    Dans la lutte contre les changements climatiques, les marchés du carbone sont vantés pour leur efficience, leur réalisme et leur équité. Le présent article vise à examiner de façon critique ces arguments à la lumière de certains écueils éthiques : un marché du carbone nourrit une forme d’hubris climatique, et consiste en un mécanisme complexe, partisan, opaque, qui s’applique à de grandes entreprises dotées de moyens économiques, politiques et informationnels étendus. Selon toute probabilité, les acteurs régis par un marché du carbone auront le pouvoir de manipuler ce mécanisme à leur avantage économique court-termiste. Un examen attentif du marché du carbone québécois permet de corroborer ce point de vue.In the fight against climate change, carbon markets are praised for their efficiency, their realism and their fairness. This paper aims at examining critically these arguments in light of some ethical risks: a carbon market feeds a kind of climate hubris, and constitutes a complex, partisan, opaque mechanism that tries to regulate large corporations endowed with significant economic, political and informational power. In all likelihood, the actors regulated by a carbon market will have the power to manipulate the system to their economic short-term advantage. A careful analysis of Quebec’s carbon market corroborates this point of view

    A Randomly Selected Chamber: Promises and Challenges

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    This paper explores the idea of a randomly selected chamber of representatives (RSC) through an appreciation of the promises it offers and the challenges it would face. We identify two main promises: a RSC could offset the aristocratic character of elections, thereby increasing the legitimacy of the political system; and it could increase democracy’s epistemic potential, thanks to gains in terms of diversity, deliberations, humility, and long-term perspective. We then discuss four key challenges. First, participation: how can the chamber have diversity without mandatory participation or heavy sanctions? Second, how can we conceive or build legitimacy for this non-elected and somehow unaccountable chamber’s views? Third, independence: how to safeguard randomly selected people from corruption? Finally, there may be a linguistic challenge: if the RSC has a deliberative role, how should it cope with the possible linguistic diversity of its members? We conclude that these challenges are not insurmountable, but reveal some trade-offs that cannot be entirely dissolved

    The green case for a randomly selected chamber

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    One of the greatest challenges facing current generations is the environmental and climate crisis. Democracies, so far, have not distinguished themselves by their capacity to bring about appropriate political responses to these challenges. This is partly explicable in terms of a lack of state capacity in a globalized context. Yet we also argue that election-centered democracies suffer from several flaws that make them inapt to deal with this challenge properly: youth is not appropriately represented; parliaments suffer from a lack of diversity; elected representatives’ time-horizon is too narrow; anti-regulation lobbies have too much influence. Considering this, we argue for rejuvenating our democratic systems by introducing a randomly selected legislative chamber, which would be permanently integrated to our political systems and would play a deliberative and scrutinizing role. We have identified four eco-political arguments in favor of such reform. The generational rebalancing argument, which we examine first, has some plausibility but is not the strongest. The other three arguments – its eco-epistemic promises; its wider time horizon; and the independence of its members from short-term corporate interests – however, appear to us to be much more convincing

    A Randomly Selected Chamber: Promises and Challenges

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