29 research outputs found

    Récits de conversion des XVIe et XVIIe siècles Discours confessionnel et expérience individuelle

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    Les conversions de l'une à l'autre Églises sont, au siècle des réformations (vers 1520-vers 1650), l'un des enjeux mais aussi l'un des moyens du combat confessionnel. C'est pourquoi beaucoup donnent lieu à l'impression d'un récit dans lequel le converti explique « les raisons qui l'ont mu ». Celles-ci sont essentiellement dogmatiques, et l'expérience singulière de conversion n'est guère exprimée dans ce type de textes. Le converti ne semble pas faire autre chose que dire, avec les mots du groupe qui l'accueille, ce que celui-ci attend de lui. À tel point que les récits paraissent interchangeables. Le recours au stéréotype est-il seulement le fait d'une époque où l'individu n'a guère droit de cité ? Ou bien peut-on penser qu'il est inhérent au christianisme lui-même ? La conception chrétienne du salut, en effet, apparaît bien ambivalente : pensé comme purement individuel, il ne saurait pourtant, assure-t-on, se produire hors de la communauté ecclésiale

    L'anticléricalisme croyant : de l'oxymore à l'anthropologie du vivre religieux

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    Présentation des enjeux d'une enquête collective (2000-2004) visant à aborder le vivre religieux sous l'angle anthropologique

    La temporisation au temps des confessions: Le paradoxe du cas de l'Église réformée de Troyes d'après l'Histoire ecclésiastique de Nicolas Pithou

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    Actes du colloque de Troyes d'avril 1998On peut être converti au protestantisme, dans la France des années 1560 et 1570 tout en retardant son engagement confessionnel, pour une série de causes dont l'étude de la communauté protestante de Troyes aide à saisir la complexité et la diversité. À ce compte, l'emploi du terme de « temporiseurs », plus fréquent au XVIe siècle que celui de « nicodémites » que Calvin n'a pas su lancer (... jusqu'à ce que les historiens du XXe siècle s'en emparent !), se charge d'un sens supplémentaire : le temporiseur n'est pas seulement celui qui se conforme au temps, mais aussi celui qui temporise. L'hypothèse avancée dans le cas troyen est un retard par rapport à l'évolution de la confession réformée à la genevoise, car si la sensibilité religieuse des protestants de Troyes les y incline, ces derniers ne parviennent pas à accepter toutes les conséquences « confessionnelles » d'une telle option. Et en ce sens, ils se révéleraient plus « pré-confessionnels » que proprement « confessionnels »

    Être protestant: L'exil, paradigme identitaire des réformés français au XVIe et dans la première moitié du XVIIe siècle

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    Comment définir l'identité des protestants français des années 1520-1685 ? Sans doute en cumulant trois types d'approches : sociologique ou socio-politique ; politique ou socio-politique ; enfin proprement religieuse, cette troisième démarche mettant elle-même en œuvre trois éclairages complémentaires, dogmatique, liturgique, enfin relevant plus expressément de la sensibilité religieuse. Au terme de cette étude, on constate qu'être protestant a été, au-delà des dogmes et des appareils ecclésiaux, une expérience irréductible : celle d'un rapport central à l'Écriture sainte, impliquant qu'on soit toujours ici-bas mais aussi déjà dans les temps de la promesse, qu'on revive les temps apostoliques tout en préparant déjà la Parousie prochaine, bref l'expérience d'un exil ici-bas, dans les réalités charnelles, dans le monde du péché, exil imposé mais actif et constructif, comme celui de Jonas à Ninive, ou celui de Robinson sur son île, qu'invente au début du XVIIIe siècle le puritain anglais Daniel Defoe

    Les causes de la Réforme : une question reposée

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    On s'est beaucoup interrogé sur le pourquoi de la Réforme et les réponses n'ont pas manqué, mettant en œuvre l'histoire politique, l'histoire économique, l'histoire sociale, ou socio-culturelle, de l'Occident au XVIe siècle, et plusieurs de ces réponses se sont révélées fort pertinentes. Il paraît toutefois possible à l'historien du fait religieux de reposer encore la question, en la resituant dans ce « temps des Réformes » élargi en 1975 par Pierre Chaunu à la période s'étendant du XIIIe au XVIe siècle, et en convoquant l'histoire des mentalités occidentales, sans toutefois confondre des effets, tels l'anticléricalisme ou la montée de l'esprit laïc, avec des causes plus profondes – et plus anciennes. On peut certes décrire les sensibilités religieuses concurrentes, voire mettre en évidence la diversité des mouvements de Réforme, y compris l'« évangélisme » des années 1520-1550 et les réformes avortées, notamment érasmienne, qui constituent autant de virtualités inabouties de l'histoire religieuse du XVIe siècle, mais il paraît clair que cette chronologie restreinte pose quelque problème à l'historien du fait religieux car il risque de prendre pour des causes des effets, tels la croyance de plus en plus vive en la justification par la foi seule ou le développement tridentin, par réaction au protestantisme, d'une médiation ecclésiale vite devenue cléricale. L'éclairage proposé, loin de prétendre invalider ou remplacer les autres approches, tout particulièrement sociales, socio-politiques, socio-culturelles, de la Réforme, vise bien plutôt à les compléter

    Des exégètes du XVIe siècle Face à la conversion et à l'apostasie

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    Les exégètes catholiques et protestants ont-ils produit, au cours du XVIe siècle, des discours confessionnels opposés ? Pas en tous cas à propos des lieux évangéliques de la conversion et de l'apostasie. Certes, surtout à partir des années 1540-1550, les exégètes catholiques et protestants rendent compte dans leurs commentaires de la rupture confessionnelle, mais d'une manière somme toute semblable, d'un côté comme de l'autre. Cela est vrai même à propos de l'épisode du reniement de Pierre, et on est étonné qu'il faille attendre Antoine Arnauld et Blaise Pascal, au siècle suivant, pour que l'exégèse de ce passage s'inscrive dans le débat sur la grâce

    Entre réalité et illusions : la Via media anglaise au temps de la Réforme: Anachronisme ou continentocentrisme ?

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    Actes du séminaire PolysémiesIl semble difficile de comprendre la réalité de la Réforme anglaise avec des catégories et des notions forgées pour l'étude de la Réforme continentale. Il est, à la réflexion, tentant de croire qu'il ne s'agit là que d'anachronisme, la Réforme en Angleterre s'étant étirée sur plus d'un siècle. Mais au fond, n'a-t-on pas affaire bien plutôt à une véritable différence de nature ? Toute histoire visant à comparer des situations nationales différentes devrait tenir compte de la singularité de chacune d'entre elles. Et la notion d'originalité devrait être introduite de manière plus nette dans tout essai d'histoire européenne comparée

    Quitte-t-on jamais une religion ?: Les réformés français et le « papisme » (XVIe-XVIIe siècles)

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    Cet article présente un nouvel élément de l'étude de l'anthropologie réformée que j'ai entreprise. Le rapport de minoritaires à la religion majoritaire renvoie en effet à l'ambivalence même de ce « papisme », tout à la fois repoussoir extérieur et menace intérieure incessante, puisqu'il apparaît que, pour les réformés français des XVIe et XVIIe siècle, le « papisme » représente communément la part d'humanité — et donc d'institution — de la religion, indispensable mais tout de même à surveiller et à garder dans des limites toujours à refixer, d'où la formule protestante sur l'Ecclesia reformata semper reformanda, « l'Église réformée toujours à réformer », horizon et ligne de fuite des protestantismes français mais plus largement européens

    Comment faire payer le clergé ?: De l'art du compromis en France à l'aube des guerres de Religion

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    Parmi les privilèges, ou « lois particulières » de l'ordre du clergé, dans la France d'Ancien Régime, il y a évidemment l'exemption fiscale. Mais la seconde moitié du XVIe siècle voit l'État royal bien malmené dans le contexte terrible des guerres civiles et de toutes les manières déjà fort endetté par l'effort de « modernisation » réalisé de Louis XI à Henri II. Comment faire payer le clergé ? Le « contrat de Poissy » d'octobre 1561 est emblématique d'une longue série de compromis dont le clergé est tout de même sorti bien avantagé. Il illustre également tout à la fois l'habileté politique de la gouvernante du royaume, Catherine de Médicis, et les difficultés extrêmes rencontrées par cette dernière au moment où la France sombre pour près de quatre décennies dans ces conflits civils plus tard qualifiés de « guerre de Religion »

    Former des adultes, inventer la jeunesse. L'entrée dans la modernité, ou de la civilité et du processus de normalisation

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    À l'aube de l'Âge classique, on peut repérer une invention de la jeunesse comme classe d'âge à éduquer et à assujettir aux normes nouvelles si contraignantes de la modernité. Or, cette invention paraît inséparable des premières œuvres que l'on peut rattacher à la littérature de jeunesse. Dans ces conditions, le message adressé par celle-ci aux enfants a longtemps été, et demeure encore bien souvent : « Devenez les adultes dont la société, toujours à (re)construire, a tant besoin. » Certes, le regard des Occidentaux sur l'enfance a considérablement changé, et bien des auteurs pour la jeunesse se font les hérauts d'un autre message : « Ne grandissez surtout pas, n'abandonnez pas cette profondeur d'âme, d'esprit et de cœur qui caractérise l'enfance, ne vous perdez pas dans les réalités sordides et les petitesses du monde adulte. » Que ce second message ne parvienne pas à se substituer au premier, qu'il se conjugue plutôt à lui au point qu'on puisse y voir paradoxe voire double contrainte, cela ne nous renvoie-il pas, finalement, à la force des origines de la littérature pour la jeunesse et, au-delà, à la logique d'une modernité fondée et développée sur l'ambivalence et la tension créatrice d'un sujet qui, depuis la Renaissance et l'Âge classique, se définit toujours à la fois comme assujetti aux pouvoirs et devoirs extérieurs mais libre jusqu'au débat, au doute, voire à la contestation radicale dans l'exterritorialité de son forum intérieur
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