10 research outputs found

    “Sortir de la peur”. Construire une identité homosexuelle arabe dans un monde postcolonial

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    Antoine Idier Le thème de ce numéro de Fixxion est “Homosexualités et fictions en France de 1981 à nos jours”. Si cet entretien portait un titre temporaire, ce pourrait être “l’homosexualité selon Abdellah Taïa”. Le projet est de vous interroger sur la manière dont vous pensez et pratiquez l’homosexualité, dans vos textes littéraires… Et dans votre vie également, dans vos interventions d’intellectuel et de militant. Vous vous présentez souvent comme un écrivain gay, marocain, arabe, musulman...

    Le corps de Fadwa

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    Au Maroc, on ne se serait jamais connus. Au Maroc, tout nous aurait séparés, éloignés l’un de l’autre. Paris, ville que nous réinventons chaque jour et chaque nuit, nous a permis de dépasser ces frontières, celles des classes sociales et de leurs injustices. À Paris, nous avons cessé d’être aveugles sur nous-mêmes. Nous avons marché l’un vers l’autre. Cela s’est passé en 1999, le roi Hassan II était encore vivant. Un samedi après-midi, dans la maison de la jeunesse et des sports du 11e arrond..

    Barbara Stanwyck

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    Il fait déjà nuit en Amérique. Le noir. Le monde en train de s’endormir, de s’évanouir. L’aéroport est presque vide. Silencieux et étrange. Où suis-je ? Tout cela n’a aucun sens, aucun goût. Quelque chose manque. À tout jamais perdu. Après 11 heures en avion, tous mes repères sont brouillés et le nom de l’escale, Dallas, ne signifie soudain plus rien. Dallas ? Dallas ? Il faut faire des efforts. Se concentrer. C’est quoi déjà ce nom ? Ah, je vois, je vois. La ville où se passait la série de m..

    Érotiquement arabe

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    1. Aïcha Quindicha Elle s’appelle Aïcha Quindicha. C’est une femme. Mais ce n’est pas seulement une femme. Elle vit avec nous, en nous, au-dessous de nous. Au centre de la Terre. Tout le monde la connaît au Maroc. On la vénère. On la craint. On l’attend. On la cherche partout. On espère ses apparitions. Pour l’admirer. La saluer. La tuer. Après avoir joui en face d’elle, grâce à elle. Aïcha Quindicha. La nuit, il ne faut surtout pas l’invoquer, la rappeler, la solliciter. La nuit est son doma..

    Abdellah Taïa, la mélancolie et le cri

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    En 2013, Abdellah Taïa déclare à un journaliste : « Pour moi, écrire – même quand il s’agit de “fiction” –, c’est raconter son origine, son monde premier, ses premiers cris. » L’écriture de soi est au cœur de l’œuvre de cet auteur engagé, premier écrivain marocain à avoir dévoilé son homosexualité. Brassant matériaux littéraire et cinématographique, paratexte et éléments biographiques, Jean-Pierre Boulé retrace avec minutie le parcours de cet écrivain hors normes, mettant en lumière des thèmes comme le deuil, la spiritualité ou la famille, qui hantent la parole de Taïa. Enrichie d’un entretien avec Abdellah Taïa ainsi que de trois récits inédits en français, cette étude est le premier essai critique consacré à l’écrivain marocain, aujourd’hui internationalement connu

    Homosexualités et fictions en France de 1981 à nos jours

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    Le 27 juillet 1982, le gouvernement socialiste français abrogeait l’article 331, alinéa 2, du Code pénal datant de l’Occupation et permettant de punir “d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 60 à 20 000 francs toute personne qui aura commis un acte impudique ou contre-nature avec un individu mineur du même sexe” – une disposition qui n’existait pas pour les actes hétérosexuels. Le 25 juin 1984, Michel Foucault mourait à Paris du sida. Le début des années 80 voit ainsi s’ouvrir pour les homosexuels et les lesbiennes en France une période qui pourrait s’annoncer heureuse grâce à une volonté politique explicite, une période de reconnaissance, mais qui est presque aussitôt rattrapée par le mystère d’une nouvelle maladie mortelle frappant les seuls hommes homosexuels. Les deux évènements sont étroitement liés dans l’histoire des représentations, l’accès aux discours et l’affirmation d’une identité que l’on commence à dire “gay et lesbienne”. 2016 : Le sida reste une maladie incurable associée prioritairement à l’homosexualité masculine, et le gouvernement français, de nouveau socialiste, s’illustre par ses hésitations autour du mariage “des personnes homosexuelles” et leur droit à l’adoption ou la procréation médicalement assistée, prouvant par là même, et en rappel de la bataille du PACS de 1999, que les questions homosexuelles sont devenues des enjeux politiques majeurs et récurrents du pays, de ceux qui font gagner ou perdre des élections. La politisation explicite de l’identité homosexuelle publique (et des discours homosexuels revendiqués comme tels, ou des discours sur l’homosexualité) telle qu’elle s’instaure durablement en France à partir de 1981 sert d’axe thématique et chronologique au présent volume consacré aux représentations de ce moment (ou représentations dans ce moment) encore en cours par l’expérience de la fiction. Parce que ces années ont vu en France et continuent à voir une exceptionnelle production de livres, de films, de photographies, d’expressions discursives de tout genre et toute forme qui installent durablement le sujet homosexuel comme une référence sociétale et politique. À cet égard, la France et ses dirigeants rejoignent alors une évolution intellectuelle et une orientation politique qui étaient déjà largement actives dans les pays anglo-saxons ou d’Europe du Nord de culture protestante : ce pourquoi certains discours de la culture et des représentations venus de l’étranger, et en particulier des États-Unis, toujours en avance sur les politiques, ont eu et ont encore autant d’importance et d’influence en France. Représentations : affirmations et interrogations d’une identité politique (place de l’un/l’une dans la cité) sexuée intempestive, discutée, par les pratiques de discours de la fiction ; la communication se fait par le truchement d’une configuration langagière et culturelle. Fiction : modalisation modélisante de discours inscrite explicitement dans des références imaginaires construites et posées par le sujet racontant – la fiction implique le récit comme discours fondateur dans la durée. En somme, dans le cadre de cette chronologie historiquement privilégiée et fortement dramatisée, on se propose d’envisager l’homosexualité comme expérience de fiction (et de discours). Dans la mesure où tout roman sur l’homosexualité reste toujours reçu comme un livre d’homosexuel, comme un “aveu” de l’auteur (et il en va exactement de même avec les films), le choix de la fiction peut sembler un détour, un artifice qui n’aurait pour fonction que de rendre lisible et acceptable une expérience qui, sans cette médiation d’une représentation par la fiction, resterait au rayon des déclarations impudiques et anecdotiques. Car le “roman homosexuel”, c’est-à-dire, le récit de vie d’un homosexuel, est irréductiblement lu (et écrit ?) comme une autobiographie plus ou moins libre – voir la déclaration lapidaire de Dominique Fernandez en 2012 : “Cette règle : un roman gay ne peut être que l’œuvre d’un gay, a perduré pendant tout le XXe siècle, et je ne pense pas qu’elle soit caduque aujourd’hui”. Tel est le paradoxe du pacte fictionnel du discours homosexuel, forme de réponse au pacte autobiographique hétérosexuel auquel il veut échapper pour récuser l’obligation de la “confession” explicite. Et, précisément, au moment où, après des décennies d’incertitudes et d’hésitations stylistiques (des caricatures malveillantes des comiques populaires aux compassions empathiques des humanitaires populistes), l’histoire l’admet enfin comme sujet politique de référence, puisqu’il y a désormais un vote des homosexuels, le sujet homosexuel s’invente et se politise en (s’)inventant une histoire par la fiction et une représentation de cette histoire autant qu’une histoire comme représentation, dont il est le principe et le vecteur et dont il entend faire une épreuve de liberté et de résistance aux discours autres – on reconnaît là l’héritage de Jean Genet, mort en 1986 après avoir rompu son long silence narratif en rédigeant Un captif amoureux, texte qui réinvente un espace et un territoire de la fiction puissamment politisés par la pratique d’une écriture autobiographique comme expérience d’engagement
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