Qui a peur des émotions organisationnelles? Revisiter le rapport entre le féminin et la gestion à l’aide du concept de l’espace-temps affectif

La thèse de cet article est double. Premièrement, à l’instar de Ferguson et de Fondas, l’auteure soutient que la profession de gestionnaire est engagée dans un processus de féminisation, par lequel les qualités associées traditionnellement aux femmes se répandent tant dans la théorie de la gestion que dans la pratique managériale. Pour sa part, Fondas suggère que les principes de gestion américains contemporains féminisent cette profession, et l’article de Symons a pour objet d’examiner cette hypothèse. D’ailleurs, l’étude qualitative et inductive à méthodologie flexible, menée au Québec par l’auteure auprès de 50 cadres de niveau supérieur et intermédiaire ainsi que superviseuses et superviseurs, venant d’organisations publiques et privées, soutient la thèse de la féminisation. Deuxièmement, l’auteure présente la métaphore de l’espace-temps affectif en tant que nouveau concept sociologique pour comprendre la dynamique affective du travail de gestion. Elle argumente que ce concept fournit une perspective organisationnelle nouvelle et utile, à partir de laquelle il est possible d’examiner le processus de féminisation. L’article se termine par une réflexion sur la signification de ce développement théorique en ce qui a trait à l’interrelation du féminin, des émotions et de la gestion dans le discours et dans la pratique. Selon la perspective de l’espace-temps affectif, les émotions sont des ressources et non un destin.The thesis of this paper is twofold. First of all I contend, along with Ferguson and Fondas, that the management profession is involved in a process of feminization, whereby qualities traditionally associated with women are spreading to both management theory and managerial practice. Fondas has suggested that recent American thinking on management is feminizing the occupation, and this paper sets out to examine this hypothesis. A qualitative inductive flexible design study of 50 senior, middle and first-line managers in public and private organisations in Quebec finds support for the feminization thesis. Secondly, I introduce the metaphor of emotional spacetime as a new sociological concept for understanding the emotional dynamics of managerial work. I argue that this concept affords a useful and original organizational perspective from which to vision the process of feminization. Finally I reflect on the significance of this theoretical development for the interrelation of the feminine, emotions and management in both discourse and practice. From the perspective of emotional spacetime, emotions are resources, not destiny

Récits pour construire une mémoire organisationnelle : les directeurs se souviennent

RESUMELe but de cet article est d'examiner la mémoire organisationnelle en tant que cas spécifique de mémoire sociale. On analyse le processus de la production de la mémoire organisationnelle d'un service de police (SPCUM). En cette année de son 25e anniversaire, l'organisation bâtit son histoire et fortifie sa culture organisationnelle. À travers les récits des directeurs ainsi que de documents officiels de l'organisation, cet essai examine la façon dont la mémoire alimente la culture organisationnelle. Les récits construisent une mémoire qui renforce les valeurs et la culture de l'organisation ainsi que le rôle de la police dans la société.The objective of this paper is to examine organizational memory as a specific example of social memory. The process of production of organizational memory in a police department (Montreal Police Department) is analyzed. In this 25th anniversary year, the organization is constructing its history and strengthening its organizational culture. Based on accounts by chiefs of police, this essay examines the way in which memory feeds into the organizational culture. The accounts construct a memory which reinforces the values and the culture of the organization as well as the role of police in society.El objetivo de este artículo es examinar la memoria organizacional como caso específico de memoria social. Se analiza el proceso de la producción de la memoria organizacional de un servicio de policía (SPCUM). En este año de su vigésimo quinto aniversario, la organización construye su historia y fortifica su cultura organizacional. A través de los relatos de los directores así como de los documentos oficiales de la organización, este ensayo examina la manera en la cual la memoria alimenta la cultura organizacional. Los relatos construyen una memoria que refuerza los valores y la cultura de la organización así como el rol de la policía en la sociedad