Fertilité du milieu et stratégies paysannes sous les tropiques humides : actes du séminaire, 13-17 novembre 1995, Montpellier, France

Ce séminaire fait le point sur la fertilité des zones tropicales humides à la lumière des progrès réalisés par la recherche et des problèmes rencontrés par les sociétés rurales. Il permet de dépasser les approches classiques centrées sur le sol ou le milieu physique et fait apparaître la fertilité comme l'aptitude à satisfaire durablement les besoins des populations rurales au travers des systèmes de production et d'aménagement qu'elles mettent en oeuvre. Dans cette optique, la fertilité dépend d'une part des caractéristiques physiques et biologiques du milieu et d'autre part des stratégies (alimentaires, monétaires et sociales) et des moyens (techniques, économiques et organisationnels) des groupes sociaux qui exploitent et façonnent ce milieu. La société englobante joue également un rôle déterminant : marchés urbains, nationaux et internationaux des produits agricoles, marché du travail, marché financier, droits fonciers, droit d'association, sécurité des biens et des personnes, politiques agricoles... Trois axes majeurs structurent ce séminaire : le bilan des apports des disciplines concernant la fertilité, la réalisation de synthèses par type de culture ou de système de culture et l'analyse d'études de cas qui présentent la fertilité et ses problématiques diverse

Fruit et bois : une harmonie à recréer : étude sur les filières fruits et bois du châtaignier dans les Cévennes

Le châtaignier est un arbre dont les fonctions et usages sont multiples et ont varié au cours du temps. La châtaigneraie était autrefois le pivot de l'économie cévenole essentiellement par la production de fruits, base de l'alimentation. Cette châtaigneraie a été progressivement abandonnée en conséquence de différents phénomènes historiques : l'époque de la sériciculture, l'exode rural. Son état a évolué en fonction d'événements comme la coupe à blanc massive de la châtaigneraie pour l'extraction de tanins et la propagation de maladies cryptogamiques. C'est donc aujourd'hui une autre châtaigneraie que celle nourricière en tout du XVIIe siècle qui subsiste. Elle demeure un symbole fort du pays cévenol. Elle est revendiquée comme une part de l'identité des Cévenols par eux-mêmes. Mais à part cette permanence du témoignage de l'âme cévenole, beaucoup de questions se posent quant à son devenir. Comment ce qui subsiste de la filière fruit peut se développer ? Comment valoriser au mieux les produits ? Une reconversion vers la filière bois peut-elle s'opérer ? Des éléments de réponse sont donnés. Les conditions du milieu favorables et les techniques ne sont pas les mêmes pour une production de fruits ou de bois. Ainsi pour produire du bois, il faut réinventer une sylviculture adaptée. S'orienter vers le bois c'est aussi envisager que d'autres espèces puissent se panacher à la châtaigneraie surtout là où le châtaignier est plus sensible aux maladies ou moins productif en bois. Se pencher sur l'avenir de la châtaigneraie implique de comprendre les stratégies des différents acteurs qu'ils soient propriétaires (ruraux agriculteurs ou non, néoruraux ou citadins), exploitants, bûcherons, scieurs, institutions d'encadrements, organisations professionnelles, entreprises privées. Pour ceux qui vivent sur place, châtaigneraie rime avec pluriactivité. En tout cas, pour tous, la notion de patrimoine est importante. Néanmoins, même pour ceux qui n'en attendent pas de réels revenus, la châtaigneraie devra dégager les fonds suffisants afin de pouvoir entretenir un minimum ces arbres supports de l'âme cévenole. (Résumé d'auteur