27 research outputs found
Environmental health and the difficult paradigm shift in public health
International audienceCinquante ans après l’adoption aux États-Unis d’une loi novatrice, le National Environmental Protection Act, révélant la place de « l’environnement » comme source d’impacts sur la santé humaine, et trente ans après que le bureau Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’ait lancé les conférences interministérielles Environnement et Santé, la santé environnementale s’est constituée comme domaine nouveau, comme en témoignent les créations institutionnelles1. C’est d’ailleurs au sein des conférences interministérielles que naît le concept de plan d’actions en santé et environnement, traduit en France par les plans nationaux santé-environnement (PNSE) et leurs déclinaisons régionales (PRSE).Mais où en sommes-nous réellement aujourd’hui ? Je m’appuierai sur la présentation du bilan à mi-parcours du PRSE3 Ile-de-France de décembre dernier, afin d’en tirer quelques enseignements. Mon but est bien de montrer comment, par une série de choix conceptuels et théoriques réducteurs, nous en sommes revenus à des approches traditionnelles, limitant la portée de l’action et les possibles améliorations pour la santé des populations. Je prendrai comme point de départ une publication remarquable de 2010 [1], dont je recommande vivement la lecture, afin d’en prolonger les messages et dresser quelques éléments de bilan neuf ans plus tard
Les impacts sanitaires du bruit environnemental : une reconnaissance scientifique ancienne, des malentendus territoriaux persistants ?
Quelques rappels historiques La littérature sur les impacts sanitaires de l’exposition au bruit environnemental remonte à bien avant les années 1960. Nous retrouvons le terme d’annoyance, traduit par « gêne » en français, de connotation minorante, dans des publications et rapports dès 1929-1930. Il correspond à la reconnaissance de composantes d’abord psychologiques plus que physiques du bruit, étendues à des aspects sociaux dans la construction de la réaction face au bruit d’individus ou de ..
L’idée de santé et ses (més)aventures holistiques
International audience93Environ Risque Santé – Vol. 22, n° 2, mars-avril 2023doi: 10.1684/ers.2023.1712Pour citer cet article : Remvikos Y. L’idée de santé et ses (més)aventures holistiques. Environ Risque Sante2023 ; 22 : 93-98. doi : 10.1684/ers.2023.1712« Le jeu de la science n’est pas le jeu de la possession et de l’élargissement de la vérité,c’est le jeu où le combat pour la vérité se confond avec la lutte contre l’erreur » EdgarMorin, Science avec conscience, 1990.E st-il encore nécessaire de porter un regard critique sur notre compréhension de ce quifait santé, des différentes définitions au possible renouvellement d’approches pourla préserver et la développer ? Je propose d’en explorer quelques facettes, en refusant,comme point de départ, la recherche de la « bonne » définition, comme résidu d’idéa-lisme (non avoué) qui s’appuierait sur de supposées essences éternelles des entités ! Ensomme, il y aurait des questionnements épistémologiques à soulever, sans chercher à nierles progrès en termes d’espérance de vie que l’on doit au réductionnisme des relationslinéaires entre causes et effets, introduit au XVIIe siècle et qui aujourd’hui semble avoiratteint ses limites.Dans la mesure où les concepts que je vais problématiser ont été, à l’origine, proposéspar l’Organisation mondiale de la santé (OMS), je me dois d’affirmer, d’emblée et avecinsistance, que mon propos ne s’adresse en aucun cas à l’institution, à laquelle je prêteraisainsi des intentions, encore moins à ceux qui assurent au quotidien ses difficiles missions.Il cherche à épingler certaines « complications » pour notre pensée, héritage de la moder-nité et du positivisme. Je tente aussi de faire écho à Isabelle Stengers qui, s’exprimantsur un possible dialogue entre philosophie et science, appelle à « civiliser une sciencequi confond ses réussites avec l’accomplissement du destin humain » [1]. Je vais doncexprimer quatre regrets ou frustrations, relatifs à « la santé comme complet bien-être » etle concept One Health, en espérant susciter un intérêt pour des aspects qui pourraientêtre restés un peu dans l’ombre. Ces tentatives de donner un sens nouveau au terme santéappartiennent à une longue succession depuis l’introduction de l’hygeia antique, que jene reprends pas ici
Science et décision ou le difficile problème de la traduction: Des considérations pour une éthique scientifique
International audienceIn the present circumstances, where demands on science from citizens and public policy makers are becoming more pressing and perhaps also confusing, it would be useful to reexamine the meaning of words and the fields they cover, before studying the role of science in medium- or long-term policy or societal decisions. Copyrigh
Science, Technologie et Idéologie : une tentative d'amorcer un débat éthique sur l'IA
International audienceArtificial Intelligence has forcefully invaded public discourse and imaginaries without a proper discussion about the potential consequences on our understanding of what intelligence may be. Thus, I shall declare myself suspicious of the expression itself and pinpoint a number of possible underlying confusions, starting from what distinguishes scientific claims, in the face of the many disputes that exist among scientists (a possible persistent ambiguous understanding of what truth represents), the idea that only formal knowledge may be valid, the notion of universal law (neglecting its metaphysical origin), the depreciation of emotions, despite their central role in the formation of judgments and, finally, the inheritance of logical positivism, with the sharp separation of facts and values, rendering all ethical debate difficult to articulate with scientific practice. My aim is not to provide answers but to underline several open questions that seem to be avoided in main-stream discourse, referring also to what could be at stake.L’intelligence artificielle s’est imposée sur la scène avec force sans que l’on se demande quelles sont les conséquences sur la compréhension de ce que serait l’intelligence. Ainsi, je déclarerai d’emblée ma suspicion vis-à -vis de l’expression même et je proposerai certaines pistes qui évoquent l’existence de confusions, entre autres, sur ce qui distingue les propositions scientifiques, en évoquant les disputes récurrentes parmi les scientifiques (un rapport ambigu avec la notion de vérité ?) ; une réduction des savoirs aux savoirs formels ; les problèmes posés par la notion de loi universelle, d’origine métaphysique (l’avons-nous oublié ?) ; la dépréciation des émotions, pourtant centrales dans la formation de nos jugements ; enfin l’héritage du positivisme logique et la séparation définitive entre faits et valeurs, rendant tout débat éthique difficile à articuler à la pratique scientifique. Le but n’est pas d’apporter des réponses, mais bien de tenter de révéler, comme des impensés, dans le discours officiel, en évoquant aussi ce qui pourrait être en jeu
Les communautés de la périphérie de Dakar face aux inondations récurrentes : pertinence du capital social en lien avec la capacité adaptative
International audienceUne conjugaison de politiques de déplacement de populations du centre-ville de Dakar, Sénégal, vers la périphérie – de la sécheresse prononcée des années 1970 ayant occasionné un exode rural massif et l’installation non maîtrisée de populations, puis du retour des pluies à partir des années 2000 – a généré une situation inextricable pour les communautés pauvres, qui subissent des inondations année après année. Avant de concevoir des actions d’accompagnement des communautés qui essayent de lutter contre les inondations, nous avons voulu d’abord analyser les facteurs, internes et externes, qui favorisent ou empêchent leur mobilisation et leur capacité à agir en autonomie, données que nous avons essayé d’obtenir au travers d’une enquête exploratoire, qualitative. La pertinence du capital social a été analysée et confirmée en étudiant les relations et réseaux existants (intra- et intercommunautaires), et leur influence sur la capacité d’appropriation de l’espace public et d’agir. Des catégories telles que l’entraide, le contrôle social informel, en tant que dimensions (non exhaustives) du capital social, ainsi que la gouvernance (confiance, engagement) et la composition des groupes ont été renseignées puis rapprochées des différentes réalisations. La mobilisation d’un cadre théorique basé sur le capital social offre des possibilités pour aborder la capacité à agir des organisations, ouvrant sur des pistes pour tout travail d’accompagnement des communautés, dans le sens de leur empowerment, en particulier dans le contexte du Sud
Évaluation des impacts sur la santé : d’une évaluation de l’évaluation à l’ouverture d’une discussion sur les impensés de la démarche
International audienceÀ la lecture de l’article de Nicola Cantoreggi et Jean Simos, intitulé L’efficacité de l’évaluation d’impact sur la santé : réflexions à partir du cas de l’aéroport de Genève[1], nous sont apparus des décalages avec notre propre pratique de l’évaluation des impacts sur la santé (EIS) et notre compréhension de cette démarche. Les expérimentations d’EIS se sont multipliées dans le monde ces 15-20 dernières années et des articles rapportent les résultats de terrain ou éclairent certains points précis de méthodologie. Mais depuis la parution du Consensus de Göteborg (CsG) en 1999, où en sommes-nous réellement de la compréhension globale de l’EIS ? Que savons-nous de la capacité de cette démarche à répondre aux défis que représentent l’intégration de la santé dans toutes les politiques, la mise en œuvre des principes de promotion de la santé ou encore la réduction des inégalités sociales de santé (ISS) ? Notre proposition ici est d’ouvrir une discussion autour de certains aspects que nous considérons comme des impensés de la démarche EIS, des points que la pratique semble parfois prendre comme des évidences, sans véritablement questionner leur sens, et qu’une approche scientifique rigoureuse nous incite, au contraire, à traiter avec la plus grande attention. Il serait important de pouvoir réfléchir avec la communauté de praticiens de l’EIS et plus largement les acteurs de la santé publique à la portée d’une démarche EIS, son rôle et son caractère politique, dimensions qui dépassent les seules considérations méthodologiques. Si la rigueur scientifique de la démarche est un des principes importants, il nous apparaît impossible et éthiquement dommageable de prétendre à une pureté scientifique de l’EIS qui, rappelons-le, affiche un certain nombre de valeurs : l’équité, le développement durable, la démocratie et l’usage éthique des données probantes. Ces valeurs questionnent notre rôle et notre responsabilité de chercheurs ou de praticiens de l’EIS