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Les sciences physico-mathématiques dans l?arbre de la connaissance
20 pagesNational audienceLe ton lourd et pénible de la vérité : les historiens de la philosophie n'aiment guère le XVIIIe siècle, et en ce siècle, moins encore les écrits trop littéraires au goût des philosophes, trop philosophes au goût des littéraires, du géomètre et encyclopédiste D'Alembert. Philosophe géomètre, encyclopédiste mais pas encyclopédique pour autant : si la réunion de ces qualificatifs n'a pas déjà incité à la fuite vers des régions de la connaissance plus clairement balisées, il faut alors s'immerger dans l'exercice épistémologique délicat qui consiste à penser l'articulation de ces catégories avec les représentations du monde qu'elles tentent de structurer et de hiérarchiser. Dans l'?uvre de D'Alembert, pas de "Système", ni même l'amorce d'un "Traité", inversement, un regard sur le monde "trop simple" peut-être, au regard de la complexité mise en oeuvre, par exemple, dans la pensée de Diderot. Certains de ses contemporains reprochaient à D'Alembert son "style géométrique" et de vouloir, en dehors des matières proprement assujetties au règne de la raison, "assujettir les fictions, les images, la hardiesse, les écarts de la poésie au ton lourd et pénible de la vérité" . C'est de ce mariage entre la complexité foisonnante du monde et la simplicité austère de la rigueur mathématique dont il va être question ici, d'un point de vue historique, c'est-à-dire en explicitant les termes du contrat, et en particulier le contexte de production des définitions . Seules les sciences physico-mathématiques seront évoquées, pour le rôle ambigu et néanmoins central qu'elles jouent dans la classification des connaissances auquel D'Alembert s'est exercé toute sa vie, et pour l'utilisation qu'il en fit, brièvement évoquée, mais indispensable à la compréhension de sa pensée et de son épistémologie..
La Société des arts, espace provisoire de reformulation des rapports entre théories scientifiques et pratiques instrumentales
23 pagesInternational audienceSavants et artistes, invention et pouvoir : Dans quelle mesure le règlement permet-il de décrypter le mouvement des “ressorts” d'une institution ? Avec quelles informations peut-on mettre en regard ce texte “blanc” (anonyme, sans contexte ni narration) pour le faire parler ? Dans quel contexte interprétatif l'insérer (orientation des recherches, organisation des savoirs, hiérarchie des compétences) ? Dans la difficile négociation que les historiens entretiennent avec leurs sources, interrogeant leur fiabilité ou leur représentativité, la question des rapports entre discours et pratiques est une des plus épineuses : comment le “discours” d'une institution (le règlement et ses avatars) interfère-t-il avec sa “pratique” que sont les mémoires publiés en son nom, les commissions, les recrutements ? Mais cette “pratique” constitue également un “discours”. Il faut donc décrire les modalités d'interaction entre le discours produit au sein de l'Académie (mémoires, rapports), et les écrits de leurs auteurs dans d'autres contextes (correspondances, journaux, ouvrages indépendants). Il faut enfin comprendre sous quelle forme les discours interagissent : déplacement d'une formulation d'un champ à un autre, validation d'une preuve incomplète intégrée dans une argumentation qui a déjà fait ses preuves ailleurs, légitimation par analogie, ou au contraire résistance ou même indifférence, et ceci non seulement entre différents types de discours théoriques, mais également entre discours de “savants” reconnus comme tels et pratiques d'“artistes” (i.e d'artisans : constructeurs de vaisseaux, d'instruments de mathématique, d'optique, d'astronomie, horlogers, constructeurs de machines, de réseaux hydrauliques)..
A la croisée des chemins historiographiques
Présentation du numéro spécial de la Revue de Synthèse “ Histoire des jeux, Jeux de l'histoire"Si le temps des programmes méthodologiques semble passé, leur succession n'en parait pas moins difficile. Pour répondre à l'épineuse question du type d'histoire pratiqué, les historiens des sciences aujourd'hui ne sauraient trop se défier de références naïves à des saints internalistes ou externalistes. Pour ceux qui renacleraient à emprunter le chemin pavé de bonnes intentions de nouvelles chapelles consensuelles, il reste à défricher le maquis des apports croisés de l'historiographie traditionnelle, elle-même nourrie de philosophie et de réflexions de scientifiques sur leur discipline, mais aussi de la sociologie et de l'anthropologie, sans compter la complexité descriptive et analytique tissée par les historiens ces trente dernières années. Avec de la persévérance et un quelques bons rabatteurs, un bel objet scientifique, de pertinence et cohérence estimable, peut sortir du bois..
Grandjean de Fouchy, D'Alembert et Condorcet : tracasseries et arrangements des secrétaires perpétuels
16 pagesInternational audienceIn April 1775, when Turgot serving as secretary of state encountered strong opposition and attacks and had to deal with riots provoked by the price of wheat, his friends, D'Alembert and Condorcet, were in key positions in the scientific community : the former as permanent secretary of the Académie française, the latter as adjunct to the permanent secretary of the Académie royale des sciences, Grandjean de Fouchy, whose retirement was anticipated. In a letter to Joseph- Louis de Lagrange, then director of the class of mathematics of the Berlin Academy, D'Alembert complained that Condorcet and he were having to put up with « quibbles » at the Académie des sciences. Simultaneously Madam Grandjean de Fouchy solicited six thousand francs from D'Alembert to avoid being expelled from their lodgings. How do these different events interact ?En avril 1775, alors que le ministère Turgot rencontre les plus vives oppositions et attaques et va devoir affronter les émeutes liées au prix du blé, les amis de Turgot, D'Alembert et Condorcet, sont à des postes clés de la cité savante : le premier comme secrétaire perpétuel de l'Académie française, le second comme adjoint du secrétaire perpétuel de l'académie royale des sciences de Paris, Grandjean de Fouchy, dont le retrait est attendu. Dans une lettre à Joseph-Louis de Lagrange, alors directeur de la classe de mathématiques à l'académie de Berlin, D'Alembert se plaint que Condorcet et lui essuient des « tracasseries » à l'Académie des sciences. Au même moment, Mme Grandjean de Fouchy, demande à D'Alembert six mille francs pour éviter l'expulsion de leur logement. Comment ces différents événements interfèrent-ils
L'invention d'une nouvelle compétence : géomètre au XVIIIème siècle.
13 pagesLes éléments de mon analyse se situent dans un lieu classique de contrôle de l'invention technique, l'Académie Royale des sciences. Mais mon propos ici n'est pas de décrire la maturation d'un des multiples “fruit[s] de cet instinct de méchanique que la nature donne à certains hommes, indépendamment de la philosophie” Il s'agit plutôt de mettre en relation deux autres formes de l'invention, l'invention des “géomètres” du dix-huitième siècle et l'invention entendue au sens plus moderne de production originale, non seulement de savoir, mais aussi de pratiques et d'usages. Dans ce dernier sens, il s'agit de décrire les modes de constitution d'une “compétence” nouvelle, à savoir celle que développent les “géomètres” dans le domaine de l'astronomie et de la géodésie
Abracad'abaque. Traduction, recomposition, innovation dans les articles Abaque et Figure de la terre.
Revue qui sera éditée par l' Université de Tokyo en avril 2013.National audienceNous souhaiterions ici interroger, en traitant assez en détail le cas de deux articles de D'Alembert, un certain nombre de " métadonnées " telles que l'unité textuelle de l'article, l'auteur et ses sources. Cet examen sera également l'occasion d'examiner la " fabrication " des articles de D'Alembert, construction faisant intervenir quatre savoir-faire imbriqués, la main du compilateur, de l'auteur, de l'éditeur et du traducteur
Muse ou élève ? Sur les lettres de Clairaut à Madame du Châtelet
Muse scientifique de Voltaire, élève appliquée de Maupertuis et Clairaut ou vulgarisatrice de Leibniz peu écoutée, les rôles dévolus à Madame Du Châtelet la placent toujours dans l'ombre d'un personnage tutélaire. Cette ombre portée modifie-t-elle ce que l'on comprend de ses publications scientifiques et la façon dont on perçoit son personnage dans la République des Lettres '..
Maupertuis, passeur d'intelligibilité. De la cycloïde à l'ellipsoïde aplati en passant par le “newtonianisme” : années parisiennes.
International audience1. Maupertuis, à l'articulation entre deux mondes. Maupertuis a probablement hérité de ses débuts militaires en temps de paix le regret des batailles gagnées et des stratégies audacieuses, batailles et stratégies qu'il a déplacées sur le champ du savoir scientifique. Nous avons beaucoup appris dans ce colloque sur les méthodes utilisées par Maupertuis et leur validité, tant aux yeux de l'histoire que des historiens. En effet, si aucun de ses textes ne présente de difficulté de lecture, les lectures que l'on peut avoir de l'ensemble de son œuvre sont multiples. Elles sont tout d'abord multiples parce que Maupertuis lui-même est multiple : Oliver Bloch, en présentant la journée Maupertuis de 1973 , disait de lui que “pour n'être pas un homme de premier plan, il est peut-être un homme de première importance dans l'histoire des idées du XVIIIe siècle, à la fois peut-on dire comme homme-pôle, et comme homme-charnière”, précisant “homme charnière, par lequel passent quelqu'uns des mouvements d'idées scientifiques et philosophiques fondamentaux de cette période”. Je voudrais m'arrêter un instant sur cette idée d'homme de la charnière, par lequel passent, mais peut-être ne s'arrêtent pas, les concepts et les pratiques qui constituent l'identité de la science moderne..
La forme de la Terre est-elle une preuve de la vérité du système newtonien ?
22 pagesLorsque Newton démontre dans ses Principia (1687) que les lois de Kepler gouvernant le mouvement des planètes peuvent se déduire d'une loi unique, les fondements d'une « révolution scientifique » sont posés. Mais le « système » newtonien devait faire ses preuves. Si nous savons aujourd'hui que Newton avait raison, dans un cadre macroscopique et non relativiste au moins, les modalités de son succès au XVIIIe siècle n'en sont pas pour autant évidentes : comment l'hypothèse théorique d'une attraction universelle est-elle vérifiée par la mesure du rayon terrestre que cherche à obtenir un groupe d'académiciens français entre 1736 et 1737 ? Pourquoi est-il nécessaire que Maupertuis, Clairaut et d'autres respectables mathématiciens aillent affronter les rigueurs septentrionales, et désertent l'Académie royale des sciences, alors que leurs illustres confrères, La Condamine, Bouguer et Godin sont partis sous l'équateur, au Pérou, accomplir la même mission ? ..
L'Académie des sciences et l'Observatoire de Paris sont-ils parisiens ?
International audienceRecent historical analyzes both privileged and extended the approach in terms of "places" Mapping knowledge and networks of the eighteenth century, as evidenced by the sum edited by Christian Jacob in 2007. Whether the geographical point of view or as a nodal point of the "public sphere" and exchange networks, the Royal Academy of Sciences in Paris and its dependence on the Paris Observatory, appear in these studies as "places" (in every sense) essential to the construction of knowledge of the Enlightenment.Les analyses historiques récentes ont à la fois privilégié et étendu l'approche en termes de " lieux " de la cartographie des savoirs et des réseaux du XVIIIe siècle, comme en témoigne la somme publiée sous la direction de Christian Jacob en 2007. Que ce soit du point de vue géographique ou comme un point nodal de la " sphère publique " et des réseaux d'échanges, l'Académie royale des sciences de Paris et sa dépendance, l'Observatoire de Paris, apparaissent dans ces études comme les " lieux " (dans tous les sens du terme) incontournables de la construction des savoirs des Lumières
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