113 research outputs found
Musulmans au pèlerinage islamo-chrétien des Sept Dormants en Bretagne
Le pèlerinage islamo-chrétien des Sept Dormants en Bretagne est un excellent laboratoire pour faire émerger certaines problématiques profondes des relations islamo-chrétiennes en France, dans la quête globale d’un « vivre-ensemble » profondément bouleversée par la vague d’attentats qui a exacerbé la peur de l’autre et, plus précisément, de la religion de l’autre. Fondé en 1954 par l’islamologue catholique Louis Massignon « pour une paix sereine en Algérie », cet événement unique en son genre ..
La Maison de la Vierge à Éphèse.
Cet article propose de retracer dans une perspective diachronique les différentes étapes de développement et de patrimonialisation de la Maison de Marie [Meryem Ana Evi], lieu présumé de son Assomption, découvert à la fin du XIXe siècle à proximité d’Éphèse. En quelques années, le site est devenu un centre de pèlerinage local impulsé par les missionnaires catholiques français d’Izmir et reconnu comme lieu saint par Rome. Malgré l’extinction forcée due à la Première Guerre Mondiale et l’instauration de la République, un accent particulier est porté aux années 1950, lorsque le site a été nationalisé par l’État. Alors que le patrimoine chrétien a souvent été déconsidéré, la Maison de la Vierge a précocement bénéficié de l’aura protectrice et internationale des vestiges de la cité antique, l’un des fleurons du patrimoine archéologique turc, pour connaître une seconde vie.Aujourd’hui, le sanctuaire est fréquenté chaque année par des centaines de milliers de visiteurs (pèlerins et/ou touristes, chrétiens et musulmans) venus du monde entier, ce qui en fait un haut lieu de l’économie du patrimoine religieux en Turquie. On montrera comment l’État s’est approprié un lieu saint pour développer aujourd’hui, de façon très pragmatique, un discours de tolérance et d’ouverture multiconfessionnelle qui contraste pourtant avec des politiques culturelles opposées qui valorisent d’abord l’identité turco-sunnite. Ainsi, la Maison de Marie représente un cas particulier de la fabrique et du traitement du patrimoine chrétien en Turquie.This article will trace from a diachronic perspective the different steps towards the construction and heritagisation of the House of Mary [Meryem Ana Evi], the presumed location of her Assumption, discovered in the late XIXth century near Ephesus. Within a few years, it had become a local center of pilgrimage, promoted by French Catholic missionaries from Izmir, and later recognized as a holy place by Rome. Despite its extinction due to the First World War and the establishment of the Kemalist Republic, a particular focus will be on the period in the 1950s when the site was nationalized by the Turkish state. While its Christian heritage has often been discredited, the House of the Virgin has precociously benefited from the protective and international aura of the antique city of Ephesus -one of the jewels of Turkish archaeological heritage- to find a second life. Nowadays, the shrine is visited each year by hundreds of thousands of visitors (pilgrims and / or tourists, Christians and Muslims) from around the world, making it an economic centre of religious heritage in Turkey. This article will show how the State has appropriated a shrine to develop -very pragmatically- a language of tolerance and multi-confessional opening, which however, contrasts with opposed cultural policies and values primarily Turkish-Sunni identity. Thus, Mary’s House is a special case of manufacture and treatment of the Christian heritage in Turkey
Hétérotrophies du désir : Pratiques votives au monastère de Saint-Georges.(Büyükada, Istanbul)
International audienceLe 23 avril n'est pas seulement la fête des enfants et de la souveraineté nationale qui commémore les prémices de la République turque fondée par Mustapha Kemal Atatürk. Ce jour férié correspond aussi à la fête de saint Georges, figure majeure dans le christianisme oriental. Ce matin-là , les innombrables embarcadères d'Istanbul sont pris d'assaut par des dizaines de milliers de per-sonnes. Toutes souhaitent atteindre l'île de Büyükada, la plus grande de l'archipel des Princes (en grec, Prinkipo), au sommet de laquelle s'élève un monastère grec orthodoxe qui abrite une icône miraculeuse de saint Georges. Une heure plus tard, les bateaux déversent une foule immense de pèlerins qui envahissent le petit port touristique. Les voitures étant interdites sur l'île, certains cherchent à prendre une calèche, tandis que la plupart montent à pied vers le monastère. Sur la place de l'Union (Birlik Meydanı) règne une foire typique des pèlerinages : lieu de retrouvailles, marché d'échoppes éphémères, carrefour incessant des calèches, sous le contrôle discret des autorités. C'est là que débute le chemin pédestre du sanctuaire qui semble chargé d'une force spirituelle particulièrement dense ce jour-là , tout au moins dans les représentations des pèlerins. La grande spécificité de ce jour de fête est que la grande majorité des visiteurs ne sont pas chrétiens. En effet, le 23 avril, ce lieu saint attire en masse des musulmans. Ou plutôt faudrait-il dire « musulmanes », car la balance des sexes est de l'ordre de deux femmes pour un homme sur le ponton d'arrivée, pour être ensuite de dix pour un à l'intérieur du sanctuaire ; 89 % des visiteurs sont des femmes non voilées ce qui, aujourd'hui en Turquie, n'est pas sans signification puisqu'environ 70 % des femmes déclarent porter le voile dans les sondages. 1 % des visiteurs sont des femmes portant le voile. Les enfants sont assez rares. Certes, cette abondante fréquen-tation musulmane peut paraître inopinée ou incongrue de prime abord, mais elle s'inscrit en fait dans un phénomène plus vaste, tant dans la longue durée que sur le plan géographique : la visite des sanctuaires de l'« autre religieux ». Cela a bien été documenté dès la fin de l'Empire Ottoman par Frederick Hasluck (Hasluck 2000), avant qu'un nombre croissant de travaux Benoît Fliche & Manoël Pénicaud Hétérographies du désir Pratiques votives au monastère de Saint-Georges (Büyükada, Istanbul
La synagogue de la Ghriba à Djerba. Réflexions sur l’inclusivité d’un sanctuaire partagé en Tunisie
À la fois lieu de culte et lieu saint, la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba en Tunisie est un sanctuaire fréquenté conjointement par des fidèles juifs et musulmans. Ce type de « partage » relève d’un phénomène attesté dans l’ensemble du Maghreb sur la longue durée, mais qui s’est vu considérablement réduit à la suite de l’émigration progressive des juifs sépharades vers l’Europe et Israël à partir du milieu du xxe siècle. À Djerba toutefois, cette mixité interreligieuse a perduré, car une communauté juive a subsisté localement jusqu’à nos jours. En 2002, un attentat attribué à Al-Qaïda puis les conséquences de la révolution dite « de Jasmin » (2011) ont particulièrement limité cette inclusivité, ainsi que le retour ponctuel de ces juifs tunisiens en quête de racines. Le pèlerinage annuel revêt en effet une forte dimension mémorielle et identitaire valorisée par l’État au nom d’une mythique « convivencia ». Plus largement, cet article vise à appréhender cette hétérogénéité interconfessionnelle en questionnant la problématique de l’ouverture de ce sanctuaire emblématique des croisements dévotionnels entre juifs et musulmans au Maghreb.Both place of worship and holy place, the Ghriba synagogue on the island of Djerba in Tunisia is a sanctuary attended jointly by both Jews and Muslims. This “sharing” is a long term phenomenon attested throughout the Maghreb, but elsewhere has been considerably reduced as a result of the progressive emigration of Jews to Europe and Israel in the mid-twentieth century. However these interfaith crossings have lasted in Djerba since a Jewish community has stayed locally until nowadays. In 2002, an attack imputed to Al-Qaeda and then the consequences of the so-called Jasmin Revolution (2011) further limited this inclusiveness, as well as the punctual return of these Tunisian Jews in search of roots. Indeed the annual pilgrimage has a strong memorial and identity dimension promoted by the State in the name of a mythical “convivencia”. More broadly, this article aims at understanding this heterogeneity by questioning the issue of the opening of this emblematic sanctuary of devotional crossings between Jews and Muslims in the Maghreb
Le daour des Regraga au Maroc. Un rite de régénérescence.
Les Regraga forment une confédération maraboutique dans le pays Chiadma situé le long de la côte atlantique marocaine entre les villes de Safi et d’Essaouira. Ils sont connus pour leur pèlerinage annuel de trente-neuf jours qui débute chaque année à l’équinoxe de printemps et lors duquel ils visitent une quarantaine de sanctuaires de leurs ancêtres. Cette tournée printanière est appelée daour, ce qui signifie « tour » (voir la carte en fin d’article), et l’on dit ainsi que les zaouïas de Regr..
"Jamaa Lafna. Place publique pour une parole publique ou le territoire du mal-entendu", par Abdelmajid Arrif
Source : Mediamed, Ressources multimedia en sciences humaines sur la Méditerranée. La place Jamaa Lafna fût décrétée en 2000 « patrimoine oral mondial ». La richesse de la culture orale qui s’y déploie en cercles fut reconnue et défendue par Juan Goytissolo dans un article paru dans le Monde diplomatique. L’oralité qui s’offre la place Jamaa Lafna comme lieu de performance et de spectacles et s’offre aux touristes, marocains ou étrangers, et aux passionnés de la halqa est par définition..
Pèlerinages interreligieux : Les Sept Dormants en Méditerranée
Manoël Pénicaud (IDEMEC - Université de Provence) Le mythe des Sept Dormants, popularisé en occident par la Légende Dorée de Jacques de Voragine, raconte l’histoire de sept jeunes chrétiens ayant refusé de sacrifier aux idoles sous le règne de l’empereur romain Dèce (IIIe siècle). Persécutés, ils se réfugient et s’endorment dans une caverne proche de la ville d’Éphèse où l’empereur les emmure vivants. Or, ils se réveillent miraculeusement 172 ans plus tard, soit en en 449, alors que l’empi..
Choreography of Sacred Space: State, Religion and Conflict Resolution
Dionigi Albera participera au colloque "Choreography of Sacred Space: State, Religion and Conflict Resolution" à l'Université de Boğaziçi à Istanbul, les 6 et 7 mai 2010. Programme : Thursday May 6th 14:00: Greetings & Opening Remarks: Professor Yesim Arat, Vice Rector for Academic Affairs 14:30 – 18:00 Theoretical and Comparative Perspectives, Chair, Karen Barkey Glenn Bowman, Comparative Perspectives on the Balkans and the Middle East Anna Bigelow, Sacred Memories, Plural Realities: R..
Colloque international : La réinvention du « lien » en Méditerranée (Marrakech, 1-3 mars 2011)
Colloque international de l’ANR Imasud « Suds imaginaires, imaginaires des Suds : héritages, mémoires et patrimoine en Méditerranée » Marrakech - 1-3 mars 2011 La réinvention du « lien » en Méditerranée Figures, formes, métamorphoses Comment questionner la façon dont s’articulent religieux et politique, sous leur double aspect de pratiques individuelles et collectives? Quels sont les dispositifs et les formes de médiation qui ont accompagné la volonté d’instaurer une réconciliation nat..
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