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    « Deux bouchées de silence » : une lecture de Paul Celan

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    « Deux bouchées de silence » : le syntagme (disposé sur deux lignes : « zwei/ Mundvoll Schweigen », comme pour en intégrer la signifiance au souffle de la lecture) conclut le poème « Sprachgitter », « Grille du langage », du recueil éponyme de 1959. Paul Celan, poète de l'impossible langagier, héritier d'Hölderlin pour de plus sombres temps ? Une certaine vulgate critique se plaît à une telle présentation. Il nous faut être plus exigeant. Car le silence, Celan n'y va pas, il en vient, comme le dit H. Meschonnic (Pour la poétique II) et le projet scripturaire consistera à en conserver la trace, résister à y succomber. Étudier la poétique celanienne permet de voir comment le silence a évolué de sa valeur thématique (née de l'historicité de l'écriture) à une intégration dans l'écriture, une « modalité de représentation » (M. Auclair/ S. Harel). La dislocation morphologique, syntaxique, textuelle des poèmes celaniens sont la manifestation la plus évidente de cette torsion de la langue, de ce marquage équivalant à introduire dans la plénitude énonciatrice une béance traduisant un travail de l'absence isomorphe à celui suscité et accueilli dans l'histoire par la barbarie génocidaire. Trouver une langue du deuil propre à dire le deuil de la langue puisque le langage n'échappa pas au désastre. Mais le silence n'en est pas le terme, il agit comme la pulsion interne d'une telle langue que figure métonymiquement « das erschwiegene Wort », « le mot silencié » du poème « Argumentum e silencio » dédié à René Char (De seuil en seuil).“Two mouthsfull of silence” : the expression concludes the poem “Language Mesh” (in M. Hamburger’s translation). Paul Celan as the poet of the impossibility of language, Hölderlin’s heir for darker times ? A certain critical trend likes to present his work as such. One has to be more demanding. Celan comes out of silence, he doesn’t go toward it, as H. Meschonnic states. His endeavour aims to keep its trace, not to be absorbed by it. Studying Celan’s poetics allows one to see how silence evolves from a thematic meaning, born out of the historicity of his writing, to an integration in the very process of writing. Morphological, syntaxical, textual dislocations are the most obvious manifestations of such a distortion of language which creates a gap in enunciation equivalent to the one made in history by the Nazi genocide. A language of mourning to mourn language. Yet silence is not the end of it ; it is rather its internal driving force, as expressed in “ das erschwiegene Wort ”, “ the silenced word ” from the poem “ Argumentum e silencio ” (from Threshold to Threshold) dedicated to René Char

    Présentation

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    Présentation : Traduire le sacré, sacraliser le traduire

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    Perspectives transhistoricistes

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    Les modes du traduire sont liés à des époques mais autant aux philosophies de l’histoire qu’elles accueillent. Parmi celles-ci, le transhistoricisme représente la position visant à établir un dialogue entre des historicités distinctes et distantes, reprenant du passé ce qui semble encore actuel et projetant son éclairage sur le monde traduit et le monde traduisant. Cet article en prolonge diverses perspectives à partir de données philosophiques et littéraires, notamment une réhabilitation traductologique de l’empathie et une reconsidération de la fonction du sacré.Translating modes are linked to historical periods as well as to connected philosophies of history. Among them transhistoricism aims to create a dialogue between distant historical situations, keeping from the past what is still relevant and enlightening both translated and translating worlds. This paper presents several philosophical and literary perspectives on transhistoricism, revisiting the notions of empathy and sacredness and their application for translation studies

    De la possibilité aléatoire mais promise d’une critique des traductions bibliques

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    Le religieux et le sacré sont des notions qui réclament inévitablement leur rattachement à la sphère du transcendant dont la nature rend pour le moins complexe l’élaboration de critères d’évaluation quant aux pratiques inhérentes. Cet article analyse ainsi les obstacles qui se posent devant l’essai d’évaluation critique des traductions bibliques. Outre le niveau textuel et linguistique, toute évaluation doit d’emblée prendre en compte les dimensions théologiques latentes. Il importe de cerner le substrat théologique à l’oeuvre dans les positions traductologiques, en ce qui concerne le domaine biblique, de même que ce substrat agit dans les cultures sécularisées sous la forme d’un impensé ou d’un investissement de substitution.Les grandes lignes d’une étude de ce type sont ici d’abord suggérées en envisageant les difficultés que pose l’examen des Bibles confessionnelles et militantes. Puis est abordée la divergence, dans les trois monothéismes, des attitudes traductionnelles en regard de la textualité révélée : judaïsme et islam se rejoignent dans la reconnaissance de la dimension interprétative, tandis que le christianisme vise à l’efficacité dans la transmission du message. Il est enfin fait état de la question du messianisme et de sa compréhension, qui pèse avec la même pertinence dans les orientations traductologiques.La dernière partie procède à un retour sur la « nouvelle traduction » de la Bible parue chez Bayard/Médiaspaul, avant de conclure sur une défense du concept de « traduction athée » qui articulerait un principe d’altérité dont le texte biblique est le premier véhicule.The notions of the religious and the sacred both inevitably claim their territory in the sphere of the transcendent, whose nature renders the criteria of evaluation of inherent practices more complex. This article analyzes the obstacles that present themselves when attempting a critical evaluation of biblical translations. Apart from the linguistic and textual levels, all evaluations must take into account the theological dimensions. It is important to discern the theological substrate that is at work in every translation, where the biblical field is concerned, the same way that this substrate plays a role in secularized culture, in the form of an unthought.The general outline of this type of study is first of all to envision the difficulties in the examination of a confessional or militant Bible. Then the different stands that are taken in translation by all three monotheisms in respect to the revealed text will be studied. Judaism and Islam agree on recognizing an interpretive dimension, whereas Christianity aims for efficiency in the transmission of the message. Finally, the question of the Messiah will be examined, as will be its understanding which is considered equally pertinent in the varied orientations of translations.The last section will re-examine the « Nouvelle Traduction » version of the Bible, published by Bayard/Médiaspaul, before concluding with a defence of an « atheist translation » concept, thus articulating an otherness that is first carried by the biblical text

    L’interdit et l’inter-dit : la traduisibilité et le sacré

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    La traduction des textes sacrés

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    La demeure de la lettre (L’être juif dans la poésie de Celan)

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    L'être juif chez Celan est d'abord un être-langage, un mode d'être du langage et mode d'être dans le langage. Il se décline comme un exercice éthique, comme un geste, comme l'accent dans une langue étrangère. Car la poésie de Celan s'écrit sur un horizon historique. Le silence qu'elle traverse et qui la traverse n'est pas métaphysique, il provient d'un réel de cendres et de fumées. Le poète est celui qui y entend les voix éteintes, qui leur redonne une mémoire et interdit leur dispersion. Le travail sur le mot et la lettre est ici examiné afin de tenter de dégager une lecture non hermétisante de la poésie celanienne et de montrer qu'elle répond essentiellement à une fonction de survivance.For Celan, being Jewish is first and foremost a matter of language, a way of being of and in a language community- an ethical gesture comparable to accent in a foreign tongue. Because Celan's poetry is written within a particular historical context, the silence permeating it and permited by it is not metaphysical, bur derives from a smoke-and-ashes reality. The poet's ear is attuned to extinct voices, giving them a memory and preventing their dispersal. This article examines Celan's work on the word and the letter; it puts forward a nonhermeticizing reading of his poetry, to demonstrate that the main function it serves is one of survival

    La traduction mélancolique (sur Paul Celan)

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    La traduction mélancolique (sur Paul Celan) — Dans l'oeuvre de Paul Celan, poèmes et traductions (en majorité des poèmes, du XVIe au XXe siècles, à partir de sept langues) participent d'une même poétique dont la fonction est de retrouver une langue atteinte par la ténèbre du nazisme et d'opérer un travail de deuil. La stratégie scripturaire des traductions, cependant, est spécifique en ce qu'elle permet un dire affrontant le trauma. À l'aide de notions freudiennes, notamment le transfert et la mélancolie, nous étudions ce processus à travers la traduction du commentaire de Jean Cayrol écrit pour le film Nuit et brouillard.Melancholic Translation (on Paul Celan) — In Celan's work, poems and translations (mostly poems, from the XVIth to the XXth centuries and from seven languages) belong to a same poetics whose function is to restore a language affected by the darkness of nazism and to carry out a work of mourning. The writing strategy of the translations, nonetheless, is specific since it allows a "saying" confronting the trauma. With the help of Freudian notions, especially transference and melancholia, we study this process through the translation of the commentary written by Jean Cayrol for the film Night and Fog

    Vor dem Gesetz : la porte du traduire

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