3 research outputs found

    Plan des formes, plan des forces

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    Entre Negerplastik (1915) et Afrikanische Plastik (1921), le regard de Carl Einstein s’infléchit. Cet auteur, qui compte parmi les premiers penseurs de l’art africain et de sa portée pour les avant-gardes, passe d’une approche esthétique hors-sol, sans référence aux pratiques et croyances qui donnent corps aux objets, au souci de les rattacher à des aires géographiques et à des styles. Mais son œuvre dépasse le débat attendu entre approches esthétique et ethnologique. Son originalité est d’avoir su penser ces œuvres tout à la fois comme supports de croyance et comme solutions plastiques, en travaillant à partir des concepts et des thèses du formalisme. Cette voie, qui pense la charge spirituelle de l’objet et de son image, permet de comprendre la portée de l’art africain chez les peintres modernes : non sur le plan des formes, comme le voudrait la théorie de l’imitation primitiviste, mais sur le plan des forces, ou plutôt en pensant ce que les formes doivent aux forces.Between Negerplastik (1915) and Afrikanische Plastik (1921), there is a shift in Carl Einstein’s perspective. This author, who was one of the first thinkers on African art and its scope for the avant-gardes, avoids a disembedded aesthetic approach lacking reference to the practices and beliefs which give substance to objects, and is instead concerned to connect them to geographical areas and styles. But his work goes beyond the expected debate between aesthetic and ethnological approaches. His originality is to have been able to conceive of these works both as conduits of belief and as plastic solutions, working on the basis of the concepts and theses of formalism. This approach, which reflects upon the spiritual load of the object and its image, makes it possible to understand the scope of African art among modern painters, not in terms of forms, as the theory of primitive imitation would argue, but in terms of forces, or rather by thinking about what the forms owe to the forces

    The concept of sound object : the question of perception in the Schaefferian musical research

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    Cette thèse porte sur le concept d’objet sonore, élaboré par le fondateur du mouvement esthétique nommé « musique concrète » : Pierre Schaeffer, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à la perception du son dans une perspective musicale. A travers la généalogie de ce concept devenu très populaire en musique contemporaine, nous cherchons d’abord à montrer comment se construit une pensée esthétique originale par l’apport de modèles théoriques variés : sciences naturelles, linguistique, et surtout philosophie de la perception contemporaine – phénoménologie, structuralisme et théorie de la forme. Le concept d’objet sonore se construit en effet aussi bien par des gestes techniques – enregistrement et manipulation du son fixé, situation acousmatique – que par des gestes intellectuels radicaux – suspension de la référence au contexte d’émission du son, refus de la perspective de la physique acoustique, donc de l’explication du phénomène sonore au profit de sa description morphologique, étude généralisée de nos fonctions d’écoute (acoulogie). Cette appréhension du son « pour lui-même », qui se pense comme une application de l’épochè phénoménologique à l’écoute (écoute réduite) nous invite à penser les rapports ambigus pouvant se tisser entre une esthétique musicale particulière et la philosophie de la perception qu’elle convoque pour penser son objet. Plus généralement, ce travail vise donc à décrire le rôle d’une certaine philosophie de la perception dans l’émergence d’une appréhension plastique du phénomène sonore, phénomène qui résiste pourtant d’emblée à l’objectivation.This doctoral dissertation focuses on the concept of sound object, coined by the founder of the “musique concrète” aesthetic movement Pierre Schaeffer – who wrote several essays dedicated to the perception of sound within a musical perspective. In studying the genealogy of this concept which has become very popular in contemporary music, we first wish to show how the reunion of varied theoretical models helps to build an original aesthetic reflection – natural science, linguistics, and above all the philosophy of contemporary perception (phenomenology, structuralism and Gestalt theory). Indeed, the concept of sound object is the result of both technical gestures – recording and manipulation of the recorded sound, acousmatic situation – and intellectual and radical moves such as the absence of reference to the context of sound production, the refusal to use the theoretical frame of acoustic physics (thus enabling the morphological description of the sound phenomenon to take precedence over the explanation of such phenomenon), the general study of our listening functions (acoulogy). Such perception of the sound “for itself” is to be viewed as the application of the phenomenological epoché to the listening activity (reduced listening), and leads us to consider the ambiguous relationships between a particular musical aesthetics and the philosophy of perception required to analyse its object. More generally, our study thus intends to describe the role played by a certain philosophy of perception in the appearance of a plastic perception of the sound phenomenon, though such phenomenon initially resists objectification

    Manières de croire

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    Qu’appelle-t-on croyance ? Tout le monde croit-il ? Ce qu’on identifie ici ou là comme des « croyances » relève-t-il d’un genre commun ou au contraire de types différents de pratiques et d’idées ? Au moins deux options sont en présence, qui motivent la composition de ce numéro de Socio-anthropologie. Soit on estime qu’il y a partout de la croyance et qu’il y en a toujours eu ; alors la croyance apparaît comme un invariant transhistorique. Soit, au contraire, la variabilité s’impose, et va jusqu’à l’incommensurabilité. Défendre une telle hypothèse, ce n’est pas seulement dire que tous les individus et tous les collectifs ne croient pas aux mêmes « choses » (les dieux ne sont pas partout les mêmes), mais que la façon de se rapporter auxdites choses peut varier du tout au tout, selon des modes d’une telle diversité qu’on peine à identifier un seul et même « fait social » et qu’on hésite finalement à parler de « la » croyance. La question demeure cependant ouverte de savoir si, donnés comme incommensurables, les genres d’existence et les manières de penser peuvent devenir l’objet d’un « comparatisme expérimental » qui ne renonce pas à construire les termes rendant le rapprochement sensé
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