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De l’individu et de sa liberté
On peut retracer une pratique discursive dès le xviie siècle en Occident qui met la responsabilitĂ© et la libertĂ© individuelle au centre de l’explication du social. Aujourd’hui, cette vision centrĂ©e sur l’individu est traversĂ©e par des injonctions paradoxales et contradictoires qui frĂ´lent parfois la dĂ©raison et l’enfermement plutĂ´t que l’émancipation. En remontant dans le temps, on peut retrouver des Ă©lĂ©ments d’explication de cette « liberté » paradoxale dans l’étrange histoire d’une libertĂ© qui met fin Ă elle-mĂŞme. Au dĂ©but de cette histoire et Ă la source du paradoxe est la notion de la propriĂ©tĂ© de soi.A discursive practice placing individual responsibility and freedom at the heart of social explanation can be traced back to the 17th century in the West. In the current context, this focus on the individual can give rise to contradictory and paradoxical injunctions that can be stressful and limiting rather than emancipatory. Going back in time, elements of explanation for this paradoxical «liberty» can be found in the strange story of a freedom that puts an end to itself. At the beginning of the story, and at the root of the paradox, is the notion of being one’s own property.Se puede describir una práctica discursiva a partir del siglo XVII en Occidente que pone al individuo y su libertad en el centro de la explicaciĂłn de lo social. En la actualidad, esta visiĂłn centrada en el individuo está atravesada por prescripciones paradĂłjicas y contradictorias que rozan a veces la sin razĂłn y el encerramiento más bien que la emancipaciĂłn. Al remontar en el tiempo, se pueden encontrar elementos de explicaciĂłn de esta «libertad” paradĂłjica en la extraña historia de una libertad que pone fin a ella misma. Al comienzo de esta historia y en la fuente de la paradoja está el concepto de la propiedad de sĂ
Le vieux rĂŞve
Une soirée du mois de septembre. André, qui a passé plusieurs années de sa vie dans la rue et dans les refuges et qui a un diagnostic de troubles mentaux modérés, est chez lui en train de réfléchir sur le chemin parcouru depuis qu’on lui a trouvé un appartement et qu’il est suivi par une équipe d’intervenants du projet Chez Soi à Montréal. « J’étais chez moi, une fin de semaine, un samedi ou un dimanche soir, j’écoute de la musique, tranquille, j’étais là avec ma machine à coudre, j’avais un ..
Les murs de la cité : territoires d’exclusion et espaces de citoyenneté
L'exclusion sociale est souvent considérée comme une condition ou un état dans lequel certaines catégories de la population peuvent «tomber». Or, l'exclusion n'est pas un état mais un rapport impliquant différentes catégories d'acteurs qui interagissent sur différents types de territoires. Qui sont ces acteurs et quels sont ces territoires ? Qui exclut, et pourquoi ? Dans ce texte, l'auteur part à la recherche de ces acteurs, à la lumière des conceptions juridique et sociologique de la citoyenneté, et en analysant l'expérience d'un échantillon aléatoire de personnes assistées sociales jointes à Montréal entre 1988 et 1994. Si ces personnes se trouvent effectivement en dehors des murs de la cité, leurs trajectoires permettent d'identifier un certain nombre d'acteurs et de lieux qui concourent à leur exclusion.Social exclusion is often perceived as a condition or state into which some categories of the population may "fall." And yet exclusion is not a state but rather a relationship involving various categories of actors interacting in various types of territory. Who are these actors and what are these territories? Who excludes, and why? In this text, the author seeks out these actors in the light of legal and sociological concepts of citizenship and by analyzing the experiences of a random sample of Montreal social assistance recipients surveyed between 1988 and 1994. Although these people indeed find themselves outside society, their experiences enable us to identify a number of actors and places contributing to their exclusion.La exclusion social es considerada frecuentemente como una condition o un estado en el que pueden «caer» ciertas categorias de la poblaciôn. Pero la exclusion no es un estado de vida, sino una relation que implica diferentes categorias de actores, que interactûan en diferentes tipos de territorios. Quiénes son estos actores, y cuâles son estos territorios ? iQuién excluye, y por que ? En este texto, el autor parte a la bûs-queda de estos actores, a la luz de las concepciones juridicas y sociolôgicas de la ciudadanla, y analizando la experiencia de una muestra aleatoria de personas que vivfan de la asistencia social y que fueron contactadas en Montreal entre 1988 y 1994. Si estas personas se encuentran, efectivamente, fuera de los muros de la ciudad, sus trayectorias permiten identificar un cierto numéro de actores y de lugares que contribuyen a su exclusion
Des brèches dans le mur : inégalités sociales, sociologie et savoirs d’expérience
Les sociĂ©tĂ©s inĂ©galitaires doivent se protĂ©ger du regard critique de ceux et celles qui s’en perçoivent comme les victimes. PrĂ©senter ces inĂ©galitĂ©s comme inĂ©vitables et justes devient alors d’autant plus nĂ©cessaire qu’elles risquent d’engendrer un ressentiment qui peut dĂ©clencher une demande de changement social radical. Comment la sociologie peut-elle maintenir une distance critique vis-Ă -vis d’arguments qui cherchent Ă lĂ©gitimer les inĂ©galitĂ©s, afin de participer Ă la production d’une sociĂ©tĂ© plus Ă©galitaire ? Ce texte suggère des brèches pour sortir des espaces de connaissance emmurĂ©s qui protègent les inĂ©galitĂ©s. Il s’agit, dans un premier temps, de revenir sur les approches qui voient dans les inĂ©galitĂ©s une condition relevant des individus eux-mĂŞmes. Par la suite, sont examinĂ©es les perspectives selon lesquelles les inĂ©galitĂ©s sociales sont perçues comme dĂ©coulant de rapports entre groupes sociaux, chaque type de rapport Ă©tant associĂ© Ă la production d’un certain type de savoir racisant ou naturalisant. Dans un troisième temps, est abordĂ© le rĂ´le des sciences sociales dans la construction des « murs » qui protègent les inĂ©galitĂ©s sociales. Est proposĂ©e alors une lecture critique de l’État technobureaucratique, conçu comme contribuant Ă la production des inĂ©galitĂ©s. Le texte se termine par un appel pour une sociologie qui s’allie avec d’autres acteurs du monde social, reconnaisse les savoirs fondĂ©s sur l’expĂ©rience de vie et d’intervention et participe Ă la transformation de l’État social et de sa capacitĂ© de produire une sociĂ©tĂ© plus Ă©galitaire et plus libre.Unequal societies have to protect themselves from the critical scrutiny of those who see themselves as the victims of inequality. The need to present existing inequalities as inevitable and right increases with the extent of those same inequalities, given the risk of resentment leading to calls for radical social change. How can sociology develop a critical distance with respect to arguments that seek to legitimate inequality, and participate in the production of a more egalitarian society ? This text suggests ways of breaching the walls that enclose the knowledge-spaces presenting social inequalities as having to be the way they are. The text begins by looking at approaches that see inequality as a condition deriving from individuals themselves or as a technical problem based on faulty policies and programmes. I then turn to perspectives on social inequality as a relationship between groups, and the way in which different types of relationship are characterized by different types of racialization or naturalization. In the third section, I look at the role of sociology in the building of the « walls » that protect social inequality, before providing a critical reading of the technobureaucratic State and its contribution to the reproduction of inequality. The text ends with an appeal for a sociology that allies itself with other actors in the social world, recognizes the value of experience-based knowledge, and participates in the transformation of the Welfare State and its capacity to produce a more equal and free society.Las sociedades desiguales deben protegerse de la mirada crĂtica de quienes se perciben como vĂctimas. Presentar esas desigualdades como inevitables y justas se hace tanto más necesario que puede engendrar un resentimiento que desencadene la exigencia de un cambio social radical. ÂżCĂłmo puede la sociologĂa mantener una distancia crĂtica frente a aquellos argumentos que intentan legitimar las desigualdades, con el fin de participar en la producciĂłn de una sociedad más igualitaria ? Este texto sugiere algunas brechas para salir de los espacios de conocimiento amurallados que protegen las desigualdades. Se trata, inicialmente, de retomar aquellos enfoques que ven en las desigualdades una condiciĂłn que depende de los mismos individuos. Enseguida se examinan aquellas perspectivas segĂşn las cuales las desigualdades sociales son percibidas como algo derivado de las relaciones entre grupos sociales, donde cada tipo de relaciĂłn está asociada a la producciĂłn de un determinado tipo de saber racializante o naturalizante. Por Ăşltimo, se aborda el papel de las ciencias sociales en la construcciĂłn de los “muros” que protegen las desigualdades sociales. Se propone entonces una lectura crĂtica del Estado tecno-burocrático, concebido como contribuyente a la producciĂłn de las desigualdades. El texto termina con un llamado a una sociologĂa que busque aliarse con otros actores del mundo social, que reconozca los conocimientos basados en la experiencia de vida e intervenciĂłn, y que participe en la transformaciĂłn del Estado social y de su capacidad para producir una sociedad más igualitaria y más libre
Bringing equality down to earth: food, identity reduction and the five dimensions of well-being
Social inequality operates through the reduction of identity, with individual life stories, current life situations and hopes for the future often collapsed into a single, generally negatively connoted characteristic attributed to the group with whom the individual is identified. If such reductionism is part of the way in which inequalities are reproduced in everyday interactions, then the making of equality may have its source in similarly situated interactions, based on a non-reductionist global approach. In the present text, I look at an experimentation of such a global approach, with a particular emphasis on well-being and the relationship to food. The fivefold definition of well-being proposed is based on a research project on seniors and home-support workers in Montreal, and is applied, in connection with food, to an experimental Housing-First project on homelessness, and in relation to security, sociability, nourishment, freedom and routines and places.L’inégalité sociale se met en place à travers la réduction identitaire, avec les histoires de vie des individus, leur vie actuelle et leurs espoirs pour l’avenir souvent réduits à une caractéristique connotée négativement associée au groupe auquel ils sont identifiés. Si un tel réductionnisme fait partie de la reproduction des inégalités dans les interactions du quotidien, l’égalité pourrait avoir sa source dans des interactions fondées sur une approche globale. Dans le présent texte est regardée de près l’expérimentation d’une telle approche, avec l’accent mis sur le bien-être et l’alimentation. La définition du bien-être proposée en cinq dimensions est fondée sur une recherche effectuée auprès de personnes aînées à Montréal et appliquée, en lien avec l’alimentation, à un projet expérimental de type Housing First impliquant des personnes sans domicile et en lien avec la sécurité, la sociabilité, la nutrition, l’autonomie, ainsi que sur les routines et les lieux
L’État des citoyens et la liberté du marché
L’existence du marchĂ©, avec ses règles qui cherchent Ă assurer la « libertĂ© » des Ă©changes, est l’expression mĂŞme de la citoyennetĂ©.Le concept du marchĂ© « libre » qui s’auto-rĂ©glemente selon des lois « naturelles » serait ainsi non seulement la nĂ©gationde la libertĂ© et de la citoyennetĂ© mais, paradoxalement, la nĂ©gation mĂŞme du marchĂ© en tant qu’expression de la citoyennetĂ©.Cette dĂ©formation du sens du « marchĂ© » dĂ©coule de l’acceptation, dès le XVIIIe siècle, que la libertĂ© du citoyen Ă©tait compatibleavec la soumission personnelle (par « libre » contrat et pendant les heures de travail) aux propriĂ©taires des moyens deproduction. Ă€ partir du moment oĂą on a acceptĂ© cette non-libertĂ© (selon les critères « prĂ©-modernes ») comme Ă©tant en fait dela libertĂ©, on a pu voir le non-citoyen comme citoyen et le marchĂ© non-rĂ©glementĂ© (le non-marchĂ©) comme la forme la pluspure du marchĂ©. Cette confusion trouve son expression la plus claire dans la conviction qu’on peut « laisser aller » les marchĂ©stout en restant citoyens. Dans cette voie il n’y a en fait ni libertĂ©, ni citoyennetĂ©, ni marchĂ©.The existence of the market, with its rules which attempt to ensure the "freedom" of exchange, is the expression of citizenshipitself. The concept of the "free" market which regulates itself according to "natural" laws thus would be not only the negationof freedom and of citizenship, but, paradoxically, the negation of the market itself as the expression of citizenship. This deformationof the meaning of "market" stems from the acceptance, as early as the 18th century, that the freedom of the citizen wascompatible with personal submission (by means of a "free" contract applying to working hours) to owners of the means ofproduction. From the moment that this non-freedom (according to "pre-modern" criteria) was accepted as being in fact freedom,the non-citizen could be seen as citizen and the unregulated market (non-market) seen as the puriest form of the market.This confusion finds its clearest expression in the conviction that we, as citizens, can "leave markets to their own devices"while still remaining citizens. In fact, neither in such a cours of action, there is freedom nor citizenship nor market can beachieved in this manner.La existencia del mercado, con sus reglas que buscan asegurar la «libertad» de los intercambios, es la expresiĂłn misma de laciudadanĂa. El concepto de mercado «libre» que se autoreglamenta segĂşn leyes «naturales» serĂa no solamente la negaciĂłn de lalibertad y de la ciudadanĂa sino tambiĂ©n paradojalmente, la negaciĂłn misma del mercado como expresiĂłn de la ciudadanĂa. EstadeformaciĂłn del sentido del «mercado» deriva de la aceptaciĂłn, desde el siglo XVIII, del hecho que la libertad del ciudadano eracompatible con la sumisiĂłn personal (por «libre» contrato durante las horas de trabajo) a los propietarios de los medios de producciĂłn.A partir del momento en el que se acepta esa no-libertad (segĂşn los criterios «pre-modernos») como siendo de hecho lalibertad, se pudo ver al no-ciudadano como ciudadano y al mercado no-reglamentado (el no-mercado) como la forma más purade mercado. Esta confusiĂłn encuentra su expresiĂłn más clara en la convicciĂłn que se puede «dejar ir» los mercados permaneciendoal mismo tiempo ciudadanos. En esta vĂa, no hay de hecho ni libertad, ni ciudadanĂa, ni mercado
Langues et silence : les travailleurs immigrés au Québec et la sociologie du langage
Le sujet de ce texte est l'utilisation du langage et des langues dans les milieux de travail au QuĂ©bec, particulièrement en ce qui concerne l'intĂ©gration (ou la non-intĂ©gration) linguistique des travailleurs immigrĂ©s. La perspective adoptĂ©e est d'inspiration wĂ©bĂ©ro-marxienne (en ce qu'elle est fondĂ©e Ă la fois sur les thĂ©ories wĂ©bĂ©rienne de la communalisation et marxienne des classes sociales) et cherche Ă comprendre les rapports en Ă©mergence entre "communautĂ©s" de langue au QuĂ©bec Ă la lumière de la sociologie du langage. L'auteur conclut que la forme que prend l'utilisation du langage dans les milieux de travail, Ă©valuĂ©e selon les trois axes complexitĂ©-simplicitĂ©, originalitĂ©-non-originalitĂ© et frĂ©quence-absence, joue un rĂ´le crucial dans la structuration des rapports plus globaux entre communautĂ©s de langue.This paper looks at the use of languages in the Quebec workplace, particularly with respect to the linguistic integration (or non-integration) of immigrant workers. The perspective adopted is Webero-Marxian in inspiration (drawing both on Weberian communalisation and Marxian class theory) and seeks to understand emerging relationships between language "communities" in Montreal in the light of the sociology of language. The author concludes that the nature of language-use in the workplace, evaluated along the three axes of complexity-simplicity, originality-non-originality, and frequency-absence, plays a crucial role in structuring the broader relationships between language communities.El tema de este texto es la utilizaciĂłn del lenguage y de los idiomas en los lugares de trabajo en Quebec, particularmente en lo que concierne la integraciĂłn (o la no integraciĂłn) lingĂĽĂstica de los trabajadores inmigrantes. La perspectiva adoptada es de inspiraciĂłn Webero-Marxista, (fundada a la vez en las teorĂas weberia-na de la comunalizaciĂłn y marxista de las clases sociales), y trata de comprender las relaciones emergentes entre "comunidades" de lengua en QuĂ©bec, a la luz de la sociologĂa del lenguage. El autor concluye que la forma que toma la utilizaciĂłn del lenguage en los lugares de trabajo, - evaluada segĂşn los tres ejes : complejidad - simplicidad, originalidad - no originalidad, frecuencia - ausencia, juega un rol crucial en la estructuraciĂłn de relaciones más globales entre comunidades de lengua