93 research outputs found
Jacques Roumain, ethnologue haĂŻtien
Ce sont les Œuvres complètes d’un auteur singulier, qu’il nous est donné de lire grâce à cette ambitieuse publication, soigneusement établie par Léon-François Hoffman. Mondialement renommé pour son roman paysan Gouverneurs de la rosée et son recueil de poèmes Bois d’ébène, figure emblématique des lettres haïtiennes, «contemporain capital», ainsi que le qualifie René Depestre dans son magnifique liminaire, Jacques Roumain se garda bien d’être un écrivain prônant l’extraterritorialité de la lit..
L’anthropologue et le prognathe
À propos de : Filippo M. Zerilli, Il lato oscuro dell’etnologia. Il contributo dell’antropologia naturalista al processo di istituzionalizzazione degli studi etnologici in Francia. Roma, Centro d’Informazione e Stampa Universitaria (CISU), 1998, xiii + 221 p., bibl., index, ill. (« Materiali e Studi demoetno-antropologici »)
Lo bello y lo útil, el esteta y el etnógrafo: El caso del Museo Etnográfico de Trocadero y del Museo del Hombre (1928-1940)
The complex relationship between art and ethnography has been a major issue in France since the mid 1990s because of the launchof the Quai Branly Museum project, which rekindled heated debates about the respective interest and value of the ethnographic gaze compared to the artistic one regarding non-Western objects. This paper gives some historical depth to this topic by examining events in Paris’ Ethnographic Museum of Trocadero and the Museum of Man under the direction of Paul Rivet and then Georges Henri Rivière in the 1930s.Abordar la cuestiĂłn de la relaciĂłn entre lo bello y lo Ăştil despierta un interĂ©s mayor en Francia desde hace una dĂ©cada y media, a raĂz de la puesta en marcha del proyecto del museo del Quai Branly, que reviviĂł ciertos debates sobre la pertinencia y el valor respectivos de las miradas etnográfica o estetizante sobre objetos provenientes de sociedades no occidentales. Este artĂculo quisiera darle un poco de profundidad histĂłrica a este tema refiriĂ©ndose a lo ocurrido en el Museo de EtnografĂa de Trocadero y en el Museo del Hombre durante las direcciones de Paul Rivet y de Georges Henri Rivière en los 1930
Jean Boutier, Jean-Claude Passeron & Jacques Revel, eds, Qu’est-ce qu’une discipline ?
Une dizaine de contributions ont été rassemblées autour de cette question faussement simple, qui concerne tout autant les épistémologues, les sociologues et les historiens que les anthropologues. Logiquement, c’est une collection à l’interdisciplinarité affichée, la collection « Enquête » des éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, qui abrite cette réflexion. Sont donc publiés un ensemble de communications prononcées lors d’une journée d’études à Marseille, en janvier 2001..
“Détestables écoles d’ethnographie”
RésuméCet article s’interroge sur les choix, les stratégies d’écriture de Paul Rivet pour relater sa mission en Équateur (1901-1906), après la découverte dans ses papiers personnels de plusieurs textes inédits qui obligèrent sa biographe à réviser ses analyses sur la conception de l’altérité véhiculée dans les travaux équatoriens de Rivet. Jeune médecin militaire en progressive reconversion professionnelle vers la carrière d’anthropologue, il garda sous le boisseau plusieurs textes, dont deux petits poèmes qui évacuaient de façon très sensible ce que la contemplation des Indiens opprimés lui inspirait. Il s’agit d’essayer de comprendre pourquoi il ne divulgua pas ces poèmes. Si, dans ses articles scientifiques, il pouvait à bon droit décrire l’Indien acculturé comme un homme déchu, appartenant à un monde et une humanité en sursis, il s’interdit de l’évoquer comme un indigent, broyé par le servage, soumis à des conditions d’exploitation économique et sociologique effroyables. Ce constat permettra de mettre en lumière les conditions d’accréditation professionnelle du métier d’anthropologue au tournant du xxe siècle en France, un débutant ne pouvant espérer pénétrer les réseaux de la sociabilité savante s’il ne se défiait pas tout à la fois des considérations sociales, de la littérature de voyage et de ses impressions personnelles.AbstractThis article inquires into Paul Rivet’s writing strategies for narrating his fieldwork in Ecuador (1901-1906), given the discovery among his personal papers of several unpublished texts that have forced his biographer to modify his analysis of Rivet’s conception of « alterity » in studies on this country. Rivet was a young army doctor who switched, over a very long period, to anthropology. He held back publishing several texts, including two short poems, that evacuated what the contemplation of oppressed Indians had inspired in him. Why did he not disclose these poems ? In his scientific articles, he rightly described acculturated Indians as in a fallen state, belonging to a world and humanity living on borrowed time ; but he refrained from describing them as indigent, crushed by servitude, subject to appalling conditions of economic and social exploitation. This sheds light on the conditions of professional accreditation as an anthropologist at the turn of the 20th century in France. A beginner could not hope to penetrate networks of academic sociability without being on guard against social considerations, travel literature and his personal impressions
L’anthropologie et le politique, les prémisses
RésuméNouée au retour à la vie civile, en 1919, la correspondance Franz Boas/Paul Rivet (129 lettres) permet de révéler la longue amitié politique et scientifique, la collaboration agissante, entre deux pères fondateurs de l’anthropologie – relation restée jusqu’à présent insoupçonnée. On peut repérer trois temps forts, trois motifs pour lesquels ils firent cause commune, de 1919 à 1942. C’est d’abord leur souci de restaurer au plus vite l’internationalisme scientifique et de ne pas exclure les savants des anciennes nations ennemies qui motive leur rapprochement et leurs premiers échanges. Ils partagent le même intérêt pour la linguistique amérindienne, pour sauver de l’oubli ces langues, ce qui n’empêche pas un désaccord de fond majeur sur la manière de mener cette recherche. Enfin, avec la montée du nazisme et du racisme érigés en doctrine d’État, ils se retrouvent à Paris en 1937, pour affronter les tenants de la raciologie nazie. La présence de Paul Rivet au moment du décès de Franz Boas, au moment où ce dernier lui redit l’impérieuse nécessité de combattre le racisme, est hautement symbolique de la qualité de la relation qu’ils surent nouer.AbstractThe correspondence (129 letters) between Franz Boas and Paul Rivet after the return to civilian life in 1919 sheds light on the long political and scientific friendship and active collaboration between two founding fathers of anthropology. Till now, this relationship has been overlooked. There were three intense periods from 1919 to 1942, three motivations for taking sides together. Their first exchanges were motivated by their wanting to restore as soon as possible the internationalism of science so as to avoid ostracizing scientists from formerly enemy nations. A second motivation was that, sharing the same interest in Native American linguistics, they sought to save these languages, even though this effort did not keep them from deeply disagreeing about how to conduct research. Finally, given the rise of Nazi power and proclamation of racism as a state doctrine, they met in Paris in 1937 to oppose Nazi raciology. Rivet’s presence when Boas died, telling him, once again, how necessary it was to fight against racism, is highly symbolic of the quality of their relationship
D’une île à l’autre
Alfred Métraux a, par deux fois été en contact avec certains mystères propres aux cultures insulaires : en 1934-1935, lorsqu’il se rendit en mission à l’île de Pâques, puis dans les années 1940, lorsque, en tant qu’ethnologue, il participa au programme de développement lancé par l’Unesco dans la Vallée de Marbial. Ce fut à l’occasion de ce séjour prolongé en Haïti, qu’Alfred Métraux en vint à étudier le vodou. Mais la campagne anti-superstitieuse qui sévissait à cette époque, ne lui permit pas d’observer les rituels vodou dans la région de Marbial, mais à Port-au-Prince et dans ses environs. En 1958, Alfred Métraux livra son étude sur le vodou qui reste à ce jour encore une excellente introduction à cette religion populaire, qu’il tenait à sortir du folklore pour l’étudier en fait social. Cet article s’appuie sur des documents d’archives peu exploités jusqu’ici.Alfred Métraux twice came into contact with certain mysteries specific to island cultures: in 1934-1935, when he was sent to Easter Island; and in the 1940s, when, as an ethnologist, he took part in Unesco’s development program in the Marbial valley and thus had the opportunity for an extended stay in Haiti. It was during this sojourn that Alfred Métraux started studying vodoo in the Port-au-Prince area, since the Marbial valley provided few occasions for attending such ceremonies, given the effectiveness of the campaign against superstitions there. In 1958, Métraux brought out his study of vodoo. It still provides an excellent introduction to this religion, which Métraux tried to differentiate from folklore by studying it as a «social fact». This article is based on archival sources that have been little used till now
Fictions d’une mission
RésuméChristine Laurière, Fictions d’une mission: île de Pâques 1934-1935. — Partis à la recherche des vestiges archéologiques qui prouveraient l’apparentement entre la civilisation pascuane et celle de Mohenjo-Daro – distantes dans le temps de 5000 ans et dans l’espace de 25000km–, Alfred Métraux et Henri Lavachery font l’expérience d’un double désenchantement. Théorique d’abord, car l’hypothèse défendue par Guillaume de Hevesy ne tient pas. Humain ensuite, car les Pascuans ne sont pas des primitifs englués dans des temps archaïques; il leur faut faire le deuil de leur chimère d’exotisme. Il s’agit ici de restituer l’histoire de cette mission ethnographique et le déroulement de ce terrain injustement méconnus.AbstractIn the quest to find archeological evidence for proving that the Easter Island civilization was related to that of Mohenjo-Daro (separated by 5.000 years in time and 25.000 km in space), Alfred Métraux and Henri Lavachery experienced a twofold disillusionment. The first was theoretical, since the hypothesis advocated by Guillaume de Hevesy was not valid. The second was human, since the island’s inhabitants were not primitives stuck in an archaic past; the belief in a sort of exoticism had to be given up. The story of this anthropological fieldwork experience is, unfairly, not well known
Nathan Schlanger, ed., Marcel Mauss. Techniques, Technology and Civilisation
La réévaluation stimulante de l’œuvre de Marcel Mauss par les social scientists anglais continue avec ce nouveau volume qui rassemble une douzaine de ses textes s’intéressant aux techniques, à la technologie, aux implications idéologiques sous-jacentes. Après les parutions récentes en anglais par la même maison d’édition de sa thèse inachevée sur la prière (On Prayer, 2004), d’un recueil d’articles sur The Nature of Sociology (2005) et de son Manual of Ethnography (2006), qui ont tous bénéfic..
Nostalgie du néolithique. De Lausanne à Las Lomitas. Documents sur Alfred Métraux, ethnologue
Le lecteur doit prendre au pied de la lettre la citation introduisant cet ouvrage, qui stigmatise la « vanité de l’exhaustivité et de l’objectivité apparente », s’il veut bien comprendre la démarche de l’anthropologue suisse Alain Monnier. S’intéressant aux terrains américanistes d’Alfred Métraux (1902-1963), il est parti sur ses traces en 2002, cherchant son souvenir à Tucumán en Argentine, où il dirigea l’Institut d’ethnologie de 1928 à 1935, puis chez les Indiens Mataco de Misión Chaqueña,..
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