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    Shakespeare et la gĂ©ographie imaginaire de l’Europe

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    Bien qu’il n’emploie jamais le terme de gĂ©ographie (signalĂ© dĂšs 1542 en Angleterre), Shakespeare attache une importance particuliĂšre au cadre spatial de ses piĂšces oĂč les toponymes constituent des signifiants complexes chargĂ©s d’échos poĂ©tiques et de rĂ©sonances symboliques. Les lieux qu’il dĂ©crit sont souvent des lieux doubles dont une face est rĂ©elle, l’autre imaginaire. DĂšs lors, l’imaginaire gĂ©ographique europĂ©en qui prĂ©vaut chez lui est synonyme d’évasion, de dĂ©tour ou de contournement pour des personnages en quĂȘte de libertĂ© ou d’identitĂ©. Comme dans la reprĂ©sentation de l’Europe en femme sur l’une des planches de la Cosmographie (BĂąle, 1588) de SĂ©bastien MĂŒnster, Shakespeare a en effet tendance Ă  fĂ©miniser les parties de cette cartographie partiellement imaginaire. La forĂȘt d’Arden, devenue refuge ou sanctuaire des exilĂ©s ou des rĂ©fractaires, prend ainsi des allures de sein maternel. Mais le flou cartographique prĂ©vaut nĂ©anmoins dans la plupart des piĂšces afin de multiplier les jeux de la polysĂ©mie. Les allusions Ă  l’Europe constituent pour Shakespeare un palimpseste gĂ©ographique et beaucoup des itinĂ©raires qu’il suggĂšre sont bien souvent des chemins qui ne mĂšnent nulle part. L’imaginaire du lieu reste ainsi indissociable de la topographie du tempsEven though he never uses the word geography, whose first occurrence may be traced back to 1542 in England, Shakespeare lends particular importance to the spatial background of his plays where place names are often complex signifiers full of poetic connotations and symbolic reverberations. The countries he describes are often endowed with a double face, one real, the other imaginary. The imaginary geography of Renaissance Europe, thus becomes synonymous with escape, dĂ©tour or indirection for characters in quest of liberty or identity. As in Sebastian MĂŒnster’s representation of Europe as a woman in one of the engravings of his Cosmographia (Basel, 1588), Shakespeare also tends to feminize the parts of this partly imaginary geography. The forest of Arden for instance, which is used as a shelter or a sanctuary by exiles or dissidents, then becomes some kind of maternal green breast. But cartographic indistinction is nevertheless present in most of his plays and this seems quite deliberate in order to allow for polysemic puns. The allusions to Europe then become a geographic palimpsest, so that many of the itineraries he describes are often routes that lead nowhere or else to some never never land. Thus, for Shakespeare, imaginary landscapes are indissociable from a topography of time

    « In th’east my pleasure lies » Shakespeare et la gĂ©ographie du dĂ©sir

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    À la suite de Marlowe (Tamburlaine, Dr Faustus), Shakespeare dĂ©finit l’Orient comme le lieu du dĂ©sir. À la gĂ©ographie contemporaine avec ses mirabilia s’ajoutent, Ă  la Renaissance, les fantasmes de richesses liĂ©s au commerce avec les Indes et la Chine (route de la Soie et des Ă©pices, perles de l’OcĂ©an Indien), qui inspirent donc au dramaturge un certain nombre de thĂšmes et d’images rĂ©currentes liĂ©s Ă  la reprĂ©sentation du dĂ©sir et qui font l’objet de la prĂ©sente Ă©tude.Following upon Marlowe’s Tamburlaine and Dr Faustus, Shakespeare defines the Orient as the place of desire. To the mirabilia of contemporary geography are added fantasies of riches prompted by the trade with India and China (silk and spices routes, pearls coming from the Indian ocean) which have inspired the playwright with a number of recurrent themes and images linked to the representation of desire which are studied in this paper

    La TempĂȘte : monde vert ou monde Ă  l’envers ?

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    Figures de l’excùs dans Antony and Cleopatra

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    Contrairement Ă  Titus Andronicus, oĂč l’excĂšs s’alimente directement Ă  la source d’une rhĂ©torique hypertrophiĂ©e (celle des drames de SĂ©nĂšque) et confine au grotesque et au grand guignol, Antoine et ClĂ©opĂątre prend soin de mesurer l’écart ou l’outrance en les mettant constamment en perspective grĂące aux jeux d’oppositions entre la tempĂ©rance romaine et la surenchĂšre Ă©gyptienne. La piĂšce met en abyme les deux figures centrales du paradoxe et de l’hyperbole respectivement incarnĂ©es par ClĂ©opĂątre et Marc Antoine sur la scĂšne du monde (« the three-nooked world »), oĂč l’influence de Tamburlaine est marquĂ©e, pour les opposer Ă  une stratĂ©gie de la rĂ©ticence et du calcul. Comme dans la moralitĂ© tudor, le combat amoureux et politique s’inscrit ici dans le cadre d’un dĂ©bat qui oppose les valeurs et les croyances de deux civilisations. DĂšs lors la dynamique de l’Ɠuvre met en place un systĂšme de vases communicants oĂč l’Être (la figure de la plĂ©nitude dont la marque est la rĂ©ussite) oscille entre des pĂŽles contraires avant que les coefficients de dĂ©part ne s’inversent, faisant ainsi de l’exagĂ©ration, de l’outrance ou de l’impossible, non plus la toile de fond de la caricature grivoise ou misogyne mais les principes d’un nouveau mode d’ĂȘtre : « His legs bestrid the ocean » (v.ii.81). Dans ce que H. W. Fawkner appelle « l’hyperontologie » de la piĂšce la folie, la perte ou la dĂ©bauche se retournent en leurs contraires et deviennent synonymes de la sĂ©rĂ©nitĂ©, du gain et de l’abondance retrouvĂ©s.Contrary to Titus Andronicus, where excess directly results from the hyperbolic rhetoric of Seneca’s tragedies and comes close to grotesque and grand-guignol, Antony and Cleopatra constantly puts exaggeration in perspective thanks to the polarities that pit Roman temperance against Egyptian “o’erflowing”. The play, where the influence of Tamburlaine is quite visible, puts in the foreground the two key-figures of paradox and hyperbole, respectively illustrated by the characters of Cleopatra and Mark Antony on the stage of the world (“the three-nooked world”), where they are confronted to a strategy of ellipsis and anticipation. As in the Tudor morality play, the erotic and political struggle is here part of a general debate that contrasts the values and beliefs of a civilization against those of another. The dynamic forces at work in the play are part of a system whereby the figure of fullness that goes along with success is caught between antagonist polarities, before the main data and hierarchies of the initial situation are put upside down, thus turning exaggeration, excess or impossibility the very bases of a new mode of being rather than the tools for bawdy and misogynous caricature: « His legs bestrid the ocean » (v.ii.81). What the critic H. W. Fawkner calls the “hyperontology” of the play allows in fact madness, loss or debauchery to be turned inside out into their own contraries, so that they ultimately become synonymous with the recovery of peace of mind, gain and plenty

    Introduction

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    Dans le titre d’un livre Ă©crit en 1973, Terence Hawkes Ă©voquait « les animaux parlants de Shakespeare ». Si la question du langage et de la communication est Ă©videmment centrale, elle est loin d’ĂȘtre le seul trait que le dramaturge retient pour diffĂ©rencier l’homme de l’animal dans son Ɠuvre. Ce fils de gantier d’une petite ville de province qui a, dans sa jeunesse, nĂ©cessairement assistĂ© Ă  l’abattage et Ă  la souffrance des bĂȘtes, tout en Ă©tant par ailleurs initiĂ© au processus de traitement d..

    Préface

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    Le monde est trop durableAlorsNous faisons de luiUn spectacle passagerBernard NoĂ«lDans cet ouvrage, Jean-Louis Claret, maĂźtre de confĂ©rences Ă  Aix-Marseille UniversitĂ©, propose au lecteur et Ă  l’amateur du thĂ©Ăątre et des Sonnets de Shakespeare une approche Ă  la fois originale et trĂšs personnelle de ces textes qui s’éloigne dĂ©libĂ©rĂ©ment des sentiers battus de la critique universitaire traditionnelle. PassionnĂ© par la question de l’image, l’auteur, lui-mĂȘme dessinateur amateur, a eu l’idĂ©e de ..

    Mythe, magie et représentation du mal : Macbeth

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    Le terme de magie est traditionnellement associĂ© Ă  une piĂšce oĂč la critique s’accorde Ă  voir une expression du mal (« a statement of evil »), pour reprendre la cĂ©lĂšbre formule de L. C. Knights. Dans Macbeth, le mal est Ă  la fois ressenti et visualisĂ© Ă  travers l’arriĂšre-plan d’une Écosse mĂ©diĂ©vale avec ses trois « SƓurs funestes » (Weird Sisters), ses fantĂŽmes, son air entĂ©nĂ©brĂ© et sa forĂȘt qui marche. Tout cela contribue Ă  crĂ©er une atmosphĂšre d’angoisse et d’horreur qui suggĂšre une chute ve..
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