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    Les instruments de la mémoire

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    Le rôle de la mémoire du génocide au Rwanda est principalement éducatif ; elle reprend le passé pour corriger le présent et assurer un avenir meilleur. Aussi les instruments de la mémoire mis en place par le gouvernement rwandais visent-ils à amener la population non seulement à lutter contre l’idéologie du génocide, mais aussi à découvrir la nécessité de se réconcilier et de construire une société unie. Les commémorations, les semaines de deuil, les sites mémoriels, par leur nature et leur message, sont pour les générations successives un rappel permanent de ce qu’il ne faut plus jamais faire. Cependant, ces instruments peuvent renfermer des germes de division, susciter des sentiments ambivalents, provoquer des réactions diamétralement opposées. L’analyse de leur fonctionnement met en évidence leur rôle ambigu et soulève la question d’une muséographie traumatisante.In Rwanda, the memory of genocide is kept alive largely for educational purposes—it looks back on the past in order to correct the present and ensure a better future. The instruments put in place by the Rwandan government to ensure continuance of memory seek to encourage the population not only to combat the ideology of genocide, but also to understand the need for reconciliation and construction of a unified society. By their very nature and their message, the commemorations, weeks of mourning, and memorial sites form a permanent reminder for successive generations of what must never be allowed to happen again. These same instruments, however, could well nurture seeds of division, give rise to ambivalent feelings, and provoke diametrically opposed reactions. Analysis of the ways these instruments work shows the ambivalence of their role and raises the question of traumatising museography

    Sismographie des terreurs

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    Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe et le monde occidental peinent à regarder l’événement monstrueux que fut le génocide. Mais, depuis quelques décennies, la tendance tend à s’inverser. Une injonction s’impose : « Plus jamais ça ! » À côté de la lente prise de conscience de l’Holocauste, d’autres conflits et d’autres violences extrêmes sont requalifiés de « génocides ». De proche en proche, des « lieux de mémoire » sont aménagés sur le site du « crime » ou exposés dans les musées. Cette politique de la mémoire invite aux cultes mémoriaux, religieux ou civils. Manière d’arracher une image au désastre ; manière aussi de rendre justice aux victimes ; manière enfin de donner à voir la violence et l’abjection de l’Événement, sans toujours parvenir à le rendre intelligible. Aujourd’hui, l’omniprésence d’un passé que l’on décline en termes de commémoration, de compassion, de repentance ou de réparation, remplit et déborde ces lieux de mémoire. Le souvenir du passé est désormais devenu un enjeu des relations internationales ainsi qu’un instrument des nationalismes et de la « gouvernance globale ». Ce dossier « Sismographie des terreurs » est complété d’une étude sur un programme de l’Unesco de l’après-guerre consacré au racisme. Acheter ce numéro en lign
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