5 research outputs found

    Écriture de la violence dans le roman africain francophone des années 1990 : une esthétique dans le cri : le cas des deux Congo

    No full text
    This study explains the way in which six African writers depict and denounce postcolonial violence in Africa in the period 1990 – 2000. In particular, it shows how the narrative strategies used by these novelists support the expression of this violence. The analysis shows that the entire mechanics of fictional writing operate to this end: the theme of violence is built up following a continuous and linear progression of the thematic sub-units which make up the central axis of this violence; the distribution of the narrative roles is directed in relation to the categorization of the characters; the latter are characterized according to specific modalities which are most often borrowed from the traditional African narrative, which assimilates them (especially those wielding power) to monsters or ferocious beings; space and time are designed and described as proper actors in the distribution process of this violence; the narrative system whose variations tend to match, translate and authenticate the violence thus represented; many other narrative and rhetorical processes are used to amplify the tragic and beyond that the satirical tone of the texts analyzed. The entire narrative mechanics contrive to make perceivable the violence which Man inflicts on the world described. Postcolonial African society, which the fictional world portrays, is described here like the jungle: those wielding power (those who inflict violence) are like monsters or ferocious beasts and the people are their prey. The indictment made against this world of excessive violence makes the analyzed texts sound like a cry: a cry of distress and anger, but also, ultimately, a cry for freedom, peace and food, in short, happiness for all. However, the analysis also shows that this writing about violence, gives rise to a violent style of writing, as close attention is paid to the question of form, and thus to the aesthetic dimension of the works studied. This thesis is original in that it illustrates in a detailed and convincing way the link between the representation of violence and the search for artistic beauty through formal strategies developed by the authors of the corpus. Such work has not always been done, or has not been done enough, in most previous studies on the subject. By stating that the introduction of the political element (in this case, violence) in the novel can be combined with the search for beauty, which means that expressing the cry does not exclude the quest for beauty, this study makes it possible to take a stance in the debate on the commitment of African writers. It tends to denounce and qualify the argument of inhibited creative activity held by the defenders of the world literature against the grafting of history on to the works, and thus against the concept of commitment. Moreover, it includes fiction writing by the authors considered in the dynamics of the aesthetic renewal which began in the previous decades (before 1990). It also confirms the topicality of the concept of commitment in African literature from the dual political (description of the immediate reality) and literary point of view (quest for the aesthetics of efficiency). In this respect, this study could serve as a benchmark for research into the perspective of literary history, particularly when considering the question of writing and commitment in the Congolese novel between 1990 and 2000. As regards this same question and period, it could even serve to illustrate the situation of African novels written in French in the whole of the black continent.Cette étude rend compte de la manière dont six écrivains africains représentent et dénoncent la violence postcoloniale en Afrique au cours des années 1990 à 2000. Elle montre notamment comment les stratégies narratives mises en œuvre par ces romanciers soutiennent l’expression de cette violence. L’analyse relève que toute la mécanique de l’écriture romanesque fonctionne dans ce dessein : mise en place du thème de la violence selon une progression constante et linéaire des sous-unités thématiques constituant l’axe central de cette violence ; distribution orientée des rôles narratifs en rapport avec la catégorisation des personnages ; caractérisation de ceux-ci selon des modalités particulières, le plus souvent empruntées au récit narratif traditionnel africain, qui les rapprochent (particulièrement les personnages du commandement) des monstres ou des êtes féroces ; conception et description de l’espace et du temps comme de véritables actants (acteurs) dans le processus de distribution de cette violence ; système narratif dont les variations tendent à s’accorder, à traduire et à authentifier la violence ainsi représentée ; usage de nombreux autres procédés narratifs et rhétoriques qui accentuent le ton tragique et, par-delà, satirique des textes analysés. Toute la mécanique narrative concourt à faire percevoir la violence de l’homme sur le monde décrit. La société postcoloniale africaine, que figure l’univers romanesque, est peinte ici à l’image de la jungle ; les agents du commandement (producteurs de la violence), comme des monstres ou des bêtes féroces et le peuple, comme leur proie. Le réquisitoire dressé contre ce monde de violence à outrance fait des textes analysés l’expression d’un cri : cri de détresse et de colère, mais aussi, in fine, cri de revendication de la liberté, de la paix et du pain, bref, du bonheur pour tous. Mais l’analyse montre aussi que cette écriture de la violence donne lieu une écriture de violence du fait d’une attention soutenue à la question des formes, c’est-à-dire du fait d’une grande préoccupation pour la dimension esthétique des œuvres étudiées. L’originalité de cette thèse est d’illustrer de manière détaillée et convaincante l’articulation entre représentation de la violence et recherche de la beauté artistique à travers les stratégies formelles exploitées par les auteurs du corpus. Un tel exercice n’a pas toujours été fait dans la plupart des travaux antérieurs sur le sujet, ou alors insuffisamment. En attestant ainsi que l’insertion de l’élément politique (ici, la violence) dans le roman peut bien aller de pair avec la recherche du beau, c’est-à-dire que l’expression du cri peut bien s’accommoder de la quête esthétique, cette réflexion permet de prendre position dans le débat sur l’engagement de l’écrivain africain. Elle tend à dénoncer et à nuancer l’argument d’inhibition de l’activité créatrice allégué par les tenants de la « littérature-monde » contre l’inscription de l’histoire dans l’œuvre, et donc contre le concept d’engagement. De plus, elle inscrit l’écriture romanesque des auteurs étudiés dans la dynamique de renouvellement esthétique entamée depuis les décennies précédentes (avant 1990). Elle confirme par ailleurs l’actualité du phénomène de l’engagement en littérature africaine sur le double plan politique (description du réel immédiat) et littéraire (quête d’une esthétique de l’efficacité). Dans ce sens, cette étude pourrait servir de repère aux recherches engagées dans la perspective de l’histoire littéraire, notamment lorsqu’il pourrait s’agir d’examiner la question de l’écriture et de l’engagement dans le roman congolais des années 1990 à 2000. Elle pourrait même, sur cette question et pour la même période, servir d’illustration de la situation du roman africain francophone dans l’ensemble du continent noir.(ROM 3) -- UCL, 201
    corecore