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Ecrire le quotidien aujourd’hui : formes et enjeux
On revient ici sur le développement d’« écritures du quotidien », qui ont émergé en France à partir du début des années 1980 et ne cessent depuis de se développer. Explorations urbaines, enquêtes socio-anthropologiques, phénoménologies d’objets du quotidien : ces écritures constituent aujourd’hui un vaste massif aux formes variées, qui n’a que très peu été étudié en tant que tel. Or, l’intérêt de ces textes réside notamment dans le fait qu’ils interrogent de manière particulièrement forte les limites de la littérarité. Tout d’abord, parce qu’ils instaurent souvent un dialogue très nourri avec les sciences humaines, qui se sont largement emparées, avant la littérature, de la notion de quotidien. Ensuite, parce qu’ils ont très souvent un statut hybride, relevant la plupart du temps de la littérature que l’on qualifie d’« expérimentale ». Certains de ces textes vont jusqu’à mettre en question la séparation entre l’œuvre et l’existence même de leur auteur, nécessitant, pour être menés à bien, de contraindre celle-ci plus ou moins fortement. On observe donc un brouillage des frontières non seulement entre le théorique et l’artistique, mais entre l’art et la vie même, brouillage qu’il paraît particulièrement profitable d’explorer plus avant pour définir « l’extension du domaine des lettres » aujourd’hui.Since the 1980s, France has seen the development of texts that endeavour to deal with everyday life. These texts, which now constitute a whole section of literary production in its own right, form a constellation that has scarcely been studied as such. It includes practices of urban wandering, socioanthropological studies, the phenomenology of everyday objects… These texts put into question the limits of what literature can be, in a particularly strong way. First, because they often engage in a dialogue with humans sciences, which have been seriously investing in the everyday much earlier than literature. Second, because they very often have an hybride dimension and come under the banner of ‘experimental’ literature. Some of the texts even put into question the separation between the book and the actual life of its author, since they are designed to put strains on the latter’s everyday life. We are facing here a blurring of the limits between theory and art, but also between art and life itself. It seems that exploring this blurring further would be particularly profitable to the reflection on the extension of the field of literature today
Le Condottière, nouveau fragment d’une autobiographie éclatée de Georges Perec
Le Condottière est bien un roman, l’un des premiers écrits de jeunesse de Georges Perec, le « premier roman à peu près abouti que je parvins à écrire » comme il le formule dans W ou le souvenir d’enfance. Un roman qui faillit ne jamais voir le jour en librairie : présenté à Gallimard, son éditeur pressenti, en 1960, il est aussitôt refusé ; il sera finalement publié en 2012, plus de cinquante ans après le refus initial. Ce refus de Gallimard peut s’expliquer : le livre est assez atypique et d..
Pour un Perec politique
Perec politique ? À la fois partout et nulle part. Perec n’est certes pas le premier auteur auquel on pense, lorsqu’on mobilise cette question du politique – son œuvre n’a, de fait, quasiment pas été l’objet d’analyses de ce genre. Pourtant, rares sont ses livres qui ne soient pas susceptibles d’une lecture politique : que l’on pense à l’« homme qui dort », qui fait l’expérience d’un refus de l’organisation sociale commune ; aux Choses, où Perec montre comment un quotidien soumis à l’idéologi..
Les affects entre parenthèses : W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec
On a déjà souvent souligné l’absence remarquable de pathos qui caractérise W ou le souvenir d’enfance, le récit autobiographique de Georges Perec. La biographie de l’écrivain est pourtant de celles qui auraient particulièrement donné prise au pathétique : l’enfance qu’il raconte dans le livre est celle d’un enfant juif pendant la guerre, qui devient très tôt orphelin – Perec a quatre ans quand son père, engagé volontaire, meurt sur le champ de bataille ; il en a six quand sa mère est déportée..
L’« écriture blanche » de Georges Perec
parler, c’est seulement parler, simplement parler, écrire, c’est seulement écrire, tracer des lettres sur une feuille blanche. (PC, p. 61)Ton histoire : blanc sur la nuit, échos (LC, p. 18) « Perec artisan de la langue » : le propos de ce volume est de mettre en question la conception d’un Perec comme « sujet sans langue » qu’avait émise Christian Prigent (1991, p. 144). Sur le plan du style, cette conception renvoie notamment aux catégories de la « blancheur », de la « neutralité » de l’écri..
Entretien avec Martine Sonnet et Thierry Beinstingel
Martine Sonnet est née en 1955. Historienne, elle est ingénieure de recherche au CNRS, où elle travaille sur l’éducation des jeunes filles au xviiie siècle. Outre ses travaux de recherche, elle a publié deux livres : Atelier 62 (Le Temps qu’il fait, 2008) et Montparnasse monde (Le Temps qu’il fait, 2011). Atelier 62 est un récit consacré à la figure de son père, ouvrier forgeron à la Régie Renault ; il a été écrit vingt ans après sa disparition, au moment où l’usine de Billancourt où il a tra..
Le corps et la lettre (lecture de l'oeuvre de Georges Perec)
BORDEAUX3-BU Lettres-Pessac (335222103) / SudocSudocFranceF
Écrire le travail au XXIe siècle : quelles implications politiques ?
Arpenter les lieux de la mémoire ouvrière et paysanne, explorer les nouveaux terrains de l’emploi tertiaire, inventorier et réinventer les langues qui façonnent le monde de l’usine et de l’entreprise : tel est souvent le programme des textes fictionnels ou documentaires consacrés au travail depuis les années 80. Ces ouvrages ont retenu l’attention de la critique universitaire récente. Manquait cependant encore une étude de fond consacrée à ce qui est pourtant un des enjeux fondamentaux de ces textes : leur portée politique. Ce volume s’attache donc à interroger les formes de l’implication qu’ils mettent en œuvre, de l’examen critique du monde social à l’élaboration d’un discours tourné vers la praxis. Il espère ainsi contribuer à penser les rapports de la littérature contemporaine au politique ; et, par là même, participer à l’élaboration d’une cartographie du champ littéraire au tournant du millénaire
Introduction
Les dernières années ont été marquées par l’essor des publications portant sur les rapports entre littérature contemporaine et monde du travail. Le phénomène date de la deuxième décennie du xxie siècle, marquée en 2011 par la parution du dossier Initiales intitulé « Écrire le travail » et par le numéro de la revue Raison publique consacré au « Travail sans fin ». En 2012, Stéphane Bikialo et Jean-Paul Engélibert dirigent un volume de La Licorne intitulé Dire le travail tandis que l’Institut d..
Ecrire le travail au XXIe siècle. Quelles implications politiques?
International audienc