The Repertoire Politics of Mamontov’s Enterprise: Francophilia, Wagnerism and the Nationalist Crusade

L’opéra privé de Moscou est l’une des institutions artistiques les plus importantes et les plus novatrices de la fin des années 1890. Toutefois, il lui fallait survivre sur le dur marché de l’opéra en Russie, un marché qui ne faisait pas confiance aux entreprises privées, qui était soumis au pouvoir des théâtres impériaux, bénéficiant du soutien de la cour, qui était périodiquement secoué par les jeux politiques et diplomatiques du gouvernement et les batailles idéologiques de la presse. Les goûts personnels de Savva Mamontov le poussaient en direction du répertoire français, et sa volonté de donner à son théâtre une réputation d’exigence le faisait s’intéresser à Wagner. La décision de monter les opéras du groupe des Cinq attira sur son entreprise l’attention des critiques d’orientation nationaliste dont le poids grandissait, comme le montra la tournée d’une troupe wagnérienne. Bien plus, cet épisode contribua à faire de l’opéra privé de Mamontov le bastion de l’opéra russe national, légende qui oblitéra son rôle dans le développement du modernisme.Moscow Private Opera was one of Russia’s most prominent and innovative artistic institutions of the late 1890s. Yet, it still had to survive in Russia’s harsh theater market, dominated by the powerful Imperial Theaters backed by the court, rocked by the country’s shifting political alliances and its diplomatic chess games with Germany and France, and divided by conflicting ideological agendas aggressively promoted by the press. Mamontov’s own taste gravitated toward contemporary French repertoire, and his desire to cultivate a more radical image for his company meant expressing an interest in Wagner. But his decision to stage the works of the Russian Five also aligned his company with the increasingly influential nationalists, culminating in a spectacular competition with a touring Wagnerian troupe. This decision also led to the creation of a mythologized portrait of the Moscow Private Opera as a nationalist powerhouse, which until recently obscured Mamontov’s modernist legacy