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    Trois essais en économie de la famille et de la migration

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    Dans les pays en développement, la migration d'un individu est bien souvent le fruit d'une réflexion collective visant à diversifier les sources de revenus au sein de la famille et/ou à partager les coûts et les bénéfices de la migration. De fait, les stratégies migratoires, les organisations familiales et les normes culturelles sont interdépendantes. Cette thèse est à la croisée des chemins de l'économie de la famille et de l'étude des migrations.Le Chapitre 2 met en évidence les liens existants entre les conditions d'accès au marché du mariage en Indonésie et les mouvements migratoires des jeunes hommes célibataires. Dans ce pays où la formation des unions est codifiée (intra-ethniques, âge pour se marier) et où il existe de fortes injonctions sociales à se marier, les jeunes doivent mettre en place des stratégies pour satisfaire les conventions sociales. De plus, pour certains groupes ethniques, le paiement d'une dot de la part du marié est requis pour que la famille de la femme accepte l'union. Ce paiement pouvant atteindre un montant très élevé, son financement est une contrainte majeure à satisfaire pour les jeunes hommes. En s'appuyant sur un programme d'éducation associé à une hausse des attentes des parents pour leurs filles, ce chapitre montre que les futurs mariés ont tendance à migrer pour répondre à ces exigences. La migration étant un moyen de rejoindre des zones où les salaires sont plus élevés et donc d'accumuler les ressources nécessaires, ou bien de se marier ailleurs où les exigences parentales sont moindres.Le Chapitre 3 vise à étudier comment les familles mexicaines s'adaptent à la migration des hommes vers les Etats-Unis. Au Mexique, il est commun que les hommes migrent sans leurs femmes et leurs enfants. Avant la migration des hommes, les familles vivaient dans des ménages nucléaires, mais après, les femmes rejoignent bien souvent d'autres ménages. En effet, elles ont tendance à intégrer le ménage de leurs parents, ce qui est un choix de co-résidence plutôt anormal au Mexique où il persiste une forte tradition de patrilocalité; c'est-à-dire que les couples ont tendance à résider avec (ou proche) de la famille du mari. Ces reconfigurations familiales peuvent signaler deux choses : (i) l'absence des maris amène à la dissolution des liens maritaux, ce qui pousse les femmes à se rapprocher de leur famille (ii) les femmes ont l'intention de rejoindre leurs maris aux Etats-Unis et préfèrent laisser leurs enfants auprès de membres de leur propre famille. D'après la littérature, vivre avec les grands-parents maternels est plutôt favorable à l'éducation des enfants. Cependant, les recensements de population et les enquêtes traditionnellement utilisés pour identifier les émigrés sont incapables de capturer certaines migrations. En effet, lorsque ces outils cherchent à identifier les ménages d'origine des migrants ils se heurtent à la dissolution de ces derniers. De fait, il est fort probable que les études sur les caractéristiques des migrants mexicains et les impacts des migrations pour les femmes et les enfants de migrants ne prennent pas en compte bon nombre de déplacements.Le Chapitre 4 montre que le confiage des enfants au Ghana est fortement lié à la dissolution des unions parentales. La séparation des parents ou les migrations masculines amènent bien souvent les femmes à devoir endosser la responsabilité quotidienne de l'éducation des enfants. Lorsqu'elles confient un de leurs enfants à d'autres membres de la famille, cela permet à l'enfant d'accéder à des conditions de vie plus favorables à leur éducation (ménages plus riches et davantage d'adultes disponibles). Dans des contextes où les ressources sont mises en commun et où la famille étendue joue un rôle assurantiel, le fait de confier des enfants peut être perçu comme un moyen d'atténuer les effets négatifs de la séparation des parents. Sous ce prisme, le déplacement des enfants permet de réallouer les ressources à l'échelle de la famille.In developing countries, an individual's migration is often the result of a collective strategy aiming to diversify the family's income sources and/or to share the costs and benefits of migration. Indeed, migration strategies are interdependent with family organizations and cultural norms. This Ph.D. dissertation is at the crossroads of family economics and migration studies.Chapter 2 highlights the links between the conditions of access to the marriage market in Indonesia and the migratory movements of young single men. In this country where union formation is codified (intra-ethnic, age of marriage) and where there are solid social injunctions to marry, young men often need to implement strategies to comply with social conventions. In addition, for some ethnic groups, the payment of a bride price by the groom is required for the woman's family to accept the union. As this payment can reach a very high amount of money, financing it appears to be a major constraint for young men. Based on an educational program leading to the rise of parental expectations for the daughters, this chapter shows that the most disadvantaged grooms-to-be migrate to meet these requirements. Migration is a means to reach areas with there are higher wages on average to accumulate the necessary resources or to marry elsewhere where parental expectations are lower than in their place of origin.Chapter 3 explores how Mexican families adapt to the migration of married men to the United States. In Mexico, it is common for men to migrate without their wives and children. Prior to men's migration, families primarily resided in independent nuclear households; post-migration, women often relocate to other households. Indeed, many women join their parents' household, which is a somewhat odd co-residence choice in Mexico, where there is still a strong tradition of patrilocality, i.e., couples tend to reside with (or close to) the husband's family. These family reconfigurations may signal two things: (i) the absence of husbands leads to the dissolution of marital unions, which pushes women to move closer to their families (ii) women intend to join their husbands in the United States and prefer to leave their children with members of their own family. According to the literature, living with maternal grandparents is relatively favorable for children's education. However, population censuses and surveys conducted at origin and traditionally used to identify migrants can fail to enumerate many migratory movements. Indeed, when these tools seek to identify migrants' households of origin, they come up against the latter's dissolution. Thus, studies on the characteristics of Mexican migrants and the impacts of migrations on migrants' wives and children are likely to miss many displacements.Chapter 4 shows that the practice of child fostering in Ghana is strongly linked to the dissolution of parental unions. Parental separation or male migration often leads women to take on the day-to-day responsibility of child-rearing alone. When they foster-out one of their children to other family members, the child can access living conditions that are more favorable to their education (richer households and more available adults). In this light, fostering children is a way of reallocating resources at the family level. In contexts where resources are pooled, and the extended family plays an insurance role, child fostering may be seen as a way to mitigate the adverse effects of parental separation
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