4 research outputs found
«La relation de limitation et dâexception dans le français dâaujourdâhui : exceptĂ©, sauf et hormis comme pivots dâune relation algĂ©brique »
Lâanalyse des emplois prĂ©positionnels et des emplois conjonctifs dâ âexceptĂ©â, de âsaufâ et dâ âhormisâ permet dâenvisager les trois prĂ©positions/conjonctions comme le pivot dâun binĂŽme, comme la plaque tournante dâune structure bipolaire. PlacĂ©es au milieu du binĂŽme, ces prĂ©positions sont forcĂ©es par leur sĂ©mantisme originaire dĂ»ment mĂ©taphorisĂ© de jouer le rĂŽle de marqueurs dâinconsĂ©quence systĂ©matique entre lâĂ©lĂ©ment se trouvant Ă leur gauche et celui qui se trouve Ă leur droite. Lâopposition qui surgit entre les deux Ă©lĂ©ments nâest donc pas une incompatibilitĂ© naturelle, intrinsĂšque, mais extrinsĂšque, induite. Dans la plupart des cas (emplois limitatifs), cette opposition prend la forme dâun rapport entre une « classe » et le « membre (soustrait) de la classe », ou bien entre un « tout » et une « partie » ; dans dâautres (emplois exceptifs), cette opposition se manifeste au contraire comme une attaque de front portĂ©e par un « tout » Ă un autre « tout ». De plus, lâinconsĂ©quence induite mise en place par la prĂ©position/conjonction paraĂźt, en principe, tout Ă fait insurmontable. Dans lâassertion « les Ă©cureuils vivent partout, sauf en Australie » (que lâon peut expliciter par « Les Ă©cureuils vivent partout, sauf [quâils ne vivent pas] en Australie »), la prĂ©position semble en effet capable dâimpliquer le prĂ©dicat principal avec signe inverti, et de bĂątir sur une telle implication une sorte de sous Ă©noncĂ© qui, Ă la rigueur, est totalement inconsĂ©quent avec celui qui le prĂ©cĂšde (si « les Ă©cureuils ne vivent pas en Australie », le fait quâils « vivent partout » est faux). NĂ©anmoins, lâanalyse montre quâalors que certaines de ces oppositions peuvent enfin ĂȘtre dĂ©passĂ©es, dâautres ne le peuvent pas. Câest, respectivement, le cas des relations limitatives et des relations exceptives. La relation limitative, impliquant le rapport « tout » - « partie », permet de rĂ©soudre le conflit dans les termes dâune somme algĂ©brique entre deux sous Ă©noncĂ©s pourvus de diffĂ©rent poids informatif et de signe contraire. Les valeurs numĂ©riques des termes de la somme Ă©tant dĂ©sĂ©quilibrĂ©es, le rĂ©sultat est toujours autre que zĂ©ro. La relation exceptive, au contraire, qui nâimplique pas le rapport « tout » - « partie », nâest pas capable de rĂ©soudre le conflit entre deux sous Ă©noncĂ©s pourvus du mĂȘme poids informatif et en mĂȘme temps de signe contraire : les valeurs numĂ©riques des termes de la somme Ă©tant symĂ©triques et Ă©gales, le rĂ©sultat sera toujours Ă©quivalent Ă zĂ©ro
Un ensemble heteroclite: les adverbes de degre en francais
On reconnaĂźt gĂ©nĂ©ralement dans les grammaires françaises, Ă l'intĂ©rieur du vaste ensemble des adverbes, souvent considĂ©rĂ© comme une classe fourre-tout, une sous-classe d'adverbes de degrĂ©, c'est-Ă -dire de mots qui servent Ă situer un objet sur une Ă©chelle dimensionnelle. Le trait sĂ©mantique de degrĂ© entre, comme trait unique, ou comme l'un des traits, du sens de nombreuses unitĂ©s lexicales et revĂȘt, de ce fait, une importance considĂ©rable pour le lexique. La sous-classe ainsi dĂ©limitĂ©e rassemble des quantifieurs et des intensifieurs, quelquefois classĂ©s dans des ensembles diffĂ©rents. Les donnĂ©es linguistiques, entre autres, le fait que la plupart des adverbes de degrĂ© remplissent les deux fonctions, semblent montrer que la notion de degrĂ© recouvre aussi bien la quantitĂ© que l'intensitĂ©, qui ne seraient dĂšs lors que des effets de sens, induits par la nature de l'objet mesurĂ©. Il s'avĂšre cependant que l'inventaire traditionnel de ces adverbes, une quarantaine d'unitĂ©s, plus une longue liste d'adverbes en -ment, fonctionnant aussi comme adverbes de degrĂ©, n'est pas vraiment homogĂšne du point de vue sĂ©mantique, ni du point de vue syntaxique. Au plan sĂ©mantique, on y trouve des mots qui renvoient effectivement Ă la mesure comme beaucoup, et donc distingueront un degrĂ© Ă©levĂ©, moyen et faible, mais aussi des mots qui ne font rĂ©fĂ©rence qu'Ă la comparaison de degrĂ©s , comme plus, ou Ă la conformitĂ© du degrĂ© avec un Ă©talon donnĂ©, tel que assez, ou encore Ă l'impression que peut faire un degrĂ© Ă©levĂ© sur le locuteur, tel que si. Au plan syntaxique, on constate que la distribution de certains adverbes, et en particulier des paires synonymiques beaucoup/trĂšs, autant/aussi/ tant/si, est rĂ©gie, en partie du moins, par la nature syntaxique des mots modifiĂ©s, mais est trĂšs souvent imprĂ©visible. Est aussi largement imprĂ©visible la compatibilitĂ© des adverbes de degrĂ© entre eux. Ă la limite, chaque adverbe de degrĂ© doit ĂȘtre dĂ©crit sĂ©parĂ©ment avec ses propriĂ©tĂ©s syntaxiques spĂ©cifiques. Autrement dit, l'appartenance Ă une classe, sur la base du seul trait de degrĂ©, ne suffit pas Ă prĂ©dire le comportement syntaxique des Ă©lĂ©ments. Les adverbes de degrĂ© forment un ensemble en rĂ©alitĂ© hĂ©tĂ©roclite, qui ne prĂ©sente en tout cas pas l'homogĂ©nĂ©itĂ© qu'on voudrait lui prĂȘter