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    RĂ©pression policiĂšre et violence de genre au Mexique : le cas de San Salvador Atenco

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    Ce mĂ©moire porte sur la rĂ©pression policiĂšre survenue Ă  San Salvador Atenco, une communautĂ© situĂ©e dans l'État de Mexico, et les violences sexuelles exercĂ©es envers les femmes, dans le cadre de cette opĂ©ration. Dans la nuit du 3 au 4 mai 2006, environ 4000 policiers (fĂ©dĂ©raux, provinciaux, municipaux) interviennent pour mater une manifestation dirigĂ©e par un mouvement paysan, le Front des Peuples pour la DĂ©fense de la Terre (FPDT). Au cours de cette opĂ©ration, les forces policiĂšres procĂšdent Ă  des dĂ©tentions massives illĂ©gales. Lors du transport des dĂ©tenues entre la communautĂ© et le pĂ©nitencier de Santiguito de Almoloya, on rapporte que la majoritĂ© des femmes auraient Ă©tĂ© soumises Ă  des tortures sexuelles, allant de la violence verbale sexuellement dĂ©nigrante Ă  des viols rĂ©pĂ©tĂ©s. Depuis, ces crimes sont demeurĂ©s impunis. MalgrĂ© les engagements du gouvernement du Parti d'Action Nationale de lutter contre la violence de genre, les femmes qui ont entrepris de rĂ©clamer justice se heurtent invariablement Ă  une mentalitĂ© discriminatoire qui caractĂ©rise toujours les instances autant politiques que judiciaires. Au moment oĂč le Mexique entreprend sa dĂ©mocratisation, comment expliquer que l'État puisse dĂ©ployer une telle violence envers les femmes mexicaines? Les femmes militantes se sont-elles converties en une figure de dissidence? Ce mĂ©moire a pour objectif de permettre une meilleure comprĂ©hension de la violence d'État envers les femmes et de l'impunitĂ© qui l'accompagne. Des chercheuses mexicaines expliquent que cette violence rĂ©pond Ă  un gouvernement patriarcal qui conçoit les femmes comme un butin de guerre. L'État s'en prend aux femmes pour symboliquement attaquer l'honneur des hommes et mener ainsi une guerre non dĂ©clarĂ©e contre les mouvements sociaux. Nous proposons de complĂ©ter cette vision en privilĂ©giant un autre angle d'analyse. Dans le cadre d'une opĂ©ration contre-insurrectionnelle, l'État mexicain exploite la torture sexuelle de façon ponctuelle comme un instrument de contrĂŽle social, d'oppression et de terrorisme sexuel pour soumettre les femmes et les communautĂ©s auxquelles elles appartiennent. La violence structurelle qui caractĂ©rise le discours et les interventions des autoritĂ©s politiques et judiciaires est dĂ©libĂ©rĂ©ment utilisĂ©e, de façon plus indirecte et subtile, par l'État mexicain comme une stratĂ©gie terroriste pour dĂ©courager, dĂ©nigrer et terroriser les femmes afin de les ramener dans la sphĂšre privĂ©e. Ce mĂ©moire se veut une recherche qualitative. Il repose principalement sur des recherches fĂ©ministes radicales anglo-saxonnes et mexicaines portant sur la violence envers les femmes et le sens Ă  donner aux violences sexuelles. La recherche est complĂ©tĂ©e par des sources empiriques, en participant notamment au Forum itinĂ©rant Mujeres, Violencia e impunidad qui rĂ©unit des membres de la sociĂ©tĂ© civile et des chercheurs reliĂ©s Ă  diffĂ©rentes institutions acadĂ©miques mexicaines. Nous avons Ă©galement menĂ© des entrevues ouvertes auprĂšs d'organisations de dĂ©fense de droits humains, des avocates des femmes d'Atenco, des femmes qui furent vicitimes de violence Ă  Atenco et des membres du FPDT. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Violence de genre, Terrorisme d'État, Terrorisme sexuel, Femmes mexicaines, Mouvements sociaux, Sexualisation de la torture, Violence structurelle patriarcale
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