9 research outputs found

    Aliénés et rebelles : Quérulence et protestation en milieu asilaire (1910-1959)

    No full text
    Accoler les mots « aliénés et rebelles » peut déconcerter ou diviser selon ce que tout à chacun entend derrière l’idée de folie et de rébellion. En effet, alors que folie et maladie mentale sont associées au délire, à la démence ou à l’égarement, la rébellion s’unit à la révolte, aux attentes de revendications plurielles nourries par des actions conscientes. Les aliénés rebelles à la psychiatrie ont cependant été nombreux, plus encore à la 3e section de l’asile de Villejuif qui, en raison de sa spécificité, a été à partir de mars 1910 destinée à recevoir des « aliénés vicieux, difficiles et criminels » dans l’enceinte de l’asile de Villejuif. S'il semble a priori aisé de tracer les contours de l'aliéné criminel qui a « commis des crimes, assassinats, incendie, viol », la figure de l'aliéné difficile ou de l'aliéné vicieux est plus délicate à dessiner. En 1903, le Dr Henri Colin définit ainsi les aliénés vicieux, soit des individus qui « ont commis des délits, souvent aussi sont restés à la limite du code et parfois n’ont rien fait de répréhensible mais sont simplement insupportables dans les services ordinaires ». Seront ainsi internés à la 3e section des individus qui, difficiles ou criminels, auront fait l’objet d’expertise médico-légale. Mais, ces derniers, bien que reconnus irresponsables et relevant de l’asile et du soin et non de la sanction pénale, n’en seront pas moins des aliénés lucides. Dès lors, on ne s’étonnera pas que figurent parmi eux nombre de « rebelles » désireux de mettre un terme à leur internement. Fous et lucides ou difficiles et délirants, protestataires ou quérulents, nombre d’internés vont en effet protester contre leur internement. Protestations qui constitueront le premier pas vers la rébellion et qui seront suivies de refus, de menaces, de « conspiration » en vue d’évasion mais aussi et parfois de violences. Alors que les aliénistes qui observent ces internés difficiles et récalcitrants aux soins voient dans l’insubordination et les conduites « antisociales » de leurs patients une illustration de l’anormalité constitutionnelle dont ces derniers seraient tant les jouets que les acteurs

    Corps en guerre, raison désaxée ?

    No full text
    Qui visite le musée des armées de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce éprouve un choc violent à voir les cires des « Gueules cassées » de la Guerre de 14-18. Cires qui enrôlent et frappent le regard, qui laissent les visiteurs partagés entre stupeur et effroi, entre voyeurisme et horreur et qui interrogent quant à la souffrance endurée par des hommes aux faces mutilées et aux identités rafistolées. À quelques mètres de là, une autre vitrine sollicite l’attention : des statuettes d’hommes nus,..

    Valeur du travail à la 3e section de l’hôpital de Villejuif : entre thérapie et instrument disciplinaire

    No full text
    Cette intervention est dédiée à l’une des modalités utilisées à l’égard des « aliénés criminels, vicieux ou difficiles ». Que ces derniers aient été internés suite à un non-lieu ou qu’ils aient été extraits provisoirement de prison pour être transférés à la 3e section de l’hôpital de Villejuif, ces aliénés criminels, ces criminels aliénés ou ces aliénés vicieux placés aux frontières des territoires médical et pénal font l’objet d’une prise en charge spécifique. À la 3e section, que le Dr Paul Abély qualifiait en 1932 de « première réalisation en France d’une idée grandiose » soit « l’alliance de la criminologie et de la médecine », le premier traitement mis en œuvre trouvera son expression dans le travail obligatoire qui « représente, à la section, le procédé idéal de discipline et de traitement et constitue la raison d’être de ce service spécial ». Adopté par les aliénistes tout au long du XIXe siècle afin de distraire leurs patients, le travail, gage thérapeutique à même de « changer la chaine vicieuse des idées » s’impose également stricto sensu comme un moyen de disciplinarisation, ici plus qu’ailleurs. Dès 1910, le Dr Henri Colin soulignait que le travail à la 3e section ne devait pas être considéré « à titre de distraction » ou « d’amusement » mais organisé également « de façon à compenser dans la plus large mesure possible, les frais occasionnés par leur assistance  par la fabrication d’objets destinés à être vendus ». Astreints à travailler, les internés de la 3e section percevaient un pécule supérieur à celui des autres sections, pécule considéré par le médecin chef comme « l’un des principaux stimulants qui les encourage à bien se tenir ». Pratiqué pendant de longues décennies, le travail à la 3e section s’imposait comme un préalable nécessaire vers un retour à la vie civile en cela qu’il réinscrivait l’individu dans une perspective sociale. Parmi les nombreuses observations dont les internés font l’objet, leur aptitude au travail conditionnera nombre de sorties ainsi que le montre l’étude des dossiers d’internés, ce alors que quelques uns tenteront d’opposer des refus individuels ou collectifs au quotidien thérapeutique dans les ateliers de la 3e section et que d’autres, au contraire, verront dans les différentes activités une planche de salut offerte

    Vers les UMD, questionnements, tâtonnements et mise en œuvre : Gaillon (1876) et Villejuif (1910)

    No full text
    On compte actuellement en France dix unités pour malades difficiles dont 5 ont ouvert en deux ans. Connues sous l’acronyme d’UMD depuis un décret du 14 mars 1986, ces unités ont une histoire complexe et enchevêtrée. En effet, la prise en charge pénale et médicale d’individus présentant des troubles psychopathologiques a soulevé tout au long du XIXe siècle des questionnements tant médicaux ou juridiques que spéculatifs, avant que ne s’ouvre, en 1910, au sein de l’asile de Villejuif le premier ..

    Des femmes difficiles en psychiatrie (1933-1960)

    No full text
    Alors que ceux désignés comme des aliénés difficiles dès 1910 ont fait l’objet d’une étude dédiée, restait à dévoiler des profils au féminin de « malades » désignées comme « difficiles » en psychiatrie des années 1930 à 1960.  Le propos consiste ici à exposer le cas de femmes, parfois délinquantes et le plus souvent hors des normes attendues, qui ont été préemptées par les professionnels de la psychiatrie en raison de leurs attitudes ou de leurs actes. Mais surtout, en filigrane, se lisent les préjugés sociétaux et les tâtonnements médico-légaux  appliqués à des femmes plus souvent dérangeantes que « dérangées » : filles-mère, rebelles, insoumises, délinquantes ou en rupture de ban ; celles internées à la section Henri-Colin de Villejuif se sont avérées être avant tout des cas sociaux embarrassants et par la même difficiles

    Valeur du travail à la 3e section de l’hôpital de Villejuif : entre thérapie et instrument disciplinaire

    No full text
    Cette intervention est dédiée à l’une des modalités utilisées à l’égard des « aliénés criminels, vicieux ou difficiles ». Que ces derniers aient été internés suite à un non-lieu ou qu’ils aient été extraits provisoirement de prison pour être transférés à la 3e section de l’hôpital de Villejuif, ces aliénés criminels, ces criminels aliénés ou ces aliénés vicieux placés aux frontières des territoires médical et pénal font l’objet d’une prise en charge spécifique. À la 3e section, que le Dr Paul Abély qualifiait en 1932 de « première réalisation en France d’une idée grandiose » soit « l’alliance de la criminologie et de la médecine », le premier traitement mis en œuvre trouvera son expression dans le travail obligatoire qui « représente, à la section, le procédé idéal de discipline et de traitement et constitue la raison d’être de ce service spécial ». Adopté par les aliénistes tout au long du XIXe siècle afin de distraire leurs patients, le travail, gage thérapeutique à même de « changer la chaine vicieuse des idées » s’impose également stricto sensu comme un moyen de disciplinarisation, ici plus qu’ailleurs. Dès 1910, le Dr Henri Colin soulignait que le travail à la 3e section ne devait pas être considéré « à titre de distraction » ou « d’amusement » mais organisé également « de façon à compenser dans la plus large mesure possible, les frais occasionnés par leur assistance  par la fabrication d’objets destinés à être vendus ». Astreints à travailler, les internés de la 3e section percevaient un pécule supérieur à celui des autres sections, pécule considéré par le médecin chef comme « l’un des principaux stimulants qui les encourage à bien se tenir ». Pratiqué pendant de longues décennies, le travail à la 3e section s’imposait comme un préalable nécessaire vers un retour à la vie civile en cela qu’il réinscrivait l’individu dans une perspective sociale. Parmi les nombreuses observations dont les internés font l’objet, leur aptitude au travail conditionnera nombre de sorties ainsi que le montre l’étude des dossiers d’internés, ce alors que quelques uns tenteront d’opposer des refus individuels ou collectifs au quotidien thérapeutique dans les ateliers de la 3e section et que d’autres, au contraire, verront dans les différentes activités une planche de salut offerte

    Valeur du travail à la 3e section de l’hôpital de Villejuif : entre thérapie et instrument disciplinaire

    No full text
    Cette intervention est dédiée à l’une des modalités utilisées à l’égard des « aliénés criminels, vicieux ou difficiles ». Que ces derniers aient été internés suite à un non-lieu ou qu’ils aient été extraits provisoirement de prison pour être transférés à la 3e section de l’hôpital de Villejuif, ces aliénés criminels, ces criminels aliénés ou ces aliénés vicieux placés aux frontières des territoires médical et pénal font l’objet d’une prise en charge spécifique. À la 3e section, que le Dr Paul Abély qualifiait en 1932 de « première réalisation en France d’une idée grandiose » soit « l’alliance de la criminologie et de la médecine », le premier traitement mis en œuvre trouvera son expression dans le travail obligatoire qui « représente, à la section, le procédé idéal de discipline et de traitement et constitue la raison d’être de ce service spécial ».Adopté par les aliénistes tout au long du XIXe siècle afin de distraire leurs patients, le travail, gage thérapeutique à même de « changer la chaine vicieuse des idées » s’impose également stricto sensu comme un moyen de disciplinarisation, ici plus qu’ailleurs. Dès 1910, le Dr Henri Colin soulignait que le travail à la 3e section ne devait pas être considéré « à titre de distraction » ou « d’amusement » mais organisé également « de façon à compenser dans la plus large mesure possible, les frais occasionnés par leur assistance  par la fabrication d’objets destinés à être vendus ». Astreints à travailler, les internés de la 3e section percevaient un pécule supérieur à celui des autres sections, pécule considéré par le médecin chef comme « l’un des principaux stimulants qui les encourage à bien se tenir ». Pratiqué pendant de longues décennies, le travail à la 3e section s’imposait comme un préalable nécessaire vers un retour à la vie civile en cela qu’il réinscrivait l’individu dans une perspective sociale. Parmi les nombreuses observations dont les internés font l’objet, leur aptitude au travail conditionnera nombre de sorties ainsi que le montre l’étude des dossiers d’internés, ce alors que quelques uns tenteront d’opposer des refus individuels ou collectifs au quotidien thérapeutique dans les ateliers de la 3e section et que d’autres, au contraire, verront dans les différentes activités une planche de salut offerte

    The fate of Jews hospitalized in mental hospitals in France during World War II

    No full text
    International audienceThe fate of Jewish psychiatric patients in occupied Europe during World War II is inseparable from the fate of the disabled and mentally ill, as planned by the Nazi regime. But Jews found themselves at the confluence of eugenics, Christian anti-Judaism and Nazi racist and anti-Semitic madness. They faced the twin promise of death – both as Jews and as mentally ill. They did not escape from the euthanasia programme and, if by a miracle they survived, they disappeared into the extermination camps. The modalities of annihilation of Jewish psychiatric patients are inseparable from the forms of German occupation, which differed from country to country. In this research we focus initially on various countries in occupied Europe, and then on France
    corecore