156 research outputs found

    Quand les impôts fleurissent à Téhéran:Taxes municipales et formation de l’espace public

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    L'un des phénomènes sociaux les plus remarquables dans l'Iran des années 1990 est la politique audacieuse de rénovation urbaine conduite par le maire de Téhéran, Gholamhossein Karbastchi. D'une part, celle-ci fait école dans le reste du pays. D'autre part, elle est l'objet d'un vaste débat public que favorise le style très personnel et médiatique du premier magistrat de la capitale. La réalisation la plus populaire de M. Karbastchi est la multiplication des espaces verts. Ceux-ci donnent lieu à toute une série de pratiques sociales inédites. En tant que tels les jardins municipaux sont des sites à la fois de conciliation et de conflits potentiels. En particulier ils sont un lieu de coexistence entre l'idéologie de la République islamique et la culture nationale. Mais la pression fiscale qui accompagne la rénovation urbaine suscite de fortes oppositions, d'ordre économique ou politique. La fréquentation des jardins, la perception de l'impôt qui les finance, les débats qui s'ensuivent ouvrent un domaine de négociation entre acteurs qui contribue peut-être à la formation d'un espace public. Ce processus contribue à la rationalisation et à la bureaucratisation de la société que véhicule la République islamique, tout en étant porté par un homme qui reste perçu dans les termes d'un imaginaire à forte connotation culturelle. En définitive, c'est l'hypothèse de l' "Etat rentier", développée par de nombreux auteurs au sujet du Proche-Orient, qui se voit complétée par l'enquête anthropologique

    Chibli Mallat, The renewal of islamic law

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    Voici un ouvrage remarquable qui devrait intéresser autant les historiens du droit que les politistes ou les économistes travaillant sur les sociétés du Proche Orient. C. Mallat propose le portrait intellectuel et une analyse circonstanciée de apport de Muhammad Baqer as-Sadr. Celui-ci est une des plus grandes figures du droit islamique du 20e siècle, mais aussi un des acteurs de la Renaissance islamique dont la ville de Najaf fut un des centres les plus importants dans après-seconde guerre mondiale (...)

    Expatriation et notabilité. L'évergétisme et la diaspora iranienne

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    La figure notabiliaire est omniprésente dans la société politique iranienne. C'est notamment elle qui articule au pouvoir d'Etat la diversité régionale, ethnique ou religieuse, dans un pays multiculturel, multilinguistique, et multiconfessionnel. Aussi la continuité de la figure notabiliaire de l'Empire à la République l'emporte sur la discontinuité. Dans les provinces, le rôle joué par les hommes de confiance, notamment lors des élections, est considérable. En même temps, l'acte de se porter candidat est une façon de se voir reconnaître le statut de notable, en dépit éventuellement d'une chance minime d'être élu(e). Toutefois la notabilité n'a pas de frontière, que celle-ci soit sociale ou géographique, et l'on peut devenir notable dans l'émigration dont l'aventure fournit souvent elle-même des ressources spécifiques en la matière. Ainsi le marché cambiaire a représenté depuis 1980 une ressource notabiliaire formidable pour les émigrés, compte tenu de la faiblesse et de la dépréciation continue du rial des années 1980 jusqu'à 2001. Les investissements évergétiques que prodigue l'« homme de bien » de la diaspora sont ainsi devenus spectaculaires. Ce travail analyse le parcours évergétique de l'homme de bien, d'une part, comme une facette de la recomposition de la communauté iranienne dans la diaspora et, de l'autre, comme une interrogation décalée sur l'une des institutions les plus anciennes de la société d'origine, le vaqf.Notable and Exile. Figures of Eminence as a Social and Religious Dynamics in Iranian Society - The eminent man is omnipresent in Iranian political Society. It is he in particular who forms the link between state power and the regional, ethnic and religious diversity in a multicultural, multilingual and multiconfessional country. The continuity of the eminent man from the Empire to the Islamic Republic also defies the discontinuity of this transition. In the provinces the role played by such men, particularly at the time of elections, is considerable. At the same time, the act of running for office is a way of being recognised as a notable or as an eminent man (motamed), despite perhaps the minimal chance of being elected. However, eminence has no border and can not be reduced nor to a given social group neither to a particular geographical frame, and one can become eminent in exile where the adventure often provides specifie resources for becoming notable. Thus, the currency market has represented since 1980 a significant resource for exiles, taking in to account the continuous weakness and depreciation of the rial between 1980 and 2001. The investments which the Diaspora's notables lavish on their beneficiaries have thus become truly spectacular. This work analyses the notables' beneficence activities, on the one hand, as a facet of the recomposition of the Iranian community in diasporas and, on the other, as a shifted inquiry into one of the most ancient institutions of their homeland, the vaqf

    Elections et notabilité en Iran. Une analyse du scrutin législatif de 2016 dans quatre circonscriptions

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    En Iran, le fait électoral s’est banalisé. Il permet l’expression de la diversité, notamment ethnique et confessionnelle, des terroirs historiques dans les provinces, et témoigne de la professionnalisation croissante de la vie politique. Paradoxalement, cette professionnalisation replie la république sur l’ordre de la famille, de la parenté, de l’autochtonie, voire du quartier ou de la sociabilité dévotionnelle – autant d’instances instillant un sentiment de proximité, de solidarité, de communion qui renvoie à la fameuse notion d’asabiyat. Selon une expression courante, la République islamique est devenue une « parentocratie » (tâyefehsâlâri). Le développement industriel du pays ne contredit pas cette pesanteur, dans la mesure où il repose sur un tissu de très petites entreprises familiales. L’analyse des élections législatives de 2016 dans quatre circonscriptions révèle l’importance dans la vie politique locale de la question foncière, indissociable de ces différentes consciences particularistes. Des lignes de continuité notabiliaire avec l’ancien régime se dévoilent, ainsi que de vieux conflits agraires que n’a pas effacés la césure révolutionnaire et qu’entretiennent ou ravivent les scrutins contemporains.Elections and notability in Iran. Analyzing the 2016 legislative vote in four wards. Elections have been trivialized in Iran. They allow for the expression of diversity, in particular ethnical and denominational, of historical regional identities, and prove the growing professionalization of political life. Paradoxically, such professionalization withdraws the Republic away into the levels of family, parenthood, autochthony, and even neighborhoods or devotional sociability, which are all institutions that instill a feeling of proximity, solidarity, communion; close to the notion of asabiyat. As the saying goes, the Islamic Republic has become a « parentocracy » (tâyefehsâlâri). The country’s industrial development isn’t at odds with such ponderousness since it lies on a web of very small family businesses. The analysis of the 2016 legislative elections in four wards reveals how important the issue of property is in political life, indivisible as it is of the various particularistic consciences. The connections with notables are still there, revealing lines of continuity with the old regime as well as longstanding agrarian conflicts that have not been erased by the Revolution and that are being kept alive through contemporary elections

    Islamophobie et malaise dans l’anthropologie. Etre ou ne pas être (voilée) en Iran

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    La société civile semble depuis quelques années être au centre des préoccupations des chercheurs travaillant sur l’évolution sociopolitique en Iran. En fait cette question ne fait que reprendre un autre schéma plus classique de l’iranologie : l’antagonisme entre État et société. Selon cette thèse, le penchant à l’autoritarisme ou l’obstacle à une société démocratique résiderait dans un conflit ancestral opposant le peuple à son gouvernement. Ce travail souhaiterait d’une part montrer que, réifié à l’extrême, l’antagonisme entre l’État et la société, ou encore la glorification de la société civile, se nourrit de l’islamophobie ambiante via sa traduction abrégée, la pratique du voile ; d’autre part, il invite à revenir à l’anthropologie afin d’assumer un changement d’optique et mettre un terme à un aveuglement idéologique qui polarise depuis une trentaine d’années le résultat de certaines recherches.Islamophobia and Malaise in Anthropology. To Be or Not to Be Veiled in Iran Fariba ADELKHAH Civil Society has become a key issue while analysing the social and political developments in Iran throughout the last decade. In fact the stress on the Civil Society issue looks like the reassertion of an old thesis that stated the strategic antagonism between State and society. This latter approach provides an explanation of the despotism or the lack of democracy as a dominant feature of the Iranian society. I would like in this paper first to point out the extent by which the Islamophobia trend is fuelling this very approach of the Iranian society, and second, I would like to draw attention to what anthropology needs to remain, a science of context, in order to get rid of a few clichés and very polarised approaches which characterize certain studies

    Partir sans quitter, quitter sans partir

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    Bien que l'Iran ne soit pas perçue comme un foyer important d'émigration, celle-ci a marqué son histoire au moins depuis le début du XXe siècle. La «diaspora» iranienne a édifié une véritable économie morale et politique du voyage, dans laquelle la relation au pays d'origine demeure centrale. Partir ne s'envisage pas sans l'expression d'un lien avec le lieu que l'on quitte, assuré par des envois réguliers d'argent, des retours fréquents «au pays», une circulation continue de récits, d'images et de marchandises. Mais l'imaginaire du départ ne concerne pas les seuls migrants : la grande majorité des Iraniens entretient une relation virtuelle avec l'étranger, qui contribue à aménager leur existence quotidienne et qui influe ainsi sur l'organisation de la société iranienne contemporaine.[Leaving without departing] Although Iran is not generally viewed as an important site of emigration, the latter have marked Iranian history since at least the beginning of the 20th century. The Iranian "diaspora" has constructed a veritable economic and political economy of the voyage, which is centered upon relations with the home country. Leaving is predicated on the expression of a link with the place of debyture, expressed through regular cash remittances; frequent trips home; and the constant circulation of narratives, images, and merchandise. But the imaginary of debyture is not only a matter of migrants: most lranians maintain a virtual relation with the world abroad, which helps them to organize their daily existence and influences on the organization of contemporary Iranian society

    Guerre et terre en Afghanistan

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    Mohammad Fazal Kochai, l’un des très nombreux déserteurs de l’armée afghane supposée prendre le relais des forces étrangères, en 2014, pour endiguer les talibans, se justifie en dénonçant la corruption des officiers : « Chacun s’efforce de faire de l’argent pour se remplir les poches et construire sa maison avant le départ des Américains », s’exclame-t-il. Ce faisant, il jette une lumière crue sur l’économie politique de la crise afghane. Les études dites « postconflit » dans le jargon de la science politique, qui ont fleuri à propos de l’Afghanistan comme au sujet d’autres situations de guerre, ont souvent une vision irénique de la démobilisation : les anciens combattants, les warlords sont censés rendre les armes et se reconvertir à la vie civile grâce à des programmes de réinsertion, souvent financés par la « communauté internationale ». Fort bien. Mais c’est oublier que la guerre a fréquemment été un mode d’accumulation économique que sanctionne la paix au prix d’une validation, sinon d’une aggravation, de l’inégalité sociale...Introduction - Une ou plusieurs guerres ? - On ne prête qu’aux riches ! En l’occurrence aux talibans - Une violence sociale aux mille visages - Conclusio

    Qui a peur du mollah Omar ?:L’économie morale du « talebanisme » dans le Golfe

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    Lorsque l’on voyage dans le Golfe, on est frappé par les appréciations louangeuses que suscitent les figures controversées d’un Ben Laden ou d’un mollah Omar. Il existe une réelle audience du talebanisme hors de l’Afghanistan, fût-ce sous forme d’une sympathie diffuse. Elle s’inscrit dans le contexte régional créé par les flux d’émigrés et de réfugiés afghans dans les pays voisins : le Pakistan, l’Iran et les États arabes du Golfe, et par certaines diasporas plus anciennement établies. Si l’on en croit une opinion courante, une telle popularité pourrait mettre en cause la stabilité des régimes en place, notamment celle des pétromonarchies arabes. Reste à savoir de quoi elle est faite (...)

    Les effets contradictoires des sanctions sur l'Ă©conomie iranienne

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    Compte rendu de l'atelier OMER (Observatoire mondial des enjeux et des risques) animé par Fariba Adelkhah le 23 janvier 2014 au CERI

    Une République islamique sans mosquées

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    Qui dit mosquée en Iran dit d’abord un ensemble de moyens ou de facilités laissés au quotidien à la disposition des passants ou des usagers. Ensuite des rituels religieux accomplis, de façon régulière, en présence des autorités ayant le privilège ou le monopole de délivrer un certain savoir islamique. Dans le premier sens la mosquée est un point d’eau, un toit, un accueil où nul(le) ne se sentirait exclu(e) ou ne se verrait refoulé(e). Dans le second sens elle relève des choix du croyant qui peut préférer un lieu par rapport à un autre, en fonction de critères aussi bien intellectuels que religieux ou encore de type communautaire, professionnel, voire générationnel. C’est sans doute la concomitance même de ces deux formes d’utilité, matérielle et spirituelle, qui font que les mosquées ont résisté, d’une part, au monopole, de l’autre, à l’isolement. Autrement dit, si les mosquées ont servi de cadre à la centralisation de l’Etat, elles ont également été des instances de résistance à la prétention monopolistique de ce dernier. Le présent travail tente une analyse des dynamiques concomitantes, spirituelles et matérielles, qui se renforcent et se complètent, à partir de la nouvelle organisation des mosquées et des nouvelles pratiques qui se déroulent en leur sein ou dans leur proximité. De fait il convient mieux, depuis une vingtaine d’années, de parler de complexes religieux plutôt que de simples lieux de prière.An Islamic Republic without a mosque - Mosques in Iran imply primarily a set of means or physical facility readily available to users or bystanders on a daily basis. It also suggests religious rituals performed on a regular basis, in the presence of authorities who have the privilege or monopoly over a certain form of Islamic knowledge. In the first case the mosque is a rest stop, a shelter or a home where no one – male or female – should feel excluded or rejected. In the second case the faithful may prefer one place of worship over another, depending on intellectual or religious, community, professional, or even generational criteria. Such a dual purpose role – material and spiritual – has undoubtedly made it possible for mosques to resist both monopoly and isolation. In other words, while mosques have been used as a framework for the centralization of the State, they have also been elements of resistance to the State’s claim to monopoly. We shall attempt to study the coexisting spiritual and material processes, which reinforce and complement each other, based on the new organization of mosques and new practices taking place inside mosques or their vicinity. Considering the changes of the past two decades, it would be better to speak of religious centers rather than mere places of worship
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