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Zaydisme et modernisation : émergence d’un nouvel universel politique ?
En dépit de l’avènement de la République au Yémen au début des années 1960, qui a mis fin au règne d’un long imamat caractérisé par le primat politique de la catégorie des Sâda, la revendication politique zaydite s’est affirmée dans le contexte de l’Unité de 1990. Les partis  zaydites représentés essentiellement par al Haqq et l’UFP, vont tenter de concilier leur appartenance primaire avec le processus de modernisation républicaine.Despite the advent of the Republic in Yemen in the beginning of the 1960’s, which put an end to a long imamate characterized by the political primacy of Sâda category, the zaydi political claim asserted in the context of 1990’s Unity. The zaydi parties mainly represented by al Haqq and the PFU, will try to conciliate their primary belonging with the process of republican modernisation
La mouvance zaydite après l'unification yéménite de 1990 ou la réaffirmation politico-religieuse des "perdants de l'histoire"
Suite à la révolution du 26 septembre 1962, le Yémen du Nord a vu naître la première république de la péninsule Arabique qui a mis fin au long imamat chiite zaydite caractérisé par le primat politico-religieux des descendants du prophète Muhammad : lessâda. Dans leur grande majorité, ces membres du «groupe de statut» le plus élevé au sein de la hiérarchie sociale de l’ancien régime, ont progressivement assumé leur nouvellecondition de «perdants de l’histoire». À partir de 1970, avec la fin de la guerre «civile»entre républicains et royalistes (partisans de l’imamat), ils ont généralement fait preuve de réalisme, ainsi que d’une volonté d’intégration et d'adaptation au nouveau système tant sur le plan politique que socio-professionnel.Dans le contexte pluraliste de l’unification du pays en 1990 entre le Yémen du Nord et leYémen du Sud, certains sâda ont toutefois choisi de donner à leur appartenance confessionnelle une expression politique aux formes organisationnelles diversifiées. Cette mouvance zaydite - composée d’acteurs perçus, par le pouvoir, comme représentant l’ancien régime - a pu relever le défi de la compatibilité avec le régime républicain. En effet, ces acteurs qui se sont inscrits, en dernière instance, dans une dynamique de modernisation politique, n’ont cessé de se revendiquer de la pensée zaydite. Et au lieu d’opter pour la «sunnisation du zaydisme», comme le suggère la littérature républicaine,ce qui les aurait obligés à renier leur appartenance confessionnelle primordiale, ils ont préféré entreprendre un réformisme immanent au zaydisme. Cette double épreuve de modernisation et de réformisme a inscrit la mouvance zaydite dans un processus de construction d’un universel politique. Or, ce dernier a connu un frein à partir de juin2004, avec le déclenchement de la guerre de Saada (du nom du chef lieu de la province homonyme, frontalière de l’Arabie Saoudite au nord-ouest du pays), entre le gouvernement et les partisans de Husayn, Badr al-Dîn puis ‘Abd al-Malik al-Hûthi(respectivement fils, père et frère). En effet, la «confessionnalisation» de la revendication politique de l’adversaire par le pouvoir a débouché sur une stigmatisation collective,provoquant des reformulations identitaires qui ont sérieusement menacé l’aspect modernisateur de la réaffirmation politico-religieuse des «perdants de l’histoire» au Yémen.Emerging out of the 26 September, 1962 revolution, North Yemen became not only the first republic in the Arabian Peninsula, but also ended the long-lasting rule of the ShiaZaydi Imamate, embodying the political and religious dominance of the descendants of the prophet Muhammad : the sâda. After the revolution, a majority of the members of this status group, which occupied pre-eminent positions in the social hierarchy of the ancien régime, were relegated to the condition of «losers of the history». Since 1970 and the endof Yemen’s civil war, which pitted republicans against royalists (partisans of theImamate), the sâda adopted a pragmatic political stance, evincing an eagerness to integrate into and adapt to the new system in Yemen, in political as well as in socioprofessional terms.However, within the pluralistic context of the country’s unification in 1990 between North Yemen and South Yemen, some of the sâda choose to give political expression to their Zaydi «sectarian» affiliation, which expression took diverse organizational forms.The resulting Zaydi movement - comprising actors perceived, by the government, as representing the ancien régime - was able to overcome the challenge of compatibility with the republican regime. While adopting a strategy of political modernization, it never ceased asserting its Zaydi thinking. Rather than adopting the «Sunnisation of Zaydism» -as suggested by the republican literature - which would have forced the movement to abandon its primary «sectarian» underpinnings, it opted for an internally congruous Zaydireformism. The two fold undertaking of modernization and reform, put the Zaydimovement on the path of constructing a political vision claiming to be of universal validity. However, this project stalled relatively after June 2004, following the outbreak of the Saada war (from the name of the province bordering Saudi Arabia in the northwest of Yemen), waged between government and the partisans of Husayn, Badr al-Dînand later ‘Abd al-Malik al-Hûthi (respectively son, father and brother). Indeed, the government’s «strategy» of «sectarianization» of its adversary’s political claim, led to acollective stigmatization prompting identity reformulations which seriously threaten the modernizing aspect of the political and religious revival of the «losers of the history» in Yemen
Zaydisme et modernisation : émergence d’un nouvel universel politique ?
Despite the advent of the Republic in Yemen in the beginning of the 1960’s, which put an end to a long imamate characterized by the political primacy of Sâda category, the zaydi political claim asserted in the context of 1990’s Unity. The zaydi parties mainly represented by al Haqq and the PFU, will try to conciliate their primary belonging with the process of republican modernisation
Les reformulations identitaires du zaydisme dans leur contexte socio-politique contemporain
This article deals with the mechanisms of collective stigmatization affecting people of a particular persuasion and social status (Zaydis and especially the sâda), in the context of a war that is hardly ever heard of (the war on Sa'da) despite the thousands of casualties and the hundreds of thousands of people displaced. In order to do so, we have sought to draw an outline of the ideological and media climate the war carries with it. Then, by basing our study on the lives of those players having to bear the stigmata mechanism, we have shown the extent of the reactive statement to the identity assertion, as well as its limits; thus demonstrating that the reactive sectarian stance isn't the only possible stance, that it doesn't have to be that way, and that a plurality of obedience plurality is sometimes possible. Finally, we conclude this article by emphasizing the historic aspect of Zaydi identity
Al-‘Azm Sadik Jalal, Ces interdits qui nous hantent, Marseille, Éditions Parenthèses, MMSH/IFPO, 2008, 186 p.
« Réparer une injustice » : c’est en ces termes que peut être résumée la motivation qui a poussé l’Institut Français du Proche Orient et la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme à traduire certains extraits de l’oeuvre du philosophe Sadik Jalal al-‘Azm. Ce marxisant issu de l’aristocratie damascène est, en effet, peu connu du public francophone, intellectuels et universitaires inclus. Pour la première fois, un ouvrage en langue française réunit des textes de l’auteur, traitant de suj..
COURREYE Charlotte, L’Algérie des Oulémas. Une histoire de l’Algérie contemporaine (1931-1991)
C’est l’une des rares monographies universitaires traitant de l’Association des Oulémas Musulmans Algériens (AOMA) à ne pas inclure dans le titre les termes de « réforme », « réformisme » ou « réformisme musulman ». En cela, la jeune historienne Charlotte Courreye, maîtresse de conférences à l’université de Lyon 3 et auteure d’une thèse de doctorat dont cet ouvrage est issu, annonce d’emblée l’originalité de son approche. Il s’agit en effet d’une histoire sociale de l’Algérie contemporaine vu..
Fantômes d’Empire
Construites sur l’idée que les peuples « s'étaient endormis » pendant des siècles de domination ottomane avant de se réveiller au son d’une modernité tardive, les historiographies nationales du Moyen-Orient ont présenté la sortie de l'Empire ottoman comme une rupture. La réalité de ces transformations ne saurait être remise en question, car cette époque charnière témoigne d’une multitude de reconversions, cultivées comme des projets politiques par les nationalismes de la région. Il nous apparaît pourtant qu'on donne à l’effacement de l’Empire ottoman de la carte politique une portée globale forcée et mécanique. De même que l'ingénierie sociale de nouveaux États ne s'est pas faite en opposition systématique au legs ottoman, de même l'ingénierie culturelle n'a pas conduit à une disparition brutale des référents ottomans, notamment des référents turcs ottomans dans le monde arabe, et arabes dans la Turquie républicaine. Au contraire, ce legs a souvent été entretenu, tantôt par un attachement non délibéré à des formes ottomanes connues, tantôt par une réappropriation intentionnelle du reliquat ottoman, à des fins de revendications diverses. Ce volume s’intéresse aux expressions socio-politiques, culturelles, linguistiques et littéraires de l’hybridation des référents ottomans dans les espaces turcs et arabes après 1918 – que nous appelons les fantômes d’Empire – en s’appuyant sur une documentation aussi bien visuelle et matérielle que diplomatique ou littéraire
Le monde rural dans l'Occident musulman médiéval
 L’Islam médiéval est un monde en grande partie rural qui n’a cependant été qu’assez peu étudié sous cet angle. La carence générale des études sur les campagnes est due à l’absence presque totale des documents d’archives. Les textes (chroniques, récits de voyage, ouvrages de géographes, bribes de traités fiscaux, etc.) dont disposent les historiens soulèvent des problèmes dans la mesure où ils émanent des milieux liés au pouvoir et présentent, lorsqu’ils l’évoquent, le monde rural dans une perspective avant tout urbaine.  Depuis une vingtaine d’années pourtant, des travaux fondés sur l’exploitation d’une documentation écrite et matérielle renouvelée, comme les écrits juridiques ou les fouilles de sites ruraux, abordent des voies inexplorées et offrent un nouveau visage de l’histoire rurale des pays d’Islam. De nombreuses disciplines sont mises à contribution - histoire, anthropologie, droit, géographie, archéologie - ce qui permet également un renouvellement méthodologique. Trois thèmes se dégagent des orientations récentes de recherches : les fondements de l’économie rurale, les structures de la société des campagnes et les rapports entre villes et espaces ruraux. Ce numéro, qui a choisi de privilégier l’Occident musulman, n’a pas l’ambition d’offrir un panorama complet de ces orientations mais il montre à quel point les possibilités de recherche ont progressé et permettent d’aboutir à une synthèse au moins partielle sur les structures de ce monde « hors les villes » et sur les nouveaux champs d’investigations qui s’offrent à l’historien comme à l’archéologue