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Libre circulation, contrÎles aux frontiÚres et citoyenneté
La combinaison des processus de mondialisation et dâintĂ©gration europĂ©enne semblait avoir sonnĂ© le glas de la notion de frontiĂšre. Pourtant, loin de sâeffacer, les concepts de frontiĂšre et de territoire ont gagnĂ© une importance nouvelle ces derniĂšres annĂ©es. Les frontiĂšres sont aujourdâhui au cĆur du processus dâintĂ©gration europĂ©enne. LâUnion fait, simultanĂ©ment, de la suppression des contrĂŽles aux frontiĂšres intĂ©rieures (celles sĂ©parant les Ătats membres entre eux) et du renforcement des contrĂŽles Ă ses frontiĂšres extĂ©rieures (celles sĂ©parant les Ătats membres des Ătats tiers) des ressorts centraux de sa lĂ©gitimation politique. Au dĂ©part dâune analyse des enjeux de la mise en Ćuvre du principe de libre circulation des personnes dans lâespace communautaire, lâarticle montre quâĂ©tudier la question de la frontiĂšre Ă lâaune de lâintĂ©gration europĂ©enne en ce dĂ©but XXIĂšme siĂšcle suppose dâenvisager dans un mĂȘme mouvement les phĂ©nomĂšnes post-modernes de dĂ©territorialisation propres Ă lâĂšre de la globalisation et les phĂ©nomĂšnes typiquement modernes de territorialisation de lâautoritĂ© politique.The combination of globalization and European integration seemed to have outmoded the concept of border. Yet, the notions of borders and territories have gained new salience in recent years. Borders are currently at the very heart of the European integration process. The removal of internal border controls (those between the Member States) and the strengthening of controls at the external borders (those between the Member States and third countries) are simultaneously considered as sources of the EUâs political legitimation. Starting from an analysis of the issues arising from the implementation of free movement of persons within the EU, the article shows that thinking about borders in contemporary Europe supposes to embrace both the postmodern phenomena of deterritorialization in a globalized word and the typically modern phenomena of territorialization of political authority
Digital/sovereignty and European security integration: an introduction
The notion of digital sovereignty, also often referred to as technological sovereignty, has been gaining momentum in the European Unionâs (EU) political and policy discourses over recent years. Digital sovereignty has come to supplement an already substantial engagement of the EU with the digital across various security policy domains. The goal of this article and of the overall Special Issue is to explore how the discourse and practices of digital sovereignty redefine European security integration. Our core argument is that digital sovereignty has both direct and indirect implications for European security as the EU attempts to develop and control digital infrastructures (sovereignty over the digital), as well as the use of digital tools for European security governance (sovereignty through the digital). It is thus essential to further explore digital sovereignty both in terms of European policies and of a re-articulation of sovereign power and digital technologies â what we suggest calling digital/sovereignty
Le changement de rĂ©gime: nouveautĂ© ou constante de la politique Ă©trangĂšre des Ătats-Unis ?
Textes reÌunis aÌ l'occasion d'un colloque organiseÌ par le GIPRI (Geneva international peace research institute) aÌ GeneÌve le 6 juin 2003, intituleÌ "Guerre en Irak :les dimensions historiques, politiques et juridiques du conflit", et d'une rencontre organiseÌe aÌ Bruxelles les 30 et 31 octobre 2003 par le PoÌle Bernheim d'eÌtudes sur la paix et la citoyenneteÌ et le ReÌseau d'eÌtudes en politique internationale de l'U.L.B. en association avec l'EÌcole des hautes eÌtudes en sciences sociales de Paris.info:eu-repo/semantics/publishe
La sécurité intérieure européenne et la lutte contre l'immigration clandestine: contribution à l'analyse des modes de légitimation de l'ordre politique européen
La thĂšse est une Ă©tude du processus de sĂ©curisation de lâimmigration clandestine Ă lâĆuvre dans lâUnion europĂ©enne. Elle sâattache Ă expliquer la tension, voire la contradiction, existant entre lâambition et la fermetĂ© du discours europĂ©en sur le contrĂŽle de lâimmigration illĂ©gale, dâune part, et le risque politique intrinsĂšquement liĂ© Ă ce choix, dâautre part. La prĂ©tention au contrĂŽle des flux migratoires clandestins apparaĂźt en effet largement illusoire tant en raison de lâampleur et de la nature des flux concernĂ©s que de la faiblesse des moyens effectivement mis en Ćuvre par lâUnion europĂ©enne. Au dĂ©part dâune grille dâanalyse sâappuyant sur une lecture critique des approches constructivistes de la sĂ©curitĂ©, la politique europĂ©enne de lutte contre lâimmigration clandestine est interprĂ©tĂ©e comme Ă©tant lâexpression dâun « discours de sĂ©curitĂ© » forgeant des reprĂ©sentations sociales insĂ©curisantes des migrants clandestins. Cette production sociale du « pĂ©ril migratoire » est examinĂ©e sous lâangle des enjeux de lĂ©gitimitĂ© entourant la crĂ©ation de lâespace europĂ©en de libertĂ©, de sĂ©curitĂ© et de justice. Dans ce cadre, nous soulignons que la lutte contre lâimmigration lâillĂ©gale ne peut se rĂ©duire Ă son objectif explicite â la maĂźtrise des flux â mais quâelle participe Ă©galement dâun mĂ©canisme classique de lĂ©gitimation du corps politique supposant la dĂ©finition dâune figure menaçante de lâaltĂ©ritĂ©. Le « clandestin » reprĂ©sente dans cette optique un « objet insĂ©curisant » consensuel qui Ă©merge dans le champ europĂ©en au terme dâun processus de formation dâune volontĂ© politique fonctionnant sur le mode du plus petit dĂ©nominateur commun. AgrĂ©geant les inquiĂ©tudes exprimĂ©es Ă lâĂ©gard du terrorisme et de la criminalitĂ© transnationales mais aussi les prĂ©occupations pour la stabilitĂ© Ă©conomique, sociale et culturelle des sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes, cette figure permet de rassembler les Ătats membres autour dâun projet sĂ©curitaire commun. Elle contribue de ce fait Ă lâĂ©mergence dâune dynamique de type ami-ennemi reposant sur une opposition croissante entre un « Autre » incarnĂ© par le clandestin et un « Nous » qui, Ă dĂ©faut dâĂȘtre culturellement homogĂšne, se trouve unifiĂ© par un sentiment dâinsĂ©curitĂ© collectivement partagĂ©. Doctorat en sciences politiquesinfo:eu-repo/semantics/nonPublishe
Rester ou partir ? Migrations internationales et modĂšles sociaux europĂ©ens Ă lâheure de la crise Ă©conomique
PhĂ©nomĂšne par nature transnational, les migrations internationales ne sont pas restĂ©es Ă lâĂ©cart des effets de la crise Ă©conomique et financiĂšre globale de 2008. Il nâaura fallu que quelques mois Ă peine pour que le ralentissement de la croissance et la crise de lâemploi affectent les mobilitĂ©s des travailleurs dans le monde. Cet impact sur les migrations Ă©tait prĂ©visible, notamment au regard des Ă©pisodes de rĂ©cessions antĂ©rieurs. La Grande dĂ©pression de 1929, les chocs pĂ©troliers des annĂ©es 1970 ou, plus rĂ©cemment, les crises asiatique et sud-amĂ©ricaine des annĂ©es 1990, avaient en effet dĂ©jĂ soulignĂ© lâinteraction entre les mobilitĂ©s transnationales et la conjoncture Ă©conomique. A la diffĂ©rence de la plupart de ces prĂ©cĂ©dents historiques, la crise actuelle se marque toutefois par sa gravitĂ© et son ampleur. Crise la plus profonde de lâaprĂšs-guerre, elle sâest rapidement Ă©tendue Ă lâĂ©chelle planĂ©taire. Peu de rĂ©gions du monde ont Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©es par ses effets, laissant par consĂ©quent peu dâalternatives migratoires aux immigrĂ©s confrontĂ©s Ă une dĂ©tĂ©rioration de la conjoncture dans leur pays dâaccueil. La prĂ©sente contribution entend revenir sur ces effets de la crise sur les flux migratoires, en se concentrant plus particuliĂšrement sur les migrations Ă destination des Etats membres de lâUnion europĂ©enne. Elle vise en particulier Ă proposer un regard distanciĂ© sur les enjeux de lâimmigration Ă lâheure oĂč ce phĂ©nomĂšne concentre sur lui un nombre croissant de critiques. La crise Ă©conomique a en effet contribuĂ© Ă renforcer les discours populistes anti-immigrĂ©s et Ă lĂ©gitimer lâadoption de dispositions toujours plus restrictives, tant en matiĂšre dâimmigration rĂ©guliĂšre quâirrĂ©guliĂšre. Dans certains pays marquĂ©s par les succĂšs rĂ©cents de formations de droite radicale adoptant des discours trĂšs durs Ă lâencontre des migrants, comme les Pays-Bas et la SuĂšde, cette Ă©volution est particuliĂšrement visible. Ailleurs, comme en France, en Italie ou au Royaume-Uni, elle se traduit plutĂŽt par une polarisation accrue du dĂ©bat sur lâimmigration. Dans un cas comme dans lâautre, Ă la faveur dâun contexte Ă©conomiquement et socialement difficile, lâimmigrĂ© devient un bouc Ă©missaire. Si lâorigine de la crise ne lui est gĂ©nĂ©ralement pas imputĂ©e directement, il apparaĂźt aux yeux des opinions publiques nationales comme un facteur dâaggravation de la situation de lâemploi, de pression Ă la baisse sur les salaires et, plus largement, comme une menace pour les modĂšles sociaux europĂ©ens. Cette vision particuliĂšrement nĂ©gative du phĂ©nomĂšne de lâimmigration structure aujourdâhui les dĂ©bats publics. Elle occulte trĂšs largement la rĂ©alitĂ© de la situation personnelle des migrants, mais aussi leur contribution positive aux Ă©conomies europĂ©ennes. Nous verrons en effet que loin dâĂȘtre cette menace Ă©conomique et sociale rĂ©guliĂšrement dĂ©noncĂ©e, les migrants sont gĂ©nĂ©ralement les premiers touchĂ©s par la crise Ă©conomique et financiĂšre en raison de leur profil socio-Ă©conomique tendanciellement plus vulnĂ©rable. Dans le mĂȘme temps, et contrairement Ă une idĂ©e reçue, ils se rĂ©vĂšlent dans un certain nombre de cas moins enclins que les nationaux Ă faire appel aux diffĂ©rents services sociaux. Notons enfin que cette contribution nâabordera pas la question spĂ©cifique des Ă©trangers en quĂȘte dâune protection internationale. Ces derniers sont pourtant eux aussi concernĂ©s par la crise, notamment par le biais des coupes budgĂ©taires touchant les politiques dâaide aux demandeurs dâasile ou par lâexclusion de ces mĂȘmes candidats rĂ©fugiĂ©s du bĂ©nĂ©fice de certains services sociaux
Entre ordre et désordre: les effets insécurisants du discours américains sur le terrorisme international
Les guerres dâAfghanistan et dâIrak lancĂ©es au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es par lâadministration Bush comme Ă©tant des rĂ©ponses directes Ă la menace reprĂ©sentĂ©e par le terrorisme transnational et, plus particuliĂšrement, Ă la menace gĂ©nĂ©rĂ©e par ses mouvances islamistes radicales. Lâusage de la force sâest donc accompagnĂ©, de maniĂšre trĂšs classique, dâun discours sur lâ« ordre » - ou plutĂŽt le rĂ©tablissement de lâordre â et la sĂ©curitĂ© internationale qui va constituer la pierre angulaire de lâaction amĂ©ricaine et de sa lĂ©gitimation. Pourtant, loin de se traduire par un processus dâĂ©radication de la violence politique, la pĂ©riode nous sĂ©parant des attentats de 2001 a, au contraire, Ă©tĂ© marquĂ©e par des attentats de grande ampleur tant en Europe quâen Asie ou en Afrique tandis que les conflits afghans et, surtout, irakiens ne laissent pas entrevoir, Ă moyen terme du moins, une possible pacification. Ainsi, au lieu de favoriser un processus de pacification, lâoption adoptĂ©e par lâadministration amĂ©ricaine semble plutĂŽt contenir en elle les germes dâun dĂ©sordre international accru. Cette situation Ă premiĂšre vue paradoxale ne peut que nous amener Ă nous interroger sur les fondements et la signification de la stratĂ©gie de la "guerre au terrorisme". Dans cette perspective, nous reviendrons dans un premier temps sur le processus de lĂ©gitimation de lâaction militaire mis en Ćuvre dans le cadre des opĂ©rations conduites en Afghanistan et en Irak. Nous montrerons en particulier comment les schĂ©mas argumentatifs mobilisĂ©s Ă cette occasion ont Ă©tabli, parfois contre toute Ă©vidence, une articulation complexe entre les diffĂ©rentes figures de la menace constituĂ©es par le terrorisme international, les armes de destruction massive et la figure des "Etats-voyous" (A). Nous verrons ensuite que ce discours sur la menace â caractĂ©ristique de la politique stratĂ©gique amĂ©ricaine actuelle â nâa pas seulement permis la lĂ©gitimation de lâobjectif de la lutte contre le terrorisme mais quâil a Ă©galement permis, de part sa nature fondamentalement insĂ©curisante, la validation politique de thĂšses et de reprĂ©sentations du monde vĂ©hiculĂ©es bien avant les attentats du 11 septembre mais jusquâalors considĂ©rĂ©es comme trop extrĂȘmes (B). Nous montrerons enfin que ce mĂȘme discours permet aujourdâhui dâassurer la lĂ©gitimation et la reproduction de cette politique dont les traits distinctifs sont lâunilatĂ©ralisme et la prĂ©dilection pour lâinterventionnisme militaire (C)
L'européanisation au prisme de la science politique. Un nouveau regard sur l'Europe
Les sciences sociales sont pĂ©riodiquement marquĂ©es par l'Ă©mergence, le dĂ©veloppement, mais aussi le dĂ©clin de concepts Ă succĂšs. RĂ©volutions thĂ©oriques â voire paradigmatiques au sens de Thomas S. Kuhn â dans certains cas, ces rĂ©volutions conceptuelles se rĂ©vĂšlent Ă d'autres occasions n'ĂȘtre que de simples effets de mode ou des rĂ©actualisations plus ou moins heureuses de grilles analytiques anciennes . Dans ce dernier cas, lâinnovation se rĂ©vĂšle surtout sĂ©mantique. La genĂšse et l'essor de la notion d'europĂ©anisation s'inscrivent clairement dans ce mouvement de renouveau permanent des concepts et thĂ©ories en sciences sociales, sans quâil soit encore possible de prĂ©dire avec certitude la destinĂ©e scientifique de la notion. Issue du champ des Ă©tudes europĂ©ennes, domaine particuliĂšrement fĂ©cond en matiĂšre dâinnovations conceptuelles, la notion dâeuropĂ©anisation sâest en effet imposĂ©e en quelques annĂ©es Ă peine comme lâune des notions phares de la science politique, en particulier anglo-saxonne. Lâusage du terme "europĂ©anisation" tel quâil est Ă©voquĂ© dans ce chapitre et, plus gĂ©nĂ©ralement, dans cet ouvrage, nâest en rĂ©alitĂ© devenu commun que rĂ©cemment. RĂ©trospectivement, la « naissance » acadĂ©mique du terme a dâailleurs Ă©tĂ© fixĂ©e assez prĂ©cisĂ©ment : elle daterait du milieu des annĂ©es 1990 et, plus spĂ©cialement, de la publication dâun article de Robert Ladrech intitulĂ© "Europeanization of Domestic Politics and Institutions: The Case of France", paru dans la livraison de mars 1994 du Journal of Common Market Studies. Bien Ă©videmment, ce balisage temporel peu paraĂźtre arbitraire. De fait, il lâest en grande partie puisque le terme « europĂ©anisation » est en rĂ©alitĂ© dĂ©jĂ prĂ©sent dans la littĂ©rature scientifique avant 1994. Il est alors soit utilisĂ© de maniĂšre gĂ©nĂ©rique pour dĂ©crire un processus historique de diffusion de normes, dâidĂ©es, de valeurs, dâidentitĂ©s ou de comportements, que ce soit vers le reste du monde ou Ă lâintĂ©rieur mĂȘme des frontiĂšres de lâEurope , soit il est mobilisĂ© comme un qualificatif sans dĂ©finition prĂ©cise dans le cadre dâĂ©tudes plus traditionnelles sur lâintĂ©gration europĂ©enne, quâelles soient dâinspirations nĂ©o-institutionnalistes, intergouvernementalistes libĂ©rales ou centrĂ©es sur la multi-level governance et les rĂ©seaux de politique publique. Lâarticle de Ladrech se distingue toutefois des travaux Ă©voquĂ©s ci-dessous en ce quâil propose une premiĂšre dĂ©finition aboutie de lâeuropĂ©anisation (voir infra). Ă la suite de cette premiĂšre parution un nombre impressionnant dâarticles et dâouvrages se rĂ©fĂ©rant Ă la notion dâeuropĂ©anisation seront publiĂ©s. En 2004, Kevin Featherstone sâattachait ainsi Ă recenser les publications pour lesquelles ce terme apparaissait central . Sâappuyant sur les rĂ©sultats obtenus en introduisant les termes "Europeanization" ou "Europeanisation" comme mots-clĂ©s dans la catĂ©gorie "subject" du Social Sciences Citation Index accessible via la base de donnĂ©es ISI Web of Science, Featherstone obtenait un rĂ©sultat interpellant. Tandis que cinq rĂ©fĂ©rences Ă peine Ă©taient identifiĂ©es pour lâentiĂšretĂ© des annĂ©es 1980, ce nombre Ă©tait Ă©galĂ© pour les seules annĂ©es 1990-1992. La pĂ©riode 1990-1995 a quant Ă elle vu sortir de presse 27 contributions sur ce thĂšme. On en comptera par la suite 24 pour la seule annĂ©e 2000. Poursuivant la collecte de donnĂ©es entreprise par Featherstone pour la pĂ©riode 2005-2011, Blavoukos et Oikonomou tĂ©moignent eux aussi du succĂšs grandissant de la notion, mais aussi dâun premier reflux . SynthĂ©tisant ces deux recherches complĂ©mentaires, la figure 1 montre en effet clairement que si un pic semble ĂȘtre atteint en 2009, avec 111 articles publiĂ©s en une seule annĂ©e, un tassement significatif intervient dĂšs lâannĂ©e suivante. Quelles que soient les limites mĂ©thodologiques et explicatives dâune approche purement quantitative, le succĂšs des Ă©tudes sur lâeuropĂ©anisation dans les annĂ©es 1990 et 2000 apparaĂźt flagrant et difficilement contestable . Ă titre de comparaison, Kohler-Koch et Ritterberger, qui recourent Ă la mĂȘme mĂ©thodologie et Ă la mĂȘme base de donnĂ©e pour suivre lâĂ©volution des publications sur le thĂšme de la "gouvernance europĂ©enne" ("EU governance"), identifient tout au plus 40 Ă 50 publications par an sur cet autre thĂšme Ă la mode . Sachant quâune recherche de ce type lancĂ©e sur un mot-clĂ© plus classique produit en moyenne une dizaine dâoccurrences, lâengouement pour la notion dâeuropĂ©anisation frappe par son ampleur. Lâobjet de la prĂ©sente contribution nâĂ©tant pas de creuser le sillon dâun dĂ©bat thĂ©orique de science politique dĂ©jĂ surabondant, mais dâĂ©clairer un dialogue interdisciplinaire en prĂ©sentant les grandes approches politologiques de lâeuropĂ©anisation, il convient de prĂ©ciser que notre propos ne vise ni lâexhaustivitĂ©, ni lâinnovation radicale. Lâobjet de ce premier chapitre est bien plutĂŽt de proposer un survol Ă la fois synthĂ©tique et critique de lâĂ©tat dâune discipline. Ă ce titre, ce survol est inĂ©vitablement partiel et, sans doute, partial. Il impose des choix et donc des omissions. Au premier rang de ces omissions se trouve celle des courants sociologiques de lâeuropĂ©anisation dont les apports seront traitĂ©s dans le second chapitre de cet ouvrage
La surveillance des frontiÚres. Efficacité et limites du dispositif en vigueur
Ce chapitre d'ouvrage collectif examine dans un premier temps les fondements du projet europĂ©en de gestion intĂ©grĂ©e des frontiĂšres extĂ©rieures (Integrated Border Management ou IBM) et les principales caractĂ©ristiques de ce projet. Dans un second temps, il propose une Ă©valuation de lâimpact potentiel de la stratĂ©gie de gestion intĂ©grĂ©e des frontiĂšres extĂ©rieures sur lâĂ©volution des flux de migrants irrĂ©guliers Ă destination de lâUnion europĂ©enne. Ce faisant, il souligne que le phĂ©nomĂšne de la migration clandestine, loin dâĂȘtre en forte hausse, comme on l'entend souvent dans les discours politiques, semble plutĂŽt connaĂźtre un tassement depuis dix ans. L'auteur montre enfin les limites propres Ă la stratĂ©gie europĂ©enne de surveillance des frontiĂšres et, en particulier, les attentes probablement excessives de lâUnion quant Ă lâutilitĂ© et Ă lâefficacitĂ© des nouvelles technologies dans ce domain
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