L’Habitation tunisienne de Victor Valensi (1928). Visions d’un architecte de culture juive sur le pluralisme des modernités vernaculaires en Tunisie

Il s’agit d’étudier l’œuvre architecturale du prolifique architecte juif-tunisien Victor Valensi (1833-1977), à travers la vision déployée dans L’Habitation tunisienne (1928), en retraçant les débats nuancés autour des questions de classes, d’ethnicité, d’appartenance et d’architecture vernaculaire dans la Tunisie du début du xxe siècle. Sa production demeure autant un témoignage de la relation commanditaire-client au cœur du développement du modernisme en Tunisie, que de la complexité des identités des familles juives engagées dans les réseaux de pouvoir du protectorat français. Malgré son appartenance à diverses sphères publiques, je suggère que le travail de Valensi dénote une vision pluraliste de l’environnement bâti qui fait de son caractère cosmopolite l’atout majeur de l’architecture du pays.This paper investigates the architectural œuvre of the prolific Jewish-Tunisian architect, Victor Valensi (1883-1977), through the lens of his publication L’Habitation tunisienne (1928), charting the textured debates on class, ethnicity, belonging, and vernacular architecture in early twentieth-century Tunisia. The architectural production of Valensi remains a testimony to the patron-clientelism at the heart of the development of modernism in Tunisia as well as to the fraught identities of Jewish families within the web of power relations in the French protectorate. In spite of his multiple public spheres of belonging, I suggest that in Valensi’s work we see a pluralist vision of the built environment in Tunisia that underscores the country’s cosmopolitanism as its key strength.Die Studie widmet sich dem architektonischen Werk des produktiven, jüdisch-tunesischen Architekten Victor Valensi (1833-1977), ausgehend von seiner Publikation L’Habitation tunisienne (1928). Dabei wird genauer auf nuancierte Debatten zur Problematik sozialer und ethnischer Zugehörigkeit, Herkunft und auf die vernakuläre Architektur im Tunesien der ersten Hälfte des 20. Jahrhunderts eingegangen. Das Schaffen Valensis zeugt ebenso von der zentralen Bedeutung der Beziehung zwischen Auftraggeber und Kunden in der Entwicklung des Modernismus in Tunesien, wie von der komplexen Identität der jüdischen Familien, die in die Machtstrukturen des französischen Protektorats involviert waren. Trotz seiner Zugehörigkeit zu unterschiedlichen Bereichen des öffentlichen Lebens, interpretiere ich Valensis Werk als Zeugnis einer pluralistischen Vision der gebauten Umwelt, die den Kosmopolitismus zum wichtigsten Gut der Architektur des Landes erklärt.Il presente articolo si pone come obiettivo quello di studiare l’opera architettonica del prolifico architetto ebraico-tunisino Victor Valensi (1833-1977), attraverso la visione dispiegata in L’Habitation tunisienne (1928) e ricostruendo i dibattiti riguardanti le questioni di classe, di etnicità, di appartenenza e d’architettura vernacolare nella Tunisia dell’inizio del xx° secolo. La sua produzione resta una testimonianza tanto della relazione committente-cliente come cuore dello sviluppo del modernismo in Tunisia, quanto della complessa posizione delle famiglie ebree impegnate nella rete di potere del protettorato francese. Malgrado la sua appartenenza a diverse sfere pubbliche, il mio contributo suggerisce che il lavoro di Valensi denoti una visione pluralista dell’ambiente costruito che fa del suo carattere cosmopolita un punto forte dell’architettura del paese.En este artículo se busca estudiar la obra arquitectónica del prolífico arquitecto judeo-tunecino Victor Valensi (1833-1977), a través de la visión desplegada en L’Habitation tunisienne (1928) y reconstituyendo los debates sobre cuestiones de clase, de etnicidad, de pertenencia y de arquitectura vernácula en Túnez a principios del siglo xx. Su producción sigue siendo un testimonio tanto de la relación socio-cliente en el corazón del desarrollo del modernismo en Túnez, como de la complejidad de las identidades de las familias judías comprometidas con las redes de poder del protectorado francés. A pesar de su pertenencia a diversas esferas públicas, sugiero que el trabajo de Valensi denota una visión pluralista que hace de su carácter cosmopolita la virtud mayor de la arquitectura del país

Le Maghreb

Ce numéro de Perspective est consacré au Maghreb et aux histoires de l’art qui s’y pratiquent comme aux études et aux travaux que suscitent son patrimoine et sa création contemporaine à l’échelle internationale. Ainsi la revue poursuit-elle son projet : proposer régulièrement des numéros thématiques dont la géographie est le point d’ancrage, tout en se détournant, pour la première fois, de l’État-nation au profit d’un territoire à une autre échelle, dont il faut – encore plus qu’ailleurs ? – définir le sens selon les périodes envisagées et selon les sujets abordés. Cette gageure est aussi une occasion pour Perspective d’éprouver l’opportunité des catégories traditionnelles de l’histoire de l’art. Sur ce plan, le numéro présente, entre autres, des voix de personnalités, à l’instar de Rachida Triki, Kader Attia et Yto Barrada, mais aussi des articles collectifs sur les questions de savoirs archéologiques au Maghreb, sur la notion de musée universel telle qu’elle s’élabore depuis la rive sud de la Méditerranée, ou encore sur la façon dont les institutions patrimoniales ont traversé les indépendances. Figurent au sommaire des articles de fond consacrés à l’architecture de l’empire almohade ou encore à l’historiographie des corans maghrébins et, sur la période contemporaine, une contribution retraçant l’histoire urbaine d’Alger. L’ornementation des livres et des manuscrits, l’Algérie de Fanon dans sa relation aux arts, l’habitation vernaculaire juive-tunisienne, les galeries et les artistes contemporains… autant d’interventions qui viennent compléter ce volume et dont la somme révèle la multiplicité des recherches en cours et à venir sur l’art et l’histoire d’Afrique du Nord. Ce numéro est en vente sur le site du Comptoir des presses d’universités. Comité de rédaction du volume Anne-Elisabeth Buxtorf, Claire Bosc-Tiessé, Eric de Chassey, Rossella Froissart, Charlotte Guichard, Béatrice Joyeux-Prunel, Thomas Kirchner, Rémi Labrusse, Anne Lafont, Johanne Lamoureux, Jean-Yves Marc, François Michaud, Zahia Rahmani, Emmanuelle Rosso, Philippe Sénéchal, Bernard Vouillou